Texte intégral
Madame la présidente,
Mesdames et Messieurs,
Mes chers confrères,
C'est pour moi une grande joie et un honneur d'ouvrir ce 36e Congrès de la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation.
Permettez-moi tout d'abord de rendre publiquement hommage aux sociétés savantes de notre pays ; elles jouent, en matière de santé publique, un rôle trop peu connu parfois, mais éminent, et de plus en plus proche des Pouvoirs Publics, ce dont je me félicite.
Permettez-moi donc de saluer le travail réalisé par la Société française d'anesthésie-réanimation, depuis les recommandations qu'elle a élaborées, puis éditées, dans différents domaines de l'anesthésie, jusqu'à, plus récemment une présence particulièrement active dans la phase d'élaboration des décrets relatifs à la sécurité anesthésique.
Or, il faut dire et redire que la sécurité est l'un des enjeux les plus importants de la politique hospitalière.
Personne ne comprendrait que la politique de santé publique qui nous anime ne passe pas, d'abord par la recherche d'une plus grande qualité et d'une plus grande sécurité des soins.
Les pouvoirs publics ont une responsabilité éminente dans l'amélioration des conditions d'accueil et de sécurité à l'hôpital. C'est pourquoi, une série d'actions ont été engagées et seront conduites avec toute la détermination nécessaire.
Parmi celles-ci, j'évoquerai en premier lieu l'accueil et l'organisation des urgences.
À la suite du rapport du Professeur Steg, les pouvoirs publics ont décidé de renforcer la qualité de l'accueil et de la prise en charge des urgences.
Le nouveau dispositif vise à garantir que les sites reconnus pour l'accueil des urgences – lourdes ou moins lourdes – disposent des moyens requis pour accomplir leurs missions.
Il s'agit, pour la première fois, de mettre en place un véritable réseau assurant la coordination de l'intervention de tous les acteurs.
J'ajoute que madame le Professeur Barrier a été chargée par le Premier ministre, de faire des propositions pour améliorer l'organisation des urgences pré-hospitalières, notamment en renforçant les liens de l'hôpital avec la médecine de la ville.
L'ensemble des professionnels et des établissements de santé, je le dis avec force, doivent participer à la prise en charge des urgences.
Je n'ignore pas les inquiétudes qui se sont exprimées ici ou là à ce propos. C'est pourquoi, je tiens à souligner que ce qui compte avant tout, ce n'est pas le statut de l'établissement, mais ses aptitudes à offrir à tous des soins de qualité.
Le Gouvernement a, ensuite, décidé de lancer une vaste action dans le domaine de la périnatalité.
Nous avons souhaité, madame Veil et moi-même, à partir du rapport du Haut Comité de la Santé Publique, prendre immédiatement les dispositions qui nous paraissaient indispensables, d'une part pour diminuer la mortalité périnatale et maternelle, et d'autre part pour améliorer le suivi des femmes enceintes.
Un plan d'actions en 16 mesures, regroupées autour de l'amélioration du suivi de la grossesse, de la prise en charge des nouveau-nés, et de la sécurité dans les maternités, a récemment été arrêté. La sécurité dans les maternités nécessite, notamment, de garantir un encadrement médical suffisant et la mise en œuvre d'une réorganisation approfondie de notre système de prise en charge de la grossesse et de la naissance.
Dans cette réforme, vous avez un rôle essentiel à jouer.
D'ici la fin de l'année, en effet, vous serez conviés, comme cela a été le cas pour la sécurité anesthésique, à participer activement à l'élaboration des textes réglementaires mettant en application les mesures arrêtées.
J'évoquerais enfin la question qui vous touche plus directement : celle de la sécurité anesthésique.
Depuis 1974, de nombreuses circulaires avaient tenté d'améliorer la sécurité liée à l'anesthésie, mais leur aspect purement incitatif en avait largement limité leurs effets ; c'est pourquoi il m'est apparu indispensable, pour obtenir une réelle amélioration de cette sécurité de prendre, par décret, les mesures nécessaires.
Le projet de ce décret a été élaboré, vous le savez, en étroite concertation avec les professionnels. Et votre concours s'est révélé d'une grande efficacité, je tenais à vous en remercier très vivement. Ce texte a été transmis pour avis au Conseil d'État. Le décret pourra donc être publié dans les semaines qui viennent.
Ce texte est, je crois, très important pour la profession, pour l'hôpital, pour les patients.
J'en retiendrai principalement quatre dispositions :
Il s'agit tout d'abord d'établir une réglementation plus stricte pour les salles de réveil.
Ainsi, les établissements seront-ils tenus de disposer, à côté des sites d'anesthésie, d'une salle de réveil dotée du personnel et des équipements nécessaires pour assurer la sécurité des patients.
Les hôpitaux et les cliniques disposeront d'un délai maximum de trois ans pour se mettre en conformité ; (à défaut, et dans le cadre des procédures d'évaluation prévues par la loi hospitalière, le ministère de la Santé pourra être amené à suspendre leur autorisation de fonctionner aux établissements qui ne seraient toujours pas en mesure d'assurer aux patients le niveau de sécurité requis).
Une deuxième disposition impose l'organisation d'une consultation pré-anesthésique dans tous les établissements, car nous savons tous combien de complications cette consultation permet d'éviter.
En troisième lieu, il précise que le tableau fixant la programmation des interventions doit être établi conjointement par les médecins réalisant ces interventions, les médecins anesthésistes réanimateurs et les responsables du secteur opératoire.
Enfin, ce texte rend obligatoire un certain nombre d'équipements pour le contrôle des principaux paramètres biologiques nécessaires à la surveillance du déroulement des anesthésies.
L'ensemble de ces mesures constituent, je crois, un plan de grande portée : elles étaient, en tout état de cause, nécessaires pour garantir la sécurité que tout patient est en droit d'attendre au cours et après une intervention. Le droit à la santé, inscrit dans notre constitution, c'est aussi cela.
Au-delà de ces problèmes de sécurité, je sais vos préoccupations pour l'avenir de votre discipline et notamment concernant les problèmes démographiques que vous traversez.
Il y a trois ans, la décision de créer une filière spécifique à l'Internat de médecine était censée résoudre un déficit de recrutement dans la spécialité. Sur le principe, je considère les politiques de quotas comme dévalorisante et rarement efficace.
Or, l'expérience des deux premières promotions d'internes dans cette filière est venue confortée mon opinion dans ce domaine; la répartition des rangs de classement au sein de cette filière était tout à fait identique à celle des disciplines médicales et chirurgicales dans leur ensemble.
L'anesthésie-réanimation n'était pas choisi par défaut mais bien par intention.
J'ai donc décidé, avec Simone Veil et François Fillon, de supprimer la filière spécifique d'anesthésie-réanimation et de réintégrer cette spécialité au sein des spécialités médicales.
L'arrêté d'abrogation sera pris avant la fin de l'année pour que l'organisation du prochain concours en tienne compte.
Je voudrais enfin profiter de cette occasion pour aborder un dernier point qui vous tient à cœur tout autant qu'à moi.
Je veux parler des démarches d'évaluation et notamment d'évaluation de la qualité des soins.
Lorsque j'avais reçu votre présidente vous aviez exprimé votre souhait de travailler avec nous dans ce domaine.
C'est pourquoi j'ai demandé à mes services, à la Direction générale de la Santé et à la Direction des Hôpitaux, de mettre en place un groupe de travail qui devra mener une réflexion opérationnelle sur l'amélioration du recueil des informations médicales et médicalisées en anesthésie-réanimation.
Je compte sur votre participation active à cette réflexion.
Vous le voyez, mes chers confrères, le Gouvernement s'est donné, je crois, les moyens d'améliorer la sécurité à l'hôpital en général, et dans votre exercice quotidien en particulier, sujet essentiel de santé publique pour tous nos concitoyens, et domaine dans lequel j'entends poursuivre résolument notre action.