Texte intégral
Question liminaire, Madame, où en est la loi d'orientation sur le sport et quels en sont ses piliers ?
Marie-George Buffet : Pour ce que j'ai constaté aujourd'hui à Sète, en voyant le dynamisme de la jeunesse de cette ville (NDl.R : plus de 100 associations sportives pour une ville de 43 000 habitants !), ces jeunes-là ont à l'évidence envie de débattre et veulent des réponses très concrètes.
En matière de sport, nous avons besoin d'une nouvelle conception des responsabilités. Les réponses que nous préparons dans notre loi aideront à construire des solutions adaptées aux attentes et aux besoins.
Pour ce qui est de la loi proprement dite, elle devrait être adoptée ce 10 novembre et entrer en application courant 99.
Primo, elle va redéfinir la notion de service public du sport et par conséquent celle de la conception de délégation aux fédérations. Depuis la loi de 84 en la matière, quinze ans ont passé et beaucoup de choses ont changé : l'irruption massive de l'argent, l'internationalisation, les nouveaux enjeux, de nouvelles pratiques.
Ensuite, les textes sur les associations tenteront de donner au clubs les moyens de fonctionner à travers des contrats publicitaires pour que, comme dit si bien Michel Platini, « ça arrose aussi les petits clubs » ·
Enfin, elle abordera le dossier du sport et de l’argent, mal maitrisé sur trop d’aspects.
En inventoriant différentes voies entre associations et sociétés anonymes. J'espère ainsi par exemple que le projet de Superligue européenne en matière de football va échouer !
M.L. : Vous allez vous heurter au mur de l'argent …
M-G. B. : L'argent ? Si on lui cède, on aura une vision fausse des choses. Une telle Superligue appauvrirait le championnat et provoquerait des dérives. C'est tout le sens du sport en lui-même qui serait dénaturé.
Je note une réaction vive de l'UEFA, de la fédération française, il y a une mobilisation pour dire « stop » Maintenant j'ai peur que l'UEFA ne délivre une « copie bis » ...
Mais j'ai l'impression que quelque chose s'est levé. Qu'un mouvement sportif a envie avec nous d'aller jusqu'au bout...
Le mur de l’argent ? Peu importe, dès qu’on mène le combat nécessaire de l’épanouissement humain dans le respect.
Ce combat vaut la peine d'être mené quand un jeune de quinze ans (NDLR : un cycliste amateur) est mort de produits dopants…
M.L. : Le dopage, nous y voilà ... Faute de pouvoir le combattre, M. Samaranch préconiserait de le « contrôler »...
M-G, Buffet : Oh ! vous savez. Monsieur Samaranch est président du Comité International Olympique depuis bien longtemps (sourire entendu ...). Je constate que le CIO organisera en février une conférence internationale sur le dopage. C'est déjà un premier résultat. J'espère que ça débouchera sur du concret.
Moi, je vois que ça bouge en Italie, en Allemagne. La bataille est engagée.
M.L. : Quid de la loi Pasqua réduisant jusqu'à zéro les subventions des collectivités locales au sport professionnel ?
M-G. B. : Dans notre loi nous traitons naturellement les subventions aux associations, même dans le cadre d'un club professionnel.
Tous les clubs professionnels de France ne sont pas forcement le Paris Saint-Germain. Et certaines villes moyennes ont besoin de subventions publiques, comme par exemple les clubs de deuxième division ou autres. Et cela il ne faut pas le négliger.
En 1999/2000, il va nous être un peu difficile de nous accommoder de cette loi car les subventions diminueront. Cependant, nous travaillons à une modification du décret pour le maintien d’un nouveau de subventions.
Il ne faut surtout pas rompre le lien entre la mission de service public du sport et le sport professionnel.