Editoriaux de Mme Arlette Laguiller, porte-parole et candidate à l'élection présidentielle de 1995, dans "Lutte ouvrière" les 3, 10, 17 et 31 mars, sur la table-ronde entre le CNPF et les syndicats, l'augmentation des salaires, l'aménagement du temps de travail et la lutte contre le chômage.

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Intervenant(s) : 
  • Arlette Laguiller - porte-parole de lutte ouvrière et candidate à l'élection présidentielle de 1995

Média : Lutte Ouvrière

Texte intégral

Lutte ouvrière : 3 mars 1995

Ni la table de négociation, ni le bulletin de vote ne feront rendre gorge aux patrons

La rencontre de mardi dernier entre le nouveau patron du CNPF, Jean Gandois, et les syndicats, dont la presse a fait grand cas, va peut-être permettre aux négociateurs syndicaux et patronaux de se retrouver plus souvent autour du tapis vert, mais ne débouche sur rien pour les travailleurs.

Gandois a proclamé qu'il n'est pas question de parler de salaires. Comme si ce n'était pas, avec l'emploi, l'un des deux problèmes majeurs auxquels sont confrontés les travailleurs. Comme si, pour accroître leurs bénéfices malgré la crise, les employeurs n'avaient pas profité du chômage pour imposer aux travailleurs de sacrifier leur pouvoir d'achat depuis 15 ans. Comme s'il n'était pas urgent d'exiger un rattrapage immédiat d'au moins 1 500 F ne serait-ce que pour compenser les pertes subies !

La réduction du temps de travail, les 35 heures ou les 30 heures sans perte de salaire, ne seraient que justice. Les travailleurs devraient pouvoir bénéficier du progrès technique, de l'augmentation formidable de la productivité depuis un demi-siècle, dont les patrons tirent au contraire prétexte pour licencier.

Mais imposer aux travailleurs des « aménagements du temps de travail », qui ne rendent véritablement service qu'au patronat en prétendant ainsi diminuer le chômage, est une véritable escroquerie.

Gandois – comme d'ailleurs Chirac, de Villiers ou Martine Aubry – répète qu'il vaut mieux payer les chômeurs à travailler qu'à ne rien faire. Ce qui, dans l'esprit de tous ces défenseurs du patronat, signifie : il faut donner aux entreprises les indemnités de chômage des chômeurs qu'elles embaucheraient, ce qui permettrait aux patrons concernés de ne sortir de leur propre poche qu'un complément de salaire. On voit en quoi cela pourrait intéresser les patrons. Mais est-ce que cela ferait diminuer le chômage ? Cela encouragerait seulement les patrons à remplacer certains de leurs travailleurs par d'autres dont le salaire serait payé par l'État.

Mais pourquoi donc l'État n'utiliserait pas cet argent pour créer directement des emplois ? Il doit supprimer toutes les subventions, directes ou indirectes, au patronat et créer lui-même des emplois dans les services publics, hôpitaux, transports en commun, enseignement, logements populaires, qui voient leurs crédits se réduire de plus en plus.

Là, il y a des centaines de milliers d'emplois à créer, directement. Des emplois à créer sans avoir à générer des bénéfices en plus. Quand on subventionne le patronat, un emploi n'est créé – et c'est rarement le cas – que s'il génère des bénéfices supplémentaires. Il ne s'agit pas alors d'utilité sociale mais d'instrument de profit. La subvention, si elle crée un emploi, est en partie utilisée à autre chose, ce qui est autant de perdu pour la collectivité. En fait, toutes les subventions versées aux patrons ne servent qu'à maintenir leur taux de profit en réduisant la part des salaires, quel que soit le niveau de leur activité. Et les bénéfices ne servent ni à créer des emplois, ni à la consommation : ils servent à ce jeu stupide, dément et catastrophique qu'est la spéculation, boursière, monétaire ou sur les matières premières, qui absorbe une telle masse de capitaux qu'elle risque à tout moment de provoquer non seulement la faillite de ceux qui spéculent mais aussi la ruine de l'économie tout entière.

Alors oui, il faudrait que les travailleurs y mettent bon ordre, qu'ils mettent leur nez dans les livres de compte des entreprises, qu'ils réquisitionnent les capitaux consacrés à la spéculation et les utilisent pour investir dans des productions utiles et créatrices d'emplois. Oui, il faudrait de même réquisitionner les entreprises dont les patrons osent jeter des travailleurs à la rue alors qu'ils font des profits. Il faut prendre sur les profits de la bourgeoisie pour résoudre le problème du chômage.

C'est exactement le contraire de ce que proposent les candidats à cette élection présidentielle. Les travailleurs ne peuvent compter sur le futur élu, quel qu'il soit, pour voir leur sort s'améliorer dans les années qui viennent. Ils peuvent tout juste se servir de leur bulletin de vote pour affirmer avec le plus de force possible qu'il n'est que temps de faire payer les riches et qu'ils sont bien conscients qu'il ne faudra compter pour cela que sur leurs propres luttes.


Lutte ouvrière : 10 mars 1995

Derrière le baratin du programme Jospin
Le concret sera pour le patronat

Ainsi Lionel Jospin a annoncé son programme. La plupart des journaux ou des commentateurs de la radio et de la télé en disant qu'il s'agit d'un programme prudent, mesuré, guère différent sur les grandes questions de celui de Chirac ou Balladur. Il n'y a que la presse de droite pour parler à son propos d'« idéologie marxiste », titrer que « Jospin s'ancre résolument à gauche » ou qu'il « met la barre à gauche ». Mais même les journaux qui, pour soutenir Chirac ou Balladur, doivent faire passer Jospin pour une menace, ne peuvent cacher qu'il n'y a là rien qui puisse mettre en danger l'ordre établi.

Bien sûr, autour des mesures Jospin, il y a beaucoup d'emballage, de la mousse plastique pour remplir les vides et une débauche de papier cadeau, de rubans et de bolducs pour faire joli. Car si on l'examine, que trouvons-nous au-delà des mots ?

D'abord, l'éternel refrain, commun à la droite comme à la gauche depuis des années, selon lequel il faut diminuer le coût du travail pour favoriser l'emploi. C'est-à-dire que Jospin prétend encore, après vingt ans d'une telle expérience, que ce soit les salaires qui empêchent les entreprises d'être compétitives.

Il oublie volontairement, comme ses concurrents de droite, de nous dire que, dans le prix de vente d'une marchandise, il y a aussi les bénéfices et que ce sont peut-être les profits qui sont trop élevés et qui ne rendent pas les entreprises compétitives. C'est que la bourgeoisie n'a que faire de produire et de vendre beaucoup si elle peut diminuer la part salariale. Si les salaires diminuent, les bénéfices demeurent, malgré la diminution des ventes.

Que nous propose-t-il donc à ce propos ? Une diminution des charges sociales (comme c'est original !) sur les bas salaires. Plus exactement, une franchise de 5000 F sur tous les salaires sur laquelle l'employeur ne paierait aucune cotisation assurance-maladie. Cela serait compensé par une majoration des charges sur les salaires plus élevés. Mais si l'on fait le calcul, cela signifie que jusqu'aux salaires de 14 000 F mensuels, les patrons auraient une diminution de leurs cotisations assurance-maladie. Et effet, le cadeau sur les cinq premiers mille francs ne sera rattrapé qu'au-delà de 14 000 F.

La première des choses qu'il faut remarquer, c'est que dans une entreprise où l'immense majorité des salaires sont inférieurs à 14 000 F, et elles sont les plus nombreuses, ce sera tout bénéfice pour les patrons. Et une perte sèche pour la Sécurité sociale.

Il faut remarquer aussi qu'il n'y a, dans le plan Jospin, aucune diminution des charges des salariés, même s'ils ne gagnent que 5 000 F par mois. La part salariale des cotisations sociales a pourtant augmenté considérablement dans les dix dernières années et Jospin ne parle pas de revenir en arrière sur ce terrain.

Des cadeaux aux patrons. Rien pour les travailleurs. Et diminution des ressources de la Sécurité sociale. Voilà à quoi se résume le plan social de Jospin. Alors est-il le candidat des travailleurs, ou celui des patrons ?

En dehors de cela, il dit qu'il faut une meilleure répartition entre les salaires et les revenus du capital. Mais il ne chiffre rien. Il n'y a aucune proposition concrète, pas la moindre augmentation de salaire envisagée, pas même une indication sur la façon dont cette « meilleure répartition » pourrait se faire.

Et, finalement, toute cette panoplie n'est pas bien différente de ce que proposent Chirac ou Balladur. On peut même dire que Chirac ne propose de cadeaux qu'aux patrons qui embaucheraient des chômeurs de longue durée, tandis que Jospin en promet à l'ensemble du patronat.

Autre mesure : les 37 heures d'ici 1997. Mais on ne sait pas si c'est avec diminution des salaires ou pas. Ce sera à discuter entre les partenaires sociaux, entreprise par entreprise, branche par branche, nous dit Jospin.

Si c'est avec diminution du salaire, ce sera un triste cadeau pour les travailleurs. Et de toute façon cela ne résoudra guère le problème de l'emploi.

Et si c'est avec maintien du salaire, cela reviendra à 2,5 % d'augmentation par an sur les deux prochaines années et il y a gros à parier que dans les négociations cela viendrait à la place des augmentations annuelles de salaires.

Il y a aussi l'extension de la CSG aux revenus du capital (sauf les livrets A, mais il ne manquerait plus que cela !). Mais de quel montant sera la CSG sur ces revenus ? On dit que cela ne rapporterait au taux actuel que trois milliards, c'est-à-dire un vingtième de ce qui manque à la Sécurité sociale.

Il y a bien sûr, en plus, un programme de « reconstruction des banlieues ». Mais on ne sait pas trop non plus ce que cela signifie. Est-ce qu'il s'agirait de grands travaux ? Et si oui, est-ce que cela signifie. Est-ce qu'il s'agirait de grands travaux ? Et si oui, est-ce qu'ils seront confiés à Bouygues, comme tous les grands travaux actuels ? Ou bien se contentera-t-on de planter trois arbres devant chaque mairie de banlieue pour pouvoir dire qu'on a construit des espaces verts ?

Et ce n'est pas le reste, grand ministère de l'écologie, écotaxe, sur les émissions de gaz carbonique, référendum sur la durée du mandat présidentiel, etc., qui changerait le sort de tous ceux qui font les frais de la crise actuelle.

Et si, par miracle, Jospin arrivait à être président, combien de ces promesses, même futiles, seraient tenues ?

D'une part, on a déjà vu les socialistes retourner complètement leur veste une fois au pouvoir, mais de plus Jospin nous dit qu'il donnera plus de pouvoir au Parlement. Alors, si c'est un Parlement de droite qui est face à un président de gauche, c'est-à-dire une autre cohabitation, Jospin n'aura même pas à s'excuser de ne pas tenir ses engagements !

Malgré tout, il faut remarquer combien il est prudent. Il n'a aucune chance, ou presque, de se trouver élu au soir du deuxième tour, et pourtant il est prudent car il tient à paraître, pour l'avenir, aux yeux de la bourgeoisie et du patronat, comme un présidentiable sérieux, c'est-à-dire respectueux de l'ordre économique et social établi.

Alors non, vraiment non, on ne voit vraiment pas pourquoi les travailleurs voteraient, ni au premier ni au second tour, pour un tel homme, qui est, comme ses principaux concurrents, un homme du patronat.


Lutte ouvrière : 17 mars 1995

De Renault à la Corse, les luttes pour les salaires se développent

C'est par la grève que les travailleurs arracheront leur dû !

Après les grèves de Pénichey à Dunkerque et de l'Alsthom de Belfort cet automne, c'est cette fois chez Renault que des grèves pour les salaires éclatent. Elles s'ajoutent à la grève des fonctionnaires en Corse, à celle des employés de banque qui vient d'avoir lieu en Martinique, mais aussi à nombre d'autres conflits sociaux en cours.

Y a-t-il vraiment à s'étonner, comme le font un certain nombre de journalistes, de voir des travailleurs passer ainsi de plus en plus nombreux à l'action ? Cela fait des années que les salaires sont bloqués, que l'on licencie dans les entreprises pour faire faire la même production à des travailleurs de moins en moins nombreux et qui doivent supporter des charges de travail de plus en plus exténuantes, quand ce n'est pas de devoir revenir le samedi ou le dimanche. Et par-dessus le marché, on leur sert imperturbablement ce mensonge, que tous ces sacrifices seraient nécessaires pour sauvegarder l'emploi !

La dernière variante en date, lorsqu'on a commencé à parler de reprise économique, a été de nous dire qu'il fallait choisir si les fruits de la croissance devaient être utilisés à augmenter les salaires ou à privilégier l'emploi. Mais cela fait dix ans, vingt ans, que tous les travailleurs peuvent constater que le recul des salaires n'a pas contribué à créer d'emplois, bien au contraire.

En revanche, l'accroissement de l'exploitation a enrichi scandaleusement le patronat, sans parler de tous ces politiciens combinards qui ont encore l'audace, lorsqu'ils viennent se présenter devant les électeurs, de se scandaliser qu'on s'interroge sur l'origine de leur fortune !

Alors s'il y a à s'étonner, c'est plutôt que les travailleurs aient fait preuve d'autant de patience. Bien sûr, en cette période préélectorale, les candidats dits présidentiables, les Balladur, Chirac ou Jospin ont senti qu'il fallait changer un peu leur discours et laissent entendre qu'il faudrait peut-être envisager d'étudier si l'on ne pourrait pas revoir un peu la question des salaires. Mais il s'agit bien sûr seulement de le laisser entendre, sans s'engager en fait à rien.

C'est le cas d'un Jospin, candidat du Parti socialiste, qui lorsqu'il parle d'augmentation des salaires, déclare aussitôt après que bien sûr il ne s'agit pas de prendre une mesure générale, mais d'étudier cette mesure là où c'est possible, par le dialogue entre patrons et syndicats, etc. En bref pour Jospin, si des patrons augmentaient les salaires, il serait prêt à les approuver ! Face à cela même un Chirac, en tenant à peu près le même discours, peut se payer le luxe de se prétendre « social » !

Le problème est que justement aucun patron n'est prêt à augmenter les salaires de son plein gré, et non plus à cesser de licencier pour augmenter ses profits. Et les travailleurs ont payé pour savoir que ce ne sont pas ces politiciens de bas étage, tout dévoué au service du patronat et de la bourgeoisie, qui vont forcer ceux-ci à changer d'attitude. Si en période préélectorale ils ne se risquent même pas à en faire une promesse précise, qu'est-ce que ce sera après !

Alors, parmi les travailleurs, ceux qui ne veulent pas s'en remettre à ces discours ont raison ; ils ont raison de l'exprimer sur un terrain de classe, dans les usines, par la grève et les manifestations. Car pour inverser le cours des choses, pour que le patronat cesse de licencier et de baisser les salaires, il faudra l'y contraindre, il faudra lui faire peur de toute la force que peuvent avoir des travailleurs mobilisés.

Alors il est à souhaiter que les grèves actuelles ne soient qu'un début, qu'elle se généralisent et qu'elles s'unissent, car les problèmes sont les mêmes pour l'ensemble de la classe ouvrière.


Lutte ouvrière : 31 mars 1995

Le programme des luttes de demain

Dernier en date, c'est le président du CNPF Gandois qui vient de découvrir soudainement que l'on pourrait peut-être augmenter les salaires. Il a même déclaré que ce serait « de la provocation » d'assurer « au nom de je ne sais quelle théorie économique », que « l'augmentation des salaires et la lutte pour l'emploi sont contradictoires ».

Passons sur le fait que cette « théorie économique » dont Gandois fait semblant de se demander d'où elle sort est défendue avec une belle unanimité par tout le patronat et ses hommes politiques depuis au moins vingt ans. Gandois pendant tout ce temps-là n'était pas, que l'on sache, sur la lune ; il faisait carrière à la tête d'un certain nombre de grands (illisible) Rhône-Poulenc et n'était pas gêné, apparemment, d'entendre tous les chantres du capitalisme nous servir ce refrain. Il le servait d'ailleurs lui-même.

La phrase de Gandois ne lui en vaut pas moins des critiques d'une bonne partie de la presse, au moins à droite, et de patrons qui trouvent ses paroles malheureuses et lui reprochent d'ouvrir la porte aux revendications salariales. Ces gens-là apparemment n'ont pas encore remarqué que cela fait beau temps que la patience des travailleurs face au blocage des salaires est usée. Depuis quelques mois en particulier, ceux-ci se lancent dans des grèves pour forcer les patrons à céder des augmentations : on l'a vu chez Péchiney, à l'Alsthom cet automne, ces derniers jours chez Renault, et en fait dans un grand nombre d'entreprises dans le pays même si elles sont moins connues.

C'est bien parce que des travailleurs ont mis en avant ces revendications avec de plus en plus d'insistance que l'on a vu des politiciens en campagne comme Chirac, Balladur ou Jospin se mettre à parler du problème des salaires – tout en ne s'engageant bien sûr à rien en cas d'élection. Et c'est pour la même raison qu'un Gandois tient aujourd'hui à mettre en garde ses collègues du patronat sur le fait que dans ce climat il serait maladroit de « faire de la provocation » en annonçant par exemple le même jour des profits faramineux et un minable 1 ou 2 % d'augmentation.

Mais le patron du CNPF aura sans doute du mal à être compris par les siens. Même le PDG de Renault, dont l'annonce de 1 % d'augmentation pour 1995 a déclenché la grève à l'usine de Flins au début du moins n'est pas gêné d'annoncer aujourd'hui un bénéfice de 3,6 milliards de Francs, somme qui représente 5 000 F gagnés par l'entreprise, chaque mois, sur le dos de chacun de ses salariés.

Alors, la revendication de 1 500 F d'augmentation par mois, qui apparaît dans de nombreuses luttes, est pour les travailleurs un minimum. C'est le rattrapage qu'ils peuvent exiger aujourd'hui sur des salaires qui n'ont, depuis plus de dix ans, cessé de prendre du retard sur le coût de la vie.

Le patronat et Gandois lui-même, qui en fait n'évoque le danger de l'explosion sociale que pour préconiser de l'éviter en lâchant adroitement quelques pour cent par-ci ou par-là, n'éviteront rien du tout. Chaque patron peut admettre l'idée d'augmenter les salaires… à condition que ce ne soit pas ceux de sa propre entreprise ! Pour mettre un coup d'arrêt à cette injustice, à cette arrogance des patrons qui continuent d'engranger des surprofits et en même temps de licencier et de bloquer les salaires, les travailleurs sont en train de redécouvrir qu'ils n'ont qu'une arme : la grève, la lutte pour faire rentrer dans la gorge des patrons ce mépris qu'ils affichent à toute occasion.

Les travailleurs n'ont rien à espérer d'un Chirac, d'un Balladur ou d'un Jospin, et pas à espérer non plus que les paroles d'un Gandois fassent changer les patrons d'attitude. Ils ne peuvent espérer qu'en leur propre lutte. Mais alors il ne faudra pas que le patronat s'en tire par quelques concessions minimes. Il faudra inverser le rapport de forces, dans la société, entre les travailleurs et les patrons, imposer les revendications fondamentales de la classe ouvrière, en commençant par revenir sur tout ce que le patronat a imposé aux dépens de celles-ci, ces dernières années.

Il faut rétablir à leur niveau antérieur les cotisations patronales sur la Sécurité sociale, rétablir l'impôt sur les bénéfices des entreprises et l'impôt sur les revenus les plus élevés au niveau où ils étaient avant que des cadeaux somptuaires soient faits au patronat.

Mais il faut aussi rendre publics les comptes des grandes entreprises. Il faut que tout un chacun, et en particulier leurs propres travailleurs, puisse savoir ce qu'elles gagnent, quelle est la part des salaires et la part des profits, la part des investissements productifs et celle des placements spéculatifs, ce qu'elles paient et à qui. Il faut que tout un chacun, et en particulier leurs propres travailleurs, puisse savoir ce qu'elles gagnent, quelle est la part des investissements productifs et celle des placements spéculatifs, ce qu'elles paient et à qui. Il faut aussi rendre publics les comptes de tous les dirigeants des grandes sociétés ainsi que de leurs prête-noms qu'il n'est pas si difficile de trouver quand on les cherche.

Il faut réquisitionner sans indemnité ni rachat, c'est-à-dire (Illisible) les entreprises qui licencient et en particulier celles qui licencient en faisant des bénéfices. Le contrôle sur leur comptabilité permettra de savoir ce qu'elles gagnent vraiment.

Il faut que l'État cesse de faire des cadeaux aux entreprises et utilise les milliards économisés, ainsi que ceux qu'il récupérera en taxant les plus riches, à créer lui-même des emplois. Et tout d'abord des emplois dans les services publics dont le personnel est insuffisant : éducation nationale, hôpitaux, postes, etc.

Mais il faut aussi que l'État fasse lui-même des investissements créateurs d'emplois partout où il y a des besoins criants : dans les logements sociaux, les constructions de ligne de métro ou de tramway dans les banlieues des grandes villes, etc. Tout cela sans passer par les Bouygues et compagnie.

Voilà le programme que je défends, et voter pour ma candidature pourra être un moyen, pour les travailleurs, d'indiquer leur accord avec ce programme. Mais l'imposer, il faudra le faire par la lutte, une lutte dont on peut souhaiter que les grèves actuelles soient in signe annonciateur.

Ce programme, c'est le programme des luttes de demain. Et avant, pendant, après les élections, c'est à ce troisième tour social que toute la classe ouvrière doit se préparer.