Texte intégral
« La Tribune » – Quelle est la structure opérationnelle qui vous permet de moderniser l'informatique administrative de l'État ?
Emile Zuccarelli – Chaque ministère est responsable de l'informatisation de ses services. Mais le besoin s'est fait sentir d'une coordination légère et opérationnelle pour des chantiers prioritaires. Deux nouvelles structures viennent d'être créées à cette fin : une mission interministérielle, rattachée aux services du Premier ministre pour le soutien technique au développement des technologies de l'information et de la communication dans l'administration et, au sein de la délégation interministérielle à la réforme de l'État qui y est rattachée, une mission chargée de promouvoir et d'accompagner l'utilisation des nouvelles technologies par les services publics et qui se consacrera essentiellement aux aspects fonctionnels, d'organisation, de méthodologie, etc.
« La Tribune » – En dehors du fonds de réforme de l'État (112,5 millions de francs, en 1998) et du fonds interministériel de modernisation (18 millions de francs), quelles sont les autres enveloppes prévues pour 1999 ?
Les deux sources de financement que vous évoquez ont déjà beaucoup contribué à la diffusion des nouvelles technologies au sein des services publics. Un effort budgétaire plus significatif et mieux ciblé pourrait être envisagé pour une politique de numérisation et de diffusion des données publiques, une mise en réseau des administrations et les téléprocédures.
« La Tribune » – Quelle est, à votre avis, la réalisation phare de l'État français en matière de modernisation informatique ?
Il est particulièrement difficile d'établir un palmarès des systèmes d'information des administrations, opérationnels ou en cours de développement. Et puis, est-ce à moi de le faire ? Mais, bien entendu, certains projets se distinguent par leur caractère novateur, leur envergure et les avantages attendus de leur réalisation. On peut citer à cet égard le réseau santé-social qui va permettre à une population très hétérogène d'échanger des informations sur tout le territoire et de véhiculer les données hautement sensibles, qui implique notamment la résolution de problèmes de compatibilité, de sécurité et de confidentialité redoutables. On peut également évoquer le projet de mise en réseau de l'administration par le biais du RIA (Réseau Inter Administrations), qui a pour objectif de permettre, à terme, aux services de l'État, centraux et déconcentrés, de communiquer le plus possible par voie électronique ou bien le projet ACCORD relatif au développement du nouveau système automatisé de compatibilité budgétaire de l'État.
« La Tribune » – Comment la modernisation de l'État français est-elle harmonisée avec celle des pays membres de l'Europe des Quinze ?
Tout d'abord, le fonctionnement du marché intérieur et la conduite des politiques communes requièrent une coopération administrative renforcée au sein de l'Union et, par conséquent, des échanges intensifs et accélères d'informations entre les États membres. C'est dans cet esprit que la France prend une part active à la réalisation des programmes communautaires intéressant les échanges entre administrations comme l'IDA, Télématiques ou réseaux transeuropéens. Ensuite, la communauté doit parler d'une seule voix à l'occasion des négociations internationales qui se déroulent actuellement pour organiser l'univers Internet. Cela signifie les États membres doivent parvenir au préalable à un consensus sur les problèmes fondamentaux liés à la société de l'information, lequel ne peut être atteint que par l'adoption de règles communes. Enfin, il est toujours intéressant de connaître les réalisations des administrations étrangères en termes de modernisation et d'essayer d'en tirer le meilleur parti. C'est pourquoi nous avons lancé des actions de coopération bilatérales ou multilatérales afin d'échanger des expériences avec nos homologues étrangers mais aussi de promouvoir l'ingénierie et le savoir-faire de l'administration française. Je souhaite que cette politique soit poursuivie et amplifiée. D'ailleurs, le 13 novembre prochain lors de la conférence des ministres européens en charge de la fonction publique et des réformes administratives, qui se tiendra à Vienne, j'ai l'intention de mettre ces sujets à l'ordre du jour.