Interview de M. Lucien Rebuffel, président de la CGPME, dans "Le Parisien" le 21 juin 1995, sur les projets du nouveau gouvernement en matière d'emploi, la relance de l'économie, l'impôt sur les sociétés et la revendication d'un impôt progressif en fonction de la taille des entreprises.

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Média : Le Parisien

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Le Parisien : Le premier ministre réaffirme que tous les engagements sur l'emploi de Jacques Chirac seront tenus. Pouvait-il faire autrement ?

Lucien Rebuffel : Le pays attend des décisions pour relancer l'emploi, c'est indéniable. J'observe qu'il y a e bonnes choses dans le plan qui va être rendu public. Prenez le Contrat d'initiative emploi, c'est une mesure simple, lisible et simplificatrice. Elle remplace deux ou trois mécanismes par un seul. Il reste néanmoins un paradoxe que devra surmonter Alain Juppé : faut-il faire à la fois de la relance de la rigueur ?

Le Parisien : Relance ou rigueur, que préconisez-vous ?

Lucien Rebuffel : Comme on dit en droit : "donner et retenir ne vaut", ce qui signifie : on ne peut pas faire un cadeau à ses enfants tout en annulant la donation. Concrètement, il ne faudrait pas que la rigueur prenne le pas sur la relance. Il convient donc d'assurer la relance économique avant d'instituer des prélèvements supplémentaires. Je le répète : les entreprises ont besoin de vendre pour redémarrer. Sinon elles ne supporteront pas la hausse du Smic. Il y a donc, au total, une délicate question de chronologie pour le gouvernement.

Le Parisien : On parle d'augmenter l'impôt sur les sociétés…

Lucien Rebuffel : Si prélèvement exceptionnel sur les bénéfices il doit y avoir, j'estime normal qu'il ne concerne que les grandes entreprises. Ce sont elles qui ont supprimé des emplois productifs quand les PME, elles, créaient des centaines de milliers de postes. Nous revendiquons donc un impôt progressif en fonction de la taille des entreprises car il est absurde qu'une PME soit taxée comme une multinationale. De plus il faut soutenir les PME par des mesures fiscales et par la baisse des charges.