Interview de M. Jean-Pierre Raffarin, ministre des petites et moyennes entreprises du commerce et de l'artisanat, dans "La Lettre de la nation magazine" du 4 novembre 1995, sur le plan en faveur de l'artisanat notamment le chèque embauche premier salarié, destiné à créer 300000 emplois, et les simplifications administratives pour les entreprises.

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Média : La Lettre de la Nation

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La Lettre de la Nation Magazine : Quelle est la philosophie du plan pour l’artisanat que vous venez de présenter ?

Jean-Pierre Raffarin : Tout d’abord, il est important de rappeler que l’artisanat représente un secteur à part entière de notre économie, et qu’il participe de manière déterminante à l’équilibre économique et social de notre pays. Rappelons aussi qu’en 1994, 30 % des créations d’entreprises se situaient dans le secteur artisanal.

J’ai bien compris, en dialoguant jour après jour avec les artisans, que ce dont les entreprises artisanales ont besoin, ce n’est pas d’aides publiques supplémentaires, ce n’est pas d’assistance, c’est de la reconnaissance de leur identité, c’est d’un soutien intelligent, réfléchi et pragmatique, leur permettant de se battre à armes égales avec leurs concurrents.

LNM : Quel est l’intérêt du chèque-embauche premier salarié ?

J.-P. R. : Sur plus de 800 000 entreprises artisanales, près d’une sur deux n’a aucun salarié. Les raisons sont diverses, mais bien souvent, c’est le résultat d’un manque de souplesse et de simplicité de l’embauche. Avec la mise en place du plan « Artisanat 98 », nous tablons sur la création de 300 000 emplois sur trois ans.

Avec le chèque-embauche premier salarié, c’est, avec une seule signature, une déclaration d’embauche unique, un contrat de travail, une feuille de paie et une garantie de protection sociale. Ce chèque est une avancée significative dans le sens de la simplification. Il est indispensable, pour favoriser l’emploi et libérer l’initiative, de simplifier la charge de travail administrative, afin de laisser l’entrepreneur se concentrer sur son métier.

LNM : Quels nouveaux dispositifs sont à attendre du plan PME qui sera présenté dans quelques semaines ?

J.-P. R. : Ce sera un plan vraiment novateur. Notamment en matière de simplification administrative, puisqu’un certain nombre de mesures de suppression de formulaires vont alléger considérablement la vie des entreprises.

La déclaration unique sociale va supprimer, à elle seule, 28 millions de formulaires (de 36, on va passer à 8 millions). De même, pour la déclaration d’embauche, on passe de onze à un seul formulaire.

Nous allons aussi remplacer les trois liasses de l’actuel contrat d’apprentissage par un double feuillet. À cela s’ajoute d’autres simplifications, électroniques par exemple, pour faciliter de nombreuses procédures. Il y aura également un volet concernant les relations entre les PME et la grande distribution, ainsi que les dispositions sur le financement des entreprises (conditions nouvelles d’accès au crédit de diverses mesures d’ordre social).