Texte intégral
Mesdames,
Messieurs,
Pour des jeunes qui vivent dans des quartiers démunis d’équipements collectifs et dont l’environnement s’est dégradé en quelques années, que peuvent représenter des périodes de vacances, où l’oisiveté ne trouve pas de réponse, où le sentiment de solitude devient plus fort encore ?
Pour ces jeunes, qui éprouvent déjà de plus grandes difficultés que d’autres dans leur vie quotidienne, les vacances d’été peuvent devenir une période de difficultés supplémentaires. Elles risquent alors d’engendrer une augmentation de la délinquance.
Les opérations « ville, vie, vacances » sont donc conçues pour répondre à ce besoin et offrir l’occasion d’éduquer, de former, d’intégrer, les jeunes des quartiers en dehors des périodes scolaires.
J’ai décidé de renforcer ce dispositif qui existait depuis 1982 et dont le nombre de départements bénéficiaires est passé de 24 à 39, la participation financière de l’État s’élevant à 77 MF cette année (en 1994, 55 MF lui avait été consacré).
Dès le mois de juin dernier, le Gouvernement a prévu une dotation supplémentaire de 20 MF, ce qui est un effort important dans la période budgétaire que nous connaissons. Nous avons également décidé, répondant en cela au souhait des familles, d’étendre le bénéfice des VVV aux petites vacances scolaires, ce qui sera fait dès les vacances de la Toussaint.
Cet été, ce sont 620 000 jeunes, en grande partie âgés de 13 à 18 ans, qui ont pu bénéficier des programmes d’activités, dont vous trouverez des exemples concrets dans le dossier de presse qui vous sera remis. J’insisterai sur quelques aspects qui méritent de retenir votre attention.
En premier lieu, nous avons voulu mettre l’accent cette année sur la nécessité de permettre une plus grande participation des jeunes filles, jusqu’à présent minoritaires parmi les jeunes qui bénéficiaient de ces activités. Elles ont représenté 30 % environ des jeunes pris en charge par les VVV. C’est vrai que c’est une proportion encore trop faible. Mais nous devons poursuivre nos efforts d’information et de sensibilisation dans leur direction.
En deuxième lieu. Il était nécessaire d’associer les parents au programme VVV de les aider à se sentir partie prenante et à s’impliquer de manière individuelle et collective dans notre société. Nous avons demandé qu’une plus grande participation des familles à la préparation et au déroulement des programmes soit assurée et que les jeunes eux-mêmes s’impliquent et se sentent responsables de leurs actions.
Enfin, le gouvernement a voulu que les opérations VVV répondent à une exigence éducative plus forte et prennent mieux en compte l’insertion professionnelle des jeunes. C’est ainsi que de nombreux projets dans ce domaine ont été soutenus, cette année, en particulier des chantiers écoles. La presque totalité des 39 départements ont mis en place ces chantiers écoles, concernant l’environnement ou les travaux du bâtiment. Leur réussite montre qu’il nous faut continuer dans cette voie.
Pour la cinquième année consécutive et avec le concours du ministère de la culture nous avons lancé l’opération un été au cinéma. Dans le cadre du centenaire du cinéma cette opération a eu un grand succès. Trois cents mille contremarques ont permis à des jeunes d’aller au cinéma avec une ambition à la fois culturelle et sociale. Dès 1996, un dispositif plus large qui s’intitulera le cinéma contre l’exclusion sera mis en place et fonctionnera toute l’année.
Implication des jeunes et de leur famille, meilleure participation des jeunes filles, prise en compte plus forte des objectifs de formation et d’insertion professionnelle, recherche d’actions éducatives, telles sont les directions dans lesquelles le gouvernement oriente son action en faveur des jeunes bénéficiaires des opérations VVV.
J’ajouterai à ce bilan celui de l’opération Ecole ouverte, qui concerne 128 établissements et 19 000 jeunes de 11 à 18 ans. Ecole ouverte permet à des établissements d’ouvrir leurs locaux à des jeunes et à leurs familles durant une partie des vacances scolaires (y compris les petites vacances) pour des activités variées, allant du sport à la culture. Une première évaluation montre clairement que le constat est positif :
– amélioration de l’image de l’école dans le quartier ;
– forte fréquentation par les jeunes filles ;
– progrès dans la qualité des rapports jeunes et adultes ;
– instauration d’un meilleur climat dans l’établissement.
École ouverte permet également de créer de bonnes relations entre personnels de l’éducation nationale, animateurs associatifs, municipalités et parents. École ouverte se poursuivra à la Toussaint et à Noël, la participation de l’État s’élevant pour 1995 à 15,8 MF.
Je ne saurai dresser ce bilan des opérations VVV sans mentionner l’importance de nombreux fonctionnaires et personnels des différentes administrations qui s’impliquent dans le montage de ces opérations ou dans leur déroulement, ainsi que celle de l’ensemble des responsables associatifs qui participent aux côtés des animateurs, à la conduite de programmes d’activités dont nous reconnaissons l’efficacité et la pertinence. Leur travail est précieux et indispensable aux actions que mène le gouvernement afin de lutter contre l’exclusion et d’offrir aux jeunes les moyens de s’intégrer dans notre société.
Sur les incidents de cet été dont certains médias se sont fait l’écho, je souhaite préciser aujourd’hui quelques aspects qui me semblent importants :
– dans l’ensemble pour les 620 000 jeunes concernés par les VVV, l’été s’est déroulé sans plus de problèmes que les années précédentes ;
– seuls, quelques événements ont été relevés dans des départements littoraux, tel le Languedoc-Roussillon et la Vendée.
Ce dispositif est largement déconcentré et le rôle du niveau central en l’occurrence de la DIV se limite à la définition des objectifs et à l’évolution des dispositifs.
Nous avons fait procéder aux enquêtes nécessaires, tant auprès des préfectures qui ont reçu des jeunes dans le cadre des opérations VVV qu’auprès de celles qui les avaient conçues.
Ces enquêtes ne font pas apparaître que des jeunes présents sur ces sites dans le cadre des opérations VVV soient spécifiquement impliqués dans ces incidents à de très rares exceptions près.
Dans le cas où les enquêtes concluraient de maniéré précise à l’implication de jeunes présents dans le cadre des opérations VVV. J’ai demandé que soient réexaminées les subventions accordées aux porteurs de projet, s’il s’avérait également que des fautes d’encadrement aient existé.
Dès les prochains congés de la Toussaint instruction sera donnée aux préfets afin qu’ils informent leurs collègues des départements d’accueil de l’arrivée d’éventuels groupes VVV.
En tant que ministre de l’intégration et de la lutte contre l’exclusion, je ne souhaite pas que l’on fasse l’amalgame entre des éléments qui agissent sous leur propre responsabilité et un programme national dans lequel l’État est partie prenante et garant de son bon fonctionnement.
Je ne souhaite pas non plus que fasse l’amalgame entre des milliers de jeunes des banlieues et quelques éléments perturbateurs.
Je ne souhaite pas non plus que l’on prenne prétexte d’éventuels troubles pour exclure plus encore des enfants et des adolescents lors de prochaines vacances.
Il faut se méfier de la rumeur et avoir confiance dans l’exigence de sérieux et de réussite qui animent tous ceux dont le travail est d’aider ces jeunes. Je pense que l’encadrement dont bénéficient les jeunes dans le cadre des opérations VVV est de qualité. Notre responsabilité est d’y veiller et nous l’assumerons.
Je vous remercie.