Déclaration de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, sur l'élaboration du manifeste européen des socialistes et la préparation du congrès du parti socialiste européen, la manifestation anti-PACS organisée par la droite, l'attitude de la droite au Sénat face aux projets gouvernementaux, le congrès de la CGT et le séminaire PS-gouvernement, Paris le 1er février 1999.

Prononcé le 1er février 1999

Intervenant(s) : 

Circonstance : Point de presse du PS le 1er février 1999

Texte intégral

1) Le manifeste européen

Les leaders des partis socialistes européens étaient réunis pendant 2 jours à Vienne pour l'élaboration et l'adoption du manifeste européen ainsi que pour la préparation du Congrès du PSE, qui se tiendra à Milan le 1er mars, et qui sera le lancement de la campagne des Européennes des socialistes.

La réunion des leaders à laquelle j'ai participé nous a donné une double satisfaction.

La première, à été de nous mettre d'accord sur le programme commun des socialistes dans la perspective des prochaines européennes.

Cet accord n'allait pas de soi au moment où nous en avons confié la rédaction à un Français, Henri Nallet et un Anglais, Robin Cook et quand on songe aux nuances qui pouvaient séparer les uns et les autres au sein du mouvement des socialistes européens.

Pourtant, le texte qui a été approuvé, « 21 engagements pour le 21ème Siècle » a fait l'objet d'un consensus et d'un accord général, avec la volonté unanime d'aboutir. Ce document a été rédigé avec beaucoup de sérieux et d'efficacité, c'est un texte court, dynamique, mobilisateur et clair, comme je le souhaitais.

Des amendements ont été apportés concernant des domaines communs de préoccupations. Le premier concerne l'immigration. Beaucoup de nos partenaires, les Italiens et les Allemands notamment, ont souhaité une politique européenne en la matière. La deuxième porte sur la politique de l'environnement, qui doit être conçue comme la meilleure façon, à l'échelle de l'Europe, de lutter contre les pollutions mais aussi de bâtir une politique des territoires en Europe et notamment, d'une politique de la Ville. Le troisième amendement concerne les jeunes. Il s'agit, au-delà d'un programme d'échanges de jeunes entre pays européens, d'avoir une action de l'Europe pour mieux insérer les jeunes venant des quartiers difficiles et ceux qui viennent de l'immigration.

Ce texte devrait donc être approuvé sans aucune difficulté au Congrès de Milan.

Notre seconde satisfaction est d'avoir marqué ce texte de notre propre empreinte, en étant attentifs à trois grandes préoccupations.

- La première concerne l'emploi et la croissance, où nous avons obtenu des résultats en terme de coordination des politiques économiques avec des programmes spécifiques sur l'emploi, comme le souhaitait Lionel Jospin depuis le sommet de Luxembourg. Nous avons aussi obtenu des résultats en termes de baisse des taux d'intérêts, dès lors que l'inflation aujourd'hui a disparu du continent européen, et enfin, un programme de grands travaux qui a toujours mobilisé les socialistes Français, depuis le livre blanc de Jacques Delors.

- La deuxième concerne l'Europe sociale, avec la volonté des socialistes d'avoir un modèle social qui puisse être non seulement préservé mais approfondi par le dialogue social et par le droit des salariés à pouvoir être consultés sur des décisions qui les concernent. Nous avons obtenu aussi que les normes sociales puissent être minimales dans la plupart des pays et que le thème de l'harmonisation fiscale figure dans le texte incluant, notamment, la lutte contre les dumpings fiscaux.

- La troisième concerne l'affirmation d'une politique européenne de sécurité, ce qui est très important dans le contexte de l'ex-Yougoslavie et par rapport à ce qui s'est passé en Irak récemment.

Sur tous ces points, nous retrouvons l'influence des socialistes français. Je tiens à souligner aussi l'extrême intérêt que portent tous les socialistes européens à la création d'une force politique social-démocrate en Europe. Tous à Vienne avaient la volonté de donner à nos travaux une portée concrète et nous avons décidé que nous pendrions, à Milan, une initiative concernant l'emploi et la croissance. Un groupe de travail conduit par le 1er ministre Portugais est chargé de proposer un plan qui viserait à éviter un éventuel ralentissement de la croissance et à donner à la lutte contre le chômage l'ampleur qu'il convient. Ces mesures pourront être reprises lors du prochain Conseil Européen de Cologne en juin.

Nous avons également eu un échange sur la campagne des Européennes et nous nous sommes entendus pour que cette campagne soit résolument socialiste et résolument européenne, avec de grands meetings qui auront lieu dans la plupart des capitales. La campagne sera coordonnée à l'échelle de l'Europe autour d'argumentaires communs, même si chaque parti gardera une spécificité, compte tenu des réalités nationales.

2) La manifestation anti PACS

Dimanche, nous avons eu droit à « la réac-parade ». Les droites et les extrêmes droites se sont rassemblées derrière leur nouvelle égérie, Christine Boutin. L'union impossible à faire, ce que Jacques Chirac ne parvient pas à réaliser malgré de nombreux déjeuners à l'Elysée, Mme Boutin l'a obtenu sur le pavé parisien. C'était une manifestation minoritaire, qui représentait sans doute un mouvement existant dans le pays, mais qui n'est pas majoritaire. Ce mouvement rassemble les droites et les extrêmes droites ; il est revendiqué par le RPR et l'UDF, sans pour autant que ces formations politiques s'y identifient réellement, tant elles considèrent qu'il les dessert.

Cette « réac-parade » prétendait défendre la famille, alors que celle-ci n'est pas mise en danger par le PACS. Contrairement à ce qu'affirme Jean-Louis Debré ou d'autres, puisqu'il y avait plus de cent parlementaires de droite, le PACS n'est pas un mariage bis. Il donne des droits nouveaux sans en enlever à d'autres. Le PACS est un texte de liberté car il ne lèse pas les couples qui ont choisi le mariage ou qui ont choisi l'union libre, tout en donnant à ceux qui le souhaitent la possibilité de passer un contrat. Le PACS est aussi un texte de stabilité qui donne à de nombreux couples qui ne veulent ou ne peuvent se marier, des droits et des devoirs. Face à ce mouvement minoritaire, face à ce langage d'exclusion, face à ces fantasmes qui reviennent, les socialistes ont la volonté de faire voter ce texte dans les délais qui ont été prévus.

Un texte voté en première lecture à l'Assemblée Nationale est aujourd'hui bloqué au Sénat. La Droite a une attitude différente à l'Assemblée nationale puisqu'elle a fait voter une motion d'irrecevabilité, alors qu'au Sénat elle fait obstruction pour éviter une deuxième lecture à l'Assemblée Nationale. Malgré ces tentatives de blocage, nous avons la volonté de faire passer rapidement ce texte dans la réalité.

La majorité sénatoriale est intéressante à observer car nous voyons ce que fait la droite lorsqu'elle est majoritaire. Elle a eu l'occasion de montrer ses orientations dans quatre domaines :

1er exemple : Le budget où Claude Estier, Président du groupe socialiste au Sénat, remarquait, entre autres, une baisse des crédits sociaux et une amputation des crédits de l'Education Nationale, ce que nos concitoyens ne manqueront pas de noter.

2ème exemple : Le cumul des mandats, où le Sénat a amputé largement le texte voté par l'Assemblée Nationale.

3ème exemple : La réforme de la justice où le Sénat ne s'empresse pas de faire voter des dispositions qui sont pourtant celles qu'appelle de ces voeux le Chef de l'Etat.

4ème exemple : Le texte sur la parité qui a été rejeté. Pourtant Jacques Chirac a déjeuné avec le bureau du Sénat (sans que la gauche ne soit conviée) mais nous n'avons pas eu de signes que le Président de la République faisait changer les esprits de la droite sénatoriale.

La Droite n'accepte pas l'évolution du pacte républicain et la modernisation de la vie politique. C'est maintenant au Chef de l'Etat de convaincre ses propres amis de l'utilité des textes sur la rénovation politique, sinon il risque de perdre une part de son crédit sur ce thème. Si ses discours ne sont pas suivis par ses amis, qu'elle est la portée de la parole du Président de la République ?

3) Le Congrès de la C.G.T.

Le congrès de la C.G.T. qui se termine à la fin de la semaine montre une évolution du syndicalisme dans un sens de propositions. Même si cela n'enlève rien au combat que doit mener une grande organisation syndicale, nous voyons une évolution positive pour l'ensemble du paysage syndical français. Au delà de l'avènement d'une nouvelle direction de la C.G.T., cette évolution se traduit aussi dans les négociations menées sur la réduction du temps de travail. Louis Viannet, lorsque nous l'avions reçu, ici au Parti socialiste, nous avait dit que la C.G.T. voulait prendre toute sa part dans le dialogue social. A travers les discussions sur les 35h, le dialogue social retrouve lui aussi un certain dynamisme.

4) Calendrier du Parti socialiste

Samedi 6 février 1999 un séminaire P.S./Gouvernement sera organisé sur le thème des territoires et rassemblera le Bureau National du Parti socialiste, les ministres socialistes et les ministres en charge de ce dossier : Dominique Voynet, Jean-Pierre Chevènement et Emile Zuccarelli. Un point de presse se tiendra à l'issu de cette réunion.