Déclaration de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l’équipement des transports et du logement, sur l'action gouvernementale en matière de sécurité routière, Rosny-sous-Bois le 25 juin 1997.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réunion au Centre national d'information routière de Rosny-sous-bois le 25 juin 1997

Texte intégral

Au moment où la grande majorité de nos concitoyens et de nos voisins européens vont partir en vacances, j’ai souhaité m’assurer sur le terrain des dispositions prises. J’ai voulu également rencontrer les personnels des forces de police et de gendarmerie, ainsi que les agents de mon ministère, tous mobilisés et rassemblés dans un travail conjoint dans ce Centre national d’information routière de Rosny-sous-Bois.

Je me félicite de vous voir aussi nombreux à mon invitation et je m’adresse particulièrement à vous, journalistes spécialisés, pour la plupart passionnés d’automobiles, qui attachez tant d’intérêt à la circulation et la sécurité routière car vous participez à la prise de conscience collective de ces problèmes et je vous en remercie.

J’ai présenté ce matin en conseil des ministres une communication sur la sécurité routière.

Le bilan de la sécurité routière au cours des quatre premiers mois de l’année se traduit par une amélioration par rapport à la même période de 1996, puisque les accidents corporels ont diminué de 5,7 %, les tués de 6,7 % et les blessés de 6 % alors que le trafic a augmenté de 2,5 %. Ces résultats confirment une baisse progressive de l’insécurité routière.

Toutefois, les chiffres restent considérables et inacceptables puisqu’ils représentent 2 182 tués et 47 867 blessés. Sur les douze derniers mois, ce sont 7 924 tués et 167 041 blessés qui sont à déplorer. La France demeure en retrait par rapport à la majorité de ses voisins européens.

De surcroît, les mois de mars et d’avril ont connu une aggravation sensible du nombre de tués, ce qui est de nature à alerter tous les acteurs de la sécurité routière qui savent bien qu’en cette matière rien n’est définitivement acquis et que les progrès doivent être ancrés dans la durée.

L’approche des départs de l’été est un point critique.

L’an dernier, au cours de la même période, vingt-deux personnes ont trouvé chaque jour la mort sur la route.

Un dispositif considérable est déployé pour répondre au défi que représente ce chiffre.

Quatre séries d’actions vont être entreprises :

1. Tout d’abord, les forces de police et de gendarmerie verront leur effectif augmenté les jours des grands déplacements, près de 20 000 hommes étant mobilisés, leur mission étant de contrôler, mais aussi, bien évidemment d’informer et de conseiller les usagers.

Et je tiens à cet égard à souligner devant les plus hauts responsables des forces de l’ordre qui sont ici présents, combien leur action, est évidemment essentielle pour assurer la sécurité de tous les usagers de la route.

2. En second lieu sera relancée une campagne nationale de communication sur le thème « Alcool au volant – Autotestez-vous » car depuis quelques mois les forces de l’ordre, sur le terrain, ont malheureusement constaté une dégradation de la situation en matière d’alcoolémie.

Cette campagne fera appel à la responsabilité de chaque conducteur invité à tester lui-même son alcoolémie, et le cas échéant, à passer son volant. Elle sera faite à la télévision et par affichage, en partenariat avec la Fédération française des sociétés d’assurance dont je tiens à remercier le président, Jean Arvis.

À ce propos, j’ai l’intention de faire prochainement le bilan des dispositions qui avaient été décidées concernant la création d’un fonds pour la résorption des points noirs.

3. En troisième lieu, les actions « Bison futé » seront bien évidemment reconduites. La carte, qui sera diffusée gratuitement à treize millions d’exemplaires, est d’ores-et-déjà disponible et une soixantaine de points d’accueils recevront les usagers sur les axes routiers et autoroutiers.

4. Enfin, les sociétés d’autoroutes ont, cette année encore, développé leurs animations pour améliorer l’accueil et l’information des automobilistes afin de les inciter à avoir un comportement soucieux de sécurité. Et je tiens à ce propos à saluer ici la présence de Monsieur Morançay, président de l’Association française des sociétés d’autoroutes. Je le prie de remercier en mon nom tous les personnels qui, dans les différentes sociétés, ont contribué à la réussite de ces initiatives.

Il faut d’ailleurs souligner que toutes ces actions s’inscrivent dans le cadre plus général d’une politique d’exploitation de la route optimisant l’usage de l’infrastructure et le développement des services aux usagers. En effet, dans ce domaine, l’organisation des moyens humains et techniques, notamment la télématique routière, apportent aujourd’hui des progrès très appréciables.

Avant de clore mon propos, je voudrais évoquer en quelques mots mon approche générale de la sécurité routière qui dépasse, bien entendu, la seule période estivale.

Au Conseil des ministres de ce matin, j’ai en effet souligné l’urgence qu’il y a à amplifier l’engagement de l’État en matière de sécurité routière. Et dans cet esprit, le Premier ministre a accepté ma proposition de présider un Comité interministériel de sécurité routière qui se tiendra avant la fin de cette année (et je rappelle à ce propos que cette instance ne s’est pas réunie depuis le 17 décembre 1993). À cette occasion, un programme d’actions sera établi qui portera en particulier sur la formation des conducteurs – un axe fort de ma politique –, mais également sur les contrôles-sanctions, les véhicules et les infrastructures routières.

Concernant la formation, je rappelle que Monsieur Verre m’a remis vendredi dernier son « Rapport sur la formation des usagers de la route et la formation des conducteurs ». J’ai souhaité, que celui-ci soit immédiatement publié afin que s’instaure un large débat public sur son contenu. Il me paraît en effet indispensable compte tenu de l’importance de l’enjeu.

Monsieur Verre a attiré mon attention sur la nécessité d’une mobilisation de tous les acteurs concernés et m’a fait partager sa conviction que l’éducation en matière de sécurité routière commence dès le plus jeune âge pour ensuite ne plus s’interrompre. Vous avez sans doute noté que le Premier ministre a insisté sur le rôle irremplaçable de l’école pour qu’elle dispose de moyens d’assurer « cet apprentissage du civisme » sans lequel il n’y a pas de citoyenneté active et responsable. Et c’est bien de cela qu’il s’agit : être citoyen avec des droits et des devoirs à tous les âges de sa vie, de jeune, d’adulte, de plus ancien, et à tous les moments de sa vie au volant, comme au travail, comme dans la cité, comme dans la Nation. Nous en reparlerons à l’occasion de la préparation du comité interministériel de sécurité routière.

Je vous remercie de votre attention.