Interview de M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique de la réforme de l’État et de la décentralisation, dans "Le Parisien" le 09 juillet 1996, sur le prochain accord relatif aux départs en préretraite avec engagement d'embauche de jeunes et les projets de suppressions d'emploi dans la fonction publique.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Le Parisien

Texte intégral

Le Parisien : Comptez-vous conclure ce matin un accord sur les préretraites avec les syndicats de fonctionnaires ?

Dominique Perben : Nous sommes en effet sur le chemin d’un troisième accord depuis janvier avec les syndicats de la fonction publique. Il portera sur des départs en préretraite avec engagement d’embauches de jeunes. Cela devrai nous permettre de recruter 15 000 jeunes en 1997. Dix mille dans la fonction publique de l’État et 5 000 dans les fonctions publiques territoriales et hospitalières. Nous devrions nous mettre d’accord aujourd’hui sur un dispositif assez voisin de celui mis en place dans le secteur privé. Il ouvre la possibilité de partir avec 70 % du revenu – primes non comprises – aux fonctionnaires âgés de 58 ans et plus qui ont cotisé 37,5 annuités.

Le Parisien : Comment arrivez-vous à ce chiffre de 15 000 embauches ?

Dominique Perben : C’est une estimation basée sur la réactualisation d’un dispositif de ce genre mis en place en 1984.

Le Parisien : Comment est-il possible de réserver les postes libérés aux jeunes ?

Dominique Perben : Dans la fonction publique, il y a des concours avec des limites d’âge. Dans la pratique, on s’aperçoit que la majorité des embauches concerne les jeunes de moins de trente ans, sauf des métiers très spécifiques.

Le Parisien : Les syndicats sont-ils intéressés par ce dispositif ?

Dominique Perben : J’ai le sentiment que tous sont intéressés. Signeront-ils pour autant aujourd’hui ? Peut-être pas car la pratique veut que les organisations syndicales prennent acte de la conclusion des négociations et demandent quelques jours pour signer. Le projet, s’il est accepté, sera présenté devant le Conseil supérieur de la fonction publique le 18 juillet. La signature devra donc intervenir avant cette date. Il faudra ensuite un texte de loi qui sera déposé à la rentrée d’automne.

Le Parisien : Où en est-on des réductions d’emplois de fonctionnaires pour 1997 ?

Dominique Perben : Le problème des effectifs de fonctionnaires n’est pas uniquement un problème d’exercice comptable. J’ai souhaité qu’au moment de se poser la question du nombre d’emplois à « Économiser » on regarde également la capacité de l’administration à rendre les services que le public attend d’elle. Les fonctionnaires ne sont pas des concepts, ce sont des infirmières, des policiers, des enseignants…

Le Parisien : Mais on parle aujourd’hui de 9 à 10 000 postes de fonctionnaires supprimés en 1997. Confirmez-vous ce chiffre ?

Dominique Perben : À la demande du Premier ministre, nous avons constitué un groupe mixte fonction publique-budget pour examiner ministère par ministère les économies d’effectifs réalisables sans altérer la qualité du service public. Cet exercice n’est pas encore terminé, le Premier ministre nous avait donné jusqu’à la fin juillet pour le faire. Il devrait être achevé dans les prochains jours. Pour le reste, l’objectif est effectivement de réduire le nombre de postes.

Le Parisien : Vous semblez en décalage avec le ministère de l’économie qui, lui, milite ostensiblement pour des réductions massives d’emplois dans la fonction publique !

Dominique Perben : Il faut faire attention à ne pas faire des économies temporaires qui devront ensuite être corrigées par de nouveaux recrutements. Ce serait une économie à la Pyrrhus. Ce qui compte c’est de travailler en profondeur, de voir quelles sont les économies réalisables, peut-être un petit peu plus lentement mais de les faire vraiment sans être obligé de revenir en arrière.

Le Parisien : Concrètement, savez-vous quand Alain Juppé rendra ses arbitrages concernant l’emploi de fonctionnaires ?

Dominique Perben : Le Premier ministre commence à recevoir les ministres cette semaine. Nous serons probablement parmi les derniers vers le 15-20 juillet.

Le Parisien : Envisagez-vous de dégeler les salaires de la fonction publique l’an prochain ?

Dominique Perben : Les traitements n’ont pas être gelés à proprement parler : le salaire moyen des fonctionnaires aura augmenté de 4,5 % cette année. Pour le reste nous avons convenu avec les syndicats de nous revoir à l’automne pour voir si nous encourageons des négociations et avec quelles perspectives. Mais il faudra tenir compte des contraintes économiques et financières. Je pense cependant qu’on trouvera un point de passage entre les contraintes financières et les perspectives pour 1997 et 1988 susceptibles d’être considérées comme « satisfaisantes » par les fonctionnaires.