Texte intégral
La polémique bruyante sur la responsabilité, au demeurant évidente, des gouvernements d’aujourd’hui et d’hier, dans le scandale dit de « la vache folle » ne passe-t-elle pas à côté du problème de fond que pose aujourd’hui le complexe agro-alimentaire ?
Pourquoi les gouvernements et la Commission européenne ont-ils fermé les yeux et les ferment-ils encore, comme le révèlent certaines informations, sur l’horreur absolue qui consiste à laisser utiliser des cadavres d’animaux infestés pour l’alimentation de cheptels destinés à la consommation humaine et à les importer massivement dans notre pays ?
Pourquoi les mêmes non seulement tolèrent, mais encouragent la concentration des élevages porcins ou avicoles de telle sorte que la pollution des nappes d’eau souterraines soit inévitable tandis que la qualité de la viande obtenue ne peut être que médiocre ?
Pourquoi la politique agricole européenne crée-t-elle des pénuries artificielles de céréales, avec les jachères obligatoires tandis que celles-ci poussent à l’intensification des rendements dans les terres cultivées avec l’utilisation excessive des engrais et pesticides ?
Pourquoi enfin les États-Unis font-ils pressions sur l’Union européenne – et en vertu de nouveaux règlements de l’organisation mondiale du commerce, peuvent-ils espérer gagner – pour obtenir l’utilisation des hormones dans l’alimentation animale, qui, de l’avis de tous, aboutit à l’obtention d’une viande de mauvaise qualité avec des risques évidents pour la santé humaine ?
Cela révèle-t-il seulement une imprévoyance coupable qui doit impérativement donner lieu à une commission d’enquête publique pour y mettre fin, ou de telles orientations obéissent-elles au sacro-saint critère de rentabilité financière à outrance, au cœur aussi de sa crise ?
C’est cette dernière constatation qui correspond à la vérité et qui doit être combattue et dépassée dans tous les domaines, et notamment dans la logique du complexe agro-alimentaire actuel. Il y va de la santé humaine, de la qualité et de la quantité indispensable de nourriture pour alimenter convenablement la population de la planète dont une partie importante souffre de malnutrition, de la capacité de l’agriculture de fournir de nouvelles matières premières renouvelables comme pour l’énergie, la pharmacie, de nouveaux produits de synthèse.
Une telle agriculture respectueuse de l’environnement et de la qualité de ses productions est tout à fait possible et est mise en pratique largement actuellement par ses exploitations familiales et cela de manière moderne malgré les orientations analysées ci-dessus.
Les agriculteurs dans leur majorité souhaitent l’appliquer. Le gouvernement a le devoir impérieux de créer les conditions de son application générale qui doit permettre une rémunération convenable pour ses travailleurs.
La France dispose d’un atout agro-alimentaire considérable qui peut non seulement accroitre son efficacité et garantir la qualité de ses productions, maintenir l’occupation du territoire et l’environnement, mais aussi créer de nouveaux emplois, au lieu d’en détruire, comme l’y pousse la politique de rentabilité financière menée depuis des décennies.
En même temps, il est urgent de renforcer les contrôles sur l’ensemble de la chaîne alimentaire en donnant des possibilités d’intervention plus grandes aux producteurs, aux consommateurs, aux vétérinaires et chercheurs, afin de traquer tout ce qui est contraire à la santé humaine et à maintenir l’embargo sur les importations de viande de Grande-Bretagne tant que les mesures d’éradication ne seront pas réellement prises.
Tel est l’objectif actuel de dimension nationale et internationale que les communistes proposent à la réflexion et à l’action tant aux salariés et agriculteurs de l’agroalimentaire qu’à l’ensemble des consommateurs, tous concernés.