Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication et porte-parole du gouvernement, sur les orientations de la politique gouvernementale, notamment en matière de multimedia, et sur les projets de développement de Strasbourg ou de la région Alsace, Strasbourg le 5 septembre 1997.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Catherine Trautmann - ministre de la culture et de la communication et porte-parole du gouvernement

Circonstance : Inauguration de la 65ème Foire européenne de Strasbourg le 5 septembre 1997

Texte intégral

Messieurs les préfets, Messieurs les parlementaires, Mesdames et Messieurs les membres du corps diplomatique et consulaire, les représentants des institutions européennes, Messieurs les présidents, Monsieur le gouverneur militaire, Monsieur le maire de Kehl, Mesdames et Messieurs les maires, conseillers régionaux, généraux, municipaux, communautaires, Messieurs les représentants des autorités civiles, religieuses et militaires, Mesdames, Messieurs,

Je suis heureuse Mesdames et Messieurs, chers amis, de me retrouver parmi vous pour ce grand évènement de la vie économique et politique de notre région.

Il y a un an, pour la 64e édition, je pensais bien être présente sur cette tribune pour l’inauguration officielle de la 65e Foire.

Toutefois, je ne surprendrai personne en l’avouant, je n’imaginais pas avoir à m’exprimer comme représentante du Gouvernement.

Merci, cher Alain Weber, de votre accueil chaleureux. Je souhaite rendre hommage au travail que vous réalisez en tant que président de la SOFEX avec toute votre équipe. Votre enthousiasme, la qualité de l’organisation mise en place, le renouvellement, votre sens didactique qui, au fil des années, donnent à cette foire européenne plus de force, plus de cohérence et lui font enregistrer des résultats qui satisferont tous ceux qui y sont associés. Vous avez choisi cette année de mettre à l’honneur le multimédia : vous comprendrez qu’à divers titres, j’applaudisse cette initiative.

Merci, à toi aussi, cher Roland, de m’accueillir en tant que maire pour ma première visite officielle en Alsace dans mes nouvelles fonctions. C’est un honneur d’être présente ici dans cette ville, où toute ma vie est attachée au milieu de mes concitoyens.

Bien sûr, j’ai écouté attentivement les interventions de M. le président de la SOFEX, du président de la Chambre de commerce et d’industrie de Strasbourg et du Bas-Rhin et aussi celle du maire de Strasbourg. Leurs interventions mentionnent satisfactions, volontés, espoirs, mais aussi préoccupations. Nous avons ensemble à relever des défis et je le sais bien.

J’ai la fierté d’appartenir au gouvernement de Lionel Jospin. Le Premier ministre a souhaité un gouvernement resserré, rajeuni et féminisé, composé de personnalités politiques capables d’inscrire leur démarche dans une action collective... et il m’a fait l’honneur de penser que j’y avais ma place.

Nôtre tâche est à la fois difficile et exaltante. Difficile, car il nous revient de sortir notre pays du doute et de la perte de confiance dans lesquels il se trouvait plongé. Réduire le chômage, répondre avec plus d’équité aux situations des Français les plus touchés par la crise, tout en respectant les engagements européens, relancer l’économie de notre pays quand nos marges de manœuvre sont extrêmement étroites, voilà les défis que nous devons relever.

Exaltante, notre tâche l’est assurément, car les Français nous ont tout à la fois exprimé leurs attentes, leurs espoirs, et ils nous ont accordé une confiance vigilante pendant les premiers mois de notre travail.

Notre foire est placée sous le signe de l’Europe. Alors que beaucoup sont tentés de s’en détourner, cette foire est l’occasion de réaffirmer que la vocation de notre ville et de notre région n’est pas de s’en détourner mais d’en être les acteurs et nous avons raison. Strasbourg a connu des moments importants concernant sa vocation européenne, le renouvellement du contrat triennal qui la lie à l’État et l’inscription dans le traité d’Amsterdam dans la décision d’Édimbourg, fixant le siège du Parlement européen à Strasbourg. Décision préparée par l’ancien gouvernement et obtenue par le président de la République et le nouveau gouvernement de Lionel Jospin, qui ont à cœur de poursuivre le soutien apporté à Strasbourg.

Par ailleurs, le bâtiment du Parlement européen se termine. Notre détermination et notre patience l’ont emporté. Car nous avons la certitude que pour être forte, l’Europe a besoin d’institutions solides. C’est la raison pour laquelle, tout élargissement nouveau doit être précédé des réformes institutionnelles nécessaires à un véritable gouvernement économique de l’Union. Car l’objectif social affirmé à Amsterdam, grâce à la France, doit se traduire concrètement dans les initiatives en faveur de l’emploi. Pour réussir, nous devons pouvoir nous appuyer sur la volonté solidaire des États et le passage à la monnaie unique, qui nous donnera la stabilité, une véritable protection contre les spéculations et les distorsions de concurrence et qui sera favorable à l’investissement et aux échanges.

Le Gouvernement s’est donc donné pour objectif d’infléchir la politique européenne sans provoquer de rupture.

Mais l’Europe pour nous ne s’arrête pas à l’Union et le Sommet d’octobre des chefs d’État des pays membres du Conseil de l’Europe rappellera opportunément que la nouvelle Europe est aujourd’hui une réalité propice à la paix et à la prospérité de notre continent.

Notre gouvernement veut inscrire son action dans ce dialogue, celui animé par la collégialité gouvernementale, mais aussi celui que nous avons avec tous nos partenaires. De ce dialogue émergent des actions fortes, fidèles à nos engagements.

Pour cela nous devons inscrire notre démarche dans le réel, partant des faits pour ensuite entamer la transformation souhaitée.

Il existe des problèmes concrets que nous ne pouvons pas ignorer, il y a aussi des objectifs que nous nous sommes assignés et qu’il faut atteindre.

C’est ce que le Premier ministre a lui-même qualifié de « réalisme de gauche ».

Dès notre arrivée, nos premières décisions ont été symboliques de cette démarche :

- affirmation des engagements européens, mais avec inflexion de la politique européenne vers la question cruciale de l’emploi ;
- régularisation de la situation de certains étrangers, afin de mettre un terme à des situations indignes, sans pour autant légaliser certains abus ;
illustrent notamment cette réalité.

Qu’il me soit permis de prendre un autre exemple : la participation citoyenne des jeunes et leur insertion réelle dans la société : l’action gouvernementale en cours s’appuie sur cette volonté permanente.

Car, élaborer une réelle politique de la jeunesse est une urgence, une exigence morale face à ce que vivent une majorité d’entre eux qui se sentent privés d’avenir.

Inspiré par Pierre Mendès France, notre gouvernement traduit dans les faits, notre attachement à cette mission.

Transformation du rendez-vous citoyen (tout en affirmant le lien armée/nation), inscription automatique des jeunes sur les listes électorales, lutte contre la violence à l’école, protection des mineurs, nouvelles technologies à l’école, et surtout l’affirmation de l’emploi, en particulier celui des jeunes comme première priorité gouvernementale, contribuent pour leur part à redonner confiance à chacun d’entre eux, non plus en les traitant comme « des publics » mais en leur donnant les cartes pour être dans la société les acteurs de leur propre vie avec les adultes. Le projet de loi relatif au développement d’activités pour l’emploi des jeunes sera inscrit à l’ordre du jour de la session extraordinaire du Parlement qui débutera le 15 septembre.

Progressivement, respectant le temps, un temps maîtrisé, nous avons pu affirmer nos choix dans les premiers arbitrages budgétaires rendus nécessaires par les dérapages révélés par l’audit des finances publiques.


Bien sûr nos ambitions ont un coût et les mesures prises ne recueillent pas toujours l’agrément de tous. Tel est le cas de la contribution temporaire de 15 % de hausse de l’impôt sur les sociétés, sollicitée auprès des entreprises.

Plusieurs arguments ont toutefois poussé le Gouvernement à retenir cette solution :

- le premier est relatif à la bonne situation des entreprises. Sans nier les difficultés de certaines d’entre elles, il faut souligner l’augmentation considérable du taux d’autofinancement (94 % en 90, 123 % en 96), le retour au niveau du taux de marge des entreprises des années 60 ou encore l’existence d’un écart de 134 milliards de francs, entre l’effort d’équipement et l’excédent d’épargne des entreprises ;
- le second s’appuie sur la comparaison de notre taux d’impôt sur les sociétés et la place que cet impôt occupe dans nos ressources fiscales, par rapport à nos principaux partenaires commerciaux.

Nous avons conscience du rôle des entreprises dans la croissance et l’emploi, mais nous avons la conviction que la politique de soutien à la demande intérieure, notre engagement pour la création de l’euro dont les entreprises seront bénéficiaires, formeront des conditions favorables à leur développement, en dépit de l’effort temporaire qui leur est demandé.

Enfin, nous avons volontairement écarté du champ d’application de ce dispositif 80 % des entreprises françaises qui réalisent un chiffre d’affaires inférieur à 50 MF. Je n’ignore pas que pour certains commerçants et entrepreneurs, ce chiffre d’affaires est vite atteint et que cette mesure peut être mal perçue.

Notre intention est de prendre en compte l’activité des PME, et en particulier celles spécifiques et celles fortement pourvoyeuses d’emplois.

Ces premières décisions budgétaires sont mesurées, équilibrées (entre l’effort des entreprises et celui de l’État) mais aussi et surtout justes à l’inverse de ce qui fut fait en 1995 où l’appel abusif à la TVA faisait porter l’effort sur les ménages les moins aisés.

Il en sera de même pour le budget 98, pour lequel nous recherchons un nouvel équilibre qui permettra de préparer la France de demain.

À travers ces quelques exemples, il ne s’agit pas pour moi de faire un bilan mais de donner une illustration. Comme le Premier ministre, je considère qu’un gouvernement se juge au terme de son mandat et non au bout de 3 mois.

Je l’ai relevé d’entrée, la place faite au « multimédia » dans cette Foire européenne est importante et je m’en félicite tout particulièrement.

En effet, le Gouvernement entend préparer l’entrée de la France dans la société de l’information.

Le Premier ministre et moi-même avons eu l’occasion de nous exprimer, d’échanger lors de l’université de la communication à Hourtin, fin août.

L’émergence d’une société de l’information ouvre de vastes perspectives dont nous ne pouvons pas (acteurs économiques, politiques, citoyens à titre individuel) rester à l’écart.

L’enjeu économique est évident : l’industrie du multimédia, où se retrouvent informaticiens, télécommunications et audiovisuel, constitue désormais l’un des moteurs de la croissance et un gisement d’emplois. Il faut avoir à l’esprit qu’aujourd’hui la part des technologies de l’information dans l’économie mondiale est plus importante que celle du secteur automobile (et dire cela en Alsace n’est pas neutre).

Et, en même temps, les bouleversements introduits par les technologies de l’information dépassent largement le seul enjeu économique : l’essor des nouveaux réseaux d’information et de communication offre des promesses sociales, culturelles et en définitive, politiques.

La technologie n’est qu’un moyen ; elle doit être mise au service de la société : il s’agit, en l’utilisant, de construire une société de l’information solidaire et refuser qu’un fossé s’instaure entre ceux de nos concitoyens qui maîtrisent ces nouveaux outils et le reste de la population.

Si l’État aura toute sa place, il n’a pas à se substituer aux autres acteurs de la société de l’information : particuliers, entreprises et collectivités territoriales. Ainsi, pour que tous soient associés, le programme d’actions fera l’objet d’un débat public.

L’action du Gouvernement s’appuiera sur des priorités :

- l’école (équipement, formation continue) ;
- la culture (numérisation, présence sur les réseaux mondiaux, défense de l’exception culturelle) ;
- le commerce électronique ;
- le soutien aux industriels et services de l’information ;
- la réforme des services publics (téléprocédures, transparence, accès aux données publiques, équipement des lieux publics) ;
- la régulation (protection des droits, responsabilité des acteurs, dimensions internationales).

Ainsi que vous le voyez, l’administration de l’État devra aussi faire des efforts pour rattraper son retard et en utilisant ces nouveaux outils, permettre aux services publics de rendre des services plus performants aux entreprises, aux particuliers (et, là encore, il faudra veiller à ce que tous les usagers puissent avoir accès : il s’agit d’un enjeu démocratique).

Nous sommes tous concernés comme acteurs.

La culture a toute sa place dans ce défi.

En effet, au fil des ans, se sont développés à côté des « pratiques culturelles », des « pratiques informationnelles ». Là encore, l’égalité d’accès a toute son importance. Nous la mettrons en œuvre.

Comme ministre de la culture et de la communication, mon action s’inscrit pleinement dans cette double dimension nationale et européenne.

J’entends rendre à la culture sa place essentielle dans la société, son rôle de ciment social et d’expression d’identités multiples, mais aussi sa fonction d’espace de liberté et d’égalité d’accès à la citoyenneté. J’entends, en quelque sorte, que la culture soit une réponse résolument porteuse de sens et d’espoir face aux angoisses contemporaines.

Je le conçois comme une culture ouverte sur l’Europe, car la culture est échange, et de l’échange naît la compréhension et l’ouverture à l’autre.

En cette fin de siècle où la tentation du repli sur soi semble souvent l’emporter, la culture est un enjeu déterminant.

Pour cela, la définition large des attributions qui m’ont été confiées constitue un atout. Mon ministère unit culture et communication, développement des industries culturelles et des pratiques artistiques, diffusion de la culture et de la langue française hors de nos frontières et accueil des créations étrangères, grands travaux et technologies nouvelles, mais aussi métiers d’art. C’est ainsi que je pourrai être au contact avec un grand nombre d’entre vous, élus, enseignants, chefs d’entreprise, associations d’éducation populaire.


Mais si l’inauguration de la Foire européenne est l’occasion pour le ministre invité d’affirmer les grands objectifs nationaux de l’État, c’est aussi le devoir du ministre d’aborder certains – car tous les aborder serait impossible – des dossiers qui tiennent à cœur des acteurs de l’Alsace, des partenaires les plus directs de la Foire européenne et qui sont aussi les dossiers concourant à l’intérêt national, l’intérêt européen, à l’intérêt général.

Vous savez que je suis ministre à plein temps et que j’ai choisi de ne conserver que mes responsabilités d’élue municipale et communautaire. Mais j’ai tenu aussi à pouvoir être le relais que vous attendez du « ministre alsacien » pour porter avec vous les dossiers de l’Alsace et du Grand Est qui s’inscrivent dans les grandes politiques définies. Je le ferai avec détermination.

J’ai retenu, écoutant attentivement les intervenants qui m’ont précédée, que, finalement, toutes les préoccupations exprimées concernent des thèmes, des actions, des projets qui sont loin du repli que l’on prête à l’Alsace.

J’aborderai donc certaines des préoccupations que vous venez de mettre en évidence, mais également quelques autres que chacun a en tête.

S’agissant des grandes infrastructures de transport qui permettent à cette région de jouer tout son rôle au sein de la collectivité nationale et de l’Europe, et qui aussi lui évite la menace à terme d’enclavement au sein de l’espace européen :

Le grand contournement autoroutier de Strasbourg : je peux vous annoncer que mon collègue J.-C. Gayssot vient de demander à M. le préfet de la région Alsace, préfet du Bas-Rhin, de lancer le débat public dès l’automne.

Quant au TGV Est européen, les différentes informations contradictoires qui ont circulé récemment ont suscité beaucoup d’inquiétudes jusqu’à celle de la remise en cause elle-même de la liaison rapide ferroviaire Paris-Strasbourg vers l’Europe du Danube.

La remise en cause n’est nullement d’actualité. Les relations confiantes au sein du Gouvernement, et en particulier celles avec J.-C. Gayssot et ses collaborateurs, montrent que le TGV Est européen reste une priorité. Le ministre des transports annoncera, dans les prochains jours, le lancement de la réalisation de cette grande infrastructure, avec les modalités techniques et financières qui permettront de construire la première phase de cette ligne nouvelle. Le comité de pilotage, réunissant des élus et des techniciens, sous la présidence de M. Lefranc, se réunira fin septembre/début octobre. En ma qualité de présidente de l’Association TGV Est européen, je convoquerai dans les mêmes délais notre assemblée générale. À ce moment, la loi de finances aura été approuvée par le conseil des ministres et les conditions financières de réalisation des travaux seront connues.

Les contacts pris avec mon collègue ont montré également un bon accueil de l’élargissement du pont ferroviaire sur le Rhin pour permettre la liaison avec l’ITSE sur la rive allemande vers Kehl et Offenbourg.

Quant au projet de TGV Rhin-Rhône, les conditions sont réunies pour que les études puissent être poursuivies : les 2 TGV ne peuvent être considérés comme concurrents et s’ils n’en sont pas au même état d’avancement, ils progressent simultanément.

S’agissant de la déclaration d’utilité publique de la 2e ligne du tram à Strasbourg, toutes dispositions ont été prises pour que l’instruction soit menée avec diligence.

Enfin, s’agissant de l’aéroport « Alsace-Pays de Bade » à Entzheim, l’heure n’est plus, heureusement, ni aux turbulences de l’an dernier, ni aux déclarations intransigeantes. Nous avons entamé, ou repris ensemble, tous ensemble, sous la conduite du préfet, les concertations, le dialogue pour un développement harmonieux offrant la double garantie, celle du développement de l’activité économique de la plateforme et des entreprises l’utilisant directement ou indirectement et celle, indissociable de la première, la garantie de la maîtrise des nuisances – diurnes et nocturnes – pour les riverains.

Je veux ici saluer les efforts faits par les uns et les autres ; nous arriverons ainsi à concilier les intérêts légitimes de tous.

Dans un autre domaine qui touche la vie de nos concitoyens et aussi l’activité économique du bâtiment, Roland Ries a fait appel à l’État pour rectifier le tir, en tenant les engagements pris en matière de réhabilitation des logements sociaux et pour prendre en compte les besoins alsaciens.

La dotation 1997 réservée à l’Alsace bénéficiera d’une dotation supplémentaire de 15,834 MF, soit une augmentation de 31 % par rapport à la dotation initialement prévue.

De plus, un rapport complet a été adressé à mon collègue chargé du logement sur la situation du logement en Alsace et je suivrai sa prise en considération avec la plus grande attention.

S’agissant d’Arte, chaîne culturelle européenne, j’ai pu obtenir un arbitrage favorable du Premier ministre, pour respecter à nouveau les engagements financiers de la France vis-à-vis de son partenaire allemand.

Par ailleurs, je rappelle que l’annonce de la création d’une université franco-allemande remonte au 21 janvier 1997 suite à une rencontre avec M. Chirac, président de la République, et M. Teufel, président du Land du Bade-Wurtemberg et président du Bundesrat. Université « Sans mur » dotée d’un secrétariat organisant les échanges d’étudiants, d’enseignants et de chercheurs, elle serait le partenaire de tous les établissements d’enseignement supérieur de France et d’Allemagne qui le souhaiteront.

Sa création devrait être confirmée au prochain Sommet de Weimar. Nos amis allemands souhaitent néanmoins que la décision sur le lieu d’implantation de celle-ci soit prise bilatéralement à la suite de ce sommet.

Strasbourg est candidate pour accueillir ce secrétariat. Le Gouvernement soutient ce choix.

Pour rester dans le domaine de la formation supérieure, les coûts de fonctionnement de l’ENA sur ses deux sites ont alimenté récemment la chronique. Je me contenterai de relever que la décision de M. Balladur de maintenir le site parisien a induit des coûts de fonctionnement qu’il appartient à l’ENA de rationaliser. Pour moi, l’implantation de l’ENA à Strasbourg est une réussite dans le sens où elle a enclenché une dynamique de constitution à Strasbourg d’un pôle d’excellence de la formation de la Haute fonction publique européenne (État, fonction publique territoriale, enseignements européens) que personne ne songe à remettre, même indirectement en cause.

Deux autres points concernant la formation méritent encore d’être brièvement évoqués :

* Le conservatoire de musique de Strasbourg.

Il faut saluer ici le remarquable travail du conservatoire de musique de Strasbourg qui scolarise plus de 1 600 élèves. Depuis plus de 150 années, cet établissement est en exil perpétuel sur plusieurs sites, ce qui rend plus méritoire encore le travail réalisé par les enseignants. La ville, la région, et tous les acteurs ont droit à un vrai conservatoire. Les demandes à ce titre ont été introduites auprès de mes prédécesseurs, MM. Toubon et Douste-Blazy, qui ont prêté une oreille attentive à cette demande. Je peux vous confirmer que l’État a décidé de prendre une part significative dans la construction d’un nouveau conservatoire à Strasbourg, c’est-à-dire subventionnera les travaux de constructions de 20 à 40 % du montant des travaux. L’incontournable aide des autres collectivités territoriales à l’image de ce qui se passe ailleurs dans le pays devrait permettre une réalisation de qualité pour des montants raisonnables pour tous les partenaires. Nous attendons de la ville qu’elle nous fasse part, dans les plus brefs délais, des conditions du concours d’architecture qui devrait être lancé et au jury duquel nous participerons bien sûr.

* Le bilinguisme.

Cette question revient dans vos préoccupations.

En Alsace, parler de bilinguisme, c’est se tourner résolument vers l’avenir. C’est une chance d’ouverture vers d’autres langues, la langue allemande bien sûr mais pas exclusivement. Le soutien au bilinguisme doit être maintenu et je réfléchis actuellement au moyen permettant de dépasser les difficultés constitutionnelles qui empêchent la France de signer la charte des langues minoritaires du Conseil de l’Europe. Le Premier ministre m’a chargée de lui faire des propositions et m’a confirmé son souci de voir aboutir.

Enfin, un concept mobilise bien des initiatives, suscite bien des espoirs pour l’Alsace : il s’agit du Bioscope. Je veux d’ores et déjà saluer l’idée née des réflexions menées par la région, dans le cadre d’Alsace 2005, et portée par Josiane Lenormand. Actuellement, les initiateurs privés s’organisent, les collectivités publiques sont intéressées, l’État, bien sûr, ne peut rester en dehors. Il est d’ailleurs intervenu en finançant une partie des études, celle du diagnostic, à hauteur de 1,5 MF.

Si l’ensemble des partenaires le souhaite, je suis prête à demander à M. le préfet de réunir l’ensemble des acteurs potentiels pour entamer la phase de montage de l’opération.

En conclusion,

Au moment où la Foire européenne se place résolument sur le terrain de la rencontre, de l’innovation, de la communication révélatrice des possibilités de chacun, où le maire de Strasbourg et le président de la chambre de commerce et d’industrie de Strasbourg se faisant l’interprète des collectivités et des acteurs économiques, appellent de leurs vœux d’indispensables réformes dans la responsabilité, le respect des libertés et des initiatives, où le Gouvernement s’engage résolument dans une politique mettant les personnes, les citoyens, au cœur des objectifs, cette ouverture de la 65e Foire européenne est pour le ministre qui est chargé cette année de l’assurer, un moment fort de rencontre, une promesse de partenariats plus forts, plus innovants et plus confiants pour que Strasbourg et l’Alsace, le Grand Est et nos voisins européens, jouent un rôle actif auxquels ils aspirent, dans le progrès national et européen.

Vous connaissez ma détermination, elle ne sera pas prise en défaut.

Bien entendu, je forme des vœux de plein succès à cette 65e Foire européenne de Strasbourg.