Déclaration de M.Louis Le Pensec, ministre de l'agriculture, et de la pêche, sur la pêche, notamment la nécessité la modernisation du secteur, Lorient le 1er octobre 1997.

Prononcé le 1er octobre 1997

Intervenant(s) : 

Circonstance : Salon ITECH'MER à Lorient le 1er octobre 1997.

Texte intégral

Je tiens à féliciter les institutions du pays de Lorient, la SOGEPEX et ID’MER, qui, pour la deuxième fois consécutive, avec compétence et pertinence ont su organiser le salon ITECH’MER. J’ai pu apprécier, parmi les 150 stands, les outils, les procédés et les services mis à disposition des professionnels de la production et de la transformation qui contribuent à améliorer les performances de la filière des produits de la mer.

J’ai pu mesurer que l’innovation est présente partout dans ce salon, tant dans le domaine des engins de pêche et des navires, que dans la préparation et la transformation des produits. Il s’agit bien, en effet, de répondre à une demande de plus en plus exigeante, tant en termes de variété que de qualité.

Je souhaite pour ma part faire l’écho sur la nécessité de l’innovation, tant en mer qu’à terre, pour mieux maîtriser l’activité de pêche, améliorer la sécurité du travail des hommes, valoriser les produits par la qualité et par la diversité.

En mer, la recherche sur la sélectivité des engins de pêche, c’est-à-dire la mise au point de dispositifs capables de diminuer les rejets, sans réduire les espèces commercialisables, me paraît être de nature à préserver les juvéniles et le chiffre d’affaires des navires.

De même, tout ce qui contribue à mieux identifier les stocks et les espèces, à mieux apprécier le fonctionnement des engins de pêche, le couplage navire-engin remorqué ou la reconnaissance de la nature des fonds améliorera l’efficacité de la pêche. À cette fin, les progrès en acoustique, en simulation sont déterminants.

Les innovations en électronique, en technologies de l’information trouveront des applications capables d’améliorer les performances de nos entreprises de pêche. Contrairement à des idées reçues, je considère que le monde de la pêche a toujours été à l’affût du progrès technique et a su l’intégrer.

Je souhaite que l’innovation porte aussi sur les conditions de travail à bord des bateaux. Il n’est pas vain d’évoquer la pénibilité du travail à la pêche et le niveau, malheureusement élevé, des accidents du travail.

Aussi, je veux saluer ici, en pays de Lorient, le remarquable travail effectué, tant par l’IUT de Lorient, que par l’Institut maritime de prévention, pour comprendre et remédier à ces situations. La technologie constitue un des éléments de réponse aux problèmes qui se posent à cet égard. Il convient d’intégrer la notion de sécurité du travail dès la conception, tant du navire que des équipements et des engins de pêche.

À terre, comme en mer, tout ce qui concourt à améliorer la qualité des produits et particulièrement des produits de la pêche fraîche, puisque c’est l’essentiel de notre production, doit être encouragé. Il est manifeste que la filière des produits de la mer peut s’enrichir des avancées technologiques acquises dans les autres filières agro-alimentaires. Beaucoup d’innovations sont dérivées, notamment, de la filière charcuterie-salaison.

Les traitements des produits, les conditionnements se diversifient, pour répondre aux changements des goûts des consommateurs, à l’évolution des modes de vie. De nombreux stands en témoignent par la variété des procédés et des équipements présentés.

La filière pêche doit poursuivre sa modernisation. Les pouvoirs publics peuvent y contribuer par leurs interventions : dans les domaines législatif et réglementaire, dans l’organisation des marchés, dans la recherche, le transfert de technologie et la formation.

J’ai eu, hier, aux journées portes ouvertes de l’ANIA, l’occasion de dire la priorité que j’entends donner au développement d’une politique de qualité. Il s’agit à la fois de la qualité organoleptique et de la qualité sanitaire des produits.

La pêche française a un formidable atout qui lui vient de la diversité de ses produits. La recherche de label doit être encouragée, mais la sécurité des produits doit aussi être garantie. Les pouvoirs publics s’emploient à réformer la sécurité de l’alimentation. Vous savez qu’une loi portant création d’une agence de sécurité sanitaire des produits alimentaires est en discussion au Parlement.

Le FIOM, dont la transformation en office des produits de la mer devrait tout prochainement se concrétiser par le vote de la loi d’orientation sur la pêche maritime et les cultures marines, s’y emploie. Un groupe interprofessionnel rassemblant les opérateurs de la filière a été constitué dans ce cadre pour :
    - sélectionner les besoins prioritaires de la filière en matière de recherche et d’innovation technologique ;
    - constituer une interface entre les organismes de recherche et de développement et la profession ;
    - mettre en place des soutiens de programme auprès des organismes de recherche et de développement sur les sujets jugés prioritaires.

Les travaux sont orientés selon trois axes :
    - la valorisation des espèces spécifiques françaises ;
    - la valorisation des coproduits et des sous-produits ;
    - la qualité à bord et à terre, la traçabilité des produits et la fraîcheur.

Dans le domaine de la recherche, je sais les efforts faits par l’IFREMER depuis sa création pour développer le domaine de la valorisation des produits frais et transformés. Ceux-ci doivent être accentués et les fonctions de recherche et de transfert doivent être mieux précisées entre la recherche et les centres techniques.

Les centres techniques spécialisés dans les domaines des produits de la mer : la Confédération des industries de traitement des produits de la mer (CITPPM), le Centre d’expérimentation et de valorisation des produits de la mer (CEVPM), le Centre d’étude et de valorisation des algues (CEVA), et ID’MER, en complément aux actions des ADRIA, permettent d’apporter des réponses adaptées aux industriels. Le soutien de l’État, des collectivités territoriales est indispensable à la pérennisation de ces centres qui, adossés à la recherche, sont en mesure d’irriguer le tissu industriel. Je voudrais souligner, ici tout particulièrement, le rôle efficace d’ID’MER et saluer son dynamique directeur Patrick Allaume, commissaire général du salon ITECH’MER.

Il me paraît important de souligner le rôle de la formation pour concourir à la modernisation du secteur. La présence des écoles maritimes et aquacoles ici est pleinement justifiée. Ces écoles dont 90 % des élèves qui se destinent à la pêche et aux cultures marines doivent être pleinement en phase avec les métiers. La formation technique qui est dispensée aux jeunes doit leur permettre de devenir des marins, mais aussi des pêcheurs capables de s’adapter aux évolutions du métier et, s’ils le désirent, de se reconvertir dans la filière des produits de la mer.

Enfin, je voudrais insister sur un aspect important de ce salon, son ouverture aux pays étrangers. Je sais que de nombreuses délégations d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Europe sont présentes ou attendues au cours de ces prochains jours et je salue la présence aujourd’hui des délégations de Mauritanie, du Sénégal, du Cameroun, de Russie et de Grande-Bretagne.

C’est le témoignage de votre efficacité et de votre crédibilité. Vous avez un savoir-faire, vous savez le mettre en valeur et le faire connaître. La présence de sociétés de service dans ce salon, et en particulier de bureaux d’études, concourt à la diffusion des compétences.

Je souhaite que vos efforts, votre capacité d’innovation, la qualité de vos produits et de vos procédés réussissent à séduire, tant nos partenaires étrangers ici présents, que les opérateurs de notre filière pêche.

Je souhaite un vif succès au 2e salon ITECH’MER.