Texte intégral
Madame et Messieurs les présidents,
Messieurs les directeurs,
Mesdames et Messieurs les chefs de service,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Ces quelques minutes consacrées à la remise des quatre prix du concours de l’installation et à la présentation par les lauréats des actions primées montrent, à qui en douterait encore, les trésors d’initiative et d’énergie de nos jeunes de l’enseignement agricole. Destiné à récompenser l’établissement qui aura conduit dans sa catégorie le projet le plus riche et le plus innovant en faveur de l’installation, ce concours 1997 a mis aussi en valeur, je tiens à le souligner, la grande mobilisation des professionnels, des composantes de l’enseignement agricole, des services centraux et régionaux du ministère et bien entendu des communautés éducatives.
Je tiens à les en féliciter ce soir, avec une attention particulière pour le CNJA et l’ANDA, partenaires de ce concours avec le ministère de l’agriculture et de la pêche.
Permettez-moi maintenant de vous dire ce qui m’a frappé à l’écoute de ces jeunes gens ou de ces jeunes adultes venus recevoir leurs prix des quatre coins de la France.
Je rendrai tout d’abord hommage aux talents de communicateurs des jeunes de BTSA et de BPREA (brevet professionnel option responsable d’exploitation agricole) de l’établissement public local de Dax.
Ils ont su animer avec talent le deuxième forum de l’installation du département des Landes. Ils ont su rendre compte avec intérêt de leurs investigations relatives au problème de l’accès au foncier que rencontrent de nombreux installants. Voilà une manière vivante de rendre concret une situation souvent très compliquée.
Félicitations maintenant aux 35 lycéens de Metz Courcelles Chaussy qui ont mené très loin leurs réflexions autour de leur futur projet d’installation. En créant votre club intitulé « bien préparer son projet d’installation », vous avez découvert rapidement les étapes du parcours de l’installation et jeté des passerelles vers les jeunes agriculteurs.
Permettez-moi maintenant de me réjouir de la réussite de stagiaires du centre de formation d’adultes de Genech (dans le Nord) qui ont utilement compléter leur cursus vers le certificat de spécialisation en comptabilité et fiscalité en réalisant une enquête d’évaluation du dispositif de stage 6 mois dans le Nord. De cette enquête est sorti un résultat très réconfortant sur l’intérêt que les futurs exploitants portent à ce stage.
Enfin, je m’adresse aux étudiants et aux stagiaires du lycée d’Albi Fonlabour. Des étudiants de BTSA et des adultes en stage « 40 heures de préparation à l’installation » ont aidé Roselyne Glories à avancer dans son parcours de formation et à franchir un certain nombre d’obstacles. Il convient de souligner que cette jeune femme, qui était salariée d’un groupement local d’employeurs, désire devenir agricultrice hors cadre familial et de plus dans un canton en déprise agricole de la zone de montagne du Tarn. Cette expérience m’apparaît vraiment exemplaire et vaudrait la peine d’être reproduite dans d’autres régions.
Un certain nombre d’enseignements positifs peuvent être tirés de ce concours 1997 de l’installation en agriculture.
Il a amené les candidats à envisager l’installation avec une approche complémentaire à celle développée dans les cours en formation initiale ou en formation professionnelle. Les réflexions sur le stage six mois ou le stage de 40 heures ont été richement alimentées par ce concours.
En outre, toutes les initiatives permettant de renforcer les liens entre le monde de la formation et les milieux professionnels sont à encourager et, pour ma part, j’y veillerai personnellement. J’ajoute, et cela n’est pas anecdotique, que les expériences de terrain vécues par ces jeunes renforceront bien évidemment leurs insertions professionnelles ou amélioreront leur poursuite d’étude.
Je souhaiterais maintenant, profitant de ce moment privilégié où l’intelligence et la confiance en l’avenir de notre agriculture se sont retrouvés grâce à vous Mesdames et Messieurs, rappeler toute l’importance que j’accorde à la politique de l’installation.
Comme je vous l’avais clairement indiqué devant votre congrès, Madame la présidente, le gouvernement de Monsieur Jospin en a fait l’une de ses toutes premières priorités en matière agricole.
Depuis lors, le projet de loi de finances pour l’année 1998 vous a indiqué, je pense, la réalité de l’engagement du Gouvernement. Nécessité de poursuivre en l’amplifiant la politique menée depuis plus de 25 ans car les contraintes démographiques deviennent de plus en plus lourdes.
D’une part, de nombreux agriculteurs qui parviennent à l’âge de la retraite n’ont pas de successeur au sein de leur famille.
D’autre part, alors que les enfants d’agriculteurs en âge de s’installer sont moins nombreux, les responsabilités de chef d’exploitation attirent un nombre grandissant de jeunes adultes ne sortant pas de cette catégorie socioprofessionnelle.
Le nouveau fonds pour l’installation en agriculture (FIA), inscrit dans le projet de loi de finances pour 1998, aura pour objectif principal d’accueillir de nouveaux candidats à l’installation sur les exploitations libérées par les agriculteurs sans successeurs.
Par ailleurs, autre nouvelle mesure, une prime à la transmission des exploitations sera créée afin d’inciter les exploitants sans successeurs à favoriser l’installation d’un jeune. L’octroi de cette prime dépendra des efforts engagés pour trouver un jeune successeur.
Enfin, l’année 1998 constatera l’intensification de l’effort pour l’obtention de la capacité professionnelle. En effet, l’augmentation des crédits sera substantielle (soit + 26,6 % par rapport à 1997). Les prévisions pour 1998 ont été établies sur la base de 6 700 stagiaires 6 mois et 12 000 stagiaires 40 heures.
Au total, les crédits d’aide à l’installation s’élèveront à près de 1 milliard de francs. Je vous rappelle que ces progressions interviendront dans un contexte de maîtrise raisonnée des dépenses pour le ministère de l’agriculture et de la pêche.
Enfin, au-delà de ces aspects innovants proposés dans le cadre du projet de loi de finances pour 1998, je tiens à mettre en exergue le rôle capital de l’appareil de formation agricole, initiale et continue, dans la politique de l’installation en agriculture.
Si l’installation en agriculture donne d’excellents résultats, bien meilleurs que ceux constatés dans le commerce et l’artisanat, cela est dû en partie aux formations théoriques et pratiques dispensées par l’enseignement agricole, public et privé, en liaison avec les professionnels.
Le niveau de formation à l’installation est de plus en plus satisfaisant. Ainsi le nombre de diplômés du brevet de technicien agricole (BTA), d’un diplôme équivalent de niveau IV ou supérieur augmente régulièrement et atteint désormais près de 60 %, soit une augmentation de plus de 7,5 % par rapport à 1995.
S’il faut se féliciter de ces chiffres, il faut aussi se rendre compte que la complexité de l’activité agricole impose une élévation constante du niveau de formation. Cette évolution positive s’explique, je pense, par la diversité des voies d’accès à la capacité professionnelle offerte par notre dispositif de formation agricole : la formation initiale, l’apprentissage et la formation professionnelle continue constituent le triptyque de la formation préalable à l’installation.
J’en veux pour preuve le fait que 37 % des bénéficiaires de la dotation au jeune agriculteur (DJA) ont obtenu leur titre ou diplôme par la voie de la formation professionnelle continue. Mon souhait de voir se développer encore plus une offre de formation cohérente se fonde sur la complémentarité de ces trois voies de formation. Cette complémentarité, qui est un des atouts majeurs de l’enseignement agricole, s’articule au plan local autour d’un réel projet dans chaque établissement.
En leur sein, les centres de formation pour adultes et les centres de formation des apprentis doivent participer à la détermination du projet de l’établissement.
Un autre atout majeur pour élever le niveau de formation des installants réside dans le partenariat accru avec les organisations professionnelles. Les exemples du concours de l’installation de cette année l’attestent.
Ce partenariat est indispensable au plan de la définition de l’offre de formation, au plan de la participation à des actions d’information (je songe à la participation au point info-installation notamment) mais aussi au plan des parcours de formation. La participation de professionnels à certaines séquences de formation apporte des gains substantiels à la qualité des parcours.
Par ailleurs, afin de répondre à la diversification accrue des profils des candidats à la capacité professionnelle agricole, à l’exemple de cette jeune femme du Tarn dont j’ai parlé tout à l’heure, l’appareil de formation s’ouvre à une méthode très performante. Il s’agit de l’individualisation des formations, des parcours et du suivi des candidats à l’installation. La standardisation des modes d’apprentissage ne répondra plus aux futurs défis d’une politique de l’installation ouverte à des publics hétérogènes. L’adaptation du parcours au projet et au profil des candidats sera un axe fort dans la qualité de l’offre que nous devrons fournir aux futurs chefs d’exploitations.
Dans cette optique, l’accompagnement des jeunes candidats jusqu’à l’installation deviendra une nécessité incontournable. Au-delà de l’accompagnement du candidat vers la capacité professionnelle, un accompagnement qui ira jusqu’à l’installation répondra, je le crois, aux demandes des nouveaux candidats. Pour ce faire, un tutorat très global associant professionnels et formateurs dans une série d’actions sera certainement très apprécié par les jeunes. Ce tutorat doit aller, pour être utile, jusqu’à l’aide à la réalisation et au montage du projet d’installation.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les quelques priorités et tendances qui concernent et concerneront l’appareil de formation agricole qui demeure plus que jamais au service d’une agriculture de grande qualité et de ses futurs chefs d’exploitations.
Les lauréats de ce concours 1997 de l’installation ainsi que leurs formateurs et les professionnels qui les ont aidés nous montrent aujourd’hui la voie de ce qu’il convient de faire pour nos agriculteurs du XXle siècle.
Je vous remercie de votre attention.