Texte intégral
Monsieur le maire,
Madame, Messieurs les parlementaires,
Madame, Messieurs les élus,
Monsieur le préfet,
Messieurs les présidents,
Mesdames, Messieurs,
C’est pour moi un véritable plaisir de me trouver dans cette maison de la forêt et du bois, dont l’architecture est, à mon sens, une exceptionnelle réussite.
Qu’il me soit permis de saluer à travers vous, Mesdames et Messieurs les directeurs et représentants du personnel, tous les agents des services et établissements du site de Marmilhat.
Le temps me manque pour découvrir chacun de vos établissements et services, notamment ceux qui relèvent directement de mon département ministériel.
Les projets en cours d’achèvement sur le site, le dynamisme et les initiatives prises à Clermont-Ferrand me donneront, sans aucun doute, l’occasion de revenir ici.
Le site de Marmilhat, véritable pépinière de services, d’entreprises, de structures d’enseignement et de recherche tout comme la démarche commune que vous venez de présenter Monsieur le directeur, en rappelant le rôle d’impulsion et d’accompagnement joué par l’administration centrale, tout cela est à la fois original et unique. La réussite de cette démarche tient d’abord à la volonté et à l’engagement personnel des responsables locaux, soutenus par les présidents des conseils d’administration ou les autorités de tutelle.
La richesse et la complémentarité des compétences et des savoir-faire des services, des établissements et des organismes présents constituent un atout rarement égalé pour le développement intégré de structures administratives, scientifiques et universitaires et l’expansion économique d’une agglomération.
Mais dans votre démarche, vous devez toujours rester attentifs à ce que l’ensemble des communautés de travail présentes sur le site soit étroitement associé aux ambitions que vous vous assignez.
Vous vous proposez de devenir, en relation avec les deux universités, l’INRA, le CEMAGREF et l’ENGREF, au sein de l’agglomération clermontoise, un élément de la dynamique « économie et gestion des territoires ruraux ». Ceci va tout à fait dans le sens des objectifs que j’assigne à la future loi d’orientation agricole. Vous pouvez compter sur mon soutien, notamment dans votre volonté d’apporter une contribution décisive à la reconnaissance de Clermont-Ferrand comme pôle national dans le domaine de la recherche et de l’enseignement en matière de gestion des territoires ruraux.
À ce propos, j’ai décidé d’apporter mon parrainage et mon soutien à l’organisation, à Clermont-Ferrand, en avril 1998, des premières journées internationales de la recherche pour la gestion des territoires ruraux sensibles.
Votre démarche, je le redis, est sans précédent ; elle est exemplaire de l’indispensable adaptation du service public et de ses partenaires aux attentes de nos concitoyens et au développement socio-économique.
Je me félicite que services déconcentrés et établissements d’enseignement supérieur et technique dépendant de mon département ministériel soient des éléments moteurs de cette démarche illustrant une possible réforme de l’État sans bouleversement des structures.
Je vous souhaite, avec l’appui – que je sais acquis – des collectivités territoriales, de poursuivre avec détermination la réalisation de votre ambition : de faire du site de Marmilhat un ensemble harmonieux, cohérent et porteur d’une image forte.
Venons-en à la forêt et au bois, et plus précisément à la préparation d’une loi forestière.
Je souhaite distinguer la loi d’orientation agricole d’une loi spécifique forestière, tout simplement parce que l’exercice législatif en cause n’est pas de même nature ; les formes et les acteurs de la concertation sont différents. Les objectifs et les moyens le sont aussi.
En ce qui concerne la loi d’orientation agricole, je suis heureux d’avoir installé hier le groupe de travail et de concertation qui va participer très concrètement à son élaboration.
Je souhaite que ce projet de loi d’orientation puisse être déposé au début de l’année 1998 sur le bureau du Parlement.
J’aurai alors à cœur de reprendre le dossier d’une loi spécifique sur la forêt et la filière bois, loi que je souhaite ambitieuse, moderne, adaptée à notre temps, garante de l’avenir pour le territoire comme pour les hommes.
En abordant le cadre général d’une telle loi sur la forêt, il importe de partir d’un diagnostic de la filière et il convient de rappeler que des groupes de travail, des réflexions menées avec les fédérations professionnelles, de même que des analyses faites par les chercheurs, ont déjà largement tracé ce diagnostic. Ils ont mis en évidence atouts et faiblesses. Il est donc des points sur lesquels l’analyse n’est plus à faire, mais auxquels les meilleures solutions possibles doivent être trouvées, celles qui combinent à l’efficacité, la prise en compte du long terme.
Revenons d’abord sur le diagnostic. Il pourrait se résumer de la façon suivante : nous avons un potentiel à valoriser, la forêt est un secteur d’avenir de notre économie, quoique trop souvent méconnu et qui offre des perspectives prometteuses pourvu qu’un nouveau dynamisme lui soit insufflé et que certains blocages soient surmontés.
- N’oublions pas que ce secteur emploie 550 000 personnes, de la sylviculture à la distribution, en passant par le boisement, l’exploitation forestière, et la transformation du bois d’œuvre et d’industrie.
Ce secteur, constitue aussi une véritable filière, autrement dit un socle d’intérêts communs entre l’amont forestier (la production du bois) et l’aval industriel (sciage, panneaux, papiers).
L’approvisionnement constitue, dans cette perspective, une sorte de jointure, fragile, mais déterminante pour l’ensemble des acteurs, et le coût du bois livré à l’usine, représente un élément essentiel dans la compétitivité de la filière.
Mais nous ne tirons pas tous les atouts de notre potentiel forestier.
Certes, la France a su se constituer une ressource forestière enviable grâce à plus de 50 ans de boisements financés par le fonds forestier national. Depuis sa création, plus de 2 millions d’hectares ont été reboisés, tandis que des kilomètres de pistes forestières ont été créées.
Nous détenons aujourd’hui des réserves en bois qui nous permettent de satisfaire nos besoins. Le Massif central, en particulier, est devenu un véritable « château forestier » et il convient d’y valoriser, plus qu’ailleurs, notre ressource.
La récolte de bois en France est en effet inférieure, de manière permanente, à l’accroissement biologique annuel. Nous avons donc toutes les raisons de devenir un grand pays forestier à l’instar de la Finlande ou de la Suède nouveaux membres de l’Europe des quinze.
Mais nous souffrons encore d’un véritable handicap structurel de compétitivité, comme les récents travaux de prospective de l’INRA sur l’avenir de la filière forêt-bois l’ont montré. La propriété est très morcelée et la filière forêt-bois française, à la différence de ses concurrents, n’est en effet pas intégrée. Elle n’a pas su construire une action commune, tandis qu’au fil des dernières années, sa compétitivité s’est trouvée mise en cause.
Dans ce contexte quels peuvent être les objectifs d’une loi sur la forêt et la filière-bois ? Pour ma part, j’en vois deux principaux.
En premier lieu, il convient de restaurer les termes de la compétitivité économique de la filière : l’approvisionnement en bois des industries françaises, très compétitif au cours de la décennie 1980, s’est dégradé depuis 1990. Et ceci n’est pas seulement le fait de l’évolution des parités monétaires.
Si la conjoncture actuelle permet d’espérer une amélioration en 1997, après la situation de « crise » supportée par les entreprises de 1re transformation depuis 1992, les handicaps subsistent au niveau de la structure foncière de la propriété forestière, du déficit de confrontation entre l’offre et la demande et d’une insuffisance de relations contractuelles entre acteurs de la filière.
L’État, pour sa part, est déterminé à donner les indications indispensables dans plusieurs directions : la restructuration de la propriété forestière, le regroupement de l’offre, l’adaptation des modes de vente en forêt domaniale, la qualification professionnelle des acteurs, la concertation interprofessionnelle.
Il est de son rôle également de rechercher les moyens de conforter les ressources du fonds forestier national (FFN) qui apporte à la filière un financement adapté aux spécificités de la production. Je suis en effet très attentif à ce que ce fonds puisse assurer toutes les missions qui lui sont désormais dévolues et puisse notamment continuer de jouer un rôle, déterminant, auprès des propriétaires forestiers qui s’engagent dans une gestion durable.
Le deuxième objectif est tout aussi fondamental pour l’élaboration de la future loi sur la forêt : il s’agit de construire un cadre juridique cohérent, intégrant la notion de gestion durable, permettant de la garantir, avec suffisamment de fiabilité et de lisibilité.
Je souhaite revenir un instant sur l’objectif de la compétitivité.
Les points clefs en sont :
- le morcellement de la propriété et le regroupement de l’offre ;
- l’adaptation des modes de vente ;
- le renforcement de la qualification des opérateurs intervenant en forêt ;
- le développement de la promotion du bois.
Il nous faut donc en premier lieu lever le handicap du morcellement de la propriété et regrouper l’offre :
Au-delà des incitations à la restructuration foncière et du freinage du morcellement de la forêt privée, il convient de porter une attention particulière à toutes les formes de coordination des équipements et des investissements sylvicoles qui donnent cohérence à la gestion d’un massif ou assurent le regroupement de l’offre (associations syndicales, syndicats intercommunaux de gestion forestière ou coopératives et autres organisées de gestion en commun).
Le ministère les encourage, notamment par la possibilité d’aides aux investissements à des taux majorés, et, pour les coopératives par des aides au développement.
À cet égard, la création toute récente de la nouvelle union de la coopération forestière française mérite d’être saluée. Ce rapprochement des deux grandes familles de coopératives est un élément très positif pour la place de la coopération dans la forêt.
Il nous faut, également, adapter les modes de vente :
Adaptation, modernisation et souplesse tels sont les maîtres mots qui doivent nous guider pour les ventes publiques et, par là même, pour les ventes privées qui s’inspirent le plus souvent des mêmes procédures.
Le renforcement de la qualification des opérateurs intervenant en forêt contribue à l’amélioration globale de la compétitivité de la filière. Cette évolution est nécessaire compte tenu, notamment :
- de l’utilisation de matériels de plus en plus sophistiqués et performants ;
- du développement de l’assurance qualité ;
- le besoin de qualification en matière de sécurité des intervenants.
Il nous faut enfin promouvoir le matériau/bois.
« Faire construire avec du bois » telle est la stratégie du Conseil national du développement du bois. En effet, des parts de marché peuvent être regagnées, face à la concurrence du béton ou de l’aluminium si les architectes et maîtres d’œuvres disposent « d’une solution bois ».
Enfin je veux parler de la prise en compte de la gestion durable de la forêt.
Cette gestion durable figure en bonne place dans les propos du président du centre régional de la propriété forestière d’Auvergne, M. Gérard de Montlaur.
Il convient en effet de mesurer l’importance et la complexité de ce concept et de souligner parallèlement la nécessité d’agir, dans le sens bien compris des intérêts économiques de la filière française du bois tout en assurant simultanément la préservation des espaces forestiers, et des écosystèmes qu’ils représentent.
C’est l’un des termes de notre compétitivité globale : la concurrence entre pays producteurs de bois sur le thème de l’écocertification nous impose de démontrer notre capacité à garantir la gestion durable des forêts françaises.
Il revient à l’État de construire le cadre nécessaire dans le code forestier et d’apporter la cohérence des orientations.
C’est donc un grand chantier que nous avons à poursuivre. Il s’agit de fixer les orientations de notre action en faveur de la forêt et du bois. Nous le ferons en approfondissant les thèmes que je viens d’évoquer, évaluant les solutions avancées, en nous appuyant sur le travail déjà effectué.
Je sais votre souhait de voir aboutir ce chantier dans des délais raisonnables, et vous avez raison.
C’est non seulement mon souhait, c’est aussi mon ambition. Je sais pouvoir compter sur vous.