Texte intégral
Q - C'est curieux quand même comme ces mesures, forcément un peu impopulaires, sont prises au coeur de l'été. On dit toujours ça et ça arrive quand même chaque fois.
- « Ce n'est pas forcément toujours au coeur de l'été. La précédente mesure avait été prise à la mi-juin et c'était donc avant que tout le monde s'évade vers les congés d'été. »
Q - Et parfois critiquée par le Parti socialiste d'ailleurs. E. Balladur et A. Juppé avaient fait la même chose, le PS les avait un peu critiqués…
- « Absolument. Mais rappelez-vous : nous avons connu pendant un certain nombre d'années dans notre pays, une inflation à deux chiffres et pendant cette période, la rémunération de l'épargne populaire n'avait jamais excédée 5 ou 6 %. Mais c'est vrai que psychologiquement, avoir 6 % de rendement, donnait l'illusion d'une rémunération alors que l'inflation était à 10 ou 11 %. Aujourd'hui, je tiens à le souligner, le comité des prêts réglementés dont il vient d'être fait état, avait préconisé une réduction de 1,25 %. Le Gouvernement - bien qu'il s'agisse là d'avis parfaitement qualifié et qu'il n'est pas question de contester - le Gouvernement a retenu 0,75 % parce que c'est exactement la baisse des prix, la baisse de l'inflation depuis un an. Ce qui veut dire que le nouveau taux, en termes de pouvoir d'achat, assure exactement la même rentabilité aux épargnants qu'il y a un an. »
Q - Mais que diriez-vous, ce soit justement aux petits épargnants qui se sentent, encore une fois, psychologiquement grugés, alors qu'ils voient les gros épargnants, ceux qui mettent leur argent en bourse par exemple, se remplir les poches, alors que eux perdent davantage ?
- « Alors vous savez que la bourse elle a des hauts et des bas. Généralement quand elle a des périodes où ce sont les hauts qui l'emportent, c'est que l'économie ne va pas trop mal et que quelque part les épargnants de ce type, ne sont pas les seuls gagnants. C'est tout le monde. Non, je ne crois pas que les épargnants modestes soient pénalisés. Aujourd'hui, il y a près de 47 millions de Livrets A. Le Livret A est donc un produit extrêmement répandu, qui va bien au-delà des seules personnes modestes dans ce pays. Ou alors il faudrait mettre le seuil de pauvreté à un niveau très élevé pour justifier 47 millions de Livrets A.
Et comme cela vient d'être rappelé, le Livret d'épargne populaire, qui est celui que l'on ouvre sous conditions de ressources et qui est effectivement le Livret des personnes modestes - et il y en a 8 millions de ces Livrets, en France, 8 millions -, ce Livret, lui, va être amélioré en ayant son dépôt porté de 40 à 50 000 francs, alors que la rémunération à 4 % est une rémunération qui coûte à l'État puisqu'il n'est pas question de pouvoir replacer - en ajoutant à ces 4 % les frais de collecte -, l'épargne collectée à des niveaux qui rémunèrent ce taux versé aux épargnants.
Donc, vous le voyez, il y a eu là, un dossier abordé avec le souci de prendre en compte la situation des épargnants et je voulais le souligner. »
Q - Lorsque le Président de la République soutient le projet de taxation des logements vacants, comme il l'a fait hier soir, quel est votre avis, quelle est votre réflexion ?
- « Je ne peux que m'en réjouir puisque nous avons porté cette mesure au niveau législatif dans le cadre de la loi de lutte contre les exclusions. Ce qui, bien évidemment… »
Q - La cohabitation constructive…
- « Oui mais ce qui est un petit peu surprenant, c'est que, si vous vous reportiez au débat de la loi-exclusion, vous verriez que la taxation de la vacance nous a été très violemment reprochée, comme une atteinte au droit de propriété, par, verbalement, les parlementaires qui soutiennent le Président qui, lui, maintenant, se réjouit de cette mesure. Mais je dois dire qu'il avait pris position pour cette mesure il y a déjà deux ans. »
Q - Est-ce que ce soutien présidentiel, en quelque sorte, à votre projet, vous incitera dans ce domaine à aller peut-être un peu plus loin que les huit agglomérations où cette taxation est actuellement en vigueur ?
- « C'est la loi qui a retenu huit agglomérations, car c'était le seuil des 200 000 habitants qui en faisait classer huit remplissant les critères de la mise en oeuvre de la taxe sur la vacance. Pourquoi ce seuil de 200 000 habitants ? C'est un conseil qui a été donné par le Conseil d'État, dans la mesure où la loi d'orientation sur la ville retenait ce seuil de 200 000 habitants. »
Q - Ça peut aller plus loin, plus bas ?
- « Moi je trouve que rien ne devrait faire obstacle ce qu'éventuellement la loi évolue et qu'effectivement, si ce signal donné à ceux qui stérilisent un logement avec un toit qui n'abrite personne alors qu'il y a tant de personnes qui n'ont pas de toit, si ce signal était efficace dans les grandes agglomérations mais peut-être contagieux dans les agglomérations plus petites, il n'y aurait pas besoin d'aller plus loin. Mais en revanche, si on voit une efficacité dans les grandes agglomérations et le statut quo dans les agglomérations moins important il faudra y penser. »