Interview de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement, à France 2 le 28 juillet 1999, sur les mesures prises en matière de sécurité routière et maritime durant l'été.

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Média : France 2 - Télévision

Texte intégral

M.-P. Farkas
Un petit commentaire sur l’accident de canyoning de cette nuit en Suisse : 18 morts et 6 disparus.

J.-C. Gayssot
- « C’est un accident dramatique. D’abord, on ne peut qu’exprimer notre compassion et notre solidarité aux familles et à nos amis suisses. On parle de 18 morts et de disparus : c’est un bilan catastrophiques Je veux dire aussi, non pas pour faire une comparaison, mais que sur les routes de France, chaque jour, il y a plus de 20 morts ; 25 morts l’an dernier durant les deux mois d’été, chaque jour sur les routes de France. Dans un département que je connais bien, comme celui de l’Hérault, depuis le début du mois de juillet, chaque jour, il y a eu au moins un mort. C’est-à-dire plus de 20 morts déjà enregistrés, sans parler des blessés et souvent des blessés qui restent avec un handicap à vie. C’est dire que, sur le problème de la vie, sur le problème de la sécurité, de la sécurité à la fois pour les loisirs – c’est vrai en mer, c’est vrai en montagne – et sur le problème de la sécurité routière, on ne dira jamais assez qu’il faut redoubler de prudence, de vigilance et d’esprit civique et de responsabilité. »

M.-P. Farkas
Depuis le 1er juillet, vous avez lancé une campagne avec un film de R. Depardon qui est très dur, qui mêle les images où il y a des comédiens et des images de la réalité. Est-ce qu’on peut, trois semaines après, faire une sorte de bilan. On sait que cela a marqué des esprits.

J.-C. Gayssot
- « Vous dites : « Très dur. » Je veux dire… »

M.-P. Farkas
Très réaliste en tout cas.

J.-C. Gayssot
- « Oui, voilà, c’est le mot qui convient. C’est un film réaliste. Chacun d’entre nous, vous, moi et tous les gens qui nous regardent ont vu dans leur vie, malheureusement, parfois plusieurs fois, ce type de situation. Ce film de R. Depardon est un film qui a beaucoup d’impact, parce qu’il montre des choses qui sont la réalité. Cette réalité, c’est ce nombre d’accidents, ces accidents graves – plus de 8 400 tués l’an dernier sur les routes de France 30 000 blessés graves. Il fallait donner une tonalité à la campagne de prévention de sécurité routière, notamment sur le petit écran, qui change par rapport à ce que nous avons fait dans le passé, parce qu’il y a une aggravation. Alors, vous me demandez : est-ce que vous pouvez d’ores et déjà enregistrer une évolution ? Je veux être très, très prudent, parce qu’on sait bien que nous sommes loin, loin du compte. Mais depuis le début de l’été, il semble que nous inscrivons dans un début de recul du nombre de tués et de blessés graves. Mais ne je ne dis pas cela pour qu’on abandonne la vigilance. »

M.-P. Farkas
Justement, on est à 48 heures des grands départs. Sur le terrain, sur les routes, cela va être comment ? Comment allez-vous appeler les conducteurs à la vigilance ?

J.-C. Gayssot
- « D’abord, je veux dire à tout le monde que les moyens de contrôle sont renforcés. 13 000 gendarmes et policiers sont sur les routes cet été pour exercer les contrôles préventifs autant que possible, mais aussi pour sanctionner ceux qui ne se comportent pas bien, qui ne respectent pas les règles du jeu. On sait que la vitesse, la fatigue et l’alcool sont les principales causes des accidents et du nombre de tués que nous enregistrons sur les routes de France. Il y aura des interdictions ce week-end, puisque c’est un week-end marqué noir par Bison Futé, avec le chassé-croisé des vacanciers. Donc, c’est un appel à la prudence, à la vigilance, mais aussi un appel aux préfets – comme nous l’avons fait avec J.-P. Chevènement et M. A. Richard – pour qu’ils renforcent les contrôles et la prévention pour la sécurité sur les routes de France. »

M.-P. Farkas
Au début de l’été, vous aviez lancé une sorte de campagne « Ange gardien » : vous prenez en charge les automobilistes sur la route et, ensuite, quand ils arrivent sur les lieux de vacances, vous vous occupez aussi de leur surveillance, en particulier sur les excès de vitesse sur l’eau.

J.-C. Gayssot
- « Oui, parce que cela fait partie de mes domaines d’attribution. La sécurité en mer, sur les côtes, est un élément très important. L’an dernier, je crois qu’il y a eu plus de 50 morts, des milliers et des milliers d’interventions dans nos centres régionaux opérationnels de sécurité et de surveillance, ce qu’on appelle les CROSS. Rien que sur le littoral méditerranéen, je crois qu’il y a plus de 1 500 sorties. Alors, ce que nous voulons, c’est non seulement que les vacanciers arrivent sur la plage, sur la côte, dans de bonnes conditions – la sécurité routière -, que sur le lieu de leurs vacances – plus de 20 millions de personnes vont retrouver les côtes de France durant les vacances de cet été, 20 millions de personnes – et puis au retour, que cela se passe bien. Donc, nous appelons aussi à la vigilance. Nous avons des partenaires comme I. Autissier ou C. Chabod qui sont avec nous pour dire : « Prenez la mer mais ne prenez pas les risques ! » »

M.-P. Farkas
Vous avez un conseil pour le 11 août. Vous vouliez dire quoi aux automobilistes pour l’éclipse ?

J.-C. Gayssot
- « Une chose est sûre : ce ne sera pas la fin du monde. Mais là encore, prudence, vigilance. »

M.-P. Farkas
Ne levez pas la tête quand vous êtes au volant pour voir l’éclipse…

J.-C. Gayssot
- « C’est cela. Et puis, en tout cas avec les lunettes qui sont indispensables, on en voit rien et il ne faut pas conduire avec ces lunettes. »

M.-P. Farkas
Donc, il faut s’arrêter pour la regarder.

J.-C. Gayssot
- « Il faut s’arrêter. »