Déclarations de Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, sur la politique sportive et les missions de l'INSEP, l'harmonisation des règles concernant certaines disciplines de sport en salle, et la préparation de la Coupe du monde de football, Paris les 16, 17 et 30 septembre 1997.

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Circonstance : Visite de l'INSEP le 16 septembre 1997 à Paris-présentation du document "Sport de salles, salles de sport : règles d'homologation des salles multisports" le 17 à Paris-conférence de presse au Comité national olympique sportif à Paris le 30

Texte intégral

Date : 16 septembre 1997

Mesdames, Messieurs

Il était très important pour moi de venir visiter l’INSEP, ce « navire amiral » du ministère dont j’ai la charge. Important de faire directement, sur la place le point sur l’ensemble des problèmes que cet établissement connaît.

J’ai tenu personnellement à ce que cette visite nous permette d’avoir un dialogue direct et que je souhaite d’une grande franchise.

Cet outil fantastique et envié qu’est l’INSEP a été mis à mal par des décisions prises par l’ancien gouvernement. Ses missions ont été parfois dévoyées, ses moyens rognés et son personnel a parfois douté de son avenir. Je tiens ici à dire que je tiens beaucoup à ce que l’INSEP développe ses activités avec deux missions essentielles : le sport de haut niveau et la formation des cadres sportifs, notamment la formation continue de l’encadrement national.

Vous le savez, j’ai tenu dès ma nomination à tracer rapidement les contours de ma mission. Devant la représentation nationale en juillet dernier, j’ai défendu l’idée qu’il fallait reconstruire un véritable service public du sport. Il s’agit pour moi et pour le Gouvernement d’aller vers une régulation économique et sociale, ce qui signifie maîtriser les rapports entre le sport et l’argent, clarifier les modalités de financement public et privé de ce que l’on appelle communément le sport spectacle ainsi que promouvoir les valeurs de démocratie et la transparence qui doit en être consubstantielle au fonctionnement du sport.

Le sport de haut niveau dont l’INSEP est un des partenaires privilégiés entre aussi dans cette cohérence. Il doit, je le répète, y avoir un pilotage national du sport de haut niveau en cohérence avec le rôle des collectivités locales et des fédérations sportives. J’ai senti dans les nombreuses rencontres que j’ai eues depuis mon arrivée au Gouvernement avec les responsables sportifs et les sportifs eux-mêmes une écoute attentive et intéressée aux orientations que je défends. Vous avez d’ores-et-déjà compris qu’elles s’inscrivent en totale rupture avec les orientations précédentes qui mettaient la marchandisation extrême du sport à l’ordre du jour.

J’ai très concrètement mis en place, le 9 septembre dernier, un groupe de travail chargé de réfléchir et de proposer des modifications à la loi de 1984 qui, dans son esprit, reste une bonne loi. Ce chantier est, pour moi, nécessaire ; il contribuera à relever le défi du développement du sport dans ses fonctions humaines, sociales et citoyennes. Il participera à la lutte contre les dérives mercantiles du sport et en particulier du sport de haut niveau au détriment des règles sportives et de l’éthique. Après une large concertation dans le cadre de débats publics et de forums décentralisés auxquels je participerai, le projet sera soumis au Parlement en 1998.

Pour ce qui concerne très concrètement l’INSEP, j’ai tenu dès ma nomination à arrêter les processus engagés, en particulier le réseau de GIP concernant le haut-niveau qui était envisagé. J’ai aussi mis fin à des rumeurs persistantes de « déménagement » de certaines activités de l’établissement à Fontainebleau. On dit souvent que l’on juge l’engagement d’une politique aux moyens dont elle dispose. Dans le cadre des orientations budgétaires du Gouvernement, j’ai obtenu l’arrêt des suppressions de postes dans les établissements dont j’ai la tutelle. Pour l’INSEP, les menaces étaient sérieuses ; elles représentaient 40 suppressions d’emplois. Bien que le protocole de 1991 ait été remis en cause par le Conseil d’État, j’ai obtenu que la situation des personnels enseignants continue d’évoluer conformément à ce dernier pour une année encore, ce qui nous laisse le temps de la concertation et du dialogue, afin d’aboutir à une décision qui, j’espère, fera consensus.

Concernant le patrimoine de l’INSEP, je sais qu’il a beaucoup souffert. Des équipements ultra-modernes côtoient des équipements anciens et mal adaptés. J’ai d’ailleurs demandé qu’au cours de la visite qui va suivre cette rencontre, rien ne me soit caché. Je peux d’ores-et-déjà vous annoncer qu’une priorité absolue sera donnée aux travaux liés à la sécurité. Il en va de la qualité de la préparation des sportifs et des conditions de travail du personnel. Je souhaite que les travaux engagés à la piscine aboutissent enfin. Notre effort est plus important cette année qu’il ne l’était les années précédentes, je tiens à le souligner.

Quant à la question, qui vous préoccupe, du statut de l’établissement, je pense qu’il nous faut ouvrir un débat. Les positions des différentes catégories de personnel, des fédérations utilisatrices ne sont pas forcément les mêmes. Je ne présume en rien des décisions qui seront prises, mais j’insiste pour que le processus de concertation se fasse dans un souci de démocratie et de transparence. Après ces quelques mots d’introduction, je vous invite à prendre la parole.

 

Date : Mercredi 17 septembre 1997
Présentation à la presse du document « sports de salles, salles de sports »

Messieurs les présidents,
Mesdames, Messieurs,

J’ai le plaisir de vous présenter le document « sports de salles, salles de sports : règles d’homologation des salles multisports ». Il est le résultat d’une longue concertation entre les fédérations de badminton, de basket-ball, d’handball, de tennis et de volley-ball dans le cadre d’un groupe de travail piloté par la mission de l’équipement de la direction des sports du ministère. Je dois avouer que je suis très heureuse d’être la ministre qui va mettre fin à ce que certains journalistes ont appelé : « la guerre des tracés ».

Nous étions confrontés, il faut bien le dire, à une situation qui mettait en difficulté l’ensemble des partenaires. Je pense en particulier aux collectivités locales qui se plaignaient régulièrement auprès de nous des modifications unilatérales des fédérations. Elles-mêmes souvent tributaires de décisions des fédérations internationales. Les clubs en bout de course se retourneraient vers les collectivités et des charges supplémentaires, souvent non prévues, s’en suivaient. Ayant été moi-même élue locale pendant plusieurs années, je sais combien il est difficile et coûteux de construire des salles spécialisées. Je pense que, pour nombre de villes et de départements, l’optimisation de l’utilisation des salles existantes est un objectif. Nous contribuons aujourd’hui à l’atteindre.

Enfin donc une solution est trouvée et je m’en réjouis. Car je dois vous rappeler que ces salles multisports qui sont concernées par ce projet représentent près d’un tiers des équipements sportifs faisant l’objet d’appels d’offres dans le cadre des marchés publics. Ces salles doivent plus et mieux encore correspondre aux besoins des sportifs, des arbitres, des organisateurs, de la presse, mais surtout du public, pour le confort de chacun, mais aussi pour la sécurité de tous.

En effet, la pratique sportive des cinq fédérations rassemble environ deux millions de licenciés et, de fait, plus de huit millions de pratiquants en majorité scolaires.

Nous avons souhaité que ces dispositions nouvelles, je devrais plutôt dire cette harmonisation, n’interviennent qu’à partir du 1er septembre 1998 afin de ne pas pénaliser les projets déjà entamés et de ne pas alourdir les cahiers des charges déjà instruits.

Notre volonté de simplification a bien été comprise et les conditions d’homologation fédérale sont ainsi uniformisées. Ce document sera bien un outil indispensable dans l’aide à la décision.

Il me paraît important que nous nous servions de cet exemple afin d’améliorer avec d’autres fédérations sportives un travail de cette envergure, pour l’harmonisation des règles d’homologation des stades et des terrains de plein air. Je pense en particulier aux fédérations d’athlétisme, de football, de rugby, de rugby à 13, de hockey sur gazon et de football américain. Plusieurs d’entre elles nous ont déjà sollicité. Je souhaite qu’une concertation puisse déboucher, d’ici à quelques mois, sur un document équivalent pour leurs disciplines.

Messieurs les présidents, je vous propose de venir signer symboliquement ce document.


Date : 30 septembre 1997
Source : Comité national olympique sportif (CNOS)

Messieurs les présidents,
Mesdames, Messieurs les élus,

Je veux d’abord remercier le président, Henri Sérandour, pour son accueil et je tiens à saluer très chaleureusement les représentants de 145 villes qui se sont déplacés, et parfois de très loin.

Au mois de juin dernier, lorsque les responsables de l’association Siner’J ont voulu savoir quelles étaient mes intentions à l’égard du projet « cités-foot », je n’ai pas hésité une seconde. J’ai demandé que notre ministère soutienne de manière bien plus importante ce projet afin de lui donner une dimension nationale.

Aujourd’hui, cet objectif est atteint grâce au partenariat qui réunit une association engagée dans la lutte contre l’exclusion, le ministère avec une participation financière de 3 millions 720 000 francs, le CFO et des partenaires privés.

De notre part, cet engagement a une motivation essentielle :
    – en s’adressant à des milliers de jeunes qui habitent des quartiers confrontés à bien des difficultés ;
    – en donnant la possibilité à ces jeunes de participer à un tournoi de qualité associé à la plus grande compétition sportive mondiale ;
    – en mêlant le sport et la culture, en portant les valeurs de citoyenneté et de solidarité ; Cités-Foot est une initiative exemplaire de l’image que nous voulons donner de la prochaine Coupe du monde.

Et quand je dis « Nous », il s’agit bien, dans mon esprit, de l’État, du comité français d’organisation, du mouvement sportif et, en premier lieu, de toute la famille du football, des collectivités, et de l’ensemble du tissu associatif.

Je l’ai dit dès mon entrée en fonction, et je le répète ici avec beaucoup de conviction : l’accueil de la prochaine Coupe du monde est une chance pour la France.

Du 10 juin au 12 juillet, chaque jour, ce sont près de deux milliards d’hommes – et de femmes – qui suivront l’évènement à travers le monde. Et dans dix villes de France, nous accueillerons des centaines de milliers de visiteurs étrangers.

Permettez-moi également de le dire avec une certaine fierté, c’est en France que la Coupe du monde accueillera, pour la première fois, la participation de la nouvelle Afrique-du-Sud.

Nous voulons donc mettre tous les atouts du côté de la réussite d’un évènement qui doit donner lieu à l’une des plus belles fêtes de cette fin de siècle, et aura des retombées économiques tout à fait positives.

Ce ne sera pas une foire mercantile. Ce sera d’abord le rassemblement de la planète foot, avec ses mythes, ses légendes, ses émotions indispensables à l’imaginaire.

Ce sera le rassemblement du sport, de la jeunesse, de la culture, et j’invite toutes les associations qui le souhaitent, à suivre l’exemple de Siner’J, à investir la Coupe du monde, à multiplier les initiatives capables de donner du sens à l’évènement.

Avec Michel Platini, Fernand Sastre et Jacques Lambert à la tête du comité français d’organisation, avec la délégation interministérielle à la Coupe du monde, avec la Fédération française de football, avec les dix villes qui accueillent l’épreuve, je peux vous assurer d’une volonté commune d’associer toute la population à cette Coupe du monde, parce que nous mesurons bien à quel point c’est une condition de sa réussite.

La volonté du ministère de la jeunesse et des sports est de faire en sorte que personne ne se sente exclu de la fête. Je ne vais pas dévoiler ici tous les évènements qui seront organisés avant et pendant la compétition.

Mais je peux d’ores-et-déjà vous dire que dans les dix villes où se déroulera l’épreuve, nous recensons actuellement 300 projets d’animation sportive, culturelle, sociale.

Avec le soutien des collectivités, et en particulier des municipalités, ces projets sont marqués par une extraordinaire diversité, une volonté d’associer la jeunesse, de promouvoir les atouts et richesses de chaque région.

Sans entrer dans le détail, je peux vous dire qu’il y aura partout des retransmissions sur grand écran, des compétitions sportives, des concerts, des animations de rue, des festivals, des expositions. Ces projets sont marqués par une exigence de grande qualité, par la volonté de porter un message de convivialité, de solidarité et d’ouverture au monde.

Je l’ai indiqué hier à la presse : tout cela doit maintenant être connu et valorisé. La Coupe du monde, nous y sommes déjà.

C’est pourquoi, le ministère de la jeunesse et des sports lancera, dès le mois de novembre, une campagne de communication destinée à créer une dynamique autour de l’évènement.

C’est sans doute ainsi, par un ressourcement dans son milieu, là où il est né, que le football en général, et la Coupe du monde en particulier, prendront leurs distances avec les marchands du stade, et trouveront une véritable humanité.

Je vous remercie.