Texte intégral
Q. – Vous aimez bien la tradition et pourtant vous rejetez, en termes de nationalité, le droit au sol, qui se trouve dans la tradition française tout au long des siècles, à l’exception de la première partie du XIXe siècle. Pourquoi ?
R. – C’est tout à fait inexact. Le droit du sol remonte à la fin du XIXe siècle et est lié à la conscription...
Q. – ... Il était appliqué sous la monarchie également...
R. – … C’était en quelque sorte pour récupérer des soldats que la République a distribué plus largement la nationalité française. Il y a eu bien sur Mazarin et quelques autres comme mais il n’y avait pas de transferts de populations, comme ceux qui sont le fait, aujourd’hui, de la situation du monde.
Q. – Dès 1851 il a été rétabli comme principe avec le double droit du sol.
R. – Non, c’est inexact. Parlons en termes concrets. Les grandes masses de naturalisés datent de la fin du XIXe siècle et ce droit du sol ne correspond plus à la situation actuelle, où les grands flux démographiques et migratoires sont sur le point de submerger notre continent et notre pays. Par conséquent, il faut adapter la loi à la réalité. Personnellement, le Front national préférerait faire des enfants français, et aider donc les familles françaises, plutôt que de permettre l’arrivée incontrôlée dans notre pays de masses de plus en plus nombreuses d’étrangers à la recherche, bien sûr, d’un mode de vie et d’agréments sociaux qu’ils ne trouvent pas chez eux. Mais c’est au détriment des Français bien sûr.
Q. – S’il y avait à l’Assemblée nationale un vote bloqué au titre de l’article 44 demandé par le Gouvernement ? Souhaiteriez-vous, comme le suggère E. Balladur, que J. Chirac demande une seconde délibération ?
R. – Non. C’est tout à fait inutile. La droite et la gauche sont co-responsables d’une politique d’immigration qui, depuis 25 ans, ne cesse d’aggraver les conséquences qui en découlent, savoir le chômage, l’insécurité, le « fiscalisme. » On ne résoudra d’ailleurs aucun de ces problèmes en y apportant des solutions de détail. Il faut des solutions qui remontent aux causes, ce que ne feront ni la droite ni la gauche. Il n’y a que le Front national qui présente la une véritable alternative de politique.
Q. – Oui et non, dans la mesure où l’immigration a comme moteur, au départ, souvent une cause économique, une cause financière, et on ne connaît pas la solution pour arriver à un degré zéro d’immigration.
R. – Si l’on savait qu’on applique chez nous la préférence nationale, à savoir que pour le logement, pour l’emploi, pour les aides sociales, la priorité absolue serait réservée aux Français, il est bien évident que les étrangers n’auraient plus d’intérêt à venir chez nous. Or, nous avons déjà des millions de chômeurs. Comment peut-on accepter que des gens viennent travailler chez nous alors que nous sommes incapables de fournir du travail à nos nationaux ? Et ceci depuis 1974. En 1974, quand il y a eu un million de chômeurs, les gouvernants ont décidé de cesser toute immigration. C’était le principe, et ça le reste – enfin, ça le restait jusqu’aux jours derniers – mais ce principe n’a jamais été respecté D’ailleurs, le Gouvernement a pour caractéristique, depuis 20 ans, qu’il soit de droite ou de gauche, d’être incapable de faire respecter la loi et les politiques qu’il a choisies.
Q. – Les constitutionnalistes disent que la préférence nationale est contraire à la Constitution, qui se réfère à la déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen, article un : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »
R. – Cela n’a strictement rien à voir. Cela voudrait dire que nous sommes tous banquiers, que nous avons tous le même âge et tous la même hauteur. C’est ridicule. C’est une extrapolation d’un texte.
Q. – C’est important la Constitution, quand même ?
R. – Il y a au moins une activité qui connaît la préférence nationale, c’est celle de la fonction publique ; alors est-ce que les fonctionnaires sont prêts à voir arriver librement une concurrence étrangère dans tous les services qu’ils occupent, par exemple ?
Q. – Mais la Constitution c’est important, quand même ?
R. – Oui, mais c’est une interprétation de la Constitution...
Q. – … Par le Conseil constitutionnel.
R. – Oui, et alors ? Le Conseil constitutionnel est un organisme politique, ce n’est pas la loi ni la bible.
Q. – En principe on se tourne vers lui pour savoir quelle est la constitutionnalité et la régularité des lois.
R. – Je conteste formellement l’extension que le Conseil constitutionnel a donné de ses prérogatives.
Q. – Dans une interview donnée à l’hebdomadaire Le Point, E. Balladur dit qu’il ne s’associera pas avec le Front national pour diriger la région Île-de-France, s’il devait pour cela arriver à une alliance avec le Front national.
R. – C’est son droit. Si beaucoup de gens font comme lui, il est probable que le RPR et 1’UDF ne garderont pas une seule région.
Q. – Pas une seule ?
R. – Je crois. Si ce principe est appliqué, c’est probable.
Q. – Est-ce que vous pensez que votre poussée va être si forte que nulle part la droite ne pourra conserver une majorité relative ?
R. – Oui, je crois que le Front national va connaître une forte poussée qui va se croiser avec l’effondrement électoral d’un certain nombre de partis, en particulier ceux auxquels se réfère M. Balladur.
Q. – Vous avez de fortes ambitions pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Êtes-vous candidat à la présidence de la région ?
R. – J’ai de fortes ambitions partout et je suis candidat à la présidence de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Q. – Vous, J.-M. Le Pen ?
R. – Oui, moi J.-M. Le Pen.
Q. – Parce que jusqu’à présent, on ne savait pas. Vous conduisiez la liste dans les Alpes-Maritimes mais on ne savait pas que vous aviez pour ambition d’être président de la région.
R. – Évidemment, personne ne peut la conduire ailleurs que dans un département, Je la conduisais déjà la dernière fois je la conduirai encore cette fois-ci et suis, pour l’instant en tout cas, le candidat à la présidence.