Interview de M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche, dans "Le Midi libre", le 3 septembre 1999, sur le refus de M. José Bové d'être remis en liberté sous caution, la réticence des consommateurs à l'égard des organismes génétiquement modifiés, les contrats territoriaux d'exploitation (CTE).

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Midi Libre : José Bové, le leader de la Confédération paysanne, a refusé sa mise en liberté sous caution. Votre réaction ?

Jean Glavany : En règle générale, je m'abstiens de commenter les décisions de justice. Disons que, compte tenu de la conjoncture actuelle, je me réjouis de la mesure d'apaisement que représente la mise en liberté. Que celle-ci soit refusée par José Bové à cause du montant de la caution, cela le regarde. Je remarque que ces quatre amis l'ont tous payée la semaine dernière.

M. L. : Sommes-nous en train d'assister à une perte d'influence des partisans des OGM ?

J. G. : En effet, dans les opinions des pays développés, il y a une réticence croissante à l'égard des organismes génétiquement modifiés et maintenant même aux États-Unis. Les consommateurs ne sont pas fermés au progrès mais ils veulent savoir ce qu'ils mangent, et en particulier avoir une transparence totale sur les conditions dans lesquelles ces aliments ont été produits. Nous n'échapperons pas à la mise en place de deux filières : OGM et non-OGM.

M. L. : Mais faut-il appliquer les mêmes critères aux industriels de l'agriculture qu'aux paysans de l'agriculture ?

J. G. : Non. Il faudra distribuer différemment les aides. Ce sera possible grâce aux contrats territoriaux d'exploitation que nous allons mettre en place à partir de cet automne.

M. L. : concrètement comment cela se passera-t-il si un agriculteur de l'Aveyron signe un contrat avec l'État ?

J. G. : L'exploitant s'engagera sur cinq ans avec l'État. Ce projet sera déconnecté de la quantité produite et rémunérera un projet d'évolution qualitative de l'exploitation. Cela veut dire qualité des produits, préservation de l'environnement, entretien des paysages, emplois créés ou maintenus. On sort de la logique « plus on a d'hectares, plus on touche », « plus on a d'animaux, plus on perçoit de primes ». On entre dans une logique qui va vers de bonnes pratiques agricoles en se tournant vers la qualité des produits, la traçabilité, en créant ou maintenant de l'emploi. Les crédits publics vont aider la démarche qualitative.

M. L. : Aujourd'hui, l'obtention de prêts relève du parcours du combattant. Pourquoi ?

J. G. : Cela vient, sans doute, de ce que les banques sont plus vigilantes sur ce sujet qu'avant.

M. L. : Une question sur le match qui vous oppose avec Lionel Jospin. Vous représentez avec Jospin Midi-Pyrénées contre Gayssot-Allègre.

J. G. : À la pétanque ?

M. L. : Parfaitement. Alors quand ce match aura-t-il lieu ?

J. G. : J'ai l'impression qu'Allègre et Gayssot se dégonflent car ils n'arrêtent pas de repousser la date !