Texte intégral
Q - Qu'attendez-vous de cette nouvelle Commissions ?
• « Elle doit tenir compte des leçons du passé. D'abord résoudre les défis de l'organisation interne et de la transparence, mettre fin à une certaine technocratie, rendre davantage compte aux citoyens et comporter des hommes et des femmes ayant la volonté de mener une véritable politique européenne. Je souhaite donc une Commission forte, collégiale, transparente et mieux organisée. »
Q - Peut-on bien s'organiser avec vingt commissaires européens ?
• « Nous pensions, et nous pensons toujours, qu'on peut fonctionner à moins. Cela reste jouable avec vingt commissaires, à la condition que de grandes fonctions soient identifiées et qu'on soit capable de regrouper des portefeuilles, de marquer la distinction entre certains portefeuilles fondamentaux et d'autres qui le sont moins. Comme le dit M. Prodi lui-même, il y a probablement une dizaine de métiers dans la Commission. Nous devons cependant tenir compte que la Commission est certes un organe supranational, mais qu'elle représente les États, et que les petits pays membres ne veulent pas renoncer à leur commissaire, qui est pour eux un élément de fierté nationale et un relai à Bruxelles. Mais vingt me paraît être le plafond absolu comme nombre de commissaires européens. »
Q - Les commissaires ont été désignés par une majorité de gouvernements de gauche, et feront face à un Parlement à majorité de droite : conflit en perspective ?
• « Contrairement aux apparences, le Parlement n'est pas majoritairement de droite. Il n'y a, à mon sens, pas de majorité dans ce Parlement. Il est vrai que le groupe principal de la droite, le PPE, a progressé, et que le groupe socialiste, le PSE, a reculé. Mais le PPE est formidablement hétérogène puisqu'on y trouve les amis de François Bayrou, fédéraliste, et les eurosceptiques britanniques, à côté desquels M. Pasqua fait figure de fédéraliste. Ce parlement va être extrêmement difficile à manié, il faudra des trésors de diplomatie à la nouvelle Commission pour dialoguer avec lui… Mais il faut aussi relativiser la composition de la Commission : la plupart des gouvernements sont certes de gauche, mais tiennent compte des diversités nationales dans leurs nominations. Et au total, l'empreinte sociale-démocrate sera très faiblement majoritaire dans la nouvelle Commission. Il ne devrait donc pas y avoir de conflit entre le Parlement et cette Commission du fait de leurs compositions politiques. »
Q - Le Parlement sera-t-il un « vrai » parlement, avec une majorité et une opposition suivant un clivage droite-gauche ?
• « Il est très compliqué de faire fonctionner le Parlement européen comme un parlement national. D'abord parce que les parlementaires n'ont pas été élus sur une base transnationale, européenne, et donc chacun des partis reste une coalition de partis nationaux, eux-mêmes très hétérogènes. Je ne crois donc pas à l'alliance des droites au Parlement européen, une alliance qui n'est ni majoritaire, ni viable. »