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Pour la première fois, dans le cadre du Salon nautique est organisé le Salon des métiers de la mer. Il offre à nos jeunes une occasion d’information et de contact pour mieux appréhender les filières professionnelles et permet des échanges, tant avec les enseignants qu’avec les praticiens présents sur les stands et sur le ciné-forum des métiers de la mer.
Je tiens à féliciter, pour cette heureuse initiative, Jean-Pierre DEVORSINE, commissaire du salon, apprécié du milieu de la pêche depuis la création du défi des ports de pêche dont il est l’organisateur.
Si parler des métiers de la mer, c’est d’abord faire référence à celui qui vit sur la mer ou de la mer, c’est à dire au marin. Aujourd’hui, cela évoque une myriade d’activités.
Depuis près de cinquante ans, le développement des activités maritimes et littorales est le résultat conjugué des progrès de la science et de la technique, de l’accroissement du temps de loisir et de l’augmentation du niveau de vie.
Plus récemment, notre société a pris conscience des limites d’une conquête sans égard de la mer et de la nécessité de la protéger. Tout ceci a permis et contribue encore à l’explosion des formes et des niveaux de compétence pour l’exercice des métiers de la mer.
Le terme « marine » jusqu’au 16e siècle signifiait l’art de la navigation ; cet art, nos marins l’ont pratiqué avec compétence tant sur les cargos et les paquebots, qu’à la pêche.
Si ces activités ont durement payé leur contribution à la division internationale du travail, à l’ouverture sans frein des frontières, à la compétition pour l’accès à une ressource rare, la qualité et la réputation de nos marins demeurent.
Ainsi, par exemple, la formation dans nos écoles nationales de la marine marchande est appréciée tant au niveau national qu’international. Pour ce qui concerne les métiers de la pêche, je constate que nombre d’armateurs se plaignent de ne pas trouver de marins à la hauteur de leurs besoins alors que progresse le nombre d’élèves dans les écoles maritimes et aquacoles. Ces deux phénomènes, apparemment contradictoires, existant. Il convient de favoriser l’attrait pour le métier, ce qui nécessite de s’interroger sur les conditions de travail. Dans ce domaine aussi l’expérimentation sociale est nécessaire. La formation de qualité doit être recherchée dans une perspective de carrière courte permettant des reconversions dans la filière.
En quelques dizaines d’années, la connaissance des océans a fait des progrès significatifs, parfois spectaculaires permettant une meilleure compréhension, des processus, des interactions qui régissent le fonctionnement des océans, et à moindre échelle des écosystèmes marins. La technologie a permis de doter la recherche des équipements capables d’explorer les fonds marins.
Les conditions de la maîtrise de l’observation de l’océan se sont radicalement modifiées par l’émergence de la technologie spatiale au service de la mesure du milieu mer et les progrès rapides en électronique, informatique, automatique mais aussi en technologie des capteurs.
En France, 2 500 techniciens et scientifiques étudient, observent la mer et le littoral principalement à l’IFREMER, au CNRS et à l’université.
La recherche fait appel à un large spectre de connaissances, Bac plus deux à Bac plus sept dans toutes les disciplines des sciences de la vie, des sciences de la terre et des sciences de l’ingénieur.
Les applications industrielles aux recherches sur les océans sont variées. Pour illustrer mon propos : je m’attarderai quelques instants sur l’exploitation de l’énergie offshore. Longtemps, l’Europe a été considérée comme un continent dépourvu de pétrole et de gaz. Dans les années 70, les techniques mises au point dans le domaine de l’offshore, notamment en France (dans le cadre du Comité d’études pétrolières et marines) ont permis de s’attaquer à l’une des mers les plus inhospitalières du monde : la mer du Nord. Aujourd’hui, avec ses 85 gisements, la mer du Nord fournit le quart de la production offshore mondiale.
L’évolution des connaissances en matière de géophysique, en technique de forage et l’accroissement de la puissance de calcul, ont contribué à l’essor de ces industries maritimes.
Des activités se sont développées tant pour la construction de plates-formes que l’exploration et la production pétrolière. Les emplois correspondants nécessitent des compétences appropriées qui ouvrent des débouchés pour nos jeunes.
Aujourd’hui, les progrès dans la maîtrise du milieu marin permettent aux compagnies de franchir une nouvelle étape en descendant à plus de mille mètres, relançant l’intérêt de la production off-shore et donc l’attrait pour les métiers concernés.
Si au milieu du 19e siècle l’attrait pour les loisirs au bord de mer a connu un certain succès dans les milieux de la bourgeoisie. Les congés payés octroyés par le Front populaire ont permis dès la fin de la seconde guerre mondiale une ruse vers le littoral. Aujourd’hui, 40 % du total des séjours de vacances se font dans les départements littoraux. Les 2/3 des emplois, maritimes et liés à la mer, concernent le tourisme.
Ce développement du tourisme balnéaire repose sur le triptyque :
– logement : résidence secondaire, camping, hôtel ;
– loisirs instrumentalisés, dont le salon nautique constitue une parfaite illustration. Cet art de la navigation que j’évoquais, nous savons aussi le pratiquer dans la plaisance. Je suis convaincu que le palmarès flatteur de nos marins, acquis ces dernières années lors des compétitions à la voile, contribue au dynamisme de notre industrie de la plaisance, qui se situe au deuxième rang du monde ;
– santé : aux sociétés des bains de mer du 19e siècle ont succédé, ces trente dernières années, les centres de thalassothérapie.
La mer, aujourd’hui fortement sollicitée pour des usages multiples, concurrents, voire incompatibles ne peut plus être considérée comme un espace capable d’accueillir les nuisances sans limiter.
Les déversements des rejets urbains, industriels et agricoles, les accidents liés à l’accroissement du trafic mondial, notamment de produits chimiques, ont provoqué une juste prise de conscience de la nécessité de préserver et de protéger la mer.
Il est remarquable de noter, comme le montre l’enquête de l’Institut français de l’environnement (IFEN) sur les attitudes des Français, face à l’environnement, que la sensibilité de l’opinion publique, s’est forgée à la suite de l’échouage de l’Amoco Cadiz sur les côtes bretonnes. Le souci de protéger le milieu marin, conduit à éduquer comprendre, entretenir, réhabiliter, aménager, ouvrant la voie à de nouveaux métiers, de nouvelles formations.
Les activités liées à la mer ont un potentiel de développement inégal. Elles représentent un large éventail de compétences et la France dispose de capacités importantes dans les activités à fort contenu technologique.
L’éducation nationale, l’enseignement supérieur, les universités, les grandes écoles ont su s’adapter pour répondre aux besoins des qualifications.
Ils l’ont fait et le font en permanence comme en témoignent la panoplie des formations adaptées autant aux métiers classiques qu’aux nouveaux métiers de la mer.
Je tiens à féliciter l’Institut océanographique pour le guide des formations qu’il vient de publier et qui présente de façon exhaustive, les formations en regard des emplois. C’est un document qui permettra aux jeunes et à leurs parents d’apprécier les larges possibilités de choix proposés.
Ce salon constitue pour ceux qui aiment la mer, une occasion de rencontre, avec des pédagogues, des professionnels, pour mieux saisir les opportunités qui leur permettront de concilier passion et métier. C’est une excellente initiative. Je souhaite que ce premier salon ait, comme le salon nautique, une longue vie.