Texte intégral
Q - Vous venez de prendre le secrétariat d'Etat à la Santé, à quels dossiers allez-vous vous attaquer en priorité ?
Dominique Gillot (secrétaire d'Etat à la Santé). - Je vais d'abord continuer l'action engagée par Bernard Kouchner dans la lutte contre le tabagisme. Je vais veiller à ce que la loi Evin soit appliquée dans les lieux publics fréquentés par les jeunes. Je suis consternée de voir que des collégiens fument dans l'établissement et que les enseignants ne se conforment pas à la loi en fumant devant les élèves. A mon sens, les enseignants doivent donner l'exemple. Il faut être plus rigoureux dans la lutte contre le tabagisme. Par ailleurs, en octobre, nous allons mettre à disposition les substituts nicotiniques (patchs, gommes à la nicotine) gratuitement dans les centres de santé pour les plus démunis. Ils seront également en vente libre dans les pharmacies. Plus généralement, pour les jeunes, je vais m'attacher à lutter contre toutes les conduites à risque, l'alcoolisme, le suicide et aussi les mauvaises habitudes nutritionnelles.
Q - C'est-à-dire ?
- Les ravages des mauvaises habitudes alimentaires sont à prendre avec autant de sérieux que l'usage d'alcool ou de tabac chez les jeunes. Il n'y a pas si longtemps, j'étais institutrice et j'étais effrayée de voir des enfants arriver à l'école sans avoir pris un petit déjeuner mais des friandises plein les poches qui leur coupent l'appétit le midi et le soir. Au début de l'année prochaine, l'Agence française de sécurité alimentaire va rendre une étude sur les habitudes alimentaires des Français et leurs conséquences sur la santé en matière de pathologies (obésité, diabète ou maladies cardio-vasculaires). A partir de là, nous prendrons des mesures pour une meilleure éducation alimentaire.
Q - Et l'accès des malades à leur dossier médical ?
- Nous sommes en train de préparer un projet de loi qui sera examiné à l'Assemblée nationale au premier semestre 2000. Dans les demandes issues des états généraux, les Français réclamaient un droit à l'information médicale, un droit au consentement face aux traitements et actes médicaux, un droit à la dignité. Ce projet de loi fera en sorte que les malades puissent être moins passifs devant la médecine. Ça ne se résume pas à l'accès direct au dossier médical.
Q - On sait que le monde médical apprécie d'avoir un médecin à la tête du ministère de la Santé. Comment vivez-vous le fait de ne pas être médecin ?
- C'est vrai, je ne suis pas médecin. Mais je suis usager de la santé. Et puis, de brillants ministres de la Santé n'étaient pas médecins. On se souvient davantage de ce qu'ont fait Simone Veil ou Claude Evin que de l'action de certains autres…