Texte intégral
Les Échos : La crédibilité de l'Agence française de sécurité alimentaire (AFSSA) est-elle, à vos yeux, mise en cause par l'avis du comité directeur scientifique européen sur le boeuf britannique ?
Dominique Gillot : Non. L'avis du comité directeur scientifique repose sur l'observation de la réglementation européenne. Il ne répond pas aux interrogations et aux doutes de la France quant à l'évolution de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) en Grande-Bretagne, ni sur sa transmission à l'homme. Nos interrogations persistent sur la décroissance de la maladie en Grande-Bretagne, sur les modes de transmission et sur les conséquences éventuelles pour la santé de l'homme. Nous restons confiants dans l'avis de l'AFSSA, qui est une institution d'experts reconnus. La question qui lui était posée, était de savoir si les mesures prises outre-Manche ont donné les résultats escomptés : elle a répondu non.
Les Échos : La France peut-elle conserver la maîtrise de sa politique sanitaire ?
Dominique Gillot : C'est précisément ce dont nous avons discuté, mardi à Bruxelles. En l'espèce, la France ne réagit ni par protectionnisme, ni par excès de précaution. Notre seul souci est de protéger les consommateurs, qu'ils soient Français ou Européens. C'est l'objet des cinq points que nous avons définis et qui vont maintenant être approfondis.
Les Échos : La France lèvera-t-elle l'embargo avant que ces cinq points soient mis en oeuvre ?
Dominique Gillot : Nous ne souhaitons pas être de mauvais Européens. Ce que nous voulons, c'est faire partager notre préoccupation d'une meilleure protection du consommateur.
Les Échos : Parmi ces garanties, il y en a une, assez nouvelle : l'utilisation de tests. Dispose-t-on aujourd'hui de tests fiables ?
Dominique Gillot : C'est imminent. On connaît aujourd'hui deux grands modes de transmission de l'ESB : de la mère au veau, et par consommation de farines carnées. L'utilisation de ces tests en Suisse a révélé des cas d'animaux infectés en dehors de ces deux modes de transmission traditionnels. Et il est, de toute façon, essentiel de pouvoir déceler une infection avant tout signe clinique afin de déterminer l'étendue de maladie. Ces tests, je le précise n'ont pas vocation à délivrer des labels de consommation.
Les Échos : Cette crise ne montre-t-elle pas qu'il est urgent que l'Europe se dote d'un dispositif de sécurité sanitaire crédible ?
Dominique Gillot : L'Europe doit se doter d'une institution de veille sanitaire commune. C'est d'autant plus utile que les cultures nationales dans ce domaine sont très différentes. On le voit bien à l'occasion de cette affaire.