Texte intégral
Le JDD : Quelles mesures – et avec quels fonds – entend prendre le gouvernement pour lutter contre l’émergence des nouvelles drogues à Paris ?
Dominique Gillot : La lutte contre ces nouvelles drogues est un véritable défi de santé publique. On assiste à une arrivée massive des drogues de synthèse. Elles sont faciles à fabriquer, à exporter, et génèrent des profits importants. En France, aujourd’hui, entre 3 et 5 % des jeunes de 18 ans déclarent en avoir déjà consommé. C’est beaucoup plus qu’il y a cinq ans. De nombreux produits circulent, dont nous ne connaissons pas la composition, mais qui peuvent s’avérer particulièrement dangereux à court terme et induire des dépendances.
Nous mettons en place un système d’observation et d’analyse rapide de ces produits. Il associera les laboratoires de la police, des douanes et des hôpitaux, les médecins et les associations, et devrait permettre d’identifier et d’analyser la composition des comprimés vendus. Nous voulons ainsi pouvoir diffuser au plus vite des messages d’alerte, surtout auprès des jeunes.
Le JDD : Le gouvernement compte-t-il encourager les associations, comme Médecins du monde, qui font de la prévention dans les raves, ou tenter d’endiguer l’arrivée de ces nouvelles substances par un retour au « tout-répressif » ?
Dominique Gillot : Les associations font un travail remarquable. Nous développons avec elles depuis plusieurs années des projets de prévention auprès des jeunes, en particulier dans les raves, les discothèques… Les raves doivent être autorisées comme n’importe quelle manifestation publique, festive ou culturelle. Mais la loi doit être respectée. Les interdits doivent être clairement rappelés aux jeunes.
Le JDD : Que compte faire le gouvernement pour accélérer la classification de ces produits, en constante évolution, dans la catégorie des « stups » ?
Dominique Gillot : Nous réfléchissons à mieux adapter le classement des stupéfiants et psychotropes. Première étape : mieux connaître ces produits grâce à un travail en réseau associant tous les professionnels (policiers, douaniers, médecins…) susceptibles d’obtenir et d’analyser ces substances.
Le JDD : L’harmonisation des législations nationales sur les stupéfiants semble plus que jamais à l’ordre du jour. Le gouvernement entend-il prendre prochainement une initiative sur cette question ?
Dominique Gillot : En ce qui concerne la France, Élisabeth Guigou a demandé que les pratiques judiciaires et policières tiennent mieux compte des impératifs de santé publique. Chaque consommateur de drogues interpelé doit pouvoir bénéficier à tous les stades de la procédure d’une orientation sanitaire et sociale.