Conférence de presse de M. Yves Galland, ministre délégué aux finances et au commerce extérieur, sur les résultats du commerce extérieur en 1996, Paris le 25 février 1997.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Yves Galland - Ministre délégué aux finances et au commerce extérieur

Texte intégral

Le Président de la République a mis en avant, lors du conseil des ministres du 5 février dernier, « les premiers résultats de la politique d’ensemble, ambitieuse et cohérente » du Gouvernement. Il a également mis en avant le fait que « les entreprises sont de plus en plus compétitives sur les marchés extérieurs ».

Les résultats du commerce extérieur de l’année 1996 illustrent parfaitement ce double jugement porté récemment par le Chef de l’État. Il s’agit d’un excédent record, jamais atteint dans notre pays, de 122 milliards de francs, après 11 milliards pour le mois de décembre. Cette performance française m’inspire fierté, confiance et ambition. Ces 3 mots clés inspireront mon action pendant l’année 1997.

Ces résultats, montrant la formidable adaptation de nos entreprises, sont un élément de mobilisation, car rien n’est jamais acquis et il ne faut pas relâcher nos efforts. Je n’ai pas oublié Michel Jobert, parlant le 22 mai 1982 des résultats exécrables du commerce extérieur pour le mois d’avril, où le résultat de - 10,2 milliards avait atteint un record en valeur absolue.

1. Au plan économique, c’est un très bon excédent, qui, comme je l’appelais de mes vœux dans ma conférence de presse faite ici même le 23 février 1996, « consolide et renforce » le chiffre déjà élevé, et qui constituait alors un record de 100 milliards de francs d’excédent pour l’année 1995. Je vais approfondir cette question dans un instant. J’avais moi-même pressenti et anticipé l’importance de cet excédent dès le mois de juin 1996 en m’engageant sur le chiffre d’au moins 120 milliards de francs.

2. Pour les entreprises françaises, c’est le signe d’une formidable compétitivité et d’un savoir-faire technologique, industriel et commercial dans des secteurs toujours plus nombreux, révélateurs d’une « qualité France » à l’international particulièrement remarquable. Une enquête récente réalisée par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris montre que l’image de nos produits de consommation courante en Europe a progressé de manière très sensible, nous plaçant immédiatement après les produits allemands. C’est pour moi l’occasion de saluer l’activité des salariés de ces entreprises et, plus généralement, le français sur 4 qui travaille pour l’exportation, car, tous ont su faire preuve d’adaptation et d’une capacité rare à se projeter et à gagner à l’international, dans un univers de plus en plus concurrentiel. Ces Français sont de plus en plus nombreux, car, 116 000 emplois ont été créés en 1995 grâce au commerce extérieur et 150 000 en 1996.

3. Pour les pouvoirs publics et le Gouvernement, c’est un motif d’encouragement et de mobilisation. Notre excédent a fait plus que résister à l’augmentation très sensible de la facture énergétique. Notre excédent est l’élément précurseur de la reprise de l’activité économique. Notre excédent sera l’un des éléments permanents de notre dynamique économique grâce en particulier à la forte mobilisation orchestrée autour de notre commerce extérieur par des réformes importantes pour assurer l’avenir qui entrent dans les faits. Désormais, nos entreprises et notre économie sont en état de marche, prêtes à profiter des opportunités de croissance partout dans le monde.

Je vais maintenant revenir spécifiquement sur un certain nombre de points marquants :
     - le caractère dorénavant structurel de notre excédent, fondé sur une appréciation positive de notre compétitivité ;
     - les éléments de notre pénétration géographique, avec des sources de satisfaction et des marges de progression très importantes dans certains pays émergents ;
     - les principales caractéristiques des résultats sectoriels de notre commerce extérieur en 1996 ;
     - un bilan rapide des flux d’investissement en 1996 ;
     - le point sur les grands contrats signés en 1996 et le rôle joué à ce sujet par une diplomatie économique et financière très active, animée par le Président de la République lui-même ;
     - le bilan enfin des réformes que j’avais annoncées pour notre commerce extérieur en février 1996 et mes objectifs pour 1997, afin que nous apportions aux entreprises toutes les conditions du succès d’un nouveau développement à l’exportation.
     
I.  Je vous disais l’année dernière que notre excédent était structurel. C’est pleinement confirmé cette année.

Pourquoi ?

Parce que notre commerce extérieur est largement excédentaire dans des circonstances économiques et monétaires très différentes.

Les circonstances économiques ont été différentes.

C’est ce que l’on appelle l’appréciation de l’écart de conjoncture entre la France et ses principaux partenaires. Cet écart de conjoncture a été variable au cours des trois ou quatre dernières années, et pourtant notre excédent est resté fort et croissant.

Le calcul des experts du ministère évalue entre 20 et 30 milliards la fraction de notre excédent imputable au différentiel de conjoncture. Nous parlons donc de 20 à 25 % au maximum de nos excédents. Cela signifie qu’au moins les trois quarts de notre excédent ne sont pas conjoncturels.

J’ajoute qu’on ne peut d’ailleurs pas parler, comme on le lit ici ou là, de récession quand les exportations augmentent, comme c’est le cas en 1996, de presque 4 % et les importations de 2,2 %.

II est donc incontestable que notre excédent est, d’un point de vue économique, sain.

Les circonstances monétaires ont été différentes.

Notre commerce extérieur a vécu, au cours de cette période, le choc des fluctuations monétaires en particulier au sein de l’Union européenne. Il a vécu la chute du dollar, qui a gravement pénalisé nos exportations libellées en dollars, c’est à-dire, le 1/5 e de nos exportations totales.

Depuis, une bonne partie du chemin inverse a été parcourue : qui aurait parié, il y a un an, que la lire se serait réappréciée de 22 % depuis avril 1995 et la livre de 18 % depuis novembre 1995 ?

Je m’arrête un instant sur le cas de la lire. Elle s’est trouvée sous-évaluée en termes réels par rapport au franc de 15 % au printemps 1995. Nous en trouvons encore la trace dans notre commerce extérieur en 1996, en raison du décalage dans le temps des effets monétaires sur le commerce et la compétitivité, ce que les économistes appellent la courbe en « J ». Notre solde commercial avec l’Italie s’est donc fortement dégradé en 1996 (- 7,2 milliards de francs contre - 1 en 1995, un des plus forts déficits depuis 1991)

Notre solde bilatéral, après s’être creusé jusqu’à juillet, s’est amélioré depuis, évolution particulièrement sensible pour les biens de consommation courante et les produits chimiques.

En ce qui concerne l’Angleterre, l’analyse est différente : les parités monétaires ont toujours reflété une plus grande réalité, et de surcroît, les entreprises de ce pays ont surtout profité de ces mouvements monétaires pour reconstituer leurs marges, ce qui fait notamment que l’incidence sur le commerce extérieur franco-britannique s’est révélée négligeable : l’excédent français se maintient à un haut niveau : 19 milliards de francs en 1996.

En ce qui concerne l’Espagne, l’impact de la dépréciation de la peseta sur le solde bilatéral est limité. L’Espagne est en effet avec 17 milliards notre second excédent bilatéral au sein de l’Union européenne. Cela montre combien l’élargissement de l’Europe a profité à notre pays, n’en déplaise aux Cassandre qui, à l’époque, prédisaient un effet très préjudiciable sur notre économie.

Vis-à-vis de l’Allemagne, pays structurellement excédentaire depuis le début des années 70, nous avons maintenant un excédent de 6 milliards de francs, après un déficit de 3 milliards de francs en 1995. C’est là encore un signe révélateur de la santé de nos entreprises et de la compétitivité de notre économie.

Quels sont maintenant les raisonnements que l’on peut tenir par rapport au dollar, qui s’est apprécié de 10 % depuis le 1er janvier et de près de 15 % depuis octobre 1996 ?

Une appréciation du dollar a sur notre solde commercial un effet légèrement négatif à court terme, puisqu’elle renchérit automatiquement nos importations énergétiques et le paiement des importations libellées en dollar, soit au total de 15 à 20 % de nos importations. Nous avons déjà enregistré sur 1996 une première partie de cet effet négatif, qui représentera en année pleine 5 à 6 milliards de francs.

Au bout de 12 à 18 mois, l’amélioration de la compétitivité-prix fera plus que compenser l’effet de renchérissement du prix de nos importations. Ce sera le cas, à partir du 2e semestre 1997, si, bien entendu, l’appréciation du dollar est durable. L’effet des mouvements monétaires intervenus depuis le 1er janvier 1997, où prédomine l’appréciation du dollar à 5,70 francs, nous donnera un surcroît d’excédent courant de 7 milliards en 1997 et de près de 25 milliards en 1998.

II.  Les éléments de notre pénétration géographique

La part de marché mondial de la France est passée de 5,5 % en 1985 à 5,6 % en 1996. Sur cette même période, seuls l’Italie et les États-Unis enregistrent une progression supérieure. Je prends à dessein une période assez longue car, je me méfie des évolutions de très court terme, qui sont dépendantes des grands contrats, notamment dans les pays émergents.

La légère progression de la part de marché de la France dans le monde entre 1985 et 1996 recouvre deux évolutions inverses dans l’Union européenne et hors d’Europe. Dans le premier cas, nous prenons des parts de marché à nos principaux partenaires européens. Dans le second cas, nos positions reculent légèrement en parts de marché, alors que le volume de nos échanges évolue considérablement compte tenu de la croissance de ces pays. La légère érosion de nos parts de marché est due à deux phénomènes : notre mobilisation tardive et récente qui mettra du temps à produire ses effets, et l’intensification du commerce intra-régional entre les pays émergents, qui se développe plus rapidement que leur commerce avec les pays industrialisés. C’est particulièrement vrai pour les pays d’Asie.

Parmi les grands, pays européens, la France est celui qui à le plus profité de la mise en place du marché unique.
La part de marché en valeur de la France dans l’Union européenne a progressé entre 1985 et 1996, passant de 7,9 % à 9,4 % alors que les parts de l’Allemagne et celle du Royaume-Uni diminuaient.

C’est un élément déterminant là où la compétition intra-européenne est intense, oppose des économies et des industries très performantes et sélectionne les meilleurs.

C’est un élément extrêmement encourageant au regard des aspects monétaires que j’ai évoqués précédemment, et extrêmement prometteur pour nos PME, dont le premier débouché naturel est le marché unique. La mise en place de l’euro ne pourra que renforcer leur compétitivité sur le marché européen.

C’est aussi un enseignement à retenir dans la perspective du prochain élargissement de l’Union. Le marché européen est en effet appelé à s’élargir. C’est, vous le savez, une des priorités du Président de la République Jacques Chirac, que j’ai accompagné dans ses visites en Pologne en septembre dernier, en Hongrie le mois dernier et en Roumanie il y a trois jours.

L’Europe centrale et orientale est aujourd’hui un prolongement naturel du marché européen, de plus en plus ouvert à l’Europe, compte tenu des accords commerciaux conclus au début de la décennie. L’Europe centrale et orientale sera demain partie intégrante du marché unique. Puisque c’est dans le marché unique que nous tirons le mieux notre épingle du jeu, c’est dans ce cache élargi que nos entreprises pourront, encore d’avantage qu’aujourd’hui, tirer parti de ces marchés en croissance pour développer leurs exportations.

Nos échanges avec les pays d’Europe centrale et orientale, sont dès à présent marqués par un réel dynamisme, dynamisme qui s’est encore développé en 1996. Je n’en prendrai qu’une illustration : nos exportations vers ces pays ont progressé de 34 % en 1996, contre 23 % l’année précédente ; elles ont été particulièrement toniques dans les secteurs des biens d’équipement professionnel (matériels électriques et de télécommunications), des biens de consommation courante (produits pharmaceutiques, parfums) et des automobiles. Ce dynamisme nous permet en 1996 d’enregistrer avec les pays de l’Est un excédent de 1,1 milliard de francs faisant suite à 16 années de déficit.

Dans les échanges extra-communautaires, la part de la France n’est pas satisfaisante au regard de notre offre et de nos capacités.

Nos deux principaux partenaires de l’OCDE hors Union européenne, les États-Unis et le Japon, sont aussi respectivement nos premier et troisième déficits bilatéraux. C’est notamment pour cette raison que j’ai indiqué l’an dernier, lors de l’annonce des résultats de notre commerce extérieur pour l’année 1995 et, par la suite, lorsque j’ai identifié des pays d’action prioritaire pour notre commerce extérieur, que les États-Unis et le Japon devaient faire l’objet d’une attention particulière.

Nous avons en 1996 significativement réduit notre déficit avec le Japon (- 12 %) et, dans une moindre mesure, avec les États-Unis (- 2 %), vers lesquels nous avons développé nos exportations de 5,8 %. Est-ce à dire que la situation est satisfaisante ? Évidemment non. L’évolution du cours du dollar et, pour le Japon, qui demeure à bien des égards un marché d’accès plus difficile que le marché américain, la poursuite de la campagne d’action « le Japon c’est possible », dans la perspective de l’année de la France au Japon l’an prochain, sont autant d’éléments qui doivent permettre à nos entreprises de consolider leurs positions.

J’en viens maintenant aux pays émergents, sur lesquels vous le savez j’ai souhaité faire porter l’essentiel de notre effort. Notre position dans ces pays peut être et doit être encore substantiellement améliorée. Nos exportations ont certes progressé de près de 4,6 % vers l’ensemble des pays en développement, mais nous ne pouvons nous arrêter là. En Asie notamment, où nos résultats, d’une année sur l’autre, sont encore très dépendants de nos grands contrats  je reviendrai tout à l’heure sur les perspectives encourageantes qui existent sur ce point pour 1997. Il existe à l’évidence dans ces pays émergents une marge importante de progression pour notre commerce extérieur. J’attends dès 1997 les premiers dividendes compte tenu des différentes réformes et actions que nous avons engagées.

Nos objectifs sur les pays émergents nécessitent à l’évidence une constance et une mobilisation. Les différentes réformes que je conduis permettent d’inscrire notre action dans la durée et d’en assurer le suivi.

III.  L’analyse sectorielle du commerce extérieur en 1996

L’amélioration de notre solde en 1996 concerne la plupart des secteurs économiques. Je souhaite m’arrêter un instant sur deux secteurs, qui sont les biens de consommation courante et les biens d’équipement professionnel.

Sur les biens de consommation courante, le résultat est historique : nous enregistrons pour la première fois depuis 1979 un excédent commercial dans ce secteur. Cet excédent est modeste dans son montant, 600 millions, il est considérable dans sa signification : dans le courant des années 1980, 13 % de notre déficit commercial provenait des biens de consommation courante.

L’amélioration de notre solde sur les biens de consommation courante concerne la quasi-totalité des postes du secteur, et plus particulièrement la parachimie et la pharmacie, dont les exportations progressent de 9 %, ainsi que les bois et meubles, dont le déficit se réduit de 5,9 à 4,8 milliards.

Cela vous donne la mesure du redressement économique que nous avons réalisé, d’abord entre 1986 et 1988, ensuite après 1993.

Sur les biens d’équipement professionnel hors Airbus, nous constatons une progression de nos exportations de plus de 7 %, dans ce secteur qui est le plus dynamique de notre commerce extérieur après l’énergie et l’automobile. Ceci provient notamment d’un développement très marqué de nos exportations de machines de bureau et matériel électronique professionnel, + 13 % par rapport à 1995, dont le déficit est passé de 21 milliards en 1994 à 15 en 1995 et seulement 10 l’an dernier.

Cette performance sur les biens d’équipement professionnel est d’autant plus remarquable qu’elle n’a pas été dopée par Airbus, qui a connu en 1996 tout à la fois une année de livraisons modeste (90 appareils) et une année de commandes exceptionnelles : 326 appareils, pour un montant de près de 120 milliards de francs, contre 106 appareils d’une valeur totale de 40 milliards en 1995, soit une part de marché globale de 34 %, et même de 40 % sur le créneau des avions de 125 à 350 places, celui sur lequel Airbus est présent. Cela se traduira par des résultats 1997 en hausse très nette par rapport à 1996.

Je précise, pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté sur ce point, que seule la part française des Airbus est comptabilisée dans le solde de notre commerce extérieur, contrairement à ce que j’ai pu lire avec étonnement. Les éléments d’Airbus fabriqués à l’étranger (fuselage en Allemagne, ailes au Royaume-Uni, stabilisateurs d’aile en Espagne) sont en effet comptabilisés dans nos importations, de sorte que la différence entre le montant de nos exportations d’avions (prix de vente de l’avion assemblé) et de nos importations représente bien la part de valeur ajoutée française.

Compte tenu de cet excellent plan de charge, Airbus devrait livrer cette année 171 appareils, contre en moyenne 120 sur les 2 dernières années, ce qui se traduira par une augmentation de 4 milliards de francs de notre solde commercial. C’est une excellente nouvelle pour notre économie, c’est une excellente nouvelle pour Toulouse, métropole régionale particulièrement dynamique, et c’est enfin une excellente nouvelle pour l’emploi.

En termes sectoriels toujours, un mot sur l’énergie, qui voit sa facture augmenter en 1996 de 18 milliards de francs par rapport à 1995. L’effet dollar dont j’ai déjà parlé compte beaucoup moins en 1996 que le seul renchérissement du baril de pétrole, passé de 17 à 21 dollars le baril importé, et que l’augmentation de la consommation. L’amélioration de notre solde commercial global n’en est que plus significative.

IV.  Les flux d’investissements en 1996

Au-delà du commerce extérieur, nos entreprises ont également été très présentes à l’international pour investir et se développer. Ces investissements français à l’étranger sont la tête de pont qui permet à nos entreprises de faciliter leurs exportations.

Ainsi, au cours des onze premiers mois de l’année, les entreprises françaises ont investi pour plus de 100 milliards de francs à l’étranger (103,6 milliards exactement), contre 75,3 milliards durant la même période de 1995, soit une croissance de 40 %.

Cette progression est particulièrement nette en Asie.

J’insiste surtout sur le fait que la montée en puissance de celles de nos entreprises qui ont une dimension multinationale a permis de conforter notre excédent commercial. La vérité, de ce que l’on appelle quelquefois les délocalisations, c’est que les échanges entre les maisons-mères installées en France et leurs filiales à l’étranger, représentent 36 % de nos exportations et seulement 20 % de nos importations, et dégagent désormais un excédent voisin de 150 milliards de francs.

Les investissements directs étrangers en France se sont, quant à eux, stabilisés à un niveau élevé (supérieur à 85 milliards de francs) faisant de notre pays l’un des cinq principaux pays d’accueil des investissements étrangers au monde.

V.  J’en arrive maintenant aux grands contrats signés en 1996

Le montant global des grands contrats conclus sur l’année 1996 sera voisin de 140 milliards de francs, c’est-à-dire, un niveau supérieur à celui de 1995, et même de 15 % par rapport à la moyenne des années 93-94-95. Hors secteur militaire, cette progression s’élève à 40 %.

Parmi ces contrats, une quinzaine d’opérations importantes représentant un montant global de près de 16 milliards de francs, en part française, ont bénéficié d’un fort soutien, notamment politique, des pouvoirs publics et dans pratiquement tous les cas du Président de la République.

Je voudrais vous donner quelques exemples très concrets d’un soutien décisif donné par le Président à des affaires qui, sans son intervention, n’auraient sans doute pas pu être débloquées. Je prendrai 3 exemples sur l’année 1996, et deux exemples sur le début de 1997, pour vous montrer que ce mouvement est lancé et bien lancé et qu’il n’a pas vocation à s’arrêter.

En 1996, ont ainsi été obtenus :
     - des hélicoptères en Arabie Saoudite : Initié en 1987, le projet concernait la fourniture d’hélicoptères destinés à permettre le sauvetage et la récupération des pilotes saoudiens. Le contrat de 12 hélicoptères Cougar a finalement été signé en juillet 1996 pour un montant de 3,1 milliards de francs, 3 semaines après la visite du Président Chirac. Sur un plan industriel, ce contrat est essentiel pour Eurocopter, car, il constitue un élément important de son plan de charge ;
     - des Airbus en Croatie : initié en 1994, ce projet porte sur 6 A319 avec une part française de 550 millions de francs. Il a été débloqué par une intervention du Président de la République et des relances effectuées tant au niveau du Ministère du Commerce extérieur que de notre ambassade ;
     - des cuves stratégiques de stockage de pétrole en Hongrie : ce contrat a été remporté par Bouygues en 1996, pour un montant de 400 millions de francs. La visite du Président de la République à Budapest en janvier dernier a été l’occasion pour le Gouvernement hongrois de confirmer ses engagements, permettant ainsi l’entrée en vigueur très rapide du contrat.

De telles opérations existent pour l’année 1997. Cependant, compte tenu de leur caractère récent ou en cours, je ne vous donnerai aucun détail sur celles-ci. Je citerai néanmoins la signature le 13 février par Eurocopter d’un accord préalable sur les prix et les délais de livraison de 30 appareils Cougar destinés à l’armée de l’air et à l’armée de terre en Turquie (pour 2,5 milliards).

Je n’insisterai jamais assez sur l’engagement du Président de la République qui est le premier vendeur de France et qui fait l’unanimité des entreprises pour son action économique internationale et sur l’élan qu’il donne à notre diplomatie économique et financière. C’est un atout irremplaçable pour nos entreprises.

VI.  Les objectifs

Pour l’avenir, j’ai déjà parlé de nos marges de croissance sur les pays émergents.

Je vous ai déjà dit, aussi, à plusieurs reprises, que mon objectif des prochaines années est l’accompagnement international de nos PME.

Je ne reviendrai pas sur l’analyse que j’ai déjà développée et sur notre mobilisation forte vis-à-vis des 100 000 entreprises qui réalisent actuellement 6 % de nos exportations. Elles peuvent faire plus et mieux comme leurs homologues allemands et italiens. Dans cette perspective réaliste, nous pouvons conquérir avec elles 150 milliards de francs d’exportations supplémentaires, c’est-à-dire, 2 % de croissance et la création de 400 000 emplois. Toute mon action de réforme est orientée vers cette perspective : sous-direction PME à la DREE, correspondant PME dans les postes, création de l’association Partenariat-France, organisation en septembre prochain des « Journées Marchés mondiaux » pour 10 000 PME, organisation rénovée du commerce extérieur en région , réforme des organismes d’appui au commerce extérieur, adaptation de nos procédures financières, volontariat à l’international et contrat, pour augmenter notre expatriation.

Nous avons, pour les prochains mois, un programme chargé pour poursuivre ces efforts, tant en France qu’au cours de nombreux déplacements programmés à l’étranger après les 25 pays que j’ai visités en 1996 accompagné de 1 000 entreprises.

Tout au long de l’année 1997, je vous communiquerai les 2 chiffres du commerce extérieur, l’un avec la comptabilisation des DOM, comme aujourd’hui, l’autre sans les DOM. Ainsi l’engagement pris est tenu et vous pourrez faire toutes les comparaisons.

Je me fixe également devant vous un objectif. Cet objectif, c’est un excédent se situant entre 135 et 145 milliards de francs, ce qui signifie au moins 100 milliards hors DOM, dont je rappelle qu’ils représentent aujourd’hui une part dans notre excédent d’environ 30 milliards de francs.

C’est un objectif réaliste et ambitieux. Il est réaliste, car les mouvements monétaires récents, et au premier chef l’appréciation du dollar, vont encore renforcer la compétitivité de nos exportations. Par ailleurs, le nombre élevé des grands contrats conclus en 1996 se traduira très largement dans les résultats de 1997.

Il est ambitieux, car, il suppose une forte mobilisation de tous à l’international. Mais, il est à notre portée, compte tenu du triple objectif que je me suis fixé concernant les grands contrats, les pays émergents et les PME. C’est tout le sens de l’action que je vais conduire au cours de cette année 1997.