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Libération : Des élus ont-ils contesté les zones franches qu’on leur proposait ?
Jean-Claude Gaudin : Sur la définition des périmètres nous n’avons pas eu de difficultés, à deux exceptions près. L’une à Strasbourg, où la municipalité voulait inclure dans la zone franche une rue très passante. Nous avons préféré dégager 24 hectares de terrains libre. L’autre à Montpellier, où le maire estime que la zone franche n’est pas assez étendue. La difficulté pour nous était de faire comprendre que ces zones franches ne devaient pas se substituer à des zones industrielles ou des zones d’activités, mais permettre à certains quartiers de devenir comme les autres.
Libération : Il n’y a pas eu de différences entre les maires de droites et les maires de gauche ?
Jean-Claude Gaudin : Non. Il y a davantage de communes de gauche que de droite concernées par les 38 zones franches métropolitaines. Comme certaines communes de gauche sont représentées à l’Assemblée par des députés de la majorité, il nous a aussi fallu les impliquer davantage. Mais nous avons réussi à faire travailler en bonne entente des élus de bords opposés concernés par la même zone franche. C’est le cas par exemple de Nelly Olin, maire de Garges-lès-Gonesse, et Dominique Strauss-Kahn, maire de Sarcelles.
Libération : Des entreprises ont-elles déjà pris des engagements fermes ?
Jean-Claude Gaudin : A Meaux, sept sociétés ont déjà créé plus quatre-vingt emplois. A Roubaix une entreprise de confection, Texim vient de signer une convention pour la création de 30 emplois. Et puis il y a de toutes petites entreprises : une boulangerie à Champigny-sur-Marne, une pizzeria à Cherbourg. Ce sont d’ailleurs surtout des entreprises de moins de dix salariés qui téléphonent à SVP-zones franches, pour demander des renseignements (2). Ce service, mis en place le 20 décembre reçoit 35 appels quotidiens en moyenne, tandis que le 3615 INFO PME est consulté dix fois par jour. Les principales demandes concernent les services, du commerce ou du bâtiment, qu’il s’agisse d’entreprises existantes ou de projets de création.
Libération : La zone franche n’est-elle pas moins bien adaptée aux villes moyennes, où le problème d’emploi concerne souvent l’ensemble de l’agglomération ?
Jean-Claude Gaudin : Avec Eric Raoult, nous ne sommes pas tout le gouvernement. Nous n’avons pas à nous substituer à d’autres ministères, comme celui de l’Industrie ou par exemple la Défense à Cherbourg. Le but des zones franches est de lutter contre l’exclusion dans des quartiers où l’emploi n’est pas développé. Car l’on sait, aussi, sur le plan politique, à qui profite l’exclusion.
(1) 01-47-87-09-09
(2) Pour être « éligibles », les entreprises doivent employer moins de 50 salariés. Pendant cinq ans, elles bénéficient de diverses exonérations (impôt sur les bénéfices, taxe professionnelle jusqu’à 3 millions de francs, charges patronales pour tout CDI ou tout CDD d’un an au moins, taxes foncières, etc.) Les artisans et commerçants sont exonérés de cotisations sociales et des droits de mutation sur le fond de commerce. En contrepartie, tous doivent recruter au moins 20 % du personnel sur place. Au total, 44 zones franches urbaines ont été délimitées (38 en métropole, 6 dans les DOM-TOM).