Texte intégral
Valeurs Actuelles - 15 février 1997
Q. : Quel type d’entreprises comptez-vous attirer ? Et quel est le profil de celles qui, déjà, ont marqué leur intérêt pour le dispositif ?
R. : Il faut savoir que près de six mille entreprises (la plupart sont des « petites » PME de quelques salariés) se sont déjà déclarées candidates depuis le 1er janvier. C’est considérable. Un petit tiers d’entre elles sont essentiellement des entreprises de services, un autre sont des entreprises de production, et 30 % des commerces. 10 % sont, pour la plupart, des artisans du bâtiment.
Mais le dispositif ne se limite pas aux entreprises nouvelles. Nous souhaitons aussi et surtout favoriser ceux que j’appelle les « résistants » : le buraliste ou le boulanger qui des années durant se sont accrochés à leur quartier et qui, malgré l’insécurité et la concurrence des grandes surfaces, n’ont pas baissé leur rideau de fer…
J’ajoute qu’au-delà de l’incitation fiscale ces entreprises attendent de l’État un effort considérable en matière de maintien de l’ordre : outre les deux mille policiers supplémentaires recrutés à l’intention de ces quartiers, des aides sont prévues pour permettre aux entreprises d’investir dans les équipements de sécurité, en liaison avec les compagnies d’assurances…
Comme le dit un maire de mes amis, les zones franches auront rempli leur but si, en quelques années, certains quartiers parviennent à quitter la rubrique des faits divers des journaux pour faire leur entrée dans la rubrique économique… Si progressivement le dossier des banlieues sort de la compétence exclusive des animateurs sociaux pour devenir l’affaire des entrepreneures…
Q. : Soit. Mais on table sur un milliers d’emplois créés la première année pour un coût global estimé à 1,2 milliard de francs ! 1,2 million par emploi créé, n’est-ce pas de l’économie administrée ?
R. : Prenons garde à ne pas simplifier ! D’abord parce qu’il ne s’agit là que d’estimations. Ensuite parce que le milliard dont il est question ne concerne pas seulement les emplois qui viendront, mais les milliers d’autres qui, grâce à cette politique, pourront subsister !
Un emploi défiscalisé vaut toujours moins cher qu’une place de prison
Enfin et surtout, cet argent n’est pas de la subventionnite à fonds perdus : c’est un manque à gagner fiscal pour l’État. Une exonération sur justification d’emplois créés ! En bref, les zones franches ne coûteront que si elles rapportent !
Elles coûteront à l’Est des impôts en moins, mais au bout de cinq ans elles rapporteront à la collectivité de nouvelles recettes fiscales…
On ne m’ôtera pas de l’idée qu’un emploi défiscalisé vaudra toujours moins cher qu’une place de prison. De même qu’une zone franche urbaine sera toujours préférable à une émeute urbaine…
Et puis, que veut-on au juste ? Que les coiffeurs et les bouchers qui occupaient le rez-de-chaussée des cités continuent à être inexorablement remplacés par des garages à vélos ou des locaux à poubelles ? Il ne suffit pas de parler d’intégration et d’aligner de grands principes comme le faisaient les socialistes : il faut maintenant passer aux actes. Autrement dit : recréer de la richesse. Préférer une fois pour toutes, les vitamines de l’économie aux psychotropes de la perfusion sociale… J’estime que modestement mais sûrement, avec Alain Juppé et Jean-Claude Gaudin, nous en prenons le chemin !
La Lettre de la Nation magazine - 21 février 1997
Pacte de relance pour la ville : le temps des premières récoltes
Le pacte de relance pour la ville vient de souffler sa première bougie. C’est l’occasion d’un premier bilan.
Tout d’abord, nous avons mis en forme ce pacte de relance pour la ville dans une large concertation. Ce qui explique la rapidité avec laquelle nos textes ont été adoptés. En ce qui tend à prouver la pertinence des solutions proposées.
Il fallait, pour cela, en finir avec la politique spectacle et les effets d’annonce sans lendemain. Avec Jacques Chirac et Alain Juppé, nous avons donc fait le choix de la reconquête urbaine et du maintien de la cohésion sociale en donnant à la politique de la ville des moyens sans précédent et une nouvelle ambition. Ces moyens sans précédent se traduisent dans un budget ville qui a progressé de près de 30 %. Cette nouvelle ambition repose sur la volonté de s’attaquer enfin aux vrais problèmes de nos quartiers : le chômage et l’insécurité.
Ces objectifs, nous les avons mis en route dans un esprit d’équipe. Avec Jean-Claude Gaudin, nous luttons pour améliorer et recréer la vie dans ces cités en les ramenant dans la République.
Une ville plus sûre
Nous construisons une ville pour sûre. Ainsi au 1er janvier, 2 000 policiers supplémentaires ont été affectés dans les quartiers difficiles. Nous avons aussi créé 14 unités à encadrement éducatif renforcé permettant d’améliorer le traitement de la petite délinquance Ce sont ces idées simples de sécurité et de responsabilité qui permettront de refaire de ces quartiers des quartiers comme les autres et d’apporter une réponse efficace aux dérives extrémistes.
Mais on ne combat pas durablement l’exclusion sans créer de l’activité et donner des emplois. C’est pourquoi le gouvernement a mis en œuvre une vraie politique économique des quartiers, complément indispensable de la politique sociale.
Activité économiques
Cette politique, nous l’avons mise en œuvre au plus près du terrain.
Ainsi, les 44 zones franches urbaines sont aujourd’hui en place et les premiers résultats sont, d’ores et déjà, plus rapides et plus significatifs que prévu La curiosité a laissé place à l’intérêt croissant des chefs d’entreprises qui sont déjà plus de 6 000 à avoir pris contact pour leur implantation.
Parallèlement, grâce au pacte, ce sont aujourd’hui plus de 6 000 jeunes qui ont pu trouver un emploi durable, à la fois qualifiant et leur permettant d’acquérir un début d’autonomie financière et de responsabilité dans la société.
La redynamisation économique de ces quartiers est aujourd’hui en marche. Elle permettra, par l’emploi et l’amélioration de la vie quotidienne, de réinstaller sur des bases solides les valeurs républicaines de respect des autres et du bien commun, de civisme et de responsabilité.
Comme Jacques Chirac l’avait indiqué à Amiens, en avril dernier, « l’ambition de ce plan n’est naturellement pas de tout régler… mais c’est un pas sérieux dans la bonne direction, celle qui intègre l’économique et le social ». Avec Alain Juppé, la ville prend la bonne direction.