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Le Parisien : Comment percevez-vous ces résultats encourageants ?
Hervé Gaymard : Il faut se réjouir de ces bons résultats. Pour la première fois depuis le début de l'épidémie, on note une forte baisse de la mortalité. Ces chiffres sont à mettre sur le compte du suivi de la politique de prévention et des nouveaux traitements. Cela étant, l'effort ne doit pas se relâcher. C'est pourquoi le gouvernement va poursuivre la politique de prévention en direction de populations ciblées (homosexuels, toxicomanes) et du grand public. Nous allons aussi faciliter la mise à disposition de ces nouveaux médicaments qui seront disponibles à l'hôpital mais aussi dans les officines. La première prescription sera établie par les médecins hospitaliers, mais le malade pourra, s'il le souhaite, aller chercher ses médicaments en pharmacie.
Le Parisien : La France est-elle bien placée pour l'accès aux soins de ces traitements ?
Hervé Gaymard : Nous sommes le seul pays au monde où il n'y a pas de limitation budgétaire. Aux États-Unis, le système de santé produit de nombreuses exclusions. Si un médecin français estime que son patient a besoin d'une trithérapie, son malade sera pris en charge. Aujourd'hui, 22 000 personnes sont sous trithérapie, alors que nous étions à zéro il y a un an. Les trithérapies ont un surcoût de trois 317 millions de francs, ce qui correspond à 6 000 francs par mois et par malade en médicaments. C'est un effort budgétaire que le gouvernement a décidé d'assumer. Mais ce qui est également intéressant, c'est que le nombre de journées d'hospitalisation a diminué de 15 %. Un effort va également être engagé sur l'accompagnement social des malades. Les crédits prévus vont augmenter d'environ 18 %, pour subventionner des actions telles que les appartements thérapeutiques ou des aides pour le maintien à domicile.
Le Parisien : Les associations de lutte contre le sida mettent cependant l'accent sur l'inégalité de l'accès aux soins et font état de malades étrangers expulsés du territoire français sous traitement. Que leur répondez-vous ?
Hervé Gaymard : Dans ce domaine, j'aimerais sortir des débats stériles. Soit l'étranger est en situation régulière, et dans ce cas il paye des cotisations sociales et a droit comme tout le monde à des soins et une couverture sociale. Soit l'étranger est en situation irrégulière, et, s’il s'agit d'une situation médicale urgente, les hôpitaux doivent le soigner. Il faut essayer d'y voir plus clair en identifiant le coût réel de la prise en charge des malades étrangers en situation irrégulière. Pourquoi ne pas considérer que ce coût relève de la coopération sanitaire ?