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Le Figaro économie : Votre budget a été le seul à avoir été réservé par la commission des finances, qui l’a finalement adopté après vous avoir auditionné. Comment expliquez-vous cette polémique ?
Jean-Claude Gaudin : Comme la quasi-totalité des autres ministères, j’ai subi la rigueur des temps. Mon audition auprès de la commission des finances m’a permis d’expliquer que, malgré cette baisse effective, je conserve les moyens de ma politique. Si le budget Aménagement du territoire proprement dit affiche une baisse, celui de la Ville est en augmentation de 30 %.
Le Figaro économie : S’agit-il d’un choix délibéré en faveur de la ville par rapport aux campagnes ?
Jean-Claude Gaudin : Il fallait parer au plus pressé car il y avait vraiment péril en la demeure. Malgré le scepticisme ambiant, j’ai obtenu l’accord de Bruxelles sur les zones franches urbaines. Aujourd’hui, dans un souci de justice, nous allons mettre en place un plan de développement pour le monde rural afin que les habitants des campagnes puissent, eux aussi, bénéficier de mesures avantageuses. Et j’ai obtenu une amélioration des dispositifs fiscaux pour les zones de revitalisation rurale.
Le Figaro économie : Le report d’un an des contrats de plan ne risque-t-il pas de freiner les projets engagés par les régions ?
Jean-Claude Gaudin : Cet étalement permet d’être en phase avec la mise en place des schémas régionaux d’aménagement et de développement du territoire et avec la durée du mandat des conseils régionaux.
Par ailleurs, l’assemblée des présidents de conseils régionaux a été d’accord avec le principe d’étaler sur six ans au lieu de cinq l’exécution des travaux. Les dépenses de fonctionnement seront de toute manière assurées. Pour les investissements, je me suis engagé à ce que le financement de certains projets, comme des constructions de routes, soit examiné au cas par cas afin qu’on ne stoppe pas brutalement des travaux.
Le Figaro économie : Ce report n’est-il pas une menace sur la réalisation intégrale des contrats de plan ?
Jean-Claude Gaudin : Je me bats actuellement avec Bercy, qui estime que pour les trois années écoulées, 60 % des crédits ont bien été engagés et qu’il ne reste plus que 40 % à étaler sur les trois années à venir. Les pointages montrent que le chiffre d’engagement est en fait de 53 % et que l’État a donc encore 47 % du montant de ses engagements à honorer. Je ne veux pas céder sur ce point car cette décision risquerait de rendre très difficile l’adoption des budgets régionaux.
Le Figaro économie : Vous avez dit qu’il était plus facile d’obtenir de l’argent de Bruxelles que de Paris. Comment expliquez-vous cette situation ?
Jean-Claude Gaudin : Le Premier ministre a accepté de dégeler 70 millions de francs de crédits supplémentaires sur mon budget pour 1996. Et le ministre de l’Agriculture, Philippe Vasseur, a bien voulu apporter 100 millions de francs au fonds de gestion de l’espace rural, qui était à 0.
Par ailleurs, je n’ai pas hésité à me tourner vers Bruxelles, où j’ai obtenu 800 millions de francs. Principalement pour soutenir les reconversions industrielles et les restructurations de la défense. Grâce à ces crédits et aux 700 millions de francs de réserves de crédits non consommés ces dernières années, nous aurons pour 1997 et 1998 une capacité d’intervention augmentée.