Texte intégral
Le Journal du Dimanche : Quelles sont les solutions alors ?
Jacques Barrot : Il faut persévérer sur les pistes retenues, comme la baisse des cotisations, qui veut dire baisse du coût du travail. Un emploi du secteur privé sur quatre est à l’exportation. Donc, si on baisse les coûts, on est mieux placé sur le marché international. Nous devons faciliter également le développement des emplois de service. Aujourd’hui, plus la peine d’aller chercher un plombier au noir car avec 10 % de charges en moins, plus 20 % de déduction du montant des travaux, cela fait 30 % de moins à payer pour la réparation de la baignoire ! Par ailleurs, il faut s’acharner sur le temps partiel volontaire et l’aménagement du temps de travail contenu dans la loi Robien.
Le Journal du Dimanche : Beaucoup prétendent que cette loi coûte cher.
Pas si l’on en fait un bon usage. Elle est tout à fait intéressantes si les emplois supplémentaires crées par l’entreprise sont solides et durables. Mais si, pour bénéficier des avantages de la loi, l’entreprise recrute sans s’être modernisée, alors oui la loi Robien coûte cher car il ne s’agit-là que d’emplois momentanés. Il faut donc regarder au cas par cas.
Le Journal du Dimanche : le budget de la Sécurité sociale vient pour la première fois d’être voté à l’Assemblée, ça change quoi ?
Jacques Barrot : Désormais, quand on décidera d’une dépense nouvelle pour la Sécurité sociale, on devra afficher une recette. C’est la fin du pilotage à l’aveugle. De plus, elle n’aura plus pour seules ressources les cotisations des salariés. La Sécu aide toute le monde, elle doit être financée par les revenus du patrimoine et de l’épargne. Grâce à cette réforme, on baisse à la fois le coût du travail et les cotisations du salarié en lui rendant 0,45 % de pouvoir d’achat.
L’an prochain, nous voudrions inviter le président de la Conférence nationale de la santé à venir parler dans l’hémicycle, Philippe Séguin m’a donné son accord. Ce débat doit devenir le grand rendez-vous national que mérite la Sécurité sociale.
Le Journal du Dimanche : On n’a pas très bien compris si finalement le carnet de santé serait obligatoire ou non ?
Jacques Barrot : La présentation du carnet de santé est obligatoire. Mais, dans un premier temps, on préfère que les Français le vivent comme un bon moyen de se faire soigner et non pas comme un permis à points. Dans un second temps, on pourra imaginer une sanction, notamment pour non-présentation du carnet lors des actes lourds – radiologie, examens de laboratoire – qui coûtent cher. Les récalcitrants systématiques seraient ainsi convoqués par le médecin conseil de la Sécurité sociale. Pour l’heure, celui-ci doit se contenter de veiller à la bonne mise en place du carnet de santé. Dès Noël, les Français pourront ainsi se souhaiter une bonne santé avec leur carnet. Je précise que, sous peine de sanctions graves, ce carnet devra rester confidentiel.