Texte intégral
France 2 : mercredi 14 janvier 1998
F. Laborde : Quelle est la bonne réponse à apporter à ce mouvement, à cette révolte des chômeurs ?
F. Léotard : je crois qu'ils la donnent eux-mêmes. C'est plus que de l'argent, plus que de la commisération : ce qu'ils demandent, c'est de l'emploi. Moi, j'ai entendu des chômeurs, la plupart d'entre eux, dire des choses très simples en disant : « On veut travailler ! », pour la plupart d'entre eux. Ce n'est pas par l'assistance, même financière, que l'on réglera la question, même si, provisoirement, il faut soutenir des situations de détresse. La vraie réponse, on la connaît : c'est la baisse des charges des entreprises. Elle a été pratiquée ailleurs qu'en France, elle a été pratiquée en France avec un certain succès. Les emplois venant des entreprises, il faut permettre aux entreprises d'embaucher. C'est aussi simple que cela. Or ce n'est pas du tout ce que l'on fait ! La mauvaise réponse, on la connaît aussi puisqu'elle a été pratiquée, ce sont les emplois dit « Aubry ». C'est une mauvaise réponse puisqu'elle ne traite ni les chômeurs de longue durée, ni les jeunes non qualifiés ou peu qualifiés.
F. Laborde : Et sur la gestion un peu en urgence du conflit, c'est-à-dire ce mélange : fermeté, on évacue et puis de dialogue, vous trouvez que cela se tient ?
F. Léotard : Cela, c’est la forme. Malheureusement, la forme est désastreuse. On ne peut pas recevoir avec des tapis rouge, avec des caméras, avec les bras ouverts, les délégations de chômeurs, comme on l'a fait il y a peu de temps et le lendemain matin, leur donner des coups de matraque sur la tête. Il faut choisir ! C'est soit l’un, soit l'autre, mais on ne peut pas faire les deux. Il y a une espèce de schizophrénie dans ce gouvernement : un matin on ouvre les bras et le lendemain on tape ! Je crois qu'il faut avoir une politique beaucoup plus cohérente, y compris à l'intérieur de cette majorité qui est profondément divisée, et considérer d'abord les chômeurs comme des gens qui souffrent parce que c'est malheureusement cela la vérité - ce sont des familles qui souffrent, des enfants, des pères de famille, des mamans - et faire en sorte qu'à partir de cette souffrance, il y ait d'abord un regard de dignité et de respect.
F. Laborde : À la place de L. Jospin, vous auriez plutôt reçu ou plutôt tapé ?
F. Léotard : Non, mais d'abord, peut-être recevoir sans caméra, sans tapis rouge, essayer de comprendre ce qui se passe parce qu’une famille qui est touchée par le chômage, c'est une famille qui est au bord du précipice, au bord du désespoir quand cela dure longtemps, et ne pas mépriser par cette forme d'arrogance qui consiste à dire « je vous aime » un matin, et le lendemain matin, je vous tape sur la tête ! C'est une forme d'arrogance tout à fait désagréable -c'est le moins que l'on puisse dire - pour les chômeurs eux-mêmes. Donc je pense que la vraie réponse, nous la connaissons et tous les autres pays le font. Il n'y a plus de chômage dans un certain nombre de pays occidentaux, plus du tout ! Et c'est la baisse des charges des entreprises, c'est une politique de liberté dans laquelle on a assoupli le marché du travail, dans laquelle il n'y a pas de situation autoritaire sur le temps de travail, sur les prescriptions données aux entreprises. On sait très bien comment cela marche. Il y a des pays qui n'ont plus de chômage, actuellement, autour de nous.
F. Laborde : Justement, sur le temps de travail. On a vu, hier, le nouveau patron des patrons, E.-A. Seillière, se rendre à l'Élysée pour dire que les 35 heures n'étaient pas admissibles. C'est de bonne guerre que le CNPF aille protester dans la cour de l'Élysée ?
F. Léotard : Si vous me permettez de vous répondre par une autre question à votre question : pourquoi serait-il le seul homme, en France, à ne pas pouvoir exprimer les revendications, les préoccupations des gens qui l'ont mandaté pour être élu ? On donne la parole à tout le monde et on a raison, sauf à lui. Il représente les intérêts des entreprises et ces intérêts des entreprises sont légitimes ! Pourquoi est-ce que ce serait, en France, les seuls intérêts qu'il faudrait culpabiliser, discréditer ? Alors que ce sont les intérêts des entreprises et pas tellement des entrepreneurs ? Vous savez, c'est dur, aujourd'hui, d'exercer ce métier pour la plupart d'entre eux. Je pense aux PME, aux toutes petites entreprises. Mais l'intérêt des entreprises, aujourd'hui, c’est - si vous me permettez l’expression - c'est qu’on leur laisse la possibilité de gérer convenablement et tranquillement leur entreprise.
F. Laborde : On a bien compris que les entreprises sont contre les 35 heures mais le fait que le patronat aille à l'Élysée, en termes politiques, en termes de cohabitation, c'est quand même un peu inattendu, quand même, non ?
F. Léotard : Je crois qu'il est naturel que le patronat aille chercher vers ceux qui ont une conception libérale de l'économie les appuis qui lui sont nécessaires. Cela me semble tout à fait normal. Nous avons une conception libérale de l'économie, c'est-à-dire que nous sommes contre la gestion autoritaire des entreprises. Alors, il est normal que nous soutenions cette démarche et moi, je le fais sans aucune espèce de scrupules. Cela me semble tout à fait naturel. Nous ne trouverons pas de réponses à l'emploi, en dehors des entreprises.
F. Laborde : Mais est-ce que tout cela ne signifie pas quand même un peu de crispation sur la cohabitation alors que s'approchent des élections cantonales et régionales ?
F. Léotard : Je pense qu'il faut bien montrer les choses. Il n'y a pas une seule politique de l'emploi. Il y a une politique socialiste marquée par la volonté de l'État d'intervenir dans l'économie et il y a une politique libérale. Il y a une alternative à la situation d'aujourd'hui. C'est cela qu'il faut dire aux Français. Ce n'est pas une impasse dans laquelle tout le monde dit la même chose. Nous disons tout à fait autre chose que ce que disent les socialistes et les communistes. Tout à fait autre chose. Alors, c'est à nous de montrer que c'est crédible, bien entendu. Cela ne l'a peut-être pas toujours été dans le passé mais c'est à nous de montrer qu'il y a une alternative à ce qui est en train de se faire, c'est-à-dire la volonté par l'État de contrôler l'ensemble de l'économie et d'une façon autoritaire en plus.
F. Laborde : La préparation des régionales. Cela se passe comment ? Il paraît que c'est parfois aussi compliqué de négocier à l'intérieur de l'UDF que de négocier des listes communes entre l'UDF et le RPR ?
F. Léotard : Je vous donne rendez-vous, il y en a pour quelques jours. Au milieu de la semaine prochaine, nous aurons tranché les principales questions et nous irons unis - c’est l'essentiel du message que je voudrais proposer à ceux qui nous écoutent - nous irons unis à cette bataille. L'actuelle opposition a besoin d'unité comme elle a besoin de convictions. Il faut qu'elle dise ce qu'elle est, vraiment sans fard, sans cacher les choses, qu’elle ait le courage d'affirmer ses opinions et qu’elle ait le courage d'aller unie à la bataille. Vous verrez que le résultat sera étonnant pour un certain nombre d'observateurs. Nous allons beaucoup plus résister à ce qu'on nous présentait comme une catastrophe et probablement gagner, que ce qu'on nous disait il y a quelques mois.
F. Laborde : Dans la région PACA, vous êtes candidat. Qui viendra vous soutenir ?
F. Léotard : Tout le monde. Si vous le permettez, d'abord, je me soutiens moi-même mais il est naturel que, par exemple, avec Philippe Séguin, nous allions dans un certain nombre de régions soutenir tel ou tel candidat, bien sûr. Donc, il viendra dans la région. Et puis, encore une fois, il y a des forces sociales qui soutiendront cette démarche. Je pense à la société civile elle-même qui, encore une fois, veut sortir de l'impasse dans laquelle se trouve notre pays et de l'impasse dans laquelle se trouve la décentralisation en France.
F. Laborde : Une toute dernière question. On a fêté les 100 ans de « J’accuse » de Zola. Vous vous sentez plutôt du côté de Zola ou plutôt du côté du capitaine Dreyfus ?
F. Léotard : J'aurais préféré être Zola si j'avais eu ce talent. Dénoncer une injustice et la renverser, c'est-à-dire aboutir à la justice, c'est la meilleure forme d'engagement politique qui soit. Donc j'ai beaucoup d'admiration pour ceux qui le font, pas simplement les hommes politiques, les journalistes, les écrivains, les intellectuels, ceux qui aujourd'hui, en Algérie, se battent pour la dignité des femmes et des hommes d'Algérie et ailleurs. Et je crois qu'il y a là une des meilleures définitions de l'engagement que l'on puisse imaginer. Et jeudi : bravo, Zola ! Il faut des Zola aujourd'hui pour dire ce qui se passe en Algérie. J'ai fait des propositions et je ne suis pas du tout E. Zola, j'ai fait des propositions parce que nous ne pouvons pas rester dans une situation d'indifférence ou de silence vis-à-vis du drame qui est en train de se dérouler à nos portes.
RMC : mercredi 21 janvier 1998
P. Lapousterle : Ce soir, il y a un meeting sur l'Algérie à la Mutualité, à Paris. La délégation européenne est revenue d'Alger, hier soir : elle n'a pas été autorisée, finalement, à se rendre sur les lieux des massacres. Vous pensez que c'est un bon, un mauvais résultat ?
F. Léotard : Le bilan est en demi-teinte. C'est une initiative qui a au moins permis à l’Algérie d'un côté, à l'Europe de l'autre, de se parler. Et je crois qu'on ne peut pas jeter tout cela à l'eau en disant que ça ne sert à rien. Simplement, on peut aller plus loin. Les mots sont totalement en dessous de la réalité quand on parle de l'Algérie. Il faut donc ne pas se contenter des mots. Et j'ai suggéré que la Grande-Bretagne, si possible aidée par la France, puisse saisir le Conseil de sécurité pour faire en sorte que le Tribunal pénal international, comme il le fait pour le Rwanda et la Bosnie, puisse qualifier les crimes qui sont commis et poursuivre les criminels, sans déstabiliser le gouvernement algérien. Alors c'est une équation très difficile, on a aucun intérêt à déstabiliser le gouvernement algérien, il faut néanmoins que les criminels qui sont actuellement à l'œuvre en Algérie sachent qu'un jour ou l'autre, ils seront appréhendés et punis. Et donc ça passe probablement par une saisie du Tribunal pénal international. C'est juridiquement assez compliqué, je suis en train de le faire étudier, mais je crois que c'est possible.
P. Lapousterle : Un mot sur la condamnation des auteurs et de l'éditeur par le tribunal de grande instance de Marseille, hier, pour l'affaire du livre sur Y. Piat. Est-ce que vous êtes satisfait du jugement ?
F. Léotard : Non, pas complètement, dois-je vous le dire ? Bien sûr, ce n'est pas une question simple. Vous ne pouvez pas impunément, parce que c'est pratiquement impunément, à ce niveau de sanction, insulter, bafouer la vérité, le droit, la morale et ensuite vous retrouver, comme ça, pratiquement à recommencer, comme l’a fait l'un des journalistes en sortant même du tribunal. Il faut bien que l'on comprenne ce qui a été dit. Ce n'est pas parce que ça date de trois, quatre ou cinq mois que c'est effacé de la mémoire des gens. On accuse des ministres d'avoir assassiné, c'est monstrueux ? Donc il faut que la sanction soit à la dimension de cette accusation, ce sont des salauds - quel est l'autre mot qui conviendrait ? Eh bien, au moins que l'on sanctionne très sévèrement des gens qui, encore une fois, en sortant du tribunal, continuent à affirmer ces choses immondes.
P. Lapousterle : Donc c’est insuffisant ?
F. Léotard : Je trouve que c'est insuffisant et je crois qu'il faudrait que l'on réfléchisse à des sanctions beaucoup plus lourdes, je ne parle même pas d'argent mais des sanctions beaucoup plus lourdes. Quand on a affirmé des choses pareilles, on doit savoir que ça peut vous retomber sur la tête.
P. Lapousterle : Vous avez entendu - on vous a vu à l'Assemblée, hier - les regrets exprimés par L. Jospin sur la leçon d'Histoire qu'il avait donné l'autre jour, incident clos ?
F. Léotard : Sur ce point-là, oui. Il s'est trompé, il s'est trompé, il l’a dit, ce n'est pas mal de le dire. Dans la vie politique, ce n'est pas si fréquent…
P. Lapousterle : C’est rare, oui.
F. Léotard : C’est assez rare, donc je trouve que c'est assez bien de l'avoir dit. Néanmoins, qu'il sorte de ce chemin dans lequel il s'est engagé, qui consiste à opposer une France à une autre, c'est ça la vraie erreur. Quand on est au gouvernement de la France, on gouverne pour tous les Français, pas pour la moitié d'entre eux. Et donc qu'il n'essaie pas de trouver, ni dans le passé ni dans le présent, des clivages entre Français qui, finalement, les blessent. Il gouverne aussi pour des gens qui n'ont pas voté pour lui, ce qui est mon cas, ce qui est le cas de presque 50 % des Français, peut-être aujourd'hui plus. Alors qu'il essaie de gouverner la France et non pas le peuple de gauche et non pas simplement les communistes et les Verts.
P. Lapousterle : A propos de communistes et de Verts, je voulais votre sentiment sur l'impression que vous avez ressenti hier, puisque la majorité plurielle est apparue dans sa diversité je dirais hier à l'Assemblée, de l'apparente fragilité de cette majorité ou bien est-ce que c'est une nouvelle manière de gouverner ?
F. Léotard : Je ne crois pas que ça soit une nouvelle manière de gouverner, ce n'est pas sérieux. Hier encore - hier, ce n'était pas il y a trois ou dix jours - le Premier ministre s'exprime, dans le quart d'heure qui suit vous voyez défiler à la télévision des gens qui appartiennent à la majorité et qui lui tapent dessus, qui disent : ce n'est pas bien, ce n'est pas ça qu'il faut faire. Il faudra bien un jour qu'on s'arrête, c'est une majorité disloquée. Donc il serait utile pour la France que les gens qui ont été élus en juin 1997 parlent d'une seule voix. Je ne vois pas ce qu'il y a de positif à affirmer le contraire de ce que dit une partie de la majorité, quand on est dans cette même majorité. Donc on essaie d'avoir les avantages, d'être au pouvoir, sans en avoir les inconvénients. Gouverner, ce n'est pas ça et je crois qu'il faut que les Français aussi jugent très sévèrement cette pratique du gouvernement qui consiste à dire le contraire de ce que l'on fait.
P. Lapousterle : Qu’attendez-vous de L. Jospin, ce soir, à la télévision, à 20 heures ?
F. Léotard : D'abord qu'il redise ce qu'il a dit à l'Assemblée. La France n'est pas en mesure, aujourd'hui, c'est une question de courage politique, de faire en sorte que le non-travail soit rémunéré de la même manière que le travail…
P. Lapousterle : Le non-travail est involontaire.
F. Léotard : Bien entendu. Mais ce n'est pas un problème moral, c'est un problème économique. On confond tout, en France, on considère que l'emploi, c'est un problème moral. La solidarité est un problème moral, et il faut s'y attacher avec beaucoup de force, mais pas l’emploi.
P. Lapousterle : Les besoins de ceux qui n'ont pas d'emploi, c'est un problème moral ?
F. Léotard : Ça, c'est la solidarité, il faut de la solidarité, c'est évident, mais l'emploi, c'est un problème économique. Or depuis huit mois maintenant, on fait le contraire de ce qui est nécessaire à ce pays pour créer de l'emploi : on charge les entreprises, on augmente la fiscalité, on trouve des textes comme l'immigration, la nationalité, qui n'ont aucun rapport avec l'emploi. Je veux dire, au moins qu'on s'attache à une politique économique pratiquée autour de nous partout et qui vise à créer des emplois, c'est-à-dire une politique de l’entreprise.
P. Lapousterle : Mais là, on parle des minima sociaux ?
F. Léotard : Oui, mais des minima sociaux, très franchement, si nous avons 60 milliards à débourser, c'est pour baisser les charges des entreprises, c'est-à-dire créer de nouveaux emplois. Je crains beaucoup qu’aujourd'hui on ne considère l'entreprise comme le bouc émissaire des malheurs de la société française. Or c’est là, pourtant, que résident les capacités de création d'emplois. Il faut bien que la culture économique, dans ce pays, progresse. Ce n'est pas l'État qui créera ces emplois demain, même si les chômeurs le pensent, c'est une erreur, il faut leur dire, ce sont les entreprises. Donc il faut que les entreprises puissent le faire. Et ce n'est pas en leur mettant les 35 heures qu'on permettra la création d'emplois. On fait totalement fausse route.
P. Lapousterle : J’en viens à la politique : vous aviez quelques mots ironiques pour la majorité plurielle, mais l'opposition est un peu plurielle elle aussi, on avait entendu, ce week-end, M Séguin avoir quelques phrases un petit peu menaçantes en direction de votre formation, l'UDF. Est-ce que vous vous êtes arrivés à un accord général, je dirais, hier avec le RPR dans les conversations que vous avez eu ? Et y aura-t-il des listes uniques dans tous les départements et les régions de France ?
F. Léotard : Pratiquement. Vous savez, ce n'était pas évident il y a trois ou quatre mois, je me suis engagé dans cette voie-là, ça fait des mois que je répète que notre devoir est de faire des listes communes avec le RPR et je continuerai à le dire jusqu'au bout. Alors cette nuit, nous avons encore discuté très longuement et vous verrez - maintenant c'est une question d’heure -, qu’apparaîtront pour chacune des régions françaises un candidat à la présidence, un seul et pratiquement dans tous les départements français, une liste commune. Il peut y avoir des farfelus qui font des liste dissidentes, ils seront sanctionnés. L'évidence et la sagesse, la raison, le bon sens, le courage, c'est d'aller ensemble à cette bataille et c'est ce que nous ferons.
P. Lapousterle : Dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, vous allez… ?
F. Léotard : Oui, bien sûr, j’ai donné l’exemple et…
P. Lapousterle : Non, ça c’est bien. Vous pensez gagner ?
F. Léotard : Je suis confiant. C'est très difficile, il ne faut pas cacher la difficulté aux gens. Je suis confiant parce que d'abord, nous avons voulu renouveler profondément, nous avons montré que nous étions totalement insusceptibles de quelque alliance que ce soit avec le Front national et nous avons à développer les thèmes qui sont les nôtres sur la décentralisation, sur la gestion de l'emploi, sur les jeunes, sur la jeunesse, et nous sommes en train de le faire calmement, sereinement, malgré les insultes de l'extrême droite et malgré les politiques erronées que propose la gauche. Soyons nous-mêmes, nous sommes en train de le faire avec le RPR, je suis très confiant pour ma part. Mais il y a trois mois, vous disiez, vos confrères disaient que c'était très incertain, je dis que le ciel s'est éclairci.
P. Lapousterle : Une dernière question sur le Front national. Considérons l'ensemble de l'UDF. Je sais bien que pour Provence-Alpes-Côte d'Azur, c'est réglé ; adopterez-vous à l'UDF la même position que le RPR dicte, par M. Balladur, c'est-à-dire que votre formation ne se présentera pas à la présidence si elle n'a pas la majorité relative ?
F. Léotard : Moi, j'ai conseillé ça à tous mes amis, c'est ce que je ferai moi-même.
P. Lapousterle : Conseillé ou faire… ?
F. Léotard : Le 15 mars et le 20 même, plus exactement, au moment des élections des présidents, je pense que nous arriverons à cela, c'est-à-dire la clarté. Il faut que les gens, lorsqu'ils vont voter, sachent à qui ils accordent leur confiance. Il faut qu'ils sachent, dans la droite républicaine, ils accordent leur confiance à des gens qui ne passeront pas d'accord avec le Front national, parce que c'est aujourd'hui le parti de l'insulte en France et que nous n'avons aucune mesure commune avec ces gens-là.