Texte intégral
Dès son plus jeune âge, l'enfant est soumis aux règles et aux pressions qui caractérisent les activités de consommation. Ce phénomène est encore accentué par le développement des nouvelles techniques de communication. Il serait vain de vouloir arrêter ce mouvement, il convient au contraire d'aider le jeune consommateur en lui donnant les capacités de maîtriser ces nouvelles méthodes. Il pourra ainsi se préparer à assumer ses responsabilités futures de citoyen libre et responsable.
L'ouverture, souhaitée, de l'école sur l'environnement économique et social pourrait rendre l'élève plus vulnérable, elle facilite au contraire son adaptation rapide aux contraintes de la vie en société. Mais elle nécessite l'acquisition de nouvelles connaissances et il pourrait être tentant de réagir en ajoutant de nouvelles formations. Ceci ne serait possible qu'au risque de perturber gravement des rythmes scolaires déjà très lourds et qui font l'objet de réflexions approfondies au sein de mon ministère.
La réforme entreprise du système éducatif ne peut se faire que dans un cadre de cohérence entre les divers ordres et niveaux d'enseignement. Il est pratiquement certain que nous ne pourrons faire l'économie de révision importantes des contenus des programmes.
C'est dans cet état d'esprit que le ministère de l'éducation nationale est partie prenante à la politique d'ensemble menée par Madame le ministre de la consommation.
Au début de cette année 1982, j'ai constitué un groupe de travail, auquel a été associé le ministère de la consommation et lui ai demandé de me proposer des moyens d'actions ne se traduisant pas par une surcharge de programmes mais par une inflexion à l'intérieur de ceux-ci pour qu'ils prennent mieux en compte les problèmes liés à la consommation.
Les programmes actuels des différents niveaux d'enseignement, école primaire, collège, lycée et lycée d'enseignement professionnel, offrent différentes possibilités mais il faut bien reconnaître que celles-ci sont inégalement utilisées et que n'existent pas les coordinations et les liaisons nécessaires pour la mise en oeuvre d'une véritable éducation dans ce domaine.
Aussi m'est-il apparu indispensable, sur la base des suggestions formulées par ce groupe, d'adresser aux maîtres et aux professeurs, une instruction qui explicite les objectifs, précise le contenu des actions à conduire et présente un certain nombre de recommandations.
Je me propose de vous présenter maintenant les grandes lignes de la circulaire qui sera prochainement publiée au Bulletin officiel du ministère de l'éducation nationale, à cet effet.
Elle implique pour l'enfant ou pour le jeune, l'apprentissage de connaissances nouvelles : les notions de biens de consommation, de services gratuits ou onéreux, l'assimilation de savoir-faire pour lui permettre d'acquérir un comportement réfléchi et critique à l'égard des diverses situations de la vie quotidienne mettant en jeu la fonction de consommation.
Cette éducation doit évidemment être diversifiée pour tenir compte de l'âge des élèves, de leurs possibilités et de leurs motivations aussi bien que des finalités propres à chaque niveau d'enseignement dès la maternelle, en proposant des contenus adaptés.
Au niveau de l'école élémentaire, c'est au travers des activités d'accueil que le jeune élève pourra acquérir des attitudes et des notions nouvelles exprimées en termes simples et ayant trait par exemple à la santé : alimentation, hygiène corporelle et, pour les élèves déjà plus avertis à la production : information sur la qualité d'un produit, sur son prix, sur la publicité…
Au niveau du collège, la réflexion abordera un certain nombre d'éléments de base nécessaire à la compréhension de la fonction de consommation et de sa place dans le processus économique global. Elle intégrera les notions de service public et de solidarité et plus généralement celle d'économie sociale, trop souvent délaissée.
Ainsi pourra être étudiée à la consommation de biens et de services dans différents domaines : l'alimentation, le logement, le vêtement, la santé, les transports, les loisirs. L'étude du budget de la famille permettra en liaison avec ces domaines, une approche de sujet précis : les sources de revenus, les dépenses, le crédit, les impôts, les assurances, l'épargne.
Ce sera l'occasion pour les élèves d'être sensibilisés à la réglementation et aux problèmes généraux d'information et de protection du consommateur de l'usager.
Au lycée et au lycée d'enseignement professionnel, l'approche doit rester pluridisciplinaire, mais certains enseignements constituent des points d'application privilégiés pour l'éducation du jeune consommateur.
Ainsi dans le programme d'initiation économique et sociale en classe de seconde, puis dans celui de sciences économiques et sociales en classe de première et terminale, le thème de la consommation est étudié en tant que phénomène économique et social.
L'enseignement de la préparation à la vie familiale et sociale le traite également mais de façon plus pragmatique le problème de la consommation.
Dans les lycées d'enseignement professionnel, les programmes d'enseignement des formations préparant aux brevets d'enseignement professionnel permettent un prolongement de l'action menée au niveau des collèges, en particulier au sein des enseignements de l'économie familiale et sociale.
En outre, dans ces classes, l'enseignement du français par le choix de textes adaptés permet d'aborder le thème de l'éducation du jeune consommateur dans le cadre de l'actualité en liaison avec les différentes disciplines : économie familiale et social, histoire, géographie, enseignement artistique.
C'est au niveau de chaque établissement et de chaque équipe éducative que devront être déterminées les conditions et les modalités permettant la meilleure mise en oeuvre d'une éducation de l'enfant ou du jeune en matière de consommation.
J'ai insisté précédemment sur la nécessité d'une approche pluridisciplinaire en ce domaine, ce qui implique à l'évident que cette éducation repose sur un travail en commun de l'ensemble des membres de l'équipe éducative.
Il est recommandé aux maîtres de faire acquérir aux élèves les différentes notions indispensables en les mettant au contact des réalités aussi concrètes que possible et en partant d'exemples pris dans la vie courante.
Une telle pédagogie fondée sur la motivation devra privilégier les activités comme les enquêtes, les visites, les mises en situation…
Il pourra être fait appel aux diverses activités de l'élève au sein de l'école : foyers socio-éducatifs, coopératives scolaires, cantines, internat, mais également hors de l'école.
L'éducation à la consommation doit se traduire par des initiatives, par exemple dans les projets d'actions éducatives, associant des organismes et des intervenants extérieurs à l'école.
La circulaire adressée aux autorités académiques, aux chefs d'établissements, aux maîtres, vise donc à répondre à la nécessité, ressentie par tous, de la mise en oeuvre au sein de l'école d'une véritable éducation à la consommation.
Une documentation existe (citions plusieurs numéros de la revue TDC « Textes et Documentations pour la Classe ») pour aider les maîtres, elle pourra s'enrichir en liaison avec le CNDP. Je suis très attentif aux problèmes d'information à l'école, une action plus générale est déjà engagée pour le développement de la presse à l'école avec la mise en place du centre de liaison de l'enseignement et des moyens d'information.
L'intégration de cette sensibilisation à l'éducation du jeune consommateur devra tourner sa place dans la formation des personnels du système éducatif. Les modalités de celle-ci feront l'objet d'une concertation avec l'ensemble des partenaires sociaux.
La publication de cette circulaire est une étape mais la voie est maintenant ouverte.