Déclaration de M. Hervé de Charette, ministre des affaires étrangères, sur le rôle de l'ONU face à la mondialisation, notamment en ce qui concerne la paix, les valeurs communes à la planète et le développement, New York le 25 septembre 1996.

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Circonstance : Ouverture de la 51ème assemblée nationale des Nations unies à New York (Etats Unis) le 23 septembre 1996

Texte intégral

Monsieur le président,

Mon pays se réjouit tout particulièrement de vous voir à la présidence de l’assemblée générale. Vous êtes le représentant d’un grand pays qui joue un rôle important au sein des non-alignés et du groupe des 77 et je suis heureux que vous ayez à présider nos travaux pendant cette période cruciale pour notre organisation.

Qu’il me soit aussi permis de m’associer aux propos que le ministre des Affaires étrangères d’Irlande, a tenus au nom de l’Union européenne.

L’an dernier, nous fêtions le premier demi-siècle d’existence de l’Organisation des Nations unies, pendant lequel elle s’est consacrée, avec un succès reconnu par tous, à l’organisation de la société internationale.

Une œuvre collective colossale a été accomplie et l’ONU est devenue la clef de voûte d’un système international fondé sur le droit et le règlement pacifique des conflits.

Cette œuvre collective doit beaucoup à l’action déterminée des secrétaires généraux successifs et je tiens, ici, à rendre un hommage particulier et chaleureux à M. Boutros-Ghali dont la détermination, la vision d’avenir et la fermeté ont donné à notre organisation une présence et une vitalité rarement atteintes. Il mérite notre confiance.

Aujourd’hui, au tournant de ce siècle, l’organisation est confrontée à un autre défi majeur : la mondialisation.

Dans tous les domaines, les idées et les réalités auxquelles nous étions habitués, changent à une vitesse inégalée dans l’histoire humaine.

La circulation des hommes, des idées et des images, des marchandises, s’accélère, tandis que les distances disparaissent.

Dans le même temps, l’uniformisation des pratiques culturelles (et les réactions légitimes qu’elle provoque), la généralisation de technologies de pointe performantes et bon marché, l’exacerbation de la concurrence, remettent en cause les situations acquises et le fonctionnement, sinon le fondement même, de la société internationale.

Certes, la production de richesses s’en trouve décuplée et le progrès scientifique accéléré, tandis que des occasions inespérées de développement sont données à de nouvelles nations.

Mais ces bienfaits ont des effets pervers : la maîtrise de leur développement par des États fragiles se trouve rognée, des lois nationales deviennent inapplicables, la notion d’intégrité territoriale change de sens.

Bref, les autorités nationales sont trop souvent réduites à l’impuissance par des phénomènes transnationaux sur lesquels elles n’ont que peu de prise.

Si nous n’y prenons garde, nous allons vivre dans un monde sans critère, sans valeurs, sans repère et où certains, les plus forts, les plus riches, seront en mesure de décider, seuls, du destin de la planète.

Il ne faut pas s’étonner que, dans ce contexte, l’ONU ait de nombreux détracteurs.

Notre organisation est, en effet, le lieu privilégié où peut se bâtir le cadre d’une vraie société internationale, un cadre qui libère les forces de créativité et de développement et qui réprime les forces de violence et d’oppression.

Il nous revient, à nous tous ici présents, de permettre à l’ONU de jouer ce rôle et d’assurer, dans ces circonstances nouvelles et comme le veut son mandat, la paix, la sécurité et le progrès.

Soyez assurés que la France, membre fondateur de l’organisation, membre permanent du Conseil de sécurité, y consacrera toute son énergie et sera au premier rang de ce nouveau combat.

I.  La mondialisation et la paix

Notre monde se trouve confronté aujourd’hui à de terribles problèmes que n’arrête aucune frontière et qui n’épargnent aucune population : le terrorisme, le crime et la drogue.

La lutte contre ces fléaux figure en tête de nos préoccupations et aux premiers rangs de l’agenda international.

Ainsi, une lutte sans compromis contre le terrorisme, quels qu’en soient les formes, les auteurs et les motivations, constitue notre priorité.

C’est pourquoi, en juillet dernier, j’ai accueilli, à Paris, une conférence sur le terrorisme, réunissant les pays du G7 ainsi que la Russie.

Nous avons adopté 25 recommandations pratiques et concrètes. Elles sont destinées à être mises en œuvre par chaque État, ainsi qu’à renforcer la coopération internationale contre le terrorisme.

Je lance donc, aujourd’hui, un appel solennel à l’ensemble de la communauté internationale pour qu’elle se joigne à ce combat.

Nous devons aussi réagir sans faiblesse au défi du crime organisé, en étant conscients qu’il sait utiliser au mieux les possibilités ouvertes par la libéralisation des échanges.

Car c’est le fondement même de nos sociétés et de nos institutions qu’il met aujourd’hui en danger.

Pour endiguer ce phénomène, la coopération internationale est indispensable.

La France, poursuivant la voie tracée par la présidence canadienne, a élaboré avec ses partenaires du G7 et la Russie, un corpus de recommandations juridiques et opérationnelles, propres à renforcer l’efficacité de la lutte contre ce fléau.

Elles devraient guider en particulier l’action des États les plus concernés par la criminalité transnationale organisée.

La France vient de renforcer sa législation financière contre le blanchiment des capitaux.

Tous les États devraient accorder une attention particulière à ce phénomène, qui constitue l’une des formes du crime organisé les plus difficiles à contrer.

L’un des aspects les plus abominables de ce crime organisé est celui qui vise nos enfants.

Nous venons de tenir à Stockholm un sommet mondial destiné à lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants. C’est bien. Mais ce n’est pas suffisant. Chacun doit maintenant prendre l’engagement de mettre en œuvre des mesures effectives et d’application immédiate. Je supplie tous les États ici représentés, d’agir vite et avec détermination dans ce domaine qui, plus que nul autre, engage notre avenir. Soyez assurés de la volonté politique de la France.

La drogue, enfin, constitue aujourd’hui une menace redoutable, en raison des ravages qu’elle provoque dans la jeunesse.

La coopération internationale doit être sans faille. Les pays producteurs et consommateurs doivent reconnaître leur responsabilité partagée.

La communauté internationale doit donc continuer à mener des politiques convergentes pour la réduction de l’offre de substances illicites et la réduction de la demande.

L’Union européenne a choisi la voie de cette politique globale et a lancé des actions d’envergure, en étroite coordination avec les institutions internationales, en particulier avec le Programme spécialisé des Nations unies (PNUCID).

Enfin, la France soutient très fermement le projet de tenir une session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à la drogue en 1998.

Ces périls nouveaux n’effacent pas les défis traditionnels auxquels notre organisation doit faire face avec une vigilance soutenue et une fermeté inébranlable.

Le maintien de la paix reste la fonction centrale de notre organisation aux termes mêmes de la charte qui la fonde. La fonction des Nations unies pour apaiser les tensions, séparer les combattants, régler les conflits, reste fondamentale.

La palette des instruments disponibles se diversifie : aux forces classiques du maintien de la paix viennent s’ajouter des activités de consolidation de la paix, des actions de diplomatie préventive ou encore des conférences régionales (comme ce sera le cas bientôt, je l’espère, à propos de la situation dans la région des Grands Lacs).

Les sanctions constituent l’un de ces instruments : arme utile mais qui pénalise les populations, elle doit donc être utilisée avec prudence et mesure, obéir à des critères précis et être, j’insiste sur ce point, toujours limitée dans le temps.

Ce n’est qu’à ces conditions que les sanctions, nécessaires pour éviter parfois le pire, pourront continuer à être utilisées par notre organisation avec la légitimité voulue.

On ne peut évoquer les défis traditionnels à la paix sans parler des conflits régionaux d’aujourd’hui.

En Bosnie-Herzégovine, où mon pays a payé un lourd tribut, la France se réjouit que des élections, même imparfaites, aient pu se tenir. Il s’agit d’une étape essentielle du retour à la paix prévue par les accords signés à Paris en 1995.

Mais il reste à consolider la paix, à reconstruire les territoires dévastés, à encourager le retour des réfugiés, à reconstituer une société civile. À cette fin, la France a proposé un plan de consolidation pour l’action de la communauté internationale, avec un calendrier de deux années. C’est dans ce but que nous inviterons très prochainement, à Paris, une conférence internationale pour examiner et, je l’espère, adopter ce projet.

De la même façon, le processus de paix au Proche-Orient me semble se trouver à un moment crucial. Je veux exprimer, ici, mon inquiétude.

Certes, je crois ce processus irréversible. Mais je sais aussi la fragilité des acquis et l’urgence de solutions à long terme.

Nous sommes au milieu du gué.

Et je dis « nous » parce que ce processus ne concerne pas seulement Arabes et Israéliens, mais nous tous, qui sommes réunis ici.

Pour la France, la paix au Proche-Orient repose sur le dialogue entre partenaires égaux, dans le respect de l’identité de chacun, et sur le droit des peuples à la libre détermination de leur destin, à l’affirmation de leur indépendance et à la sécurité.

C’est pourquoi, je tiens à le souligner, la France considère qu’il n’y aura de paix durable dans la région, basée sur un échange de la terre contre la paix, que si sont respectés le droit à l’autodétermination du peuple palestinien et ses aspirations légitimes à disposer d’un État.

Nous pensons qu’un accord juste et équilibré entre Israéliens et Palestiniens ne peut pas éluder les questions de Jérusalem, des réfugiés et des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens

Une paix durable suppose enfin qu’Israël soit assuré de vivre dans des frontières sûres et reconnues.

La France considère que le retrait total du Golan contre une paix totale constitue la base d’un accord entre la Syrie et Israël. Et que le Liban doit recouvrer une souveraineté pleine et entière sur l’ensemble de son territoire.

La France entend, sur ces bases, se montrer plus présente et plus active que jamais au Moyen-Orient, avec lequel elle entretient des relations anciennes et étroites. Elle mènera cette politique en étroite concertation avec ses partenaires de l’Europe. L’Europe, au demeurant, doit trouver aux côtés des deux co-parrains du processus de paix, une place à la mesure de la contribution majeure qu’elle apporte au développement de la région.

Si nous nous efforçons de construire la paix dans les zones de crise, nos efforts ne sont pas moins ambitieux à l’échelle du continent européen tout entier. En édifiant, pas à pas, un ouvrage que nous appelons « l’architecture de sécurité », c’est en réalité un pilier de paix que nous souhaitons offrir à la communauté internationale.

La France apporte une contribution essentielle à l’instauration, sur le continent européen, d’une sécurité globale qui ne laisse personne « sur le bord du chemin ».

La construction de la paix en Europe a commencé par la construction des institutions européennes. Elle se poursuit par l’approfondissement de l’Union. La Conférence intergouvernementale représente une étape décisive de ce processus qui annonce celui de l’élargissement, crucial pour la stabilité et la prospérité du continent.

La France souhaite que l’Union aille plus loin encore, en donnant corps à l’identité européenne de sécurité et de défense. C’est dans ce but que nous souhaitons le renforcement de l’union de l’Europe occidentale et son rapprochement progressif de l’Union européenne.

L’identité européenne passe aussi par la rénovation de l’Alliance atlantique. La France, après avoir franchi un pas décisif, travaille aujourd’hui activement, de concert avec ses alliés, à l’adaptation des structures. Celle-ci doit permettre l’émergence, au sein de l’Alliance, d’une véritable identité européenne de sécurité et de défense et rendre possible en pratique l’utilisation par l’UEO, et donc par l’Union européenne, des moyens de l’Alliance, pour une action militaire que les Européens décideraient d’engager.

Cette rénovation est aussi la clé du processus d’élargissement de l’Alliance, auquel la France apporte son concours. Cet élargissement doit naturellement s’accompagner d’un dialogue et d’une coopération approfondis avec la Russie.

Troisième et dernier volet de cet édifice : l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), seule enceinte de sécurité où tous les États européens soient représentés sur un pied d’égalité. C’est à ce titre que la France estime nécessaire son renforcement. Elle souhaite que le sommet de Lisbonne soit l’occasion de progresser vers l’élaboration d’une charte ou d’un traité liant tous les États du continent.

Des échéances importantes nous attendent donc sur ce chemin que nous nous sommes tracé : en décembre, le sommet de l’OSCE et l’année prochaine le sommet de l’OTAN.

Ce dernier, devrait réunir l’ensemble des États européens pour une « journée paneuropéenne » qui fasse la démonstration de la communauté d’intérêts de sécurité de tous les pays du continent, y compris la Russie, et des alliés nord-américains, dont le rôle pour la sécurité européenne reste déterminant.

Voilà notre ambition pour une Europe de la sécurité ne laissant personne en dehors et qui soit plus sûre et plus stable pour l’ensemble de la communauté internationale.

II.  Des valeurs communes à la planète

Monsieur le Président,

Dans ce monde en pleine mutation, il revient à l’ONU de faire émerger les valeurs communes qui fonderont la civilisation du 21e siècle.

C’est grâce à son action que nous espérons bâtir un monde plus sûr et moins dur pour ses habitants.

Et d’abord, un monde d’où s’éloignerait le spectre d’une guerre nucléaire.

Pendant des années, l’interdiction complète des essais nucléaires a été un vœu des opinions publiques, un espoir, un projet certes estimable, mais que bloquait la réalité de l’affrontement Est-Ouest.

La France se réjouit de la signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, que j’ai eu moi-même l’honneur de signer hier.

Ce traité représente, en effet, un tournant majeur pour les équilibres stratégiques dans le monde.

Il met un terme à la possibilité pour les États nucléaires de développer de nouveaux types d’armes nucléaires et il apporte une contribution déterminante à la lutte contre la prolifération des armes nucléaires.

Il ouvre ainsi la voie à un monde plus stable et plus sûr, qui cessera d’être hanté par le double danger de la course aux armements nucléaires et de la prolifération de ces armes.

Il est une deuxième évolution qui me paraît remarquable : la consécration des droits de l’homme comme principe majeur des relations internationales. Et l’ONU est au cœur de cette mutation.

Je voudrais, à cet égard, saluer le travail remarquable accompli par la Commission des droits de l’homme.

Dans des circonstances souvent difficiles, avec pragmatisme et ténacité, celle-ci a poursuivi son patient effort d’éveil des consciences, de mobilisation des énergies et de promotion concrète du droit.

Notre but ne doit pas être de prononcer des excommunications ou des mises à l’index, généralement sans effet. Il s’agit, dans le respect des différences, de promouvoir la protection des personnes et le progrès du droit.

Je voudrais aussi réaffirmer la volonté de la France de voir punir les crimes contre l’humanité. La condamnation qu’ils appellent ne saurait souffrir d’exception.

La France avait, avec d’autres, pris l’initiative de proposer la création du Tribunal pénal international et du Tribunal international pour le Rwanda.

Je tiens à réitérer l’expression du soutien sans réserve de la France à leur œuvre fondatrice et de son appui pour qu’ils puissent accomplir complètement leur mandat.

Enfin, la France se réjouit que les fondements ainsi posés aient conduit à l’accélération des débats en vue de la mise en place de la Cour criminelle internationale que nous appelons de nos vœux.

Il est d’autres grands chantiers pour lesquels la réflexion doit s’engager.

À l’heure où circulent avec une vitesse accrue les travailleurs, l’argent, les usines, les commerces, il est essentiel de développer le dialogue entre les partenaires de la vie économique.

Il constitue, en effet, la seule base solide pour construire une protection sociale préservant les intérêts de tous sans nuire à la croissance des économies.

Le 50e anniversaire de l’OIT a ainsi permis de rappeler le rôle crucial de cette organisation dans la définition de ces normes minimales sans lesquelles le monde économique n’est qu’une vaste jungle.

Mais l’universalité ne doit pas conduire à l’uniformité.

La définition de valeurs communes, acceptées par tous, passe par le respect des identités qui fondent les cultures du monde.

Ainsi nos valeurs s’imposeront avec d’autant plus de force qu’elles s’exprimeront dans toutes nos langues respectives.

Nous nous réjouissons donc que l’Assemblée générale ait adopté l’an dernier, à une très large majorité, une résolution sur le multilinguisme.

Nos civilisations, nos langues, nos cultures, héritées d’une histoire souvent mouvementée mais d’une richesse irremplaçable, sont un patrimoine précieux pour l’humanité.

L’importance que mon pays attache à la francophonie traduit sa volonté de préserver la spécificité et la richesse d’un regard profondément original, porté sur le monde par plusieurs centaines de millions de personnes.

Nous n’y renoncerons pas.

La recherche d’une nouvelle éthique mondiale ne se limite pas aux droits humains, elle couvre l’ensemble de la vie internationale.

Depuis 1945, le commerce international a été un puissant facteur de croissance, contribuant largement à l’expansion des économies industrialisées et au succès des pays dits « émergents ».

Mais il nous faut, là aussi, des règles du jeu agréé à l’échelle universelle pour développer et réguler les échanges, assurer leur loyauté et prévenir les comportements unilatéraux.

Je voudrais évoquer, ici, les dangers de l’unilatéralisme. Unilatéralisme : derrière ce mot technocratique, se cache la tentation qui rôde autour de nous d’imposer la loi du plus fort aux dépens du dialogue et de la négociation.

La France et l’Europe n’acceptent pas qu’un pays, fut-il le plus puissant, tente de réguler seul le commerce mondial par des décisions ayant une portée extraterritoriale.

L’OMC ne le permet pas et personne ne doit douter de la fermeté des réactions françaises et européennes au cas où de telles mesures seraient effectivement mises en œuvre.

III.  Mondialisation et développement

Monsieur le président,

La mondialisation de l’économie et la libéralisation des échanges et des investissements ouvrent des perspectives sans précédent.

Mais nous devons prendre garde à ne pas se laisser se creuser le fossé entre les nations qui commercent, investissent, tirent profit de cette nouvelle donne et celles qui restent à l’écart de cette prospérité nouvelle.

Chaque nation est responsable d’elle-même et doit créer, par la rigueur de sa gestion publique et le respect de ses règles de droits, les meilleures conditions pour libérer l’initiative privée, facteur de progrès économique et social.

Mais je ne crois pas que l’on puisse confier aux seules forces du marché le soin d’assurer le développement des nations les plus pauvres.

Là encore, les Nations unies ont un rôle essentiel à jouer.

À leurs côtés, les États les plus riches doivent affirmer concrètement leur solidarité : active et efficace, elle doit aider les pays en développement, sans se substituer à eux.

Alors que s’annonce un nouveau siècle, la pauvreté et l’exclusion ne peuvent pas constituer les seules perspectives des deux tiers de l’humanité.

Pour sa part, la France ne l’acceptera pas.

Cet engagement concerne en particulier l’Afrique, où s’ouvrent aussi de réelles perspectives de progrès.

L’Afrique s’est engagée avec courage et persévérance dans la voie de l’ajustement et du redressement, qui lui permettra de se réinsérer dans les grands flux d’échanges mondiaux.

Pour la première fois depuis longtemps, l’Afrique a connu ces deux dernières années, une croissance de l’ordre de 5 %, supérieure à la croissance démographique pourtant très forte. C’est un signe rassurant, imputable aux efforts accomplis par les États africains eux-mêmes.

Ils ont su réduire les déficits publics, établir des parités monétaires réalistes, ouvrir leurs marchés, s’engager sur la voie de l’intégration régionale et de la démocratisation.

Ces progrès, qui résultent de réformes structurelles, nous paraissent justifier notre confiance.

La France croit en l’avenir de l’Afrique.

Encore faut-il que l’aide publique au développement soit maintenue et renforcée.

La France a multiplié les initiatives en ce sens au sein de l’Union européenne comme à la Banque africaine de développement, à l’AID et au FMI.

Tout récemment encore, au sommet des pays industrialisés de Lyon, mon pays a réaffirmé la nécessité d’augmenter l’aide aux pays les plus pauvres pour que soit accordé un traitement plus généreux de la dette et que soit défini un nouveau partenariat global entre les pays en développement et les institutions multilatérales.

Dans ce contexte mondial nouveau, nous devons nous interroger sur les progrès que l’ONU doit accomplir pour être en mesure d’assumer ses responsabilités pour le prochain siècle.

La France approuve les discussions en cours, en vue d’améliorer la représentativité du Conseil de sécurité, s’agissant en particulier de l’Allemagne, du Japon et des États du Sud.

De même, l’organisation est engagée, sous l’impulsion décisive du Secrétaire général, dans un vaste effort de réforme des structures, dont les premiers fruits apparaissent.

Il ne s’agit pas de tout bouleverser, mais de mettre chaque institution en mesure d’apporter, dans son domaine, une contribution utile à l’œuvre collective.

C’est d’ailleurs pourquoi les membres du G7 ont proposé de réinjecter dans des projets de développement, les sommes économisées grâce aux réformes.

La France souhaite qu’aboutisse vite la réforme du secteur économique et social des Nations unies pour renforcer la cohérence d’ensemble de l’Organisation. À cette fin, il faudrait notamment mieux définir les rôles et mandats des agences et commissions spécialisées et éliminer les gaspillages ou doubles emplois.

Ces propositions sont dictées par le seul souci d’aider les Nations unies à mieux remplir leur mission de lutte contre la pauvreté et l’exclusion à l’échelle mondiale.

S’agissant du budget de l’ONU, beaucoup d’entre nous sommes inquiets face à la crise financière qui risque de paralyser les Nations unies.

L’Union européenne a fait des propositions concrètes pour sortir de cette crise.

Il appartient à présent à tous les États qui ont laissé s’accumuler des arriérés de prendre leurs responsabilités.

Monsieur le président,

Quoique certains puissent en dire, l’Organisation des Nations unies demeure une de nos principales chances de construire un monde meilleur. Ne la gâchons pas.

Je vous remercie Monsieur le président.