Texte intégral
- Que reprochez-vous à la concession signée en avril 1995 par l’État avec le Consortium du Stade de France ?
Cette concession a été signée par le gouvernement d’Édouard Balladur entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1995. Son contenu fait prendre beaucoup de risques à la partie publique.
Une clause prévoit ainsi qu’en cas d’absence de club résident au stade, l’État doit verser au Consortium un dédommagement de 50 millions de francs les deux premières années, et de 68 millions de francs à partir de l’année suivante. C’est déjà une raison suffisante pour inciter et encourager toutes les initiatives pour la présence d’un club résident. Puisque de l’argent public est investi, je préfère qu’il serve à développer le sport plutôt qu’à combler un déficit.
- Vous excluez donc, comme l’a suggéré Patrick Braouezec, le maire communiste de Saint-Denis, de nationaliser le stade ?
Je crois que la position du maire de Saint-Denis a le mérite de montrer que cette concession n’est pas une rente à durée indéterminée ! Si l’État s’engage comme il le fait, il est en droit d’attendre de l’exploitant qu’il crée les meilleures conditions pour accueillir le plus grand nombre d’événements sportifs et culturels et pour l’arrivée d’un club résident. C’est cette voie d’un bon sens partagé qui a permis d’établir des relations constructives entre le ministère et le Consortium.
- Où en est-on dans, la recherche du club résident ?
Dès que cette question s’est posée, l’évidence désignait le Paris-Saint-Germain. Parce que c’était le chemin le plus court pour donner au Stade de France une équipe de haut niveau, un public, et de très belles affiches. Pour le moment, la direction du PSG n’a pas fait ce choix. En tout état de cause, la possibilité d’avoir un deuxième grand club de football en région parisienne se pose depuis plusieurs années. Aujourd’hui, avec ce nouveau stade au cœur de la banlieue Nord, créer un deuxième club est devenu une obligation. Ce n’est pas l’État qui va le créer, mais je crois que nous pouvons mobiliser les énergies autour de ce projet.
C’est pourquoi j’organiserai, avant la fin février, une table ronde avec la Fédération française de football, la ligue nationale, le Consortium et les collectivités concernées. Cette initiative peut porter un message fort. Un appel à construire un club qui s’identifiera à cette banlieue Nord que je connais bien, et qui s’appuiera sur un potentiel humain extraordinaire.
Lorsque nous parlons de rentabilité du Stade de France, il faut d’abord parler de rentabilité sociale. La réussite de ce très beau vaisseau dépend en grande partie de son appropriation par la population.
- Envisagez-vous une double résidence ?
Avec un tel équipement, tout est possible. Dans plusieurs villes d’Europe, à commencer par Milan, deux clubs se partagent le même stade. La présence d’un club résident n’est pas incompatible avec l’utilisation du stade par un autre club, dans une relation contractuelle différente.
- L’État doit toutefois aider le Stade de France si le club résident n’attire pas assez de spectateurs, comme c’est probable avec le Red Star, voire Saint-Denis-Saint-Leu ?
C’est vrai. Et c’est bien pourquoi cet argent public doit avoir une utilité sociale, en contribuant à faire vivre un stade dans une relation très forte avec son environnement. Vous avez cité deux clubs. D’autres ont fait acte de candidature. Encore une fois, ce n’est pas le ministre qui choisira, la seule chose dont je suis convaincue après avoir recueilli beaucoup d’avis, c’est que ce club résident peut vite prendre vie et accéder à la première division.
- Seules deux fédérations sportives ont signé une convention avec le Consortium du Grand Stade qui possède aussi une piste d’athlétisme…
Le football et le rugby ont signé. Même si je sais que leurs rapports avec le Consortium sont toutefois difficiles. Je crois que la relation entre un stade et une fédération sportive ne peut pas être de fournisseur à client. Il faut que cela évolue. Le climat de critique négative systématique qui entoure trop souvent le Stade de France ne permettra pas d’avancer. Personne n’y gagnera. Pour ce qui est de l’athlétisme, nous allons travailler, avec la Fédération et le Consortium, à créer toutes les conditions d’une candidature aux Championnats du monde de 2001 ou 2003. Nous sommes encore dans les délais.