Texte intégral
Journal du dimanche - 29 septembre 1996
JDD : Alors qu’au mois d’août à Hourtin, Philippe Douste-Blazy se bornait à évoquer le « regroupement » entre Arte et la 5ème (il n’avait pas encore l’accord des partenaires allemands pour en dire plus), c’est désormais de « fusion » qu’il s’agit. Le ministre de la culture l’annonce au JDD.
Douste-Blazy : C’est bien le terme de fusion qui figurera dans le texte de loi que je présenterai fin octobre en conseil des ministres. Le vote du Parlement devrait intervenir au printemps.
JDD : Pourquoi fusionner ?
Douste-Blazy : Je sui le garant de l’avenir des chaînes publiques. Face aux contraintes budgétaires, le risque existe d’en voir certaines disparaître. Ce que je refuse. Unir la chaîne culturelle franco-allemande et celle, française, du Savoir – elles émettent déjà sur le même réseau – est une démarche cohérente. Il n’y a pas de culture sans connaissance ni apprentissage. Cette fusion permet de multiplier les échanges et les productions entre ces deux programmes, ce qu’on n’a guère vu jusqu’ici malgré mes encouragements.
JDD : On va parler de nouveaux bouleversements…
Douste-Blazy : Il s’agit d’une restructuration de l’audiovisuel publique en deux pôles. D’un côté, des chaînes grand public avec France 2 et France 3, dont la vocation régionale va se développer. De l’autre, une « télévision de l’offre », plus forte, mieux rationalisée, une expérience unique en France.
JDD : Quelle économie permet cette fusion ?
Douste-Blazy : 150 Millions de francs par an, grâce à la rationalisation des structures.
JDD : Comment avez-vous convaincu les partenaires allemands d’Arte ?
Douste-Blazy : Arte est né d’un traité entre nos deux pays. Ses termes seront respectés. Tout comme la fusion garantira demain l’indépendance éditoriale d’Arte. Dès lors, nos partenaires – qui sont attaché à cette chaîne mais ont la même volonté que nous de la voir évoluer – ont accepté cette fusion. Un article intéressant vient de paraître à ce sujet dans la presse allemande*…
JDD : Où en est le projet de restructuration l’audiovisuel extérieur ?
Douste Blazy : C’est un grand dossier sur lequel travail le Quai d’Orsay avec Hervé de Charrette et le ministère de la culture. Il faut élargir le périmètre de notre action audiovisuelle à l’étranger, le rendre plus puissant. TV5 et Canal France International existent et font des efforts. À partir du 5 octobre, TV5 diffusera ainsi chaque samedi soir une soirée de cinéma français sur les réseaux câblés américains. Mais nos initiatives éclatées ne peuvent rivaliser, pour l’information comme pour les achats de droits, avec la puissance à l’étranger de BBC World ou de l’Allemagne. Pour diffuser la voix et l’image de la France, nous adosserons désormais notre action extérieure sur France Télévision. Comme BBC World est adossé à la BBC. Il a été décidé que France Télévision prendra 60 % de France Télévision Internationale qui fédérera et conduira l’audiovisuel extérieur.
* Dans ce même article, la Süddeutsche Zeitung plaide pour le maintien du français Jérôme Clément à la présidence d’Arte alors que, selon le principe d’alternance, il devrait laisser son poste en décembre à l’allemand Jörg Rüggelberg…
(Manque interview dans Le Point du 21 septembre 1996)