Interview de M. Alain Juppé, Premier ministre, dans "La Lettre du gouvernement" de septembre 1996, sur l'emploi et l'insertion professionnelle des jeunes, intitulé "Des réponses pour les jeunes".

Prononcé le 1er septembre 1996

Intervenant(s) : 

Média : La Lettre du gouvernement

Texte intégral

Q. : La question qui taraude un jeune aujourd’hui, c’est : quelle va être ma place dans la société ?

R. : Question qui obsède aussi le Gouvernement ! Ce qui le mobilise jour après jour, depuis un an, c’est bien de donner aux jeunes les moyens de réussir leur entrée dans la vie, dans un monde en pleine mutation.

Q. : L’avenir pour eux, leur préoccupation majeure, c’est un emploi.

R. : Dans notre pays, un jeune sur quatre ne trouve pas d’emploi dans un délai raisonnable ! Ce n’est supportable ni pour les jeunes, ni pour leur famille, ni pour la société. Aussi, tous les efforts du Gouvernement sont tendus vers cette priorité absolue : faire reculer le chômage des jeunes. Et nous avons fixé la barre très haute en nous engageant à favoriser 250 000 embauches supplémentaires dès cette année.

Q. : Est-ce la réalité ?

R. : Ce pari est en passe d’être tenu. Pourquoi ? Parce que nous avons ouvert le contrat initiative-emploi aux jeunes, rénové l’apprentissage, augmenté les aides à l’installation des jeunes agriculteurs, créé 100 000 emplois de ville – 25 000 dès cette année ! Tout cela, c’est concret, c’est en route, cela commence à se voir sur le terrain.

Q. : Mais l’État ne peut pas tout faire !

R. : Bien sûr que non. Le Gouvernement a fourni la boîte à outils. D’autres doivent s’en servir : les collectivités locales, les entreprises, les partenaires sociaux… C’est l’objet des « programmes régionaux pour l’emploi des jeunes ». La relance du dialogue social a débouché sur des accords qui favorisent l’embauche de nombreux jeunes.

Q. : Parvenir à insérer les jeunes dans le monde du travail suppose qu’ils y soient préparés…

R. : C’est tout l’enjeu d’un autre grand chantier : la réforme de l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, deux étudiants sur trois quittent la fac en premier cycle sans diplôme et restent sur le carreau. Notre devoir est de faire cesser ce gâchis. Objectif : donner à tous les jeunes une formation professionnelle avant qu’ils ne quittent le système éducatif.

Q. : Vaste programme, mais la traduction concrète de tout cela ?

R. : C’est une meilleure orientation dès le lycée. C’est la réorganisation des premiers cycles avec des possibilités de réorientation. Et puis, surtout, une réelle ouverture sur le monde de l’entreprise. Par des stages, par l’apprentissage, par la mise en place d’une grande filière technologique.

Q. : Cette réforme ne prendra-t-elle pas trop de temps ?

R. : Le temps de consulter et de dialoguer… Résultat, la réforme qui est en route est le fruit d’un consensus. Sa réussite, combinée à celle des mesures pour l’emploi, doit ouvrir des perspectives nouvelles.

Q. : Même pour ceux qui se trouvent dans les situations les plus difficiles ?

R. : Le Gouvernement doit se préoccuper de tous. Pour les jeunes des quartiers défavorisés, nous avons créé les emplois de ville. Nous encourageons l’inscription de clauses de « mieux-disant social » dans les marchés publics afin de favoriser leur embauche et leur formation, sur des chantiers par exemple. Le nouveau service national leur donnera l’occasion d’un bilan scolaire et socioprofessionnel.

Q. : Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes ?

R. : Que nous comptons sur chacun d’entre eux pour que notre pays continue de figurer parmi les grands de ce monde. Qu’avec nous, ils se battent pour gagner, comme nos athlètes l’ont si bien fait à Atlanta.

Ensemble, partageons l’avenir.