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La Tribune : La FSU a décidé de s'associer à la journée d'action proposée par la CFDT sur la réduction du temps de travail et la défense de l'emploi. Quelle revendication précise défendez-vous ?
Michel Deschamps : Notre revendication concerne la fonction publique. Il faut dans l'immédiat aboutir aux 35 heures par semaine sans toucher au salaire direct. Nous refusons l'annualisation des horaires car sinon il n'y aura pas d'effets sur l'emploi de la réduction du temps de travail. Nous proposons la suppression d'une partie des heures supplémentaires et leur transformation en emplois. Cette mesure permettrait dans notre secteur – l'éducation, la recherche et la culture – de dégager 30 000 emplois nouveaux par an, estimation basée sur les calculs du ministère des Finances.
La Tribune : Comment percevez-vous le climat social à l'heure actuelle ?
Michel Deschamps : Le mécontentement est très fort. Dans une atmosphère déjà tendue, la phrase d'Alain Juppé sur la « mauvaise graisse » de la fonction publique a touché au cœur des milliers de fonctionnaires. Elle a ruiné des mois d'effort du ministre de la Fonction publique Dominique Perben pour renouer le dialogue avec les syndicats. À la base, cette expression a été ressentie comme une claque, une provocation comme l'avait été la phrase d'Alain Madelin l'été dernier sur les « nantis ». Cela va laisser des traces profondes. Les gens sont touchés dans leur dignité, dans le sentiment qu'ils ont d'être utiles.
La Tribune : Au-delà de la réduction du temps de travail, thème central des manifestations prévues aujourd'hui dans toute la France, pensez-vous que cette journée d'action révèle une [mot illisible] plus générale des salariés face à l'avenir ?
Michel Deschamps : Nous constatons qu'aucun problème n'est réglé. L'emploi est menacé par les projets budgétaires de réduction d'effectifs dans la fonction publique. Dominique Perben vient d'indiquer que les arbitrages seraient rendus en juillet. La réduction du temps de travail est enterrée. La politique salariale est en panne. Il se confirme que le ministre de la Fonction publique, ne disposant d'aucun mandat de Matignon, ne pourra pas tenir son engagement d'ouvrir des négociations au printemps. Dans ces conditions, il est clair que le combat d'octobre reste entier. La façon lamentable dont a été réglée la fin du conflit de décembre avec le sommet manqué de Matignon a fait l'effet d'une douche froide aux salariés. Depuis, la dynamique s'est reconstruite.