Articles de M. Bruno Gollnisch, secrétaire général du Front national, dans "Français d'abord" des 1er et 15 avril et 1er et 15 mai 1996, intitulés "Lettre à un jeune Français de la classe 2002", "Immigration, manipulation : la grande démission de l’État", "Tchernobyl, Sida, Vaches folles : le Front avait raison", et "Black, Blanc, Beur : France qui rappe et banlieues qui dérapent".

Prononcé le 1er avril 1996

Intervenant(s) : 

Média : Français d'abord

Texte intégral

Français d'Abord : 1er avril 1996

Lettre à un jeune français de la classe 2002

Dans six ans, le service militaire aura cessé d'exister et avec lui la conscription en vigueur depuis les lendemains de la défaite de Sedan. Dans six ans, nous serons donc en 2002. Mais le jeune Français de la classe 2002 que vous êtes, sera hors classe.

Il n'y a, entre nous, jeune homme, que l'espace d'une génération. Mais à l'aube du troisième millénaire, tout se précipite, l'aéronautique et l'informatique semblent rapetisser la terre.

Pour ceux de ma génération, les souvenirs ne remontent pas à la guerre de 14-18, ni à celle de 39-45, mais à celle de l'Algérie, qui fut française, avant que la France ne devienne peu à peu algérienne. J'avais 20 ans en 1968 et je sais que cela vous paraît déjà très éloigné. Vous n'avez d'ailleurs pas tout à fait tort : en 1968, l'homme n'avait pas encore marché sur la Lune et le pouvoir en place était très contesté par les Français. Tout cela résumé en quelques mots, pour constater que d'une génération à l'autre, les préoccupations ne sont plus les mêmes.

Enjeu : la Nation

En 1968, la jeunesse désorientée (car nos valeurs traditionnelles étaient déjà sérieusement battues en brèche), fustige la société de consommation et se soucie du tiers comme du quart, de l'emploi qu'elle pense assuré pour toujours.

En 1996, l'emploi est devenu une obsession et le chômage ravage les portefeuilles comme les esprits. C'est la preuve sonnante et trébuchant que rien, en ce bas monde n'est jamais définitivement acquis. En l'espace d'une génération nous avons mis les gaz et décidément l'histoire avance plus vite que le T.G.V.

Qui aurait pensé en 1968, hors Soljenitsyne et quelques indécrottables anticommunistes d'Occident, auxquels je me flatte d'avoir appartenu, que l'empire communiste d'Union Soviétique s'écroulerait sur ses châteaux de sable et ses goulags de Sibérie ?

L'Histoire court si vite qu'elle nous a rattrapés et qu'elle est maintenant devant nous. Je crois pourtant discerner une différence de taille, dans la nature des générations qui nous ont précédé et la vôtre, c'est celle de la Nation. Dieu sait que depuis Clovis, la France a connu des régimes successifs, des coups d'État, des révolutions sanguinaires, des occupations étrangères. Mais la France était un moule, et les survivants de ces révolutions, de ces guerres souvent fratricides, avaient en commun la certitude d'appartenir à une communauté de destin. Aujourd'hui tout semble remis en cause.

À l'horizon si proche du 1er janvier 1999, au plus tard de 2002 (décidément cette date paraît butoir) la monnaie unique européenne devrait avoir raison de la monnaie française, du Franc.

Or jeune homme, il faut que vous le sachiez, une nation, c'est un État, une Monnaie, une Défense. Et les mondialistes qui nous gouvernent et qui à ce jour se parent du manteau européen ont décidé de liquider la monnaie, d'annihiler notre défense et de soumettre l'État, ses institutions et ses assemblées au diktat de Bruxelles et au traité de Maastricht. C'est le danger le plus imminent qui guette la Nation Française.

Le second réside dans la courbe démographique et le changement de population sur notre terre de France. Charles Martel arrêtait les Arabes à Poitiers en 732, l'Espagne catholique allait attendre 1492 pour se libérer totalement de l'occupation des Maures.

Voilà qui devrait nous faire réfléchir.

Tout va très vite

En 1962, la France ne comptait que 400 000 Nord-Africains, à ce jour la religion musulmane est en nombre ; la seconde dans notre pays et compte potentiellement 5 millions d'âmes. Je ne suis pas mathématicien, mais vous en conviendrez, tout va très vite…

C'est pourquoi jeune homme, vous qui aurez 20 ans en 2002 devrez rapidement prendre les choses en main et vous engager corps et âme dans le combat pour la survie de la Nation française, avant qu'il ne soit trop tard. Vous qui possédez, encore, un coeur pour l'action et un esprit qui veut rester libre je vous y engage et je sais que vous trouverez au Front National les valeurs sûres qui font défaut à notre société.

Celle de la famille, cellule indispensable à l'épanouissement du petit homme, celle du métier auquel vous avez droit, mais que les experts triomphants de la pensée unique et du mondialisme veulent remettre en cause, avec pour justificatif les critères qui régularisent l'économie mondiale, dont ils sont les tenants et dont nous sommes les victimes.

Et enfin la Patrie, qui est d'abord pour nous la terre de nos pères et de nos mères et non celle de populations venues d'ailleurs et qui ne partagent ni nos coutumes, ni nos moeurs, ni notre religion, ni même notre langue.

À vous, jeune homme de la classe 2002 et très sincèrement, parce que très éloigné des préoccupations politiciennes des hommes qui nous ont conduit là où nous sommes, j'adresse ces quelques mots comme on jetait jadis une bouteille à la mer. Une lettre, qui se veut un SOS, mais aussi et finalement un message d‘espoir, puisque, comme le disait en 1963 ce jeune officier français assassiné pour avoir trop étreint son pays : « selon notre conception occidentale et chrétienne, ce qui compte, ce qui fait l'Histoire c'est la volonté des Hommes ».


Français d'Abord : 15 avril 1996

Immigration-manipulation - La grande démission de l'État

L'occupation récente de l'Église Saint-Ambroise par 300 africains clandestins a donné lieu à une campagne médiatique sans précédent. Les manipulations n'ont pas manqué. En vedette comme toujours M. Pierre Groues dit l'Abbé Pierre, un drôle de paroissien, en vérité…

À 84 ans, M. Pierre Groues dit l'abbé Pierre continue ses gesticulations en tous genres.

Né dans le coton ou plutôt dans la soie, puisque fils d'un riche soyeux Lyonnais, sa vocation ecclésiastique ne l'a pas empêché d'être un homme politique élu à l'Assemblée Constituante en 1945 et réélu en 1946 comme député de la Meurthe-et-Moselle. Là, il joua un rôle qui n'a rien à voir avec la charité chrétienne, défendant à plusieurs reprises des lois d'exceptions et la politique d'épuration. (On apprend même à la lecture de Rivarol du 3 octobre 1989, qu'il refusa de voter la loi du 9 février 1949 accordant le bénéfice de l'amnistie aux mineurs de 21 ans).

Compagnon de route

Compagnon de route de l'extrême gauche, il a pris en 1983, la défense de Vanini Mulinaris, brigadiste réfugié en France et professeur d'Italien à l'école Hypérion de Paris (institut qui avait été désigné dans les journaux italiens comme le quartier général parisien des Brigades Rouges. Un institut - nous explique l'excellent dictionnaire « Le Ratier » présidé à l'époque par la propre nièce de l'Abbé Pierre, Madame Françoise Tuscher).

Depuis 1983 d'ailleurs, l'Abbé Pierre, après une longue éclipse, est revenu sur le devant de la scène à la faveur de la Nouvelle Pauvreté qui mit fin aux trente glorieuses et symbolisera le retour des socialistes.

Cette attirance pour l'extrême gauche révolutionnaire ne s'est jamais démentie depuis. Ainsi on notera que celui qui passe aujourd'hui pour son fils spirituel, Jean-Baptiste Eyraud, (président de l'opération de la rue du Dragon) n'est autre qu'un ancien sympathisant maoïste. On notera encore que ses récentes positions en faveur de M. Garaudy s'expliquent par une amitié de plus de quarante ans avec l'intellectuel communiste.

L'abbé Pierre qui a repris gratuitement à son compte tant de calomnies sur le prétendu racisme du FN se trouve aujourd'hui dans le collimateur de la presse pour le seul crime d'avoir soutenu son ami Garaudy, au moment où celui-ci fait l'objet d'une procédure diligentée par la police de la pensée. Garaudy coupable d'avoir parlé d'Israël autrement que pour en dire du bien, l'abbé Pierre coupable d'avoir parlé de Garaudy autrement que pour en dire du mal. Nouvelle illustration de la fable de l'arroseur arrosé.

L'arroseur arrosé

Le 18 mars dernier, l'occupation de l'Église Saint-Ambroise par 300 africains sans papiers, était organisée par les amis de l'abbé : Jean-Baptiste Eyraud, Jean-Claude Amara, de Droits-Devant, satellite de Droits aux Logements ainsi que le Comité des sans-logis. Une occupation comme l'explique J.-C. Buisson dans le Figaro-Magazine qui ne doit rien au hasard ni à la spontanéité. Une opération commando avec éruption massive dans un lieu choisi à l'avance avec la présence simultanée de spécialistes de l'agit prop, l'arrivée rapide des médias audiovisuels, toujours en quête d'images spectaculaires etc.).

On connaît la suite : l'expulsion des Africains à la demande de l'Église, les attaques contre le Cardinal Lustiger, la mobilisation du banc et de l'arrière banc de la gauche et de l'extrême gauche : PS-PCF – Mrap, SOS Racisme, Unef-ID, Syndicat de la magistrature et j'en passe, avec au paroxysme de la crise, l'accueil des Africains dans les locaux de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) de Krivine.

Que sont devenus les 300 clandestins ? 250 d'entre eux sont retournés dans la nature. Il suffit que les organisations révolutionnaires se mettent en branle pour que le gouvernement français cède, ce qu'il a fait en la personne du Premier Ministre Juppé recevant le Cardinal Lustiger et l'abbé Pierre pour mieux parachever sa démission. La grande démission de l'État.

La nouvelle diversion

Aux dernières nouvelles, la Commission Parlementaire sur l'immigration clandestine, présidée par le député UDF, Phillibert tente par des propositions sécuritaires de limiter les dégâts provoqués par la nouvelle reculade gouvernementale. C'est bien entendu du « pipeau ». On sait déjà que le Conseil Constitutionnel se chargera de la repousser. Que la baudruche Pasqua y est hostile, que le secrétaire d'État Emmanuelli (homonyme du très vertueux ancien secrétaire général et trésorier du Parti Socialiste) les combattra tout comme le député RPR, Borotra.

Une seule explication « aux travaux » de cette Commission parlementaire : la peur engendrée dans les rangs majoritaires RPR-UDF par la montée en puissance du Front National.

Collaborateurs de la nouvelle occupation étrangère, ceux qui nous dirigent n'ont rien à envier aux dirigeants de la gauche. Devant la grande démission de l'État en matière d'immigration, seul le Front National en 1998 sera porteur d'espoir pour des Français dont le sentiment de lassitude et de ras le bol ne fait que grandir.

Nos compatriotes sont aux limites de l'exaspération. Ils se tournent vers un Front National pour lequel le retour des immigrés clandestins dans leur pays doit être systématique et organisé de façon humaine, certes, mais drastique et définitif.


Français d'Abord : 1er mai 1996

Tchernobyl, sida, vaches folles - Le Front avait raison

« Comme d'habitude » dit la chanson, Comme d'habitude, le Front National avait prévenu le premier, et avait raison avant et contre les autres sur les trois grandes catastrophes de Tchernobyl, du sida, et de l'encéphalopathie spongiforme (plus connue sous le nom de « maladie de la vache folle »).

Rien n'y fait. Les avertissements répétés du Front National à travers les interventions de son président Jean-Marie Le Pen, ou des membres de ses groupes parlementaires à l'Assemblée Nationale (1986-1988) ou au Parlement Européen n'ont provoqué qu'indifférence ou mépris, sarcasmes et indignations de la classe politique. Ces trois catastrophes n'ont pourtant rien de naturel.

Elles sont toutes due à la folie de l'homme, à ses déviances, et ont en commun de menacer par leur ampleur la santé publique et l'avenir même de l'espèce humaine.

Tchernobyl

Tchernobyl : Dès 1979, Jean-Marie Le Pen a dénoncé le « Tout Nucléaire » décidé en France sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, dont l'épouse était-ce bien l'effet du hasard ? était actionnaire de la société Framatone.

À cette époque, le Front National publie une première brochure de sa commission scientifique, intitulée « Problèmes Énergétiques et Solutions Écologiques » ?

Très vite, Jean-Marie Le Pen avec ce don de prévoyance qui est une des qualités essentielles des grands hommes d'État, a pressenti le danger.

Dès le 24 novembre 1983, il déclare dans « Présent » : « le taux de défense de la population (française) particulièrement en cas de guerre nucléaire, biologique ou chimique atteint glorieusement 0,1 % ! Les abris se résument à ceux de Taverny, de l'Élysée, de l'Assemblée Nationale, du Sénat et du parti communiste. »

Le 8 mai 1984 à Dijon, lors de la première campagne victorieuse des européennes, il consacre l'essentiel de son discours à cette menace nucléaire qui pèse sur la France et dont nos gouvernants ne se sont jamais préoccupés. En 1986, le drame de Tchernobyl allait démentir les propos lénifiants de tous ceux qui prétendaient, contre le président du Front National, que les risques d'un accident étaient nuls. Dix ans après cette catastrophe, la Communauté Internationale reste impuissante, et une dizaine de centrales nucléaires de l'ex union Soviétique sont répertoriées par les scientifiques comme comportant autant de menaces que celle de Tchernobyl.

- Le Sida – C'est en 1987 à l'Assemblée Nationale d'abord, puis à « L'Heure de Vérité » que Jean-Marie Le Pen met les « pieds dans le plat » et parle au grand jour de l'épidémie ! J'estime que, depuis sans doute plusieurs siècles, le monde n'a pas eu à faire face à une tragédie de cette importance et que, malheureusement il y a très peu d'hommes politiques qui ont les qualités de prévoyance nécessaires pour la sauvegarde de leur peuple. Le Pen dénonce alors les pratiques sexuelles particulièrement dangereuses… On se souvient de Mme Barzach, alors ministre de la Santé de Chirac, s'indignant et déclarant : « le Sida n'est pas une épidémie ».

On connaît le reste, l'affaire du sang contaminé sous le gouvernement Fabius, les collectes de sang dans les prisons (auprès d'une population particulièrement contaminée) qui ont continué sous le gouvernement Chirac jusqu'en décembre 1986. Le crime de Le Pen et des parlementaires du Front National fut alors de révéler la vérité de ce qui devait rester caché sous le boisseau et de dénoncer les hommes politiques qui se sont rendus coupables d'une telle infamie.

La maladie de la vache folle

La panique consécutive à l'affaire dite des vaches folles est la cause d'une perte d'exploitation dramatique pour nombre de boucheries et d'éleveurs français. Là encore, tout était parfaitement prévisible et aurait très bien pu être évité. Il s'agit là encore d'un scandale politique comparable à celui du sida. Car cela fait des années, au sein du Parlement Européen que le Groupe Parlementaire présidé par Jean-Marie Le Pen a demandé que l'on prenne les mesures nécessaires, en interdisant l'importation de bovins venant de Grande-Bretagne, en informant sérieusement le public et en garantissant la qualité de la viande française. Par la voix de notre collègue Jean-Claude Martinez, ce groupe a attiré l'attention, en séance plénière du 11 septembre 1990, sur les risques de transmission à l'homme de l'encéphalopathie spongiforme bovine, dont les symptômes sont analogues à ceux de la maladie dite « tremblante du mouton » et à ceux de la maladie Creutzfeld-Jacob qui frappe l'homme.

J.-C. Martinez précisait : « de quoi s'agit-il ? on ramasse chaque année 9,03 millions de tonnes de cadavres d'animaux. Rien que pour mon pays, la France, on ramasse 1,89 million de tonnes de cadavres d'animaux. Que fait-on de ces cadavres d'animaux, moutons ou autres ou déchets d'abattoirs ? On fabrique des farines (il se trouve que jusqu'au début des années 80 on fabriquait ces produits en broyant des carcasses et en les faisant cuire à une température qui était supérieure à 160 degrés. Les britanniques, pour des raisons de rentabilité et d'efficacité, afin d'éviter que la qualité nutritive soit diminuée, ont décidé d'abaisser la température à laquelle on faisait cuire ces farines, jusqu'à 120 degrés au lieu de 160. Voilà pourquoi votre vache est malade… ».

Tout était dit, mais là encore les avertissements solennels n'ont suscité que le mépris et le sarcasme. Aujourd'hui, on agit donc dans la panique et la précipitation. Le gouvernement anglais, jusqu'ici hostile à la politique agricole commune, exige maintenant que l'Europe paye pour ses propres fautes. Contrairement aux autorités écossaises, les autorités anglaises sont pourtant pleinement responsables d'avoir négligé les avis scientifiques et d'avoir toléré la poursuite de la vente des farines fabriquées à partir de carcasses et de déchets par les multinationales anglo-américaines de l'agro-alimentaire. Le gouvernement français a accepté de contribuer à financer l'abattage du bétail anglais à hauteur de 70 %. Un comble, car ce n'est pas au contribuable français à payer pour les fautes du gouvernement britannique.

L'idéologie du mélange

Il ressort de ces trois catastrophes, que c'est le comportement idéologique des hommes politiques qui nous dirigent qui fait que nous n'avons pas été entendus. Sur Tchernobyl et le nucléaire, parce qu'il ne fallait pas toucher aux sacro-saints intérêts de l'ex Union Soviétique, pour le sida parce que la décadence morale et la permissivité sexuelle sont des tabous auxquels il ne faut pas toucher sous peine de s'attirer les foudres des lobbies homosexuels. Enfin sur la vache folle, parce que nous remettrions en cause les lobbies multinationaux de l'agro-alimentaire, premiers profiteurs de l'Europe de Maastricht, de la PAC, et premiers destructeurs de l'agriculture française et familiale de qualité.

Puissent nos compatriotes enfin ouvrir les yeux et dire avec nous : « Le Pen avait raison, Le Pen a raison ! ».

En 1998, nous donnerons raison au Front National !

Les élections partielles, dimanche après dimanche, de Lunéville à Rouen nous permettent de commencer à y croire.


Français d'Abord : 15 mai 1996

Black – Blanc – Beur - France qui râpe et banlieues qui dérapent

Qu'est-ce que le rap ? À en croire certains journaux comme l'Événement du Jeudi, une gentille petite musique binaire à la portée des jeunes d'aujourd'hui.

Ainsi le 20 avril, on lisait dans ce journal : « En un temps record, un nouveau style musical, plein de fraîcheur et d'originalité, a trouvé sa place dans la culture française et s'y est enraciné. ». Enracinement que n'indique guère au lecteur non averti le nom de ces groupes : N.T.M., I.A.M. M.C. Solar, Alliance Ethnik, Funky Family, Soul Swing, La Clicka, Roots Neg, A. Free K, etc.

Quelques lignes plus loin, on se fait néanmoins une idée plus nette ce que l'auteur de l'article entend par « culture française » ; « Dans une France multiculturelle et multicolore, où la plupart des jeune souhaitent vivre en bonne harmonie, le rap semble être passé à la vitesse supérieure. ».

« Aujourd'hui, déclare le chanteur d'I.A.M. la France est sans doute la deuxième Patrie du rap après les États-Unis. Le pays d'Europe, en tout cas, où la formule s'est le plus profondément implantée ». Un hebdomadaire de gauche confirme que la France a « une scène hip-hop d'une vitalité incomparable ». Ne faudrait-il pas se réjouir de cette capacité inattendue de la France à faire concurrence aux États-Unis sur leur propre terrain ? Tout cela est non seulement « ennobli par les chiffres de vente », selon l'expression élégante de l'Express du 11 avril, mais reconnu par les deux dernières Victoires de la musique, où les « professionnels de la profession » ont couronné M.C. Solar, I.A.M., Alliance Ethnik, et Ménélik.

Le rap : la haine

On pourrait s'en féliciter s'il s'agissait de l'Amérique de Boeing ou de General Motors : mais il s'agit de celles de bandes ethniques. À y regarder de plus près, on découvre dans le rap des symptômes inquiétants. Ainsi le chanteur du groupe N.T.M. (sigle qui signifie tout simplement… « Nique ta mère »), Didier Morville alias Jey Starr, s'est-il fait connaître en 1993 avec un album intitulé : « 1993 : j'appuis sur la gâchette », dans lequel figure le morceau de « Police », qui compare les forces de l'ordre à un « véritable gang hiérarchisé, protégé sous la tutelle des hautes autorités ». L'enquête préliminaire ordonnée par le parquet général de Paris demeura sans suites, au grand désarroi, bien compréhensible, des syndicats de policiers et tout particulièrement du FN Police. Il est vrai que le groupe avait vendu 60 000 exemplaires de ce titre, qui fit des émules puisque le groupe Ministère Amer renchérissait : « Cette fois la police est l'ennemie », ou encore : « Ce soir j'ai la santé, je vais sacrifier du poulet ».

Ah ! ces jeunes ! toujours blagueurs, n'est-ce pas ? Le rap n'est-il pas, comme l'écrivait joliment Le Nouvel Observateur (dans un article intitulé « Le rap ? Il parle la France ») ; « l'enfant turbulent et brillant des banlieues multiraciales » ? Mais Joey Starr, que, comme beaucoup de rappeurs, on n'aimerait pas rencontrer le soir au coin d'un bois, ne s'en tient pas aux paroles. Le Figaro magazine du 20 avril révèle, dans un article qu'il faudrait citer in extenso, quelques aspects édifiants de son parcours. Joey Starr a déjà écopé de deux mois de prison avec sursis pour rébellion en 1991. En 1994, il a infligé sept points de suture à un passant qui protestait contre le traitement que le chanteur faisait subir à son chien. « Frais et original », n'est-ce pas ?

En 1995 enfin, la police fait une perquisition chez lui car elle recherche pour homicide volontaire un dresseur de pitbull, que Joey Starr hébergeait parfois. Dans sa chambre, les policiers découvrent un Smith & Wesson à crosse de combat dont le chanteur reconnaîtra être propriétaire. Devant la seizième chambre correctionnelle, cependant, il ne fut question que de détention d'armes, sans allusion à l'information pour homicide ouverte contre son ami.

Les « jeunes » au naturel

Pourtant, le rap a le mérite de faire apparaître sous leur vrai jour les « jeunes » des « banlieues », pour employer les périphrases d'usage. Les réponses qu'un certain Kensi, du groupe Ministère Amer, donnait à la presse sont éloquentes. Il faudrait là encore les citer in extenso. Quand on lui demande : « Pourquoi tant de haine contre la police ? », il répond : « À notre stade, ce n'est plus de la haine ! C'est beaucoup plus fort que ça !… On dit dans notre disque qu'il faut aller brûler un commissariat et sacrifier du poulet. Quoi de plus normal ? ». Cet aimable jeune artiste déclare ensuite qu'il faudrait imprimer sur des Tee-shirts l'effigie des membres de la fraction terroriste Action directe, dont il se déclare l'émule. « La relève des idées d'Action directe peut se faire à partir des banlieues…

Maintenant qu'on a lancé l'idée de sacrifier du poulet, elle va germer dans la tête de plein de gens. »

Quant à l'appartenance de leurs semblables à la nation française, ces jeunes gens ont le regard lucide. « Pour moi, Garges-lès-Gonesse ou Sarcelles, c'est pas la France : il y a des Noirs et des Arabes ! ». Quant à ses concitoyens qui ont la malchance d'avoir la peau claire, il ne les appelle pas les Blancs mais… les Français, et pour en parler en ces termes : « j'ai d'autres soucis en tête que de savoir si les Français m'aiment bien… Je m'en bats les c…… ! Je n'ai pas la chair de poule en écoutant la Marseillaise. ».

Comme le disait en introduction l'article de L'Événement du jeudi : « Il y a des signes qui ne trompent pas et de petits événements, a priori sans importance, qui révèlent soudain d'importants changements dans les mentalités ».