Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
On a coutume de dire que la France est un pays d’ingénieur, souvent par opposition au monde anglo-saxon qui serait une assemblée de juristes. Comme toute généralisation trop rapide elle est bien sûr exagérée, mais garde cependant un fond de vérité qui nous permet par exemple d’exporter des prouesses techniques en télécommunications qui nous surprennent encore chaque jour.
Exporter des techniques et des services : aussi une question de capital.
Il reste des progrès à faire dans l’accompagnement à l’exportation de cette technicité, et c’est notamment le sens des récentes mesures prises en faveur du capital-risque, mouvement important destiné à favoriser l’émergence des sociétés de haute technologie. Lorsqu’il s’agit des « biens physiques » des télécommunications, c’est-à-dire finalement la mise à disposition et le fonctionnement des outils, notre pays dispose d’une base encore solide de compétences sur lesquelles s’appuyer.
On peut remarquer à cet égard que jamais nous n’avons eu, comme cela a pu se produire avec l’électricité, de panne nationale de téléphone. Il est vrai que les contraintes ne sont pas tout à fait les mêmes…
Exporter des contenus : aussi une question de culture.
Toutes autres sont les qualités nécessaires lorsque nous parlons, nous plus de biens physiques ou de service en informatique et en télécommunications, mais de contenus et en particulier de contenu audiovisuel, c’est-à-dire et peut-être surtout culturel.
Souvent, une réussite technique à l’exportation s’appuie, outre bien sûr l’innovation, sur une différenciation provenant d’avantages concurrentiels propres. Il en va de même pour les exportations de contenu culturel et de programmes, qui sont avant tout tirées par nos qualités propres, nos spécificités et notre histoire, dans la mesure où elles restent compréhensibles et appréciées. Et c’est bien là le véritable enjeu, qui va bien au-delà du strict volume financier impliqué dans les exportations de ce type, qui reste limité : il ne s’agit pas de copier un « modèle mondial », mais de faire valoir une différence acceptée qui est un enrichissement.
Il ne s’agit pas de chercher à ressembler à quiconque, mais bien plutôt de faire mieux et donc un peu différent.
C’est de cette manière, comme cela s’est produit pour les télécommunications, que nous irons sur les marchés extérieurs et que nous pourrons attirer les investisseurs : en nous appuyant sans honte tout simplement sur nos propres qualités, dans le respect des diversités et en prenant des risques.
L’AMI : il faut organiser le débat public.
C’est aussi l’un des sens de notre position envers l’Accord Multilatéral sur l’Investissement. Nous ne sommes pas opposés dans le principe à la négociation de règles multilatérales dans ce domaine : il est tout à fait important que les investissements soient protégés. Il y a simplement un certain nombre de points qu’il ne faut pas négliger dans une approche trop rapide, comme celle que proposait l’OCDE : nous devons protéger notre exception culturelle et la construction communautaire, lutter contre le dumping social et environnemental, dire clairement que nous ne pouvons pas accepter les législations extraterritoriales. Et la question de la liste des pays avec lesquels nous négocions est aussi importante : un tel accord a plus de poids si le plus grand nombre de nations le ratifie. Or, l’OCDE ne rassemble finalement qu’un nombre limité de pays.
C’est pourquoi, comme vous le savez, cet Accord Multilatéral sur l’Investissement n’a pu être conclu à l’OCDE lors de la réunion ministérielle des 27 et 28 avril dernier. Nous avons en outre demandé, et obtenu, la suspension des négociations pour une durée de six mois. C’est une période qui devra être mise à profit pour organiser le débat public sur ce sujet.
L’exportation des produits et contenus dans les technologies de l’information.
Parlons un peu plus directement d’exportation dans les technologies de l’information, en particulier pour les contenus. Vous savez que c’est l’une de mes priorités.
Étude de soutien sectoriel aux exportations.
Dans le cadre du programme gouvernemental pour préparer l’entrée de la France dans la société de l’information, il a été décidé la mise en place d’un groupe de travail au sein de mon Département, destiné à engager des actions prospectives pour l’exportation des télécommunications, ce qui inclut les problématiques relatives aux contenus.
Nous allons faire un bilan permettant ultérieurement de développer des compétences sectorielles au sein des organismes dépendant du commerce extérieur, et partant d’offrir mieux aux entreprises le service assuré d’un suivi plus affirmé.
Nous analysons la prise en compte des besoins sectoriels des entreprises par les administrations et services publics du commerce extérieur, afin de proposer des modalités de prise en compte par les instruments de soutien public de ces besoins sectoriels, du point de vue des informations diffusées par les organismes publics (Poste d’Expansion Économique et Centre Français du Commerce Extérieur en particulier), de l’accès aux marchés et en particulier des barrières non tarifaires et non réglementaires notamment en regard des procédures de l’Organisation Mondiale du Commerce, des financements disponibles (publics et privés) et de l’organisation des services.
Il s’agit également de plus et mieux utiliser les compétences certaines et reconnues (le CFCE dispose notamment d’information de qualité sur ces sujets) mais trop éparses au sein du réseau du commerce extérieur, afin de favoriser par exemple l’exportation de contenus multimédia.
A cet égard, les développements en cours au sein de l’Éducation Nationale sont d’un intérêt tout particulier en offrant notamment un champ d’expérimentation des produits.
Soutien aux exportations des technologies de l’information.
En ce qui concerne les technologies de l’information, qui présentent un solde négatif de 10 milliards de francs par an, et un volume en forte croissance de près de 10 % de nos exportations, un effort est nécessaire pour dynamiser les éléments technologiques dont disposent nos entreprises afin de mieux les faire connaître à l’étranger. Nul doute alors que les marchés s’ouvriront à nos produits, qui sont d’une qualité reconnue.
Vous savez que plusieurs actions en ce sens ont été initiées, par exemple les Exportateurs sur la Toile, le renforcement des participations du CFME-ACTIM à des foires et expositions technologiques, le renforcement du CODEX, à destination des P.M.E. ou encore le recentrage du CFCE sur certaines missions.
Soutien pour les exportations de contenu : une situation plus complexe.
Bien sûr, les enjeux financiers sont moindres pour les exportations de contenu, qui représentent un flux d’exportation de l’ordre de 500 MF par an. Ce n’est pas une raison pour les négliger, car ils sont porteurs de tout un environnement culturel qui favorise en retour l’exportation des matériels technologiques associés pour lesquels l’image de la France à l’étranger est parfois à tort moins flatteuse.
Ces exportations contribuent de ce fait tout à fait à engendrer des flux financiers qui viennent enrichir notre pays. Leur soutien constitue un métier spécifique qui demande aussi la mise en place d’une gestion et d’un suivi qui tienne compte de critères financiers adéquats. Les soutiens et accompagnements dont disposent les exportateurs de contenus (notamment le cinéma) ne concernent à l’heure actuelle pratiquement que l’hexagone. Une réflexion en ce sens mériterait certainement toute notre attention.
En souhaitant que ces quelques réflexions rapides sur le commerce extérieur contribuent à la réussite de ce colloque de haute tenue.