Déclaration de M. Jacques Dondoux, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur les résultats du commerce extérieur au 1er trimestre 1998 et sur la deuxième conférence de l'Organisation Mondiale du Commerce, Paris le 27 mai 1998.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

1. Les résultats du commerce extérieur au 1er trimestre 1998

Notre excédent commercial au premier trimestre 1998 s'élève à 43 MdF, en forte progression par rapport aux chiffres du début de l'année 1997 (32 MdF au premier trimestre 1997, chiffres FAB-FAB, CVS et CJO). Nous sommes peut-être en haut de la courbe, mais c'est en tout état de cause un résultat remarquable, parce qu'il intervient dans un contexte où la croissance intérieure est bien repartie, et où la crise asiatique pèse sur nos résultats en direction de cette zone.

• Au premier trimestre 1998, (...) élevé atteint fin 1997. Par rapport au trimestre précédent, nos importations augmentent de 0.8 %, et nos exportations sont quasiment stables (-0.2 %). Par rapport au 1er trimestre de 1997, les progressions sont respectivement, de 10,5 % pour les importations, et 12,4 % pour les exportations, deux chiffres qui illustrent bien le caractère à la fois ionique et équilibré de l'évolution.

• Sur le plan géographique, la stabilité de nos échanges avec l’Union européenne au niveau record des mois précédents explique une part importante de l'évolution d’ensemble. Deux évolutions de sens inverse vers l'Asie et l'OCDE hors Europe se neutralisent à peu près : la baisse de nos échanges avec l'Asie émergente se poursuit à l'exportation (- 17 % par rapport au trimestre précédent, - 8 % par rapport au premier trimestre 1997). Je note qu'elle est nette aussi dans le cas de nos Importations en provenance de celle zone (- 6 % d'un trimestre à l'autre). En revanche nos exportations vers les pays de l'OCDE hors Union Européenne (notamment vers les États-Unis) progressent à un rythme soutenu (+ 4 %).

• Sur le plan sectoriel, les évolutions sont marquées dans le cas de l'énergie (augmentation de nos exportations d'électricité et baisse de notre facture énergétique, nos importations passant de 30,2 MdF à 28,80 MdF, en raison de la baisse du prix du pétrole) et pour les biens d'équipement ménager et les automobiles particulières, pour lesquels les flux sont très dynamiques dans les deux sens, mais particulièrement à l'importation, reflétant la reprise de la demande intérieure. Nos exportations de biens d'équipement progressent de 16 % sur un an, mais stagnent d'un trimestre à l'autre (- 2 %), évolution attribuable à un phénomène ponctuel de moindre livraison de matériels aéronautique au premier trimestre, qui ne remet pas en cause le dynamisme du secteur.

Ces résultats confortent les évolutions qui se dessinaient à la fin de 1997.

• L'évolution de nos flux d'exportation et d'importation est plus équilibrée. Les importations d'équipement ménager, d'automobiles, d’équipement professionnel devraient rester dynamiques : c'est une bonne nouvelle, dès lors que cette évolution traduit le dynamisme de notre économie.

• Parallèlement, la tendance reste favorable pour les grands contrats à l'exportation. Cet indicateur avancé de nos exportations à venir de biens d'équipement professionnel enregistre pour les trois premiers mois de l'année un montant de signature proche de 60 MdF, l’un des plus gros montants jamais enregistrés depuis que l'enquête existe sous sa forme actuelle (1991), un niveau deux fois plus élevé qu'au premier trimestre 1997 (27 MdF). Ce chiffre reflète notamment le dynamisme des ventes d'Airbus (25 MdF de commandes). Ces résultats sont obtenus grâce à la progression des montants de commande en Europe et sur le continent américain, et alors que la crise asiatique se traduit par un recul persistant du nombre de grands contrats signés dans cette région (2 Airbus sur 186 sont destinés à cette zone, à peine plus de 2 MdF de contrats civils hors aéronautique, contre 5 à 10 MdF, en moyenne par trimestre avant la crise).

Notre excédent commercial devrait ainsi se stabiliser au niveau de l'an passé. Il ne progresse pas, mais il reste fortement positif, créateur net d'emplois, signe que notre économie continue à tirer le meilleur parti de notre ouverture aux échanges internationaux.

2. La deuxième conférence de l'Organisation Mondiale du Commerce

La deuxième conférence ministérielle de l’OMC s'est tenue à Genève du 18 au 20 mai dernier.

Nos principaux objectifs ont été satisfaits : confirmation de la prééminence du système commercial multilatéral et de l'importance des « nouveaux thèmes » des négociations commerciales.

• Les ministres ont confirmé que les négociations reprendraient l'an 2000, sans anticipation, comme certains le demandaient, et sur une base large et non seulement sur les services, l'agriculture, ou certains secteurs définis de manière limitative. C'était le premier objectif de l'Union Européenne. C'est un bon résultat pour le système multilatéral. Dans le contexte de crise que connaissent beaucoup de pays émergents, il faut que les futures négociations de l’OMC recueillent le soutien du plus grand nombre, que chacun puisse trouver des sujets correspondant à ses intérêts, et éviter de précipiter inutilement tes calendriers.

• Nous pourrons poursuivre le travail sur les nouveaux sujets. J'ai réaffirmé, pour la France, l'importance que nous attachions à une bonne coopération OIT/OMC sur les normes sociales. La « marche des enfants » qui était hier à Paris nous rappelle l'importance et l'actualité du sujet. Ce n'est pas un sujet facile. Beaucoup de pays en développement continuent d'y voir une manœuvre protectionniste nous devrons les convaincre qu'ils ont aussi intérêt à un développement social équilibré.

• La transparence dans les marchés publics est aussi un dossier important pour poursuivre à l'OMC le travail de lutte contre la corruption engagé à l'OCDE : j'ai plaidé, ainsi que de nombreux autres intervenants, pour la poursuite du travail sur ce thème.

• La liste des « nouveaux sujets » ne s'arrête pas là : investissement, concurrence, environnement sont autant de thèmes sur lequel l'OMC va travailler d'ici la 3e conférence, fin 1999. La question du commerce électronique, en particulier fera l'objet d'un examen en profondeur, c'était là encore une demande de la France conformément aux recommandations du rapport Lorentz. En outre, nous sommes convenus de ne pas mettre de droits de douane sur les transactions électroniques, un engagement que nous avons pris jusqu'à la prochaine conférence ministérielle.

Cette deuxième conférence était une réunion d'étape. Elle a permis aux 132 membres de l'OMC de rapprocher leurs positions. C'est une évolution positive. Nos entreprises ont besoin d'un cadre multilatéral solide pour faciliter leur développement à l'international. Cette consolidation du râle de l’OMC est aussi un développement positif dans le contexte de la crise asiatique : l'inquiétude des pays émergents ne remet pas en cause leur confiance et leur soutien à la nouvelle organisation. Le rôle du nouveau système de règlement des différends n'y est probablement pas pour rien, dès lors qu'il permet d'équilibrer la puissance politique des plus riches.

Quelles suites faudra-t-il réserver à cette deuxième Conférence ministérielle ?

Nous avons du temps devant nous, puisque nous ne déciderons des conditions de la reprise des négociations qu'à la fin de 1999, lors de la troisième conférence ministérielle de l’OMC.

Cette période devra être mise à profit pour approfondir la concertation, entre nous et avec nos partenaires.

Pour consolider l'OMC, il faut qu'elle se développe de manière équilibrée. C'est la raison pour laquelle nous avons insisté auprès de nos partenaires européens pour que le dialogue transatlantique soit axé en priorité sur les prochaines échéances multilatérales, en refusant la constitution d'une zone de libre-échange. Il faudra aussi être particulièrement attentif à la place des pays en développement, et en particulier des pays les moins avancés.

Par ailleurs, la multiplication des « nouveaux sujets » montre la complexité des sujets qui peuvent être abordés, normes sociales, environnementales, protection du consommateur, problèmes de normes, de concurrence, de réglementation de l'investissement. Nous devrons par conséquent assurer, sur tous ces thèmes, en liaison avec le Parlement, une bonne coordination avec les entreprises, la société civile, les syndicats.