Extraits d'un entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à France Info le 23 juillet 2019, sur l'aspect climatique de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada.

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Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères

Média : France Info

Texte intégral

Q - Bonjour, Jean-Baptiste Lemoyne.

R - Bonjour

Q - Vous êtes secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, merci d'être en ligne. (...) Comprenez-vous la polémique autour de la venue de Greta Thunberg ?

R - Je trouve qu'écouter des éveilleurs de conscience ne peut pas nuire, et j'ai envie de dire, finalement, Greta et CETA même combat. Oui à Greta et oui au CETA. Parce que ces accords entre l'Union européenne et le Canada par exemple, ils ont le mérite de poser des règles, là où en ce moment, si vous regardez le monde tel qu'il est, nous sommes de plus en plus dans la loi du plus fort, dans la loi de la jungle. Là, on pose un cadre où l'on fait respecter nos exigences sanitaires, où l'on a réussi à faire en sorte que le Canada signe une feuille de route avec la France pour une ambition environnementale, une ambition climatique. Je pense que grâce à cet accord, on réussit à tirer vers le haut le Canada et à l'ancrer dans notre camp.

Q - Donc vous dites que le CETA est un acte environnemental quasiment écologiste, est-ce bien cela ?

R - Tout à fait. Et ce n'est pas moi qui le dit, ce sont des experts indépendants.

Q - Si en l'occurrence, c'est vous qui le dites.

R - Une étude d'impact a été faite, elle révèle que pour la France, il y aura une légère baisse des émissions de gaz à effet de serre, tout simplement parce que l'augmentation des émissions du transport maritime seront compensées par la baisse des émissions du transport terrestre ; cela il faut le dire parce qu'on ne l'entend pas assez dans le débat.

(...)

Q - Qu'en dites-vous Jean-Baptiste Lemoyne ?

R - Sur la procédure démocratique, songez que le dernier accord de la sorte - très important - qui avait eu lieu avec la Corée, a été ratifié par l'Assemblée nationale en 2013, tenez-vous bien, en une minute, top chrono.

Nous, nous avons voulu le temps du débat. Cela fait plus de dix heures que nous avons débattu, nous avons mis tous les éléments sur la table, je veux le dire, il y a un progrès démocratique ;

Sur l'aspect climatique, nous avons obtenu des Canadiens qu'ils s'engagent sur un veto climatique.

J'incite les auditeurs à se faire leur propre religion : qu'ils aillent voir le traité sur internet, à l'article 8.9 qui dit que les Etats gardent leur droit de réglementer en matière de santé publique, d'environnement et de protection sociale. Jamais une entreprise ne pourra faire évoluer nos propres lois, nos propres préférences.

(...)

Q - Comment interprétez-vous le fait que Nicolas Hulot demande aux députés de la majorité de ne pas voter ce traité ?

R - J'avoue que quand j'ai vu cela, dans un premier temps je "suis tombé de la chaise", parce que c'est lui avec lequel nous avons travaillé ce plan d'accompagnement du CETA, c'est lui qui a signé ce partenariat environnemental avec le Canada. On ne peut pas un jour dire blanc, et le lendemain dire noir au titre que l'on n'est plus dans les mêmes fonctions. Je crois qu'il y a une éthique, c'est important ; je déplore que Nicolas Hulot, qui a un impact très fort dans l'opinion, ait utilisé cet impact en véhiculant des idées qui étaient, soit reçues, soit fausses.

Par exemple, il a semé le doute sur le sujet des farines animales, or, il faut être très clair, toutes les farines animales qui ont été à l'origine de la vache folle sont interdites au Canada comme dans l'Union européenne et donc, nous ne transigerons jamais.

Q - Mais pas toutes les farines animales.

R - Nous ne transigerons jamais sur la santé des Français.

Q - Mais pas l'ensemble des farines animales, on est d'accord ?

R - Il ne faut pas mélanger les protéines d'animales transformées, et les farines animales, parce que d'ailleurs, elles ont déjà été autorisées dans l'Union européenne et le CETA n'y change rien.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 juillet 2019