Interview de M. Sébastien Lecornu, secrétaire d'État chargé des colllectivités territoriales, à RTL le 11 mars 2019, sur le Grand débat national.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Sébastien LECORNU.

SEBASTIEN LECORNU
Bonjour Elizabeth MARTICHOUX.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci d'être sur RTL ce matin. Le plus dur reste à faire ?

SEBASTIEN LECORNU
Le plus dur, dans le débat, c'était de rentrer dedans, je reprends la métaphore de la fusée qui me parle bien en tant qu'ancien maire de Vernon, effectivement c'est la sortie du débat. Je rappelle quand même qu'il y a quelques semaines, au mois de janvier, j'aurais fait la même émission le matin, vous m'auriez dit « Sébastien LECORNU, est-ce que ça va démarrer, est-ce que ça va intéresser les Français ? » La réponse est oui, sans triomphalisme, ça les a intéressés, plus de 16.000 maires ont mis un cahier de contributions dans leur mairie, 10.000 réunions d'initiative locale en 2 mois, organisées spontanément par des citoyens. D'ailleurs, bien souvent 60 % de ces réunions étaient organisées par des élus locaux, c'est un petit pied-de-nez pour celles et ceux qui pensaient que les maires allaient rester en retrait de cette affaire.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça c'est un petit tacle à l'AMF, mais…

SEBASTIEN LECORNU
Pas que, pas que, pas que, mais, voilà, il y a quelque chose quand même d'important qui s'est passé…

ELIZABETH MARTICHOUX
C'était suffisant, mais pas nécessaire, le plus dur reste à faire.

SEBASTIEN LECORNU
Oui, j'y viens quand même, mais juste pour donner un peu la masse des choses, qui explique aussi le temps nécessaire pour regarder avec exhaustivité et transparence l'ensemble de la matière de ce grand débat. 1,4 million contributions sur la plateforme, ça fait pratiquement…

ELIZABETH MARTICHOUX
Pas de contributions, 1,4 million participations…

SEBASTIEN LECORNU
Contributions.

ELIZABETH MARTICHOUX
Contributions, ça veut dire soit qu'on répond rapidement aux questionnaires…

SEBASTIEN LECORNU
Ça fait 300 à 400.000 contributeurs, voilà, mais c'est une contribution quand même…

ELIZABETH MARTICHOUX
Soyons précis.

SEBASTIEN LECORNU
Eh ben écoutez ! Un concitoyen qui aura pris de son temps personnel pour remplir plusieurs questionnaires en ligne, ça compte comme des contributions, voilà, donc ça c'est une réalité, on est à 1,4 million, pratiquement, à mon avis, à 1,5 million. Il faut bien comprendre que si les médias disent beaucoup et parlent beaucoup de la fin du débat ce matin dans les médias, le débat, lui, continue, et les contributions sont encore possibles jusqu'à vendredi. Et donc maintenant effectivement…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vendredi, fermeture de la plateforme.

SEBASTIEN LECORNU
Exactement, et donc maintenant, effectivement, on rentre dans une seconde phase on va dire, de ce grand débat national, c'est le début de la hiérarchisation, de l'organisation, du tri, de la bonne organisation de cette matière du grand débat, c'est les conférences nationales thématiques bien évidemment, qui démarrent ce matin, sur les quatre thèmes du grand débat, transition écologique, enfin vous les connaissez désormais très bien, donc sur 2 jours, aujourd'hui et mercredi…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a les conférences citoyennes qui vont s'étaler sur deux week-ends, ensuite ?

SEBASTIEN LECORNU
Transition écologique, fiscalité, etc.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ensuite il y a le débat qui arrive au Parlement début avril.

SEBASTIEN LECORNU
Non, non, vous allez trop vite, voyez à quel point vous anticipez trop la fin des choses Elizabeth MARTICHOUX. Conférence nationale thématique avec l'ensemble des partenaires sociaux, les associations d'élus etc., aujourd'hui et mercredi. Ce week-end, pour la première fois, on expérimente une nouvelle manière, une nouvelle pratique démocratique, ce sont les conférences régionales citoyennes, avec des citoyens tirés au sort, vous savez que le tirage au sort on ne le connaît aujourd'hui que de l'institution judiciaire, pour les jurés d'assises, ça n'a jamais été fait pour la démocratie politique…

ELIZABETH MARTICHOUX
Nous avons fait des reportages la semaine dernière sur d'ailleurs cette méthode.

SEBASTIEN LECORNU
Eh bien je m'en réjouis. Donc, pour le coup, une grande conférence régionale citoyenne dans les préfectures des grandes régions, pour tout ce week-end. Le week-end d'après conférence régionale citoyenne en Outre-mer, ne les oublions pas, et une conférence régionale citoyenne spécifique pour la jeunesse. Derrière, on continue, bien évidemment, en parallèle, à commencer à dépouiller, en quelque sorte, ce grand débat, avec les équipes et les sous-traitants qui ont retenus.

ELIZABETH MARTICHOUX
On va avancer, parce que ça on va en parler sur l'antenne pendant 15 jours, donc on aura l'occasion de le détailler.

SEBASTIEN LECORNU
Oui, mais c'est important parce que je veux… Elizabeth MARTICHOUX, vraiment, je veux que les personnes qui nous entendent ce matin sachent que l'ensemble des contributions sont traitées, l'ensemble des contributions sont regardées, et c'est ça qui prend du temps, et qui nous emmène jusqu'à la moitié du mois d'avril pour avoir le temps, justement, de regarder avec détail chacune des contributions.

ELIZABETH MARTICHOUX
La restitution ce sera mi-avril ?

SEBASTIEN LECORNU
Alors les garants qui, comme vous le savez, surveillent ce grand débat national, souhaitent effectivement qu'aucune contribution ne soit mise de côté, ça veut donc dire que globalement il y a plusieurs semaines de travail. Regardez, 16.000 cahiers, de contributions, 10.000 sont déjà numérisés, ça prend du temps, donc ça va nous emmener jusqu'à la mi-avril. Ça permettra au président de la République, au courant du mois d'avril, de donner une première partie du sens…

ELIZABETH MARTICHOUX
Pas avant la restitution par définition, donc à partir de la mi-avril…

SEBASTIEN LECORNU
Donc à partir de la mi-avril, c'est bien ce que je vous dis, permettra de donner…

ELIZABETH MARTICHOUX
Et peut-être plus tôt, s'il veut se donner du temps, fin avril ?

SEBASTIEN LECORNU
De donner le sens de ses conclusions de ce qu'il voit de ce grand débat national, et qui permettra d'ailleurs au gouvernement de déplier progressivement les réponses plus opérationnelles à ce sens défini par le chef de l'Etat.

ELIZABETH MARTICHOUX
Qu'est-ce que ça veut dire le président va donner le sens de ses décisions, ça veut dire un discours…

SEBASTIEN LECORNU
Il choisira la forme…

ELIZABETH MARTICHOUX
Une adresse aux Français, qui donnera un cadre, une méthode, ou qui sera déjà dans le concret ?

SEBASTIEN LECORNU
Entre les deux, si j'ose dire, ça sera une adresse à la nation par définition, en réponse à sa première adresse à la nation, à savoir la lettre qu'il a adressée aux Français aux alentours du 15 janvier dernier, qui donnait les quatre thèmes…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous ne connaissez pas la forme ?

SEBASTIEN LECORNU
Et qui donnait les 35 questions ; eh bien la forme c'est à sa discrétion, vous voyez que là il a utilisé l'outil de la tribune pour parler à nos concitoyens, en Europe, sur les sujets européens, il choisira bien la forme qu'il souhaite. En tout cas oui, il y aura une adresse à la nation française d'une manière ou d'une autre, qui fera justement… oui, vraiment qui donnera le sens de ce qu'il retient lui personnellement, en tant que chef de l'Etat, de ce débat national, et qui donnera justement un certain nombre de directions et de consignes à son gouvernement, pour commencer à enclencher des réponses très concrètes.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et donc c'est après que le gouvernement déclinera, si je puis dire, la mise en oeuvre de ce… vous savez ce que les Français attendent, ils attendent des mesures…

SEBASTIEN LECORNU
Pas que des mesures, un sens et une vision.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ils attendent des réponses concrètes…

SEBASTIEN LECORNU
Des réponses ils en auront…
ELIZABETH MARTICHOUX
A l'intérieur d'une vision, si vous voulez, mais c'est ça qu'ils attendent.

SEBASTIEN LECORNU
Vous savez, Elizabeth MARTICHOUX, si les questions du président de la République étaient précises dans son adresse et dans son courrier aux Français au mois de janvier, les réponses seront donc précises. Donc, ne cherchons pas à précipiter la fin du débat, et inversement ne cherchons pas non plus à nous faire un procès d'intention comme quoi on chercherait à noyer quelconques poissons, il faut prendre juste le temps de sortir de ce débat, mi-avril le président s'exprimera et le gouvernement prendra des mesures et des décisions.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça pourrait aller jusqu'en septembre ? Enfin, fin avril, mai, juin…

SEBASTIEN LECORNU
Non, mais je vous donne un exemple très concret, à savoir mes sujets, sur mes sujets collectivités territoriales. Qui peut penser qu'on peut faire un mouvement de décentralisation en un discours et puis ensuite, circulez, il n'y a à rien à voir... ?

ELIZABETH MARTICHOUX
Parce qu'il y en aura un.

SEBASTIEN LECORNU
Parce que le président l'a déjà dit, encore la semaine dernière dans les hebdos de Provence lors de son débat, il souhaite réfléchir à un mouvement, vraiment de rapprochement, de proximité, sur l'ensemble des territoires français dans la prise de décisions, en clair réhabiliter le rôle du maire, réhabiliter les communes, réhabiliter même l'échelle départementale…

ELIZABETH MARTICHOUX
Lui redonner les pouvoirs, qu'il avait dû donner à l'intercommunalité par exemple.

SEBASTIEN LECORNU
En tout cas en liberté, bon, ben typiquement, je suis désolé, moi je ne sais pas faire ça en 24 heures avec Jacqueline GOURAULT, il faudra concerter, il faudra passer devant le Sénat et l'Assemblée nationale, prendre du temps avec les associations d'élus, donc quand je vous dis que ça va se déplier dans le temps, fondamentalement ça prendra un peu de temps, une fois de plus c'est le sens.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et ensuite passer par le Parlement pour une révision de la loi NOTRe, la loi « hollandaise » de décentralisation 2015.

SEBASTIEN LECORNU
Oui, qui est typiquement une loi que j'ai toujours combattue, donc fondamentalement ça ne va pas vous surprendre que… oui, là vous me faites plaisir, donc je vous en remercie. Je n'y ai jamais cru, je pensais que ça ne fonctionnerait pas, de fait ça ne fonctionne pas, et je suis content qu'on puisse rouvrir ce dossier.

ELIZABETH MARTICHOUX
Sébastien LECORNU, ce matin en Conseil des ministres les membres du gouvernement vont présenter leurs contributions, Conseil des ministres avant le départ en Afrique d'Emmanuel MACRON. Le président a demandé à ses ministres de lui faire des propositions le plus « rock'n'roll » possible. C'est quoi une proposition rock'n'roll ?

SEBASTIEN LECORNU
Oui, c'est votre expression ça.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce n'est pas la sienne ?

SEBASTIEN LECORNU
Je n'ai pas entendu ça en tout cas, donc… en tout cas les plus disruptives, les plus originales, ça je l'ai entendu. Je pense que le président de la République veut revenir aussi à cet état d'esprit qui était le nôtre au début du quinquennat, dans lequel on avait ce goût profond de la transformation profonde, rapide, efficace, et donc je pense qu'il veut véritablement nous réenchanter dans ce état d'esprit-là.

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est une proposition disruptive ? Réindexer les retraites à l'inflation, c'est disruptif ?

SEBASTIEN LECORNU
C'est une proposition qui fondamentalement transforme le pays et répond aux aspirations des Français. Sur la réindexation, pour vous répondre, typiquement c'est un débat que nous aurions eu, quoi qu'il arrive, lors du projet de loi de finances en fin d'année, puisque, vous le savez, le Conseil constitutionnel nous y a invités. La République en marche, hier…

ELIZABETH MARTICHOUX
Le Conseil constitutionnel, pour expliquer, a annulé la désindexation que vous aviez prévue dans le projet de budget 2019, pour 2020, et donc, de toute façon, pour l'instant c'est annulé, il n'y a pas de désindexation.

SEBASTIEN LECORNU
Cette question était ouverte, donc, quoi qu'il arrive, elle aurait dû être traitée dans le cadre du projet de loi de finances en fin d'année, et donc hier La République en marche, effectivement, pose la question d'en parler plus tôt qu'à la fin de l'année. Là, une fois de plus, ce sont des choses qui se regardent, même si elles ne m'appartiennent pas.

ELIZABETH MARTICHOUX
Rapidement. Vous avez déjà eu hier, à Matignon, un aperçu des remontées du grand débat, par les prestataires…

SEBASTIEN LECORNU
Très généraliste.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais, une ou deux surprises ?

SEBASTIEN LECORNU
Probablement, au-delà des quatre thèmes que vous connaissez, quatre autre thèmes qui font leur apparition, évidemment l'emploi et l'économie, c'est assez logique, mais il faut le dire, les questions d'immigration, mais entendues peut-être davantage au sens intégration…

ELIZABETH MARTICHOUX
Massivement l'immigration ?

SEBASTIEN LECORNU
Sur les questions d'intégration, oui, de manière assez claire…

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est-à-dire…

SEBASTIEN LECORNU
Je n'ai pas de chiffre à donner, c'est trop tôt encore pour le faire, mais cette question est évidemment bien sur la table. Les questions liées au pouvoir d'achat, et juste pour terminer, les questions liées à l'éducation, qui sont largement présentes dans le débat, la revalorisation du métier d'enseignant, la place de l'école, l'accès à l'école en milieu rural, autant de sujets qui sont largement présents. Et peut-être un fil conducteur, Elizabeth MARTICHOUX, du débat avec les maires, du débat sur la plateforme, du débat dans les réunions d'initiative locale, dans les cahiers, la question de l'accès aux soins, qui, d'une manière ou d'une autre, est pratiquement un sujet qui s'impose de manière majeure sur l'ensemble des supports. Je ne peux pas aller beaucoup plus loin en termes de détails ou de chiffres, mais en tout cas, à ce stade de nos travaux, on y voit clair là-dessus.

ELIZABETH MARTICHOUX
Le président MACRON prolonge le grand débat, après son retour d'Afrique il y aura encore trois grands déplacements, deux ou trois…

SEBASTIEN LECORNU
Pour couvrir l'ensemble des régions françaises.

ELIZABETH MARTICHOUX
Voilà, dans les trois régions où il n'est pas allé.

SEBASTIEN LECORNU
En sachant que la région des Hauts-de-France fera l'objet d'un déjeuner de travail avec les élus à l'Elysée.

ELIZABETH MARTICHOUX
Voilà. Est-ce que selon vous il doit prolonger ses plongées avec les Français, au-delà du grand débat, après avril ?

SEBASTIEN LECORNU
Moi je pense que oui, en tout cas avec les maires je lui recommanderais de le faire, parce que refaire société, refaire nation, c'est aussi voir ces élus de proximité dialoguer, travailler quelque part en direct avec le président de la République, et je pense qu'il a inventé un modèle participatif nouveau, qui n'abîme pas la fonction présidentielle, loin s'en faut, au contraire, elle la réhabilite, donc avec les maires de France je suggère que l'on continue.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ça marche parce qu'il y a un enjeu en ce moment, il y a un enjeu fort, effectivement recoudre le lien et puis répondre aux gilets jaunes, ce sera quoi l'enjeu après, s'il va voir les maires, c'est demander des comptes aux élus sur la politique qu'il mène par exemple, « je viens vous voir et vous me dites comment ça marche ou pas » ?

SEBASTIEN LECORNU
Je pense malheureusement que l'actualité nous sert toujours de grands enjeux qui méritent de faire nation et donc ce lien entre le président et les maires il sera réhabilité en permanence, sachant qu'en plus l'année prochaine une nouvelle génération d'élus sera appelée à prendre le pouvoir dans les collectivités locales puisqu'il y a les élections municipales en mars 2020.

ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que c'est le moment de se présenter, d'ailleurs de dire qu'on est candidat quand on est ministre, dernière question ?

SEBASTIEN LECORNU
Je crois que ce n'est pas le moment et que je réserverai ça aux vernonnaises et aux vernonnais, chers à mon coeur.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et donc Mounir MAHJOUBI a eu tort ?

SEBASTIEN LECORNU
Mounir MAHJOUBI n'est pas candidat à la mairie de Vernon, je m'en félicite.

ELIZABETH MARTICHOUX
Voilà, ça s'appelle une esquive, une façon de ne pas répondre. Merci à vous en tout cas d'avoir été ce matin sur RTL Sébastien LECORNU.

SEBASTIEN LECORNU
Merci Elizabeth MARTICHOUX


source : Service d'information du Gouvernement, le 14 mars 2019