Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Jacqueline GOURAULT.
JACQUELINE GOURAULT
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Le président de l'Assemblée nationale, Richard FERRAND, mis en examen cette nuit pour prise illégale d'intérêts. Peut-il rester à son poste ?
JACQUELINE GOURAULT
Rien ne l'oblige à partir, et peut-être rappeler qu'il y a déjà eu une première décision, à la suite d'une première plainte de la même association, à savoir Anticor, qu'il y a eu une enquête, que cette enquête a été assez longue, environ cinq ou six mois, et que la justice, le procureur a classée sans suite, et le Parquet de Brest, qui avait classé sans suite la plainte.
MARC FAUVELLE
En jugeant que les faits étaient prescrits, depuis, l'affaire a été dépaysée, trois juges ont estimé le contraire hier, ils ont donc mis en examen Richard FERRAND.
JACQUELINE GOURAULT
Ils ont mis en examen Richard FERRAND, moi, je n'ai pas de commentaire à faire au nom de la séparation des pouvoirs sur cette décision, et encore une fois, rien ne l'oblige, ni dans la loi ni dans le règlement de l'Assemblée nationale, à quitter ses fonctions. Et comme toute personne justiciable, il bénéficie de la présomption d'innocence.
RENAUD DELY
Quand vous dites, Jacqueline GOURAULT, que rien ne l'oblige dans la loi, à quitter ses fonctions, ça veut dire que c'est d'abord une affaire de conscience, une affaire de conscience personnelle, c'est à lui de faire ce choix ?
JACQUELINE GOURAULT
Non, je dis cela parce que c'est la vérité, et que, par ailleurs, encore une fois, il y a déjà eu une décision de justice, que c'est la même association, qui, cette fois, a déposé plainte et s'est constituée partie-civile, et qui a engendré cette nouvelle ouverture de procédure.
RENAUD DELY
Mais Jacqueline GOURAULT, Richard FERRAND, lors de l'ouverture de la première enquête, alors qu'il n'était pas même mis en examen, il avait fait le choix de quitter le gouvernement, il ne pouvait pas être ministre à l'époque, il pourrait rester aujourd'hui président de l'Assemblée nationale alors qu'il est mis en examen ?
JACQUELINE GOURAULT
Alors, parce que, être ministre, c'est être nommé par l'exécutif, quand on est parlementaire, on est élu par le peuple, et d'ailleurs, je tiens à rappeler que Richard FERRAND a été réélu député de manière très large…
MARC FAUVELLE
Vous voulez dire que s'il était ministre, Richard FERRAND, il devrait sans doute quitter ses fonctions alors que le fait d'être parlementaire et président de l'Assemblée l'en oblige…
JACQUELINE GOURAULT
Je veux dire que, d'abord, il faut mesurer qu'il y avait autrefois une jurisprudence qu'on appelait la jurisprudence Balladur…
MARC FAUVELLE
Un ministre mis en examen doit partir.
JACQUELINE GOURAULT
Voilà, mais à cette époque-là, les Gardes des sceaux successifs avaient la possibilité – comme vous le savez – de donner des instructions individuelles au Parquet, ce qui n'est plus le cas depuis 2013. Et donc aujourd'hui, l'exécutif ne peut pas intervenir, si je puis dire, dans une situation personnelle. Et je rappelle, par ailleurs, que ce sujet, cette plainte est déposée pour quelque chose qui est strictement personnel, et même pas personnel, puisque c'est sa compagne…
MARC FAUVELLE
Ça, c'est la justice qui en décidera…
JACQUELINE GOURAULT
Qui est concernée…
MARC FAUVELLE
Si prise d'intérêt illégale il y a eu ou pas…
JACQUELINE GOURAULT
Mais c'est la justice qui en décidera, voilà.
RENAUD DELY
Mais le maintien à son poste, est-ce que vous ne redoutez pas, s'il reste à son poste, des conséquences politiques ou aussi dans l'opinion, sur l'image qu'ont les élus dans le pays, on a vu, au mois de juillet, un ministre, François de RUGY, démissionner pour des articles, pour des photos, mais sans même qu'une enquête soit ouverte, mais à cause de ce trouble justement de l'opinion. Si Richard FERRAND s'accroche à son poste, vous ne redoutez pas qu'il y ait des conséquences politiques assez importantes ?
JACQUELINE GOURAULT
Il y a d'autres personnes qui sont députées et qui ont été mises en examen…
RENAUD DELY
Donc s'il y a un mauvais exemple, il faut suivre le mauvais exemple ?
JACQUELINE GOURAULT
Non, non, ce n'est pas ce que je dis. Je voulais dire que, encore une fois, tout justiciable est présumé innocent, que Richard FERRAND est un président très estimé à l'Assemblée nationale et qu'il a toute la confiance du président de la République.
MARC FAUVELLE
L'Elysée le soutient ?
JACQUELINE GOURAULT
Comment ?
MARC FAUVELLE
L'Elysée le soutient ?
JACQUELINE GOURAULT
Oui, absolument.
MARC FAUVELLE
Oui, ça, ce sont les éléments de langage qu'on vous a demandé de donner ce matin dans les médias, ce n'est pas…
JACQUELINE GOURAULT
Ah, vous savez, moi, la nuit, je dors, voilà…
MARC FAUVELLE
Nous aussi. Mais l'Elysée, ce matin, je suppose, a inondé les portables des ministres d'éléments de langage en disant : il est soutenu, Richard FERRAND…
JACQUELINE GOURAULT
Je n'ai pas vu cette phrase, mais je sais que Richard FERRAND a toute la confiance du président de la République.
MARC FAUVELLE
Votre collègue Sébastien LECORNU accueille aujourd'hui une dizaine de maires qui ont été agressés, ces derniers mois, après la mort du maire de Signes, dans le Var, le mois dernier. Quel est le message que vous voulez leur adresser ?
JACQUELINE GOURAULT
Le message, c'est bien sûr le soutien de la République, mais je dirais, c'est un message général à toutes les agressions qui sont faites parce que les maires sont agressés, mais les députés ont leur permanence cassée, les pompiers sont parfois caillassés, les policiers, les gendarmes, il y a une violence dans la société qui s'est développée, alors évidemment, les maires, enfin, le maire est un personnage central dans la République, il est dépositaire de la République, et j'ai été maire pendant 25 ans, je connais bien la fonction, nous sommes au plus près de nos concitoyens, et les concitoyens, bien sûr, ont une grande… comment dire… reconnaissance pour leur maire et sont très choqués des violences, par exemple, ce maire dans le Nord qui a été attaqué à la tronçonneuse ; il est évident que c'est quelque chose d'insupportable. Alors une loi arrive au Parlement au mois d'octobre, début octobre, qui va renforcer les pouvoirs des maires dans le domaine de police administrative pour lutter contre ce fléau. Mais si c'est aussi un phénomène contre lequel il faut lutter, je dirais, sur le plan global, c'est un phénomène de déviance de la société…
RENAUD DELY
Justement, justement, Jacqueline GOURAULT, je vous propose d'écouter le témoignage d'une maire, la maire Divers droite de Chanteloup-les-Vignes, Catherine ARENOU, elle témoignait ce matin sur France Info, elle racontait l'agression dont elle a été victime, elle se rendait à une collecte de jouets pour une école de sa commune, une école qui avait été incendiée. On l'écoute.
CATHERINE ARENOU, MAIRE (DIVERS DROITE) DE CHANTELOUP-LES-VIGNES (YVELINES)
J'ai reçu une première pierre, une deuxième pierre, une troisième pierre, la voiture a été caillassée, je suis partie à pied et j'ai résisté parce que je suis allée au-devant pour discuter, parce que je ne comprenais pas cette violence, et en fait, ça a duré une dizaine de minutes où j'ai été absolument caillassée.
RENAUD DELY
Et pour répondre à ça, vous nous dites, Jacqueline GOURAULT, qu'il faut une nouvelle loi ?
JACQUELINE GOURAULT
Non, je n'ai pas dit une nouvelle loi, il se trouve qu'une loi était prévue pour des adaptations sur les compétences entre communes et intercommunalités, et puis, un certain nombre d'événements sont intervenus, dont la mort du maire de Signes, cet été, qui a profondément choqué, même si – vous le savez – c'était un accident, puisque…
MARC FAUVELLE
L'affaire n'est pas encore tranchée…
JACQUELINE GOURAULT
Oui, mais tout le monde sait…
MARC FAUVELLE
Parce que la voiture des…
JACQUELINE GOURAULT
Tout le monde sait que c'était un accident…
MARC FAUVELLE
Le caractère volontaire ou non n'est pas tranché par la justice…
JACQUELINE GOURAULT
Oui, oui, c'est vrai. Mais, enfin, je suis allée, comme vous le savez, représenter le gouvernement aux obsèques du maire de Signes, et les élus eux-mêmes et la population, avec qui j'ai parlé, reconnaissaient que sûrement l'acte n'était pas volontaire, qu'il y a eu un accident avec le recul de cette camionnette et le maire qui était derrière. Donc c'est à l'occasion, puisqu'il y avait ce projet de loi, qu'il est donné des renforcements de la politique administrative dans la main des maires.
MARC FAUVELLE
On va poursuivre sur ce thème pendant quelques instants, si vous le voulez bien, on s'interrompt une minute, à 8h40, puisque Lauriane DELANOË va d'abord nous résumer l'actualité de ce jeudi matin.
Toujours avec la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline GOURAULT. Parmi les nouveaux pouvoirs que vous allez accorder aux maires, il y aura celui de mettre des amendes, par exemple en cas de décharges sauvages, c'est le cas, c'est ce qui s'est passé à Signes dans le Var, est-ce que vous ne craignez pas de faire des maires des policiers ?
JACQUELINE GOURAULT
Ah non mais ça existe déjà, nous avons déjà cette capacité à le faire. D'ailleurs je crois qu'il faut encourager les maires à le faire, parce que parfois ils n'utilisaient pas cette police administrative. Ce qui est fait, c'est que c'est, comment dire, l'amende est renforcée pour dissuader ces dépôts sauvages qui sont un véritable fléau dans les communes.
RENAUD DELY
Pourquoi est-ce que ces maires n'osaient pas ou ne l'utilisaient pas, comme vous le disiez à l'instant, justement de crainte, par crainte, de peur des réactions ?
JACQUELINE GOURAULT
Non, pas ça, mais d'une manière générale les maires sont toujours assez conciliants et essaient d'expliquer, font de la pédagogie, parce que vous savez…
RENAUD DELY
Vous les incitez à être plus fermes aujourd'hui.
JACQUELINE GOURAULT
Je pense qu'il faut, parce qu'il faut que l'exemple soit donné, pour que les incivilités s'arrêtent.
MARC FAUVELLE
Un maire d'une petite commune de moins de 500 habitants touche 558 € brut par mois, une centaine d'euros de moins en net, est-ce que vous jugez que c'est suffisant ?
JACQUELINE GOURAULT
Non, d'ailleurs vous savez, quand j'étais parlementaire, j'avais déjà travaillé sur ce sujet de l'indemnité des maires, parce que dans le détail, je crois qu'il faut savoir que quand on vient d'être élu maire, le premier Conseil municipal vous votez la décision des indemnités des maires. C'est la première décision que vous avez à prendre. Et souvent, dans les petites communes, il y avait, je dirais, une tradition, des maires qui n'osaient pas toujours prendre le montant de l'indemnité qui leur est possible d'avoir. Déjà, moi j'avais fait voter une loi pour que, si vous voulez, il y ait automaticité de la rémunération des maires, et non pas obligation de passer par une délibération du Conseil municipal. Et donc dans le projet de loi dont il est question, et que Sébastien LECORNU va porter devant le Parlement, nous proposons de laisser le choix aux maires et donc aux Conseils municipaux, de pouvoir jouer sur les trois premières strates de maire, si vous voulez, puisque vous savez, selon le nombre d'habitants il y a des strates.
MARC FAUVELLE
Alors, c'est 658 € pour les villages de moins de 500 habitants, 1 200 €, toujours brut, pour les villages entre 500 et 1 000 habitants, et 1 600 €, un petit peu plus, pour les villages et les villes entre 1 000 et 3 500 habitants. On pourra donc choisir, ça c'est le Conseil municipal qui choisira, ce qui promet des débats, parfois à mon avis un peu tendus, quand un nouveau maire va arriver, il va demander de passer de 600 à 1 200 ou à 1 600, ça ne passera pas toujours comme une lettre à LA POSTE, si vous me permettez.
JACQUELINE GOURAULT
Il y aura débat, mais en tout cas…
RENAUD DELY
Mais pourquoi est-ce que ce n'est pas l'Etat qui prend cette décision ? Pourquoi est-ce qu'on... c'est une façon de fuir un peu les responsabilités de l'Etat, de renvoyer la balle aux élus ?
JACQUELINE GOURAULT
Ah non, non, non, parce que c'est...
RENAUD DELY
On imagine bien que dans des communes de moins de 500 habitants, il va être difficile à un maire d'expliquer à ses conseillers municipaux : « Je souhaiterais que mon indemnité passe de 658 à 1 664 € ».
JACQUELINE GOURAULT
Je suppose qu'il y aura débat, mais le système, parce que c'est prélevé sur le budget du Conseil municipal, ces indemnités, et donc c'est normal que ce soit le Conseil municipal qui décide. On ne peut pas à la fois demander le respect et la liberté, les libertés locales, et en même temps dire : c'est l'Etat qui devrait décider.
RENAUD DELY
Mais l'Etat pourrait augmenter la fourchette, pourrait considérer qu'il est légitime que ces maires de petites ou moyennes communes soient davantage rémunérés.
MARC FAUVELLE
Et ne pas soumettre ça au Conseil.
JACQUELINE GOURAULT
En proposant cela, ça veut dire que nous pensons que c'est légitime qu'un maire puisse gagner plus que ce qu'il gagne aujourd'hui. Et comme je viens de le dire, en tout cas, l'automaticité du minimum, est garantie.
MARC FAUVELLE
Jacqueline GOURAULT, de nombreux maires s'inquiètent également de la suppression annoncée de la taxe d'habitation et craignent de ne plus avoir d'argent, tout simplement, dans leurs caisses. Qu'est-ce vous pouvez leur répondre ?
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien qu'ils ne s'inquiètent pas, puisque l'Etat pratique le dégrèvement, c'est-à-dire que l'Etat prend la place du contribuable. Et la commune sera remboursée à l'euro près. Et d'ailleurs vous pouvez noter qu'après un an d'exercice, c'est-à-dire il y a déjà eu un tiers de la taxe d'habitation qui a été supprimé pour les contribuables, l'Etat a compensé intégralement par le dégrèvement.
RENAUD DELY
Mais vous dites : « l'Etat prend la place du contribuable », mais l'Etat c'est le contribuable.
JACQUELINE GOURAULT
Bien évidemment, l'Etat c'est le contribuable, le budget national, mais en l'occurrence, pour la mécanique…
RENAUD DELY
Donc ce qui signifie que la suppression de la taxe d'habitation pour les contribuables elle sera compensée par d'autres prélèvements pour les mêmes contribuables.
JACQUELINE GOURAULT
Mais non, bien sûr que non, puisque c'est 17 milliards d'économies pour les contribuables, c'est l'Etat qui sur son propre budget, dégrève et rembourse les communes du montant. Alors, ceci pour 3 ans, bien évidemment le dégrèvement c'est normal.
RENAUD DELY
Donc on va creuser le déficit public.
JACQUELINE GOURAULT
Mais non, on va faire des économies en parallèle.
MARC FAUVELLE
Qui ne sont pas budgétées pour l'instant puisque cette suppression de la taxe d'habitation elle est très progressive, et qu'on a gardé le plus cher pour la fin, c'est-à-dire la suppression de la taxe d'habitation pour les Français qui gagnent le plus et donc qui paient le plus de taxe d'habitation. A quelle date, Jacqueline GOURAULT, plus aucun Français ne paiera cette taxe ?
JACQUELINE GOURAULT
2023.
MARC FAUVELLE
2023, c'est-à-dire après Emmanuel MACRON, enfin après ce quinquennat.
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien c'est-à-dire que progressivement, puisque c'est 3 tiers, le dernier tiers sera payé en 2022.
MARC FAUVELLE
Oui, 2022.
JACQUELINE GOURAULT
Sera supprimé, pardon. Le dernier tiers sera…
MARC FAUVELLE
Sera supprimé, donc on paiera encore, les Français les plus aisés paieront encore la taxe d'habitation en 2022.
JACQUELINE GOURAULT
Le dernier tiers payé sera en 2022. Non...le dernier... Je reprends.
MARC FAUVELLE
Allez-y.
JACQUELINE GOURAULT
Le dernier tiers supprimé sera en 2022.
MARC FAUVELLE
Donc on le paiera en 2022 ou pas ?
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien non, on ne paiera plus rien à partir…
MARC FAUVELLE
Donc on paiera pour la dernière fois en ?
RENAUD DELY
Donc en 2021.
JACQUELINE GOURAULT
Et à partir de 2023…
RENAUD DELY
Le dernier tiers sera payé en 2021.
JACQUELINE GOURAULT
22. (blanc). Oui, 21, supprimé en 2022. Oh lala ! Ohhhh, excusez-moi, c'est un peu... voilà. Il ne faut pas se tromper entre payer et supprimer. Voilà.
RENAUD DELY
Donc, payé en 2021, supprimé en 2022. En ce moment arrivent les avis de taxe foncière. Est-ce qu'il y a, aujourd'hui il y a un certain nombre de contribuables qui s'inquiètent d'une hausse de la taxe foncière. Est-ce qu'il y a aujourd'hui des maires qui sont tentés de compenser la suppression de la taxe d'habitation en augmentant la taxe foncière ?
JACQUELINE GOURAULT
Non, ce qui s'est passé, j'ai bien vu les réactions qui il y a eu, il se trouve que chaque année il y a révision des bases locatives pour les bâtiments. Pourquoi ? Parce que certains bâtiments s'agrandissent, vous construisez deux pièces de plus dans votre maison et évidemment la valeur locative, c'est comme cela tous les ans, je peux vous dire qu'il y a eu à peu près 60 000 bâtiments, valeurs locatives, qui ont été réévaluées cette année, et ça depuis toujours. Ça n'a rien à voir avec la suppression…
MARC FAUVELLE
Il n'y en a pas plus cette année que les années précédentes ?
JACQUELINE GOURAULT
Non.
MARC FAUVELLE
Il n'y a pas plus de réévaluations cette année.
JACQUELINE GOURAULT
Non.
MARC FAUVELLE
Non, et le chiffre global, vous nous dites, c'est ?
JACQUELINE GOURAULT
Alors, la réévaluation, c'est compte-tenu des évolutions…
MARC FAUVELLE
Depuis 1900…
JACQUELINE GOURAULT
Non…
RENAUD DELY
70.
MARC FAUVELLE
70.
JACQUELINE GOURAULT
Je veux dire, chaque année il y a des réévaluations quand vous demandez à la commune, vous déposez un certificat d'urbanisme qui montre que vous agrandissez votre maison, naturellement ça déclenche une révision des valeurs locatives derrière. Alors, après, ce que vous dites, c'est que les valeurs locatives n'ont pas été globalement revues depuis 1970. Ce qui entraîne bien sûr des inégalités fortes, puisque…
RENAUD DELY
Ça il faudrait le faire aujourd'hui, non Est-ce que c'est impôt, justement, n'est pas aujourd'hui obsolète ?
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien oui, et d'ailleurs c'est prévu d'être inscrit dans la prochaine Loi de finances, pour qu'une politique générale soit mise en place de révision des valeurs locatives, et comme cela vient d'être fait pour les locaux commerciaux et les locaux, enfin, qui ne sont pas les habitations pour la population.
MARC FAUVELLE
Dans un instant, Jacqueline GOURAULT, on va parler de ce qui se passe en Corse et du projet des Nationalistes qui veulent taxer, même surtaxer les résidences secondaires des non-Corses, des Continentaux. Vous rentrez de l'île, vous nous direz ce que vous en pensez. D'abord le rappel de l'actualité à 08h50, avec Laurianne DELANOË.
Toujours avec la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline GOURAULT, et toujours avec Renaud DELY, pour parler donc de la Corse.
RENAUD DELY
Vous y étiez en fin de semaine dernière, Jacqueline GOURAULT, en visite en Corse. La Corse est actuellement gérée par une coalition nationaliste au pouvoir. Et ces nationalistes, pour lutter contre l'inflation des prix de l'immobilier sur l'île, ils proposent de taxer lourdement les résidences secondaires des continentaux, ils exonéreraient de cette surtaxation les Corses ou d'ailleurs les propriétaires qui ont un aïeul vivant ou inhumé en Corse. L'objectif que poursuivent les nationalistes, Jean-Guy TALAMONI, le président de l'Assemblée de Corse, le résume, écoutez, c'est très court.
JEAN-GUY TALAMONI, PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE DE CORSE (MARDI SUR FRANCE 2)
Décourager ceux qui, aujourd'hui, par la force de l'argent, sont en train de chasser les Corses de la Corse.
RENAUD DELY
Cette surtaxation, ce serait une mesure constitutionnelle ?
JACQUELINE GOURAULT
Non.
RENAUD DELY
Vous lui avez dit…
JACQUELINE GOURAULT
Nous sommes en République, il y a l'égalité devant l'impôt, non, je ne lui ai pas dit, parce que je ne l'ai pas rencontré récemment, j'ai rencontré bien sûr Gilles SIMEONI, le président de l'exécutif de Corse, mais je n'ai pas rencontré monsieur Jean-Guy TALAMONI, mais le problème du logement en Corse, c'est un vrai sujet…
MARC FAUVELLE
Il l'est aussi dans d'autres régions, dans d'autres grandes villes, mais vous y êtes donc clairement défavorable au nom de la Constitution, on vous entend…
JACQUELINE GOURAULT
Oui, bien sûr. Et ce qu'il faut, c'est travailler, et d'ailleurs, nous avons un groupe de travail qui a été mis en place à la demande des élus de Corse, en particulier des maires et des intercommunalités, parce qu'il y a un certain nombre de contraintes en Corse, d'abord, c'est une île montagneuse, il y a la loi Montagne, il a il y a la loi Littoral, et puis, il y a surtout aussi des problèmes de foncier dans le sens où il est parfois difficile de connaître les propriétaires des terrains en Corse, et par ailleurs…
RENAUD DELY
C'est plus difficile en Corse qu'ailleurs ?
JACQUELINE GOURAULT
Oui, parce qu'il y a un système sur les transmissions qui fait qu'il y a multiples propriétaires sur un même terrain. Et par ailleurs, il y a un organisme qui essaie de recenser tous les terrains, qui s'appelle le Girtec, mais c'est un lourd travail. Et puis, il y a une insuffisance, je dirais, de documents d'urbanisme dans les communes de Corse, et souvent, il n'y a pas de carte communale ou de PLU, et il y a donc un encouragement qui est fait pour que, eh bien, des documents d'urbanisme soient faits dans les communes, ce qui permettra de mieux gérer les politiques de logement…
RENAUD DELY
Vous voulez dire, Jacqueline GOURAULT, qu'aujourd'hui, en matière d'urbanisme, les lois de la République ne s'appliquent pas de façon satisfaisante en Corse ?
JACQUELINE GOURAULT
Je ne dis pas qu'elles ne s'appliquent pas de façon satisfaisante, en France, il y a – enfin, en France, globalement, en Corse ou sur le continent – il y a aussi des communes qui n'ont pas de documents d'urbanisme et qui doivent se conformer à ce qu'on appelle le RNU, c'est-à-dire le Règlement National d'Urbanisme. Et c'est un frein souvent au développement des communes et au développement de l'habitat. Mais ceci dit, je suis allée par exemple à Porto-Vecchio, où il y a une grande opération ANRU…
MARC FAUVELLE
Vous le dites avec l'accent corse…
JACQUELINE GOURAULT
Comment ?
MARC FAUVELLE
Vous le dites avec l'accent corse…
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien, j'ai appris.
MARC FAUVELLE
Vous n'êtes pas tout à fait de cette région-là.
JACQUELINE GOURAULT
Ah, non, je ne suis pas vraiment…
MARC FAUVELLE
Vous êtes un peu plus au nord…
JACQUELINE GOURAULT
Le Loir-et-Cher est un peu plus au nord…
MARC FAUVELLE
Le Loir-et-Cher est un plus au nord que la Corse.
JACQUELINE GOURAULT
Et j'ai donc visité tout un programme ANRU qui est fait aussi à Porto-Vecchio. Il y a des opérations, comme il y en a à Bastia, comme il y en a à Bonifacio. Et donc là, nous sommes dans une position plus idéologique que pragmatique.
RENAUD DELY
Pas question d'accepter ce projet de surtaxation des résidences secondaires des continentaux, vous le disiez à l'instant. Qu'en est-il de l'autre… d'une autre revendication des nationalistes corses, c'est la co-officialité de la langue corse ; ils souhaiteraient qu'elle soit utilisée notamment dans les documents administratifs, dans l'administration, de la même façon que le français ?
JACQUELINE GOURAULT
La République ne reconnaît qu'une langue, c'est le français, alors après, le corse est une langue tout à fait… comment dire… reconnue comme une langue régionale, et l'Education nationale participe beaucoup avec des professeurs qui enseignent le corse, y compris dans des écoles primaires, et donc il y a un enseignement du corse en Corse, comme il y a un enseignement du breton en Bretagne.
MARC FAUVELLE
Un dernier mot sur – on a commencé avec les affaires, on va finir avec elles, si vous voulez bien, Jacqueline GOURAULT – François BAYROU, Marielle de SARNEZ et Sylvie GOULARD, que vous connaissez bien tous les trois, vous avez longtemps été ensemble dans le même parti, qui s'appelait à l'époque l'UDF, puis, le MoDem, ont été entendus hier dans l'affaire des soupçons d'assistant fictifs ou présumés, en tout cas, au Parlement européen, ils ne sont pas mis en examen. Je vous propose d'écouter à la sortie le soulagement de François BAYROU.
FRANÇOIS BAYROU, PRESIDENT DU MODEM (HIER SUR BFM TV)
Ça a pris un peu de temps, mais, enfin, on a pu faire valoir les preuves, parce que les preuves existent, en tout cas, je le crois, les preuves existent de ce que tout ça, était un mensonge. Et donc je suis très content de la manière dont cette journée s'est déroulée.
MARC FAUVELLE
Est-ce que vous êtes soulagée, vous aussi, pour celui qui a été pendant très longtemps votre ami politique ?
JACQUELINE GOURAULT
Il l'est toujours !
MARC FAUVELLE
Il l'est toujours.
JACQUELINE GOURAULT
Bien sûr, je crois que ce qui est très important, c'est qu'il ait été entendu, puisque cette histoire, ça fait deux ans et demi que cela a commencé, et donc François BAYROU, ni Marielle de SARNEZ n'avaient jamais été entendus, et toute l'histoire n'existait que par ce qu'on entendait dans les médias, bien évidemment. Et François BAYROU n'avait pas accès au dossier, ni vous, ni moi, personne n'avait accès au dossier puisqu'il n'avait pas été entendu. Je précise qu'il a été entendu librement…
RENAUD DELY
Entendu librement, il n'est pas mis en examen, ça signifie qu'il pourrait revenir au gouvernement ?
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien, là, vous allez vite en besogne !
RENAUD DELY
Mais il avait quitté le gouvernement au moment de l'ouverture de cette enquête, il pourrait revenir…
JACQUELINE GOURAULT
Oui, enfin, François BAYROU est maire de Pau, il est très heureux, et je pense qu'il a l'intention de se représenter à la mairie de Pau.
MARC FAUVELLE
Voilà, et Cyril GRAZIANI, notre confrère de France-Inter, qui écoute l'émission, nous signale que vous n'est pas parfaite en prononciation des noms de villes corses, Cyril qui connaît très bien la Corse, il va falloir travailler encore un tout petit peu …
JACQUELINE GOURAULT
Mais je suis tout à fait disposée à ce que Cyril vienne me donner des cours de corse…
MARC FAUVELLE
Merci à vous, Jacqueline GOURAULT, d'avoir été ce matin l'invitée de France Info.
RENAUD DELY
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 septembre 2019