Interview de M. Sébastien Lecornu, ministre chargé des collectivités territoriales, à RTL le 30 avril 2019, sur la limitation de vitesse à 80 km/h, les maisons de service public et les relations avec les collectivités locales.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

YVES CALVI
Elizabeth MARTICHOUX, vous recevez ce matin le ministre des Collectivités territoriales, Sébastien LECORNU.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'être sur RTL. Bonjour Sébastien LECORNU.

SEBASTIEN LECORNU
Bonjour Elizabeth MARTICHOUX.

ELIZABETH MARTICHOUX
Puisque c'est attendu par les élus et que vous êtes avec Jacqueline GOURAULT, le ministre qui s'en préoccupe, parlons d'abord si vous voulez bien les 80 km/h sur les nationales. La porte-parole du gouvernement a dit dimanche : « Pas d'application uniforme ou brutale ». Soyons précis, cet assouplissement vous allez l'évoquer en juin avec les associations d'élus, et après, c'est pour quand ?

SEBASTIEN LECORNU
Et après, il s'agit de ne pas baisser la garde sur la lutte contre la violence routière. Vous savez, moi j'ai été non seulement maire et président de Conseil départemental, j'ai été aussi officier de réserve dans la gendarmerie et j'étais amené à intervenir sur des accidents de la route qui sont absolument dramatiques et qui brisent des vies. Donc je pense qu'il ne faut pas qu'on soit moins disant sur cet objectif, qui certes n'est pas toujours très populaire, en tout cas ne rend pas populaire le pouvoir politique lorsqu'il prend des décisions courageuses, et moi je tiens à saluer l'abnégation et la ténacité d'Edouard PHILIPPE sur le sujet. Après…

ELIZABETH MARTICHOUX
L'abnégation ! Eh bien alors on maintient, on maintient ou on assouplit ?

SEBASTIEN LECORNU
Oui, parce que, qu'a-t-on entendu ? Je vous réponds dans un instants, mais qu'a-t-on entendu sur le sujet, disant que le Premier ministre ne comprenait rien à rien, qu'on faisait tout ça pour remplir les caisses de l'Etat, on a entendu beaucoup de sottises sur les 80 km/h et je pense quand même qu'il faut…

ELIZABETH MARTICHOUX
De la part des élus.

SEBASTIEN LECORNU
Non, de la part d'un certain nombre d'opposants qui en ont fait un totem politique.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce sont des élus, en règle générale.

SEBASTIEN LECORNU
Parfois ce sont certains des élus, pas tous, en tout cas penser que parfois un peu de courage en politique ça peut faire du bien. Est-ce qu'il faut appliquer cette mesure, parfois avec plus de discernement, plus proche du terrain ? La réponse est oui. Ça a été dit par le président de la République dans le cas du Grand débat national, le Premier ministre aura l'occasion de le dire dans les semaines qui viendront, parce qu'il faut bien sûr le négocier avec les élus. Et moi, à titre personnel, je suis favorable à ce qu'on puisse avoir quelque chose du type codécision entre le président du Conseil départemental, qui a un pouvoir de police, sur le réseau des routes départementales, et le préfet de département. J'ai présidé le département de l'Eure, je connais bien mon réseau routier, il y a des endroits où fondamentalement il faut rester à 80 km/h et faut durcir les contrôles, à d'autres endroits, au vu des données statistiques qui sont à la disposition d'un préfet et d'un président de département, on doit pouvoir changer ou moduler les choses.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc on ne donnera pas le pouvoir entier et total sur ce sujet aux présidents de département. Non.

SEBASTIEN LECORNU
En fait, personne ne sait, sans être trop technique, le pouvoir de police par définition est toujours sous le contrôle du préfet, même quand un maire exerce son pouvoir de police, il le fait sous le contrôle du préfet, donc même si on donne tout aux présidents de département, c'est toujours sous le contrôle du préfet.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et on donne tout comment, d'ailleurs ? C'est un décret, c'est une loi, c'est... ?

SEBASTIEN LECORNU
C'est du réglementaire, vous l'avez bien vu d'ailleurs, on a changé la modulation sur la vitesse sur les routes, sans passer par la loi, donc évidemment tout ça c'est l'organisation de la police, donc le pouvoir de police. C'est bien sûr une compétence du ministre de l'Intérieur.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça fait quand même quelques semaines, pour ne pas dire quelques mois, vous l'avez évoqué, que le président lui-même ait convenu qu'il pourrait y avoir un assouplissement. Est-ce que ça pourrait se faire avant la fin de cette année ?

SEBASTIEN LECORNU
Oui, je crois que ce sont des choses qui peuvent aller vite, puisque dans un art d'exécution facile et rapide, il faut simplement prendre le temps, déjà de se mettre d'accord sur les objectifs de diminution du nombre des morts sur les routes, parce que là aussi il peut être intéressant d'avoir des objectifs départementaux, de le négocier, parce que beaucoup de collègues présidents de conseils départementaux, sont volontaires, ils me l'ont dit. Après il faut prendre le temps d'une négociation aussi peut-être plus globale, mais je pense que c'est un objet intéressant. Il a permis de faire rerentrer dans l'espace public et le débat public cette question de la lutte contre la mortalité routière, et moi je m'en réjouis puisque c'est véritablement un fléau dans notre pays.

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, vous l'avez dit, donc, avant la fin de l'année.

SEBASTIEN LECORNU
Je souhaite en tout cas que ça aille vite.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous le souhaitez, et on a bien compris que personnellement vous êtes plutôt sur les freins sur cette affaire d'assouplissement.

SEBASTIEN LECORNU
Non, je suis pragmatique là-dessus, une fois de plus. J'ai du annoncer des décès à des parents, j'ai ça en tête.

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, mais ça fait, pragmatique, c'est une question de point de vue. C'est très relatif.

SEBASTIEN LECORNU
Elizabeth MARTICHOUX, j'ai du annoncer des décès à des parents, suite à des accidents de voiture, j'ai ça donc en tête.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pour répondre au sentiment d'abandon, Sébastien LECORNU, le président MACRON a dit qu'il fallait s'inspirer du Canada et créer des Maisons France. Pardon, mais il peut aussi s'inspirer de la France, parce qu'il y a déjà des Maisons de service public.

SEBASTIEN LECORNU
Oui.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc c'est…

SEBASTIEN LECORNU
Ce ne sont pas tout à fait le même esprit et la même chose.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pourquoi ?

SEBASTIEN LECORNU
Juste, d'un mot, quand même, sur la sortie du Grand débat national et dans les annonces du président de la République, il y a une véritable volonté d'un énorme acte de proximité, on va y revenir sans doute…

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est le but, parlons de ces Maisons de France, justement.

SEBASTIEN LECORNU
... avec décentralisation, etc. En fait, vous avec deux aspects dans cet acte de proximité, qui va venir aussi clore 10 à 15 années de gigantisme comme doctrine chez la plupart des élus, des grands élus notamment ou du pouvoir technocratique, les grandes régions, les grandes intercommunalités, les grands cantons, les grandes commune, et donc on va revenir à quelque chose de plus culturel aussi dans ce qu'est la France, c'est-à-dire une véritable proximité, et le canton en cela est d'ailleurs une échelle de proximité républicaine ancienne, et donc…

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est ce qui va permettre, pardon, je lis Gérard LARCHER ce matin dans Le Parisien, et il répond Emmanuel MACRON en disant : « Je ne sens ni souffle, ni vision, ni stratégie qui permettrait de réparer les fractures qui touchent le pays ».

SEBASTIEN LECORNU
Oui, ça c'est son opinion…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous voyez, lui il n'est pas d'accord avec vous.

SEBASTIEN LECORNU
... et comme vous avez surligné l'interview, je le vois, vous avez d'autres formules derrière, qui dit qu'il y a des propositions qui sont intéressantes, qu'il y a des choses sur lesquelles le Sénat les demandes depuis des années et qu'il est content que le président de la République avance sur le sujet…

ELIZABETH MARTICHOUX
Enfin, il est quand même sceptique sur la capacité de ces annonces à réparer la fracture par la proximité.

SEBASTIEN LECORNU
Gérard LARCHER est un ami, néanmoins il ne vous aura pas échappé qu'il est président des Républicains du Sénat, et donc qu'il est un opposant, un opposant respectueux, certes, mais un opposant quand même.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et donc qu'il parle à ses élus, c'est ça que vous voulez dire.

SEBASTIEN LECORNU
Donc, la réalité, c'est qu'on a un besoin de... Bien évidemment qu'il parle à ses élus, on ne peut pas lui en vouloir. Il y a un besoin de proximité dans le pays, il est très fort. Proximité pour les élus locaux, on y reviendra peut-être, proximité en matière de services publics, et ça pour le coup, garantir un niveau minimum de service public dans chaque canton France ou à moins de 30 minutes de voiture…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y en a combien de cantons ?

SEBASTIEN LECORNU
Vous avez 2 000 cantons au 1er janvier 2019, aujourd'hui vous avez 846 maisons qui existent déjà…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il n'y en a pas 1 300 ? On dit qu'il y a…

SEBASTIEN LECORNU
Non, mais 1 300 parce que vous en avez plusieurs par canton, 846 c'est le nombre de cantons qui sont déjà couverts.

ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord.

SEBASTIEN LECORNU
Donc ça vous donne la marge de progression importante sur le sujet.

ELIZABETH MARTICHOUX
A quelle échéance, encore une fois ?

SEBASTIEN LECORNU
Après, attendez, ce qui compte aussi, j'imagine…

ELIZABETH MARTICHOUX
Sébastien LECORNU, les Français veulent savoir quand est-ce que vous mettez ça en musique.

SEBASTIEN LECORNU
J'y viens, Elizabeth MARTICHOUX, mais je pense que les Français veulent d'abord savoir ce que c'est. Donc qu'est-ce que c'est que ces maisons ?

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est assez facile à comprendre.

SEBASTIEN LECORNU
Mais non, ce n'est pas si facile à comprendre, parce que ça n'a jamais été fait dans la proportion dans laquelle nous souhaitons le faire. C'est réunir à l'échelle cantonale, à moins de 30 minutes de voiture globalement en temps moyen, tous les services de première nécessité. Les services de l'Etat, ce n'est pas ce qu'il y a plus compliqué à faire, encore que ça va appeler une belle réforme de l'Etat aussi sur la présence territoriale, la question des cartes grises, la question bien sûr du cheminement vers tout ce qui a été dématérialisé et numérisé. Les prestataires de réseaux, SNCF, ENEDIS, GRDF, l'ensemble des caisses, les Caisses de retraite, des Caisses d'assurance maladie, la Caisse d'Allocations Familiales, l'ensemble des guichets des collectivités territoriales, vous connaissez bien notre pays Elizabeth MARTICHOUX, mettre toutes ces personnes, parfois dans un même espace, ça n'est pas forcément quelque chose de si évident. LA POSTE, bien évidemment financer tout ça avec notamment la Caisse des dépôts qui se dit prête à avancer…

ELIZABETH MARTICHOUX
Pôle emploi, on imagine.

SEBASTIEN LECORNU
Il y a aussi évidemment la question de Pôle emploi etc. Donc l'idée c'est d'avoir un véritable service minimum de qualité, parce qu'il ne s'agit pas de labelliser des coquilles vides ou des machins un peu partout, il faut fondamentalement qu'il y ait derrière une labellisation exigeante. Quand ? Comme on ne part pas sur une carte complètement blanche, je vous l'ai dit, t avec ces 846 cantons qui ont déjà une base importante, souvent d'ailleurs portés par les collectivités territoriales, et qu'elles soient remerciées par les efforts importants qu'elles ont accomplies ces dernières années sur le sujet, on doit pouvoir continuer cette déclinaison à l'automne et poursuivre le déploiement jusqu'en 2022. Là aussi il ne s'agit pas de bâcler…

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc objectif final : 2022, un par canton.

SEBASTIEN LECORNU
J'ai trop vu sur ces maisons, la volonté de vite couper le ruban et derrière des citoyens qui pouvaient être déçus de la qualité, parce que l'enjeu de la formation des personnels qui vont se retrouver dans ces maisons, dans ces espaces de France services de proximité, est un enjeu majeur.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous pourriez faire appel au privé d'ailleurs ? Parce que, comme vous l'avez dit, ce n'est pas facile de réunir dans un temps limité, tous ces services et tous ces agents.

SEBASTIEN LECORNU
Je pense qu'il faut beaucoup de souplesse. Aujourd'hui, il n'y a pas que les collectivités…

ELIZABETH MARTICHOUX
Souplesse, donc prestataires privés, éventuellement ?

SEBASTIEN LECORNU
Regardez, souplesse aujourd'hui, puisque vous avez les collectivités locales qui emportent, vous avez des associations qui emportent, vous avez LA POSTE qui emporte. LA POSTE c'est déjà un début du privé. Donc oui, en partie c'est possible, mais là aussi je pense qu'il faut faire à la carte, avec le président de l'intercommunalité, le maire, le président de Conseil départemental, qu'est-ce qui est le plus adapté. Vous avez des endroits, ça repose beaucoup sur des bénévoles très bien formés, c'est un modèle, dans d'autres endroits ce sont des agents municipaux, là aussi il faut le regarder avec beaucoup de pragmatisme, avec Jacqueline GOURAULT on va s'y employer.

ELIZABETH MARTICHOUX
Conseiller, je voudrais aussi évoquer donc le nouvel acte de décentralisation. D'abord, c'est envisageable avant les municipales ou pas ?

SEBASTIEN LECORNU
Alors, moi je souhaite que tout ce qui relève du statut de l'élu, c'est-à-dire la capacité à aussi répondre à la crise de l'engagement qui est importante depuis des années et qu'on va continuer de connaître lors des prochaines élections municipales, les questions liées à la révision de la loi NOTRe, qui est une loi qui a mis beaucoup de pagaille dans l'organisation territoriale du pays.

ELIZABETH MARTICHOUX
François HOLLANDE avec les grandes régions, et les intercommunalités…

SEBASTIEN LECORNU
Oui, grandes régions, intercommunalités, la gestion des compétences. Moi je souhaite que tout ça soit clarifié avant les élections municipales pour permettre au prochain mandat municipal, à la personne qui va être élue maire ou réélue maire en mars 2020, d'avoir un paysage stabilisé.

ELIZABETH MARTICHOUX
Avant, mais voté au Parlement ?

SEBASTIEN LECORNU
J'aimerais, ce n'est pas évident, ça va dépendre aussi beaucoup de Gérard LARCHER par exemple, dont vous parliez il y a un instant, puisque bien sûr le Sénat va avoir un rôle…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous lui lancez un appel ce matin ? Vous lui dites…

SEBASTIEN LECORNU
Je pense que l'on est d'accord sur beaucoup de choses avec Gérard LARCHER, à titre personnel mais également sur les choix politiques qui sont faits autour notamment de la révision de la loi NOTRe ou du statut de l'élu, moi je vais beaucoup m'appuyer avec Jacqueline GOURAULT sur les travaux du Sénat. Typiquement, si le Sénat accepte d'avancer vite sur ce sujet, comme pour la révision constitutionnelle d'ailleurs avec la différenciation qui est quelque chose d'attendu aussi de la part les élus, on pourra aller vite.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pour les régions, des compétences que l'on pourra, on va dire, voilà, faire de la dentelle, faire du cas par cas…

SEBASTIEN LECORNU
Exactement, ajuster, comprenons que l'on ne vit pas en Bretagne comme en Alsace par exemple, et donc on peur s'organiser peut-être différemment en Bretagne qu'en Alsace, c'est un exemple concret. Là fondamentalement sur la décentralisation, Elizabeth MARTICHOUX, ça prendra un peu plus de temps, puisque bien sûr la négociation est plus complexe, il y a des questions liées au financement, aux ressources, potentiellement des transferts de compétence et donc d'agents publics, et donc là pour le coup on est sur un calendrier à 2020, mais fondamentalement avant les élections municipales ce sera beaucoup plus compliqué de le faire.

ELIZABETH MARTICHOUX
Plus rapide que quoi ? Que la révision constitutionnelle ?

SEBASTIEN LECORNU
Plus rapide que la loi NOTRe, plus rapide que le statut de l'élu.

ELIZABETH MARTICHOUX
Plus rapide que le statut de l'élu ?

SEBASTIEN LECORNU
Le statut de l'élu, révision de la loi NOTRe, je souhaite que cela puisse être bouclé avant les élections municipales. Révision constitutionnelle, le président de la République l'a dit, il faut que ça redémarre à l'été, avec tout ce que cela comporte, y compris sur la différenciation ou sur le droit de pétition locale pour interpeller les élus, une assemblée délibérante pour nos concitoyens. Sur la décentralisation, le meccano technique et financier est plus délicat, il faut donc faire du cousu main, prendre du temps et faire une décentralisation qui repart du citoyen et non pas d'ailleurs des élus ou de l'Etat mais fondamentalement toujours repartir du citoyen usager du service public local.

ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce qu'on pourrait dire que les ministres venus de la droite, comme vous, Gérald DARMANIN, évidemment Bruno LE MAIRE, ont perdu une bataille sur la question des retraites ?

SEBASTIEN LECORNU
Non, et je crois d'ailleurs que ministre de gauche ou ministre de droite, ça n'existe pas. Moi j'adhère à En Marche parce que j'ai adhéré à un projet, le projet du président de la République. Et celles et ceux qui se retrouvent…

ELIZABETH MARTICHOUX
Hier, d'ailleurs, dans Le Parisien, vous dites : je suis plus de gauche parfois que certains Strauss-kahniens. Alors, les Strauss-kahniens ce sont les élus de gauche qui ont travaillé avec Dominique STRAUSSKAHN, Stanislas GUERINI, Cédric O, Adrien TAQUET…

SEBASTIEN LECORNU
Mais ce sont des amis, par ailleurs, je dis juste que...

ELIZABETH MARTICHOUX
... EMELIEN, Philippe GROSJEAN, etc.

SEBASTIEN LECORNU
Je ne veux pas être caricaturé, j'ai été élevé dans une droite populaire, je suis d'origine très modeste…

ELIZABETH MARTICHOUX
Plus de gauche quand même que certains…

SEBASTIEN LECORNU
Je pense que le séguinisme qui a bercé mon enfance, Elizabeth MARTICHOUX, à mon avis le goût de l'intervention de l'Etat dans l'économie, est beaucoup plus fort que certains libéraux de gauche, c'est uniquement ça que je veux dire, ça me paraît très respectueux que de le dire.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et donc vous étiez, vous plaidiez en tout cas, Gérald DARMANIN a fait bonne figure vendredi matin ici dans le studio avec Yves CALVI, mais quand même, il aurait voulu par exemple qu'on touche à l'âge légal ou au temps de travail obligatoire…

SEBASTIEN LECORNU
Il ne dit pas ça Gérald DARMANIN, ni Bruno LE MAIRE.

ELIZABETH MARTICHOUX
... la réforme Delevoye, elle est sanctuarisée, pas touche à l'âge légal, c'est ce qu'a dit Emmanuel MACRON.

SEBASTIEN LECORNU
Les ministres de Bercy sont là pour s'assurer des comptes publics, et donc dire qu'il faut travailler plus dans notre pays, d'une manière ou d'une autre, par définition est dans leur rôle, et on ne peut pas en vouloir aux deux ministres qui s'occupent justement de la bonne gestion des comptes publics de ce pays, que de dire quelques vérités, que si on se compare avec d'autres pays européens. Donc oui il faut sûrement travailler plus, et vous l'avez vu, le président de la République a commencé à préciser les choses, entre âge légal à 62 ans, âge pivot potentiel sur lequel monsieur DELEVOYE devra justement s'exprimer. C'est le système de décote qui est un système qui permet d'inciter à travailler davantage.

ELIZABETH MARTICHOUX
Sébastien LECORNU, le 1er mai c'est la fête du travail, est-ce qu'il faut avoir peur d'aller manifester demain ?

SEBASTIEN LECORNU
Tout sera mis en oeuvre pour que le droit de manifester puisse justement être préservé. Le ministre de l'Intérieur, Christophe CASTANER, et Laurent NUNEZ s'exprimeront avec le préfet de police de Paris cet après-midi à 16h30, pour détailler le dispositif, non seulement à Paris mais également dans les grandes villes de province, pour assurer la sécurité des manifestants. Après, le gouvernement va être ferme désormais, et encore plus peut-être qu'avant, sur justement celles et ceux qui veulent en découdre avec la République, et n'en finissent pas de s'enfoncer dans une violence inacceptable.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous craignez la convergence des luttes, les Gilets jaunes, les syndicats, les Blacks-blocs anticapitalistes ?

SEBASTIEN LECORNU
Non, les syndicats sont des gens responsables, raisonnables, qui ont toujours un service d'ordre lorsqu'ils organisent une manifestation, il y a peu de manifestations syndicales qui dégénèrent, ils savent les organiser, ce sont des professionnels, et même les syndicats les plus opposés au gouvernement sont des syndicats responsables, qui travaillent en bonne intelligence avec les services de l'Etat. Non, ce qui est à craindre ce sont toujours les quelques fous et voyous qui évidemment « blackbloquent » à un moment donné pendant la manifestation, sortent une cagoule noire et se mettent à tout casser, et là bien sûr une intervention est parfois plus délicate pour les forces de l'ordre, parce qu'ils se sont immiscés parmi les gens raisonnables, et donc là il y a un enjeu majeur d'exécution de l'ordre public et du maintien de l'ordre. Mais le préfet de police de Paris est mobilisé avec le ministre de l'Intérieur sur ce sujet.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'avoir été avec nous.

SEBASTIEN LECORNU
Merci.

ELIZABETH MARTICHOUX
La première chose que vous allez faire dans les jours qui viennent pour mettre en oeuvre et mettre en musique les annonces présidentielles, en ce qui vous concerne, vous, ministre des Collectivités locales, c'est ?

SEBASTIEN LECORNU
Négocier, consulter, discrètement, puisqu'elle la période de réserve avec les élections européennes arrive, mais donc je vais multiplier un certain nombre de rencontres avec les associations d'élus, avec le Sénat, avec l'Assemblée nationale, pour arriver justement début juin à ouvrir une concertation plus globale avec le Premier ministre, lors de la Conférence nationale des territoires qui aura lieu la première semaine de juin.

ELIZABETH MARTICHOUX
Organisateur du Grand débat, organisateur du prochain acte de décentralisation, c'est la mission de Sébastien LECORNU. Merci d'avoir été avec nous ce matin, sur RTL.

SEBASTIEN LECORNU
Merci de m'avoir invité.

YVES CALVI
Et pour le 80 km/h, il s'agira donc d'une codécision entre le président du département et le préfet lorsqu'il y a, je dis bien lorsqu'il y a des aménagements. Merci à tous les deux.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 mai 2019