Texte intégral
LAURENT DIVET
Julien DENORMANDIE est notre invité. Ce matin, nous recevons le Ministre auprès de la Ministre de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales chargé de la Ville et du Logement. Vous pouvez d'ailleurs lui poser vos questions au 01 42 30 10 10 dès maintenant.
NOE DA SILVA
Bonjour Julien DENORMANDIE.
JULIEN DENORMANDIE, MINISTRE DE LA VILLE ET DU LOGEMENT
Bonjour.
NOE DA SILVA
Merci d'être avec nous ce matin sur France Bleu Paris. Vous allez nous parler des retombées des Jeux olympiques en termes d'emploi sur notre région dans un instant, mais avant cela évoquons le logement et l'encadrement des loyers. La ville de Paris se dit prête à l'appliquer dès le mois de juin. C'est signé mais à quand une publication au Journal officiel pour que ce soit vraiment effectif ?
JULIEN DENORMANDIE
Dans les tout prochains jours mais je voudrais revenir dessus. Aujourd'hui à Paris et comme dans d'autres villes, on a un problème fondamental qui est le montant des loyers. Le logement, c'est souvent la galère pour beaucoup d'entre nous. Certains dépensent jusqu'à 40 voire 50 % de leurs revenus pour payer leur loyer. Et donc face à ça, qu'est-ce qu'on veut ? Est-ce qu'on veut laisser le phénomène se poursuivre ? Dans ce cas-là, on va se retrouver avec des villes où ne vivront dans les centres-villes que les personnes les plus aisées. Ou est-ce qu'on prend le sujet à bras-le-corps pour trouver des solutions ? Et parmi les solutions, il y a l'encadrement des loyers. Et donc moi, j'ai passé une loi, la loi logement, il y a quelques mois et j'ai décidé par la loi de permettre le retour de l'encadrement des loyers là où c'était nécessaire. Cette loi, elle a été adoptée. J'ai signé le décret d'application et donc dans les prochains jours, ce décret sera publié et permettra à la mairie de Paris de remettre l'encadrement des loyers. Je crois que c'est quelque chose qui était important pour ce territoire-là.
NOE DA SILVA
Mais pas seulement Paris ?
JULIEN DENORMANDIE
Toutes les collectivités qui le décideront pourront le faire. J'ai une approche, vous savez, qui est très territoriale. Ça dépend des territoires. Il faut, moi en tant que ministre, que je permette le retour de l'encadrement des loyers là où c'est nécessaire. Aux élus locaux ensuite de définir s'ils souhaitent ou non l'appliquer. Mais je le fais avec beaucoup de détermination parce qu'encore une fois, le problème dans notre pays, c'est le montant des loyers. C'est ça contre quoi il faut se battre.
NOE DA SILVA
Il y a aussi le prix du mètre carré à Paris qui atteint et qui dépasse les 10 000 euros le mètre carré. Là le gouvernement ne peut rien faire.
JULIEN DENORMANDIE
Si. Il n'y a aucune fatalité dans tout ça. Il faut agir avec force. L'encadrement des loyers permet de limiter l'augmentation au fur et à mesure et puis il y a d'autres choses. Il y a libérer du foncier, libérer du terrain. On a changé la fiscalité pour permettre d'aller plus vite dans la libération de ce terrain. Et puis vous avez, par exemple, vous avez ce phénomène où on s'en rend compte, il y a plein de bureaux vacants. Ces bureaux parfois ils sont libres depuis des années. Eh bien par la loi, moi j'ai pris des mesures pour qu'on puisse transformer ses bureaux dans des logements. Ça ne va pas se faire du jour au lendemain mais c'était nécessaire et ça permet, là aussi, de mettre plus de biens, de logements sur le marché et c'est très important.
NOE DA SILVA
C'était demandé par de nombreuses associations depuis plusieurs années.
JULIEN DENORMANDIE
Exactement.
NOE DA SILVA
Et les patrons qui sont venus ici à ce micro parfois pour dire : ces bureaux ne peuvent pas redevenir des bureaux puisque les normes ont changé ; ce n'est plus adapté, il faut en faire autre chose.
JULIEN DENORMANDIE
C'est exactement cela et dont on a pris là aussi le sujet à bras-le-corps pour modifier la loi, donner plus de possibilités dans cette transformation pour les accélérer. C'est ce que nous faisons aujourd'hui.
NOE DA SILVA
Julien DENORMANDIE, vous êtes Ministre de la Ville et du Logement. Vous avez répondu sur Twitter à la comédienne et humoriste Blanche GARDIN qui refuse l'ordre des Arts et des Lettres proposé par le ministre de la Culture à cause, dit-elle, de la politique d'Emmanuel MACRON vis-à-vis des SDF. Vous lui dites : « Je lutte sans relâche à tous les instants contre l'exclusion de tous, sous toutes ses formes. » N'est-ce pas un peu court quand l'humoriste rappelle qu'Emmanuel MACRON avait promis que plus personne ne serait à la rue et c'était en 2017 ?
JULIEN DENORMANDIE
Je ne réponds pas que ça. Je réponds par une page très détaillée sur l'ensemble des actions que nous faisons.
NOE DA SILVA
Non mais rien que cet argument de e ressortir la phrase d'Emmanuel MACRON qui dit qu'il n'y aura plus personne à la rue en 2017…
JULIEN DENORMANDIE
Mais au moment où je vous parle, j'ai annoncé qu'on allait pérenniser 6 000 nouvelles places d'hébergement d'urgence, ce qui vient s'ajouter aux milliers de places que nous avions déjà pérennisées l'année précédente. Au total, quand j'ai été nommé le dispositif de l'hébergement d'urgence c'était à peu près 130 000 places. C'était déjà beaucoup. Depuis lors, on l'a augmenté considérablement. C'est aujourd'hui 145 000 places. Jamais aucun gouvernement n'avait fait autant. Jamais. Et je ne m'en félicite pas, c'est ce que j'explique dans ma réponse. Je ne m'en félicite aucunement. Je dis juste que c'est un fait. Jamais aucun gouvernement n'avait autant ouvert de places d'hébergement d'urgence.
NOE DA SILVA
Mais Julien DENORMANDIE, jamais on ne pourra ne plus voir de sans abri dans la rue ?
JULIEN DENORMANDIE
Si. Comment il faut faire ? Il faut non seulement ouvrir plus de places d'hébergement d'urgence. C'est ce que nous avons fait et sans commune mesure par rapport à tout ce qui avait été fait par le passé. Et puis deuxièmement, il faut apporter des réponses durables. C'est-à-dire que les personnes qui vivent dans la détresse, qui sont dans ces hébergements, qu'on accompagne avec les associations et les élus locaux, il faut les sortir durablement pour leur redonner un vrai logement. C'est ce qu'on appelle la politique du logement d'abord, celle que nous avons portée par exemple avec la Fondation Abbé Pierre. Eh bien l'année dernière, cette politique qu'on a mis en place, l'année dernière on a réussi à faire sortir 70 000 personnes soit de la rue soit des abris de fortune. 70 000 personnes. Il faut continuer avec beaucoup de détermination, d'humilité aussi parce que la situation est très difficile. Mais on ne lâchera rien, mais rien.
NOE DA SILVA
Et vous, Julien DENORMANDIE, vous ne pouvez pas dire que d'ici la fin du quinquennat il n'y aura plus personne à la rue ? Vous ne pouvez plus dire ce genre de phrase ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais ce que je vous dis, c'est que tant qu'il y aura encore une personne à la rue, c'est que le travail ne sera pas fini. Et moi, je le fais avec beaucoup, beaucoup de détermination. L'année dernière, la Nuit de la solidarité à Paris…
NOE DA SILVA
Donc c'est une mauvaise promesse d'Emmanuel MACRON ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais non, mais non. Parce que tant que vous avez une personne à la rue, c'est que le travail n'est pas fini. L'année dernière à Paris, on a fait la Nuit de la solidarité. On a recensé à peu près 3 000 sans domicile fixe. En un an, j'ai ouvert sur Paris 3 000 places et en Ile-de-France 4 300 places. Cette année, on a refait la Nuit de la solidarité : il y a à nouveau un peu plus de 3 000 personnes. C'est pour montrer à quel point la situation est difficile mais pour vous montrer aussi à quel point on lutte sans relâche pour apporter un accompagnement spécifique à toutes celles et ceux qui en ont besoin. Je le dis avec beaucoup d'humilité : aucun gouvernement n'a fait autant. Mais je le dis avec beaucoup d'humilité parce que la situation est très difficile mais aussi avec beaucoup de détermination. Tant qu'une personne sera à la rue, eh bien on continuera cet effort sans précédent et on le continuera avec beaucoup de force.
LAURENT DIVET
Vous écoutez Julien DENORMANDIE sur France Bleu Paris. C'est notre invité. Nous recevons le Ministre chargé de la Ville et du Logement et vous allez pouvoir lui poser toutes vos questions. C'est à vous de le dire au 01 42 30 10 10, notamment sur cette question des loyers, de cette loi, de cet encadrement. Est-ce que c'est un coup d'épée dans l'eau ? Est-ce que c'est une bonne mesure ? 01 42 30 10 10.
NOE DA SILVA
Les Jeux olympiques de Paris 2024 souvent critiqués, mais vous nous dites ce matin que ces Jeux olympiques vont créer de l'emploi avec ce chiffre : 150 000 emplois.
JULIEN DENORMANDIE
Exactement. C'est quelque chose qu'on va annoncer dans les toutes prochaines heures avec ma collègue Muriel PENICAUD, la Ministre du Travail, qui a demandé à son ministère de faire le recensement de tous les emplois qui vont être crées. Il y aura plus de 150 000 emplois qui seront créés.
NOE DA SILVA
Est-ce qu'on peut dire ce matin que c'est essentiellement dans la construction ?
JULIEN DENORMANDIE
Alors il y a trois principaux secteurs. La construction, le bâtiment. Le deuxième secteur, c'est tout ce qui est tourisme, animation, événementiel. Et le troisième secteur, c'est tout ce qui est relatif à la sécurité. Et ce qui est essentiel et ce qu'il faut apprendre aussi des erreurs qu'on a vues par exemple dans les Jeux olympiques de Londres ou même dans la Coupe du monde de football à Rio, c'est que ces événements sportifs passés au Brésil ou en Grande-Bretagne, ils n'ont pas été inclusifs. Ils n'ont pas permis aux jeunes vivant sur les territoires où se déroulent les épreuves de vraiment bénéficier de l'activité économique de ces événements.
NOE DA SILVA
Ça veut dire quoi ? 150 000 emplois crées, combien en Seine-Saint-Denis par exemple ?
JULIEN DENORMANDIE
Non, ça veut dire surtout que dans les 150 000 qui sont là, moi je veux que ce soit des apprentis, des personnes formées, des personnes qui habitent sur ces territoires et pas des travailleurs détachés, et pas des personnes qui vont venir d'autres pays sous le statut…
NOE DA SILVA
Il n'y a pas de risques de risques de discrimination ?
JULIEN DENORMANDIE
Non, parce qu'il faut mettre des clauses, donc nous on a mis des clauses, il faut faire les choses dans le bon ordre, moi je veux que ce soit des apprentis, des personnes formées sur notre territoire, mais je ne veux pas que ce soit des travailleurs détachés qui viennent. Pourquoi ? Parce que si c'est le cas, mais tous ceux qui habitent sur ces territoires, ils vont se dire : c'est incroyable tout de même, on organise l'un des plus beaux événements…
NOE DA SILVA
Devant chez nous.
JULIEN DENORMANDIE
Devant chez nous, et on n'en bénéficie pas. Mais moi je n'accepterai pas ça. Et donc avec le ministre du Travail, avec la ministre des Sports, on lance ce matin une grande initiative pour s'assurer que ces jeux, ces 150 000 emplois, ils bénéficient aux gens vivant sur les territoires. Et on a même été jusqu'à la mise en oeuvre d'une clause d'insertion, c'est-à-dire que toutes les entreprises qui vont travailler sur les Jeux olympiques, ils vont devoir respecter une clause, des clauses d'insertion sociale, et dans ces clauses on dit : au moins 10 % des heures travaillées devront être faites par des personnes qui sont éloignées de l'emploi ou qui habitent sur ces territoires. Il faut même aller au-delà, ça c'est a minima, moi je veux qu'on aille bien au-delà, et faire en sorte que ces 150 000 jobs, qui sont une formidable opportunité, ils bénéficient à tous nos jeunes.
NOE DA SILVA
Et souvent ce type d'organisation, les Jeux olympiques, les Coupes du monde, les contrats sont passés avec des grands groupes, quid des petites entreprises, des PME des TPE, même.
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien dans les fameuses clauses que j'évoquais, on dit de deux choses en fait : on dit 10 % d'heures travaillées pour les personnes éloignées de l'emploi ou vivant sur les territoires, et on dit 25 % des commandes devront être passées par des PME ou des petites ou moyennes entreprises ou des entreprises de taille intermédiaire. Eh bien là aussi c'est essentiel. Parce que quand vous êtes une entreprise et que vous allez chercher des PME, eh bien ces PME, le plus souvent vous allez les chercher sur le territoire où vous travaillez. Donc ça fait vivre l'activité.
NOE DA SILVA
Comment on va pouvoir postuler à ces 150 000 emplois ? Là on vous écoute ce matin, on se dit : mais moi je veux en être de ces JO, c'est Pôle emploi qui va gérer ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est Pôle emploi qui va gérer, et la ministre du Travail va même lancer une initiative, une première, qui va être un Pôle emploi dédié aux Jeux olympiques, c'est-à-dire une plateforme numérique dédiée aux Jeux olympiques, où on postulera. Il faut que nous, Etat, on accompagne le plus possible, c'est vrai pour trouver le job, mais c'est surtout vrai pour la formation, et c'est ça ce sur quoi je veux insister. C'est, aujourd'hui notre boulot c'est de former les jeunes, on a à peu près de 2 ans pour le faire, former les jeunes pour que lorsqu'il y aura les emplois qui seront ouverts…
NOE DA SILVA
Ils seront prêts.
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien que les jeunes soient prêts. Et je crois que c'est essentiel.
NOE DA SILVA
Réagissez aux propos de Julien DENORMANDIE, sur France Bleu Paris.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 avril 2019