Texte intégral
SONIA MABROUK
Bonjour Jean-Baptiste DJEBBARI.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bonjour à vous.
SONIA MABROUK
Une neige lourde et abondante a entraîné de nombreuses perturbations dans les transports, on va en parler, mais d'abord 300 000 foyers privés d'électricité, c'est conséquent ce matin.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, les phénomènes météorologiques ont été très concentrés sur cette région, et ENEDIS mobilise donc des moyens supplémentaires pour venir en aide aux plus de 300 000 Français, foyers français, qui sont aujourd'hui privés d'électricité. Ça prendra un petit peu de temps, mais les moyens d'ENEDIS sont sur place déjà depuis ce matin.
SONIA MABROUK
Ça prendra un peu de temps, donc ça peut durer aujourd'hui, dans la matinée, dans la journée ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Traditionnellement, on arrive assez bien à remettre la majorité des foyers dans la journée, mais ça peut, vu la concentration, là, des intempéries, ça peut durer un petit peu, donc je sais qu'ENEDIS travaille fortement, je crois qu'il aura à s'exprimer dans les heures qui viennent.
SONIA MABROUK
Alors, il y a les transports, c'est votre domaine, c'est votre sujet. Perturbations sur les routes, dans les gares, aéroports, est-ce qu'on peut faire un point sur la situation ce matin, en particulier dans le Sud-est de la France ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, bien sûr. Deux sujets : les sujets de prévention et les sujets d'intervention. Sur la prévention, évidemment les plans de circulation des TER ont été mis à jour, modifiés, notamment dans la vallée du Rhône. Certains poids lourds ont été restreints de circulation, les élus ont pris leurs responsabilités sur l'interdiction des transports scolaires, de manière à assurer la sécurité des enfants. Et puis depuis ce matin des interventions sont en cours également. Je rappelle que la Sécurité civile est sur place pour aider ceux qui sont encore dans les bouchons, que d'une manière générale les 7 500 agents de l'Etat, qui sont mobilisés H 24 pour la sécurité des routes sont évidemment très fortement mobilisés ce matin, et que sur le ferroviaire, la SNCF notamment, met des groupes électrogènes pour être on appui des lignes TGV, de manière à permettre aux Français d'arriver à destination, pas trop en retard.
SONIA MABROUK
Alors, c'est la nature évidemment, c'est la neige, mais on est toujours étonné, Jean-Baptiste DJEBBARI, eh bien de la pagaille, routes, trains, ainsi qu'on n'arrive pas à s'organiser en amont.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est la réalité, plusieurs millions de Français circulent chaque matin et chaque soir et qu'effectivement vous avez ces effets de concentration. Alors, dans la région ils sont un peu plus habitués qu'on va dire la majorité des Français, à ces phénomènes d'intensité forte, sur les intempéries, sur les chutes de neige. Mais oui, c'est toujours un défi de faire passer plusieurs millions de Français chaque matin sur ces itinéraires, qui sont déjà d'ordinaire particulièrement saturés.
SONIA MABROUK
Alors, autre défi, sur le plan social. Emmanuel MACRON dit avoir entendu la colère des personnels hospitaliers, mais les foyers de contestation s'allument de toutes parts. Pour faire retomber la pression, vous êtes contraints de tout ralentir, temporiser les réformes, votre action ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, pas ralentir, mais vous savez, je crois que…
SONIA MABROUK
Un peu quand même.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je crois que les gouvernements successifs ont assez largement laissé le pays se dégrader, eh bien c'est le cas par exemple à l'hôpital, c'est le cas évidemment, c'était le cas à la SNCF…
SONIA MABROUK
Encore, encore parler d'avant, d'avant. Ça fait deux ans et demi que vous êtes là.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non non, mais je crois réellement, soit par manque de courage, de faire les réformes qui étaient nécessaires, soit par manque de vision, et parfois un peu des deux. Et Emmanuel MACRON a porté un diagnostic lucide et a un gouvernement qui est à l'action et qui réforme. Et la réforme, quand elle est structurelle, systémique comme on dit, quand on change de système, notamment dans le cadre de la réforme des retraites, vous savez, c'est toujours plus compliqué à mettre en oeuvre. Et là, pour cette réforme en particulier, nous avons mis une méthode inédite, ça fait quand même 2 ans de concertation…
SONIA MABROUK
Reculer, c'est la méthode, c'est ce que certains disent, temporiser.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, la méthode c'est concerter, 200 réunions de ministres, c'est se décliner au niveau ministériel. Moi je vois tous les jours les syndicats, et je vous assure que c'est beaucoup moins caricatural quand vous parlez avec les syndicats, dans les réunions, ou quand vous allez sur le terrain, avec les agents.
SONIA MABROUK
C'est important ce que vous dites, parce qu'il y a quelques jours à ce micro, Xavier BERTRAND s'inquiétait d'abord sérieusement de ce contexte social et surtout, dit-il, de l'absence de dialogue social de votre part.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais Xavier BERTRAND, il fait de la politique politicienne, pour le coup, assez traditionnelle.
SONIA MABROUK
Vous n'en faites pas, vous.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non mais moi je suis à l'action. Moi je ne viens pas de la politique et je ferai autre chose après. Moi, ce qui m'intéresse, c'est d'être utile pour mon pays, et singulièrement de cette séquence. Et tous les jours, plusieurs fois par semaine, nous voyons les syndicats, les différents syndicats, et nous allons sur place, puisqu'on parle de dialogue social, moi j'étais hier tout l'après-midi à la RATP, dans des centres de bus, dans des centres de métro et de RER…
SONIA MABROUK
Ah, donc à la rencontre directement des agents, des salariés.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
A la rencontre directe des agents, pour bien comprendre leurs craintes et leurs attentes. Donc je dis à Xavier BERTRAND et à d'autres, qu'ils critiquent d'un peu loin ce qui se passe réellement, que le gouvernement est pleinement au contact et en proximité, au contact des agents, au contact des syndicats.
SONIA MABROUK
Vous allez faire la même chose pour la SNCF, aller à la rencontre des salariés et des agents, peut-être au risque de fâcher un peu les syndicats, parce que vous leur passez dessus.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non non, je leur ai dit, je leur ai même dit en amont que j'allais probablement tenir, d'abord me rendre sur les sites et puis avoir des débats avec les agents, je crois que c'est tout à fait complémentaire, et c'est tout à fait nécessaire. Parce que le retour des agents sur le terrain, c'est qu'ils ont besoin d'informations directes du gouvernement, ils ont besoin de comprendre ce qui se passe, y compris dans ces discussions, ils veulent de la transparence et ça a été un moment très utile hier avec les agents de la RATP.
SONIA MABROUK
Oui, utile, mais tous les regards se tournent déjà vers le 5 décembre et l'appel à la grève de la RATP – SNCF contre la réforme des retraites. Est-ce qu'on va vers un décembre noir dans les transports ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Eh bien d'abord, nous avons plusieurs temps. Vous savez qu'entre le 20 et le 22 novembre nous aurons une réunion un peu conclusive, ou de synthèse avec les syndicats…
SONIA MABROUK
Une « Réunion conclusive ».
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Enfin, de synthèse.
SONIA MABROUK
Mais qu'est-ce donc ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
La réunion de synthèse c'est avec tous les syndicats, à la RATP et à la SNCF, pour acter les points d'accord et les points de désaccord.
SONIA MABROUK
C'est important ça, on va s'arrêter sur ce point. Vous serez avec Jean-Paul DELEVOYE, quelles propositions concrètes vous allez mettre sur la table pour éviter justement la grève illimitée ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous savez, d'abord les syndicats nous ont fait beaucoup de propositions. Donc ce que nous allons d'abord faire, c'est leur restituer la vision du gouvernement sur l'ensemble des propositions. Vous avez entendu dans le débat, on a parlé de la loi du grand-père, enfin bref, de pas mal de projets qui ont été portés par les syndicats eux-mêmes, et sur lesquels nous nous sommes engagés à expertiser les propositions. Et donc nous leur dirons, et nous leur dirons à eux avant.
SONIA MABROUK
Oui, très bien, mais par exemple, la CFDT Cheminots, justement, sur cette clause du grand-père, en fait un point important pour ne pas rejoindre l'appel à la grève du 5 décembre…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais pas que. Enfin, évidemment, ils portent cette proposition de façon assez forte, mais ils parlent aussi beaucoup de pénibilité, ils parlent aussi beaucoup de la convention de branches, il y a plein de sujets…
SONIA MABROUK
Vous pourriez les contenter sur d'autres points pour éviter qu'ils ne rejoignent un mouvement contestataire ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ce n'est pas stratégique, c'est que, à la SNCF comme à la RATP, il y a beaucoup de sujets aujourd'hui d'inquiétudes, d'anxiété pour l'avenir. Il y a l'ouverture à la concurrence, il y a des grandes transformations au sein de l'entreprise, donc ce n'est pas stratégique, c'est qu'on veut répondre, moi je veux que la SNCF, dans 6 mois, dans un an, dans deux ans, soit une entreprise publique forte. La RATP pareil. Et donc, pour faire ça, il faut avoir une discussion qui soit rationnelle avec l'ensemble des agents, et y compris évidemment sur la réforme des retraites, prendre position.
SONIA MABROUK
En réalité, Jean-Baptiste DJEBBARI, ce qui est important, ce n'est pas le 5 décembre, c'est le 6, c'est le 7, c'est le 8, c'est les jours d'après, pour savoir véritablement ce qu'il en est de l'étendue de la grève. Vous devez avoir un indicateur, un thermomètre social.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
D‘abord il faut avoir un dialogue social qui soit de qualité, avant le 5. Le 5, moi je l'ai dit, je pense qu'il y aura... Cette grève elle a aujourd'hui beaucoup d'énergie, pour vous le dire comme ça, et il y aura probablement une grève suivie, donc nous devons prendre en amont les mesures de prévention, ça se prépare, et nous le faisons avec les entreprises, notamment la SNCF et la RATP. Nous maintenons le dialogue social et nous le maintiendrons autant que nécessaire. Et puis effectivement, vous l'avez dit, il y aura un mois de janvier, un mois de février, et il y aura toujours ces entreprises qui devront bien fonctionner, qui devront être debout, et moi c'est ça, si vous voulez, qui me tient et qui m'intéresse dans cette situation.
SONIA MABROUK
Mais c'est important, vous insistez sur le dialogue social. Dialoguer c'est bien, mais à un moment il faut proposer concrètement, leur dire vers où vous allez. Est-ce que ce n'est pas en grande partie vos ambiguïtés, vos valses hésitations qui nourrissent l'angoisse et les inquiétudes légitimes sur la réforme des retraites ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous savez, moi j'essaie toujours d'avoir un seul discours. Ce que je leur dis à eux, je le dis en dehors et sur des sujets extrêmement concrets : ouverture de la concurrence, les petites lignes. Je pense qu'il faut tracer des perspectives d'avenir. Nous travaillons actuellement, je leur dis exactement où nous en sommes, et je crois que c'est l'ensemble de ces solutions. Evidemment, sur la réforme des retraites nous ne ferons pas de... nous dirons les choses, telles que le gouvernement veut les porter, et vous savez très bien que s'agissant des mesures transversales ou du système qui sera adopté in fine, c'est bien le président de la République le Premier ministre qui s'exprimeront, c'est aussi ce que je leur ai dit, et c'est comme ça que cela va se passer.
SONIA MABROUK
Mais le problème justement, parce qu'Emmanuel MACRON par exemple s'est impliqué dans le dossier de la colère des hôpitaux, votre problème c'est que s'est installée l'idée que la seule façon de se faire entendre par vous, par ce gouvernement, c'est la violence finalement.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, je crois vraiment que c'est un raccourci, et d'ailleurs c'est un raccourci assez dangereux en démocratie, mais ce qui est vrai c'est que quand vous payez…
SONIA MABROUK
Oui, mais qui l'a installé ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, mais quand vous payez effectivement, prenons les dettes abyssales le certains hôpitaux, prenons la dette de la SNCF, 46 milliards d'euros, complètement insoutenable, qui a été quand même le fruit de décisions d'élus, qui ne sont plus aujourd'hui aux manettes, mais qui ont fait des LGV, des gares TGV ici et là, sans se soucier de l'avenir pour le groupe ferroviaire ou pour les finances publiques des Français, c'est ça le sujet. C'est qu'aujourd'hui on doit lucidement aborder l'ensemble de ces dégradations, dans les services publics, et y répondre, et y répondre de façon structurelle.
SONIA MABROUK
Oui, et ce qu'on attend c'est vos réponses, ce n'est pas le diagnostic.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais on pourrait aussi faire comme les autres, c'est-à-dire mettre des pansements et gagner un peu de temps. On a plus d'ambition que ça, c'est plus compliqué à faire.
SONIA MABROUK
Mais le temps, vous n'en avez plus, parce que l'autre rendez-vous c'est demain, un an après le début des mouvements des Gilets jaunes, un an après les braises couvent encore, les plaies sont encore ouvertes ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Les symptômes, moi j'ai déjà eu l'occasion de le dire, les symptômes du mal français sont encore là, sur la perception d'un capitalisme un peu dérégulé, qui a oublié les classes moyennes, et je crois que ce gouvernement…
SONIA MABROUK
Et sur votre politique aussi, un peu plus précisément.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non mais je crois que singulièrement, ce gouvernement, et vous verrez, un jour on fera le bilan de l'ensemble des mesures sociales qu'on a prises sur le quinquennat, et je pense qu'on on s'apercevra alors, et j'espère que ce sera absolument flagrant…
SONIA MABROUK
Oui, mais sera peut-être déjà trop tard pour vous, parce que…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, ça ne sera pas trop tard, parce que vous voyez bien comment se passe la vie politique, et qu'en 2021 je crois que fin 2021 on sera mesure, à la fois de commencer à avoir un bilan et présenter l'ensemble des mesures sociales, notamment de soutien au pouvoir d'achat des Français, ce sera massif.
SONIA MABROUK
Mais faisons déjà un bilan d'étape, un an après.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et ce sera massif.
SONIA MABROUK
Oui, Jean-Baptiste DJEBBARI, quelle image ont les Gilets jaunes selon vous aujourd'hui ? Est-ce que ce sont toujours des gens en colère, en souffrance, ou alors est-ce qu'il y a d'autres visées plus radicales ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Moi, vous savez, je les ai reçus dans ma circonscription en Haute-Vienne, tout au départ, et à plusieurs reprises…
SONIA MABROUK
Ça a dû être mouvementé.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'était au départ mouvementé, mais vous savez, il y a eu beaucoup de sujets de perception de l'action du gouvernement, des petites phrases, etc., qu'il a fallu comme ça un peu déminer. Et puis après s'est installé le dialogue et l'échange politique. Et je continue à discuter avec eux.
SONIA MABROUK
Discuter, mais demain, qu'est-ce qu'il faut craindre, notamment à Paris ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Il y a toujours de l'anxiété individuelle, mais je pense quand même que certains reconnaissent que le gouvernement a fait beaucoup, notamment les 17 milliards d'euros de pouvoir d'achat, et ce n'est n'est pas fini, et effectivement les réformes sont encore en cours, et je crois réellement que nous aurons un bilan très favorable à présenter, notamment en matière de …
SONIA MABROUK
Mais il y a de l'inquiétude, de la peur, demain, et puis les prochains jours. Demain, qu'est-ce que vous attendez précisément ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais l'inquiétude et la peur, ce n'est pas un programme politique, madame MABROUK, si je puis me permettre, et moi ce qui m'intéresse c'est d'être utile au pays, et de faire en sorte que la France de demain, grâce aux réformes qu'on aura faites, elle soit en meilleur état que dans l'état où nous l'avons trouvée.
SONIA MABROUK
Eh bien on en parlera, l'épreuve justement des défis à venir. Merci Jean-Baptiste DJEBBARI.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 novembre 2019