Interview de Mme Élisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, à France Bleu Picardie le 21 novembre 2019, sur le réseau ferroviaire de la Somme et de la Picardie et la mise en chantier du canal Seine Nord Europe.

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Média : France Bleu

Texte intégral

VANESSA LAMARRE
Bonjour Elisabeth BORNE.

ELISABETH BORNE
Bonjour.

VANESSA LAMARRE
En avril dernier à Amiens, vous aviez annoncé des investissements pour améliorer la ligne SNCF Amiens-Paris. Sept mois plus tard, les conditions de voyage restent catastrophiques. Il n'y a pas assez de rames, les voyageurs sont debout, des retards quasi quotidiens pour presque 19 000 personnes par jour. Est-ce que vous pouvez annoncer à ces voyageurs ce matin que ça ira mieux demain ?

ELISABETH BORNE
C'est clair que la SNCF doit faire mieux pour cette ligne et moi je suis bien consciente de la galère que ça représente, notamment pour ceux qui prennent ce train tous les jours. Vous savez que le nouveau président de la SNCF, Jean-Pierre FARANDOU, accompagnera le président demain et nous ne venons pas pour des discours mais nous venons pour travailler à des solutions en lien avec la région.

VANESSA LAMARRE
Alors quelles mesures vous pouvez prendre pour imposer à la SNCF de régulariser la situation ?

ELISABETH BORNE
Ecoutez, c'est une série de mesures à la fois sur l'infrastructure comme vous l'avez dit aussi sur la modernisation du matériel. Et puis c'est vraiment toute l'organisation de la SNCF qui doit être améliorée sur cette ligne mais c'est vraiment le sens du travail qui sera fait demain et de ce qu'on attend maintenant du nouveau président de la SNCF.

VANESSA LAMARRE
Vous arrivez avec une nouvelle enveloppe financière ?

ELISABETH BORNE
L'enveloppe financière, elle est là. Il faut maintenant qu'on accélère toute la réalisation à la fois des travaux, la modernisation des rames et c'est bien l'ensemble des sujets qui doit être pris en compte.

VANESSA LAMARRE
Vous promettez aux voyageurs que ça ira mieux bientôt ?

ELISABETH BORNE
Alors moi je vais vous dire, je ne vais pas répondre à la place de la SNCF. Vraiment demain le président de la SNCF sera aux côtés du président de la République et on lui demande de regarder vraiment tous les sujets pour qu'on puisse apporter des améliorations concrètes à ceux qui empruntent régulièrement cette ligne SNCF Paris-Amiens.

VANESSA LAMARRE
Un autre axe est source d'inquiétude dans le département : la ligne Abbeville-Le Tréport fermée depuis fin mai parce que trop vétuste. Est-ce que vous pouvez garantir sa réouverture pour les habitants dans moins de six ans.

ELISABETH BORNE
Je pense que c'est très symbolique, cette ligne, des intérêts qu'on a eus pendant des années sur ces lignes de dessertes fines des territoires qu'on a laissé se dégrader. Moi c'est un sujet qui me tient à coeur. J'avais eu l'occasion de réunir tous les élus il y a plusieurs mois avec le président de la région Xavier BERTRAND et on est en train de travailler. L'objectif c'est évidemment qu'on puisse assurer une liaison sur cette ligne Abbeville-Le Tréport. Donc le travail est en cours et vraiment l'objectif c'est d'aller au plus vite pour rouvrir cette ligne.

VANESSA LAMARRE
En ce qui concerne la construction du barreau Creil-Roissy pour permettre à Amiens d'être reliée au réseau à grande vitesse, vous confirmez la mise en service en 2025 ?

ELISABETH BORNE
Vous savez, c'est un dossier sur lequel le président de la République s'est personnellement engagé donc évidemment ces engagements seront tenus. On a un objectif clair : c'est la mise en service à l'horizon 2025. Donc nous avons demandé à la SNCF d'optimiser le projet pour tenir cet objectif. C'est un projet qui est une priorité nationale, il est inscrit dans la loi mobilités qui a été adoptée en début de semaine. Et donc l'objectif, c'est bien qu'on tienne ce calendrier. C'est ce que nous demande le président de la République.

VANESSA LAMARRE
Alors pourquoi 2025 alors que Bernard CAZENEUVE avait promis il y a deux ans à Amiens de mettre en service cette ligne en 2024 ?

ELISABETH BORNE
Vous savez, il y a beaucoup de promesses qui ont été faites par le passé. C'est pour ça qu'on a fait une remise à plat complète pour qu'on soit sur des calendriers réalistes, qu'on ait des plans de financement aussi qui soient bouclés, et là on est bien dans ce cas. Mais en tout cas, je peux vous assurer de la détermination du président de la République, il a eu l'occasion de le dire, et de la mobilisation de mes services pour veiller à ce que la SNCF tienne cet engagement.

VANESSA LAMARRE
Vous serez demain, Elisabeth BORNE, à Nesle dans l'est de la Somme pour confirmer là aussi les engagements de l'Etat pour la construction cette fois du canal Seine Nord Europe. Ce canal doit faciliter le transport de marchandises entre les pays du Nord de l'Europe et la région parisienne en passant par la Picardie et la Somme. Est-ce que ce canal tant espéré ici depuis quarante ans verra bien le jour ?

ELISABETH BORNE
Alors vous le soulignez, c'est un projet qui est attendu depuis longtemps, deux présidents de la République avaient annoncé son lancement, mais clairement les conditions à l'époque n'étaient pas réunies et ils avaient un peu confondus les annonces et les actes. Je pense que l'Histoire retiendra que c'est le président MACRON qui a rendu ce canal possible et irréversible parce qu'il ne suffit pas de dire oui au canal, il faut réunir les conditions, quatre conditions que nous avons réunies, d'abord une évaluation sincère du coût et donc des besoins de financement. On a fait ce choix de la sincérité dès le début du quinquennat, c'est aussi une question de respect pour le territoire, ensuite c'est sécuriser le financement de l'Etat, c'est l'objet de la convention qui va être signée demain et l'Etat tiendra ses engagements, c'est clair, c'est signé dans la convention demain, 1,1 milliard d'euros. C'est aussi le choix de faire confiance aux collectivités et aux élus, la société de projets sera régionalisée d'ici au 1er avril, là encore c'est voté dans la Loi mobilité depuis mardi, c'est une société qui pourra emprunter, qui pourra déduire la TVA et puis un point important, c'est bien sûr d'affirmer la vocation européenne du projet, l'Europe à financer 50 % des études, elle s'est engagée à financer 40 % du montant des travaux et évidemment nous allons poursuivre les discussions pour concrétiser la volonté de l'Europe d'aller au-delà de ces 40 %.

VANESSA LAMARRE
Vous savez les habitants de l'Est de la Somme restent dubitatifs sur ce projet, dont ils entendent parler effectivement depuis des années, cette fois c'est la bonne ?

ELISABETH BORNE
Ecoutez clairement cette fois c'est la bonne, demain, demain c'est la première réunion du comité stratégique du canal Seine-Nord, qui réunit tous les acteurs du territoire, 150 personnes, les maires, les chambres consulaires, les parlementaires, les représentants des professionnels, les associations écologiques et nous allons signer avec Gérald DARMANIN Jean-Baptiste DJEBBARI et tous les financeurs, la convention. Et puis le premier coup de pioche, ce sera l'an prochain à l'automne 2020 dans le secteur de Compiègne Passel dans l'Oise.

VANESSA LAMARRE
Combien d'emplois créés selon vous pour la construction du canal ?

ELISABETH BORNE
C'est 10. 000 emplois qui vont être créés dans ce chantier, un chantier qui doit évidemment être exemplaire, qui fait lui-même partie de ce projet de territoire. Il y a une démarche, grand chantier, qui sera pilotée par le préfet pour s'assurer que les retombées du chantier sont maximales pour le territoire.

VANESSA LAMARRE
Elisabeth BORNE, vous êtes ministre de la Transition écologique, l'Etat lance une consultation citoyenne pour déterminer la zone d'implantation d'un futur parc d'éoliennes en mer entre Cherbourg et Le Tréport, est-ce qu'il pourrait se trouver à proximité du parc déjà prévu au large de Mers-les-Bains ?

ELISABETH BORNE
Ecoutez, moi je ne vais pas préjuger des résultats de la consultation, vous avez confié qu'elle vient de démarrer, elle va se poursuivre jusqu'au mois de mai prochain. C'est effectivement un parc éolien qui doivent se situer dans le secteur que vous avez mentionné, on a une consultation publique pendant plusieurs mois et donc voilà chacun peut participer à la consultation, donner son avis sur la meilleure localisation pour ce parc éolien.

VANESSA LAMARRE
Alors vous ne pensez pas, comme Xavier BERTRAND, le président de la région qu'il y a assez d'éoliennes en haut France ?

ELISABETH BORNE
Alors moi j'entends ce que dit le président Xavier BERTRAND, il faut qu'on répartisse mieux les projets éoliens, mais là on est plutôt sur le terrestre, sur l'éolien terrestre. Aujourd'hui la région de France est une des régions dans lequel la densité de l'éolien terrestre est la plus importante et moi je suis en train de regarder comment on peut inciter les porteurs de projet à privilégier des zones où il y a moins d'éoliens, donc en dehors des territoires où on a une pression importante, donc vraiment le travail est en cours sur ce sujet pour trouver des incitations pour aller réaliser les parcs éoliens dans des secteurs où on n'en a pas déjà autant que ce qu'on peut voir dans les Hauts de France.

VANESSA LAMARRE
Vous entendez les inquiétudes des pêcheurs qui disent que les zones de pêche en fait vont se retrouver en difficulté. Il y a déjà donc ce projet de 60 demain au large de Mers-les-Bains et du Tréport.

ELISABETH BORNE
On sera vraiment très attentif à utiliser effectivement notre espace maritime en prenant en compte tous les besoins, vous savez c'est le sens vraiment des documents de façade qu'on est en train de finaliser, qui doit permettre de partager entre tous ceux qui vivent de la mer cet espace maritime et évidemment tout le monde est appelé à s'exprimer dans la consultation qui est lancée.

VANESSA LAMARRE
Merci Elisabeth BORNE, vous serez demain aux côtés du président de la République Emmanuel MACRON à Neil pour confirmer les engagements de l'Etat pour le canal Seine-Nord Europe. Elisabeth BORNE ministre de la Transition écologique et solidaire en charge des Transports était l'invitée de France Bleu Picardie merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 novembre 2019