Texte intégral
NICOLAS DEMORAND
Léa SALAME, votre invitée ce matin est la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées.
LEA SALAME
Bonjour à vous Sophie CLUZEL.
SOPHIE CLUZEL
Bonjour.
LEA SALAME
Merci d'être avec nous ce matin. Comment aider les plus vulnérables d'entre nous, en temps de confinement, de quoi souffrent le plus les personnes handicapées de quoi ont-elles plus besoin ?
SOPHIE CLUZEL
Alors d'abord vous l'avez dit très bien, cette épidémie elle est indéniablement une crise sanitaire d'une extrême gravité, et donc la responsabilité de chacun est engagée pour la surmonter. Chacun doit pouvoir faire attention à l'autre, les personnes handicapées mais les personnes les plus vulnérables, les personnes âgées, les personnes aussi sans domicile fixe, les plus précaires. Nous devons vraiment être en accompagnement de toutes ces personnes qui sont encore plus touchées par l'isolement, encore plus touchées par des risques de complications si chacun nous ne faisons pas attention. Et je voudrais dire aussi quand même qu'elle a entraîné un extraordinaire mouvement de solidarité des citoyens, des entreprises, vous l'avez dit dans votre reportage tout à l'heure, envers les plus vulnérables, envers nos soignants bien sûr aussi, et quand je dis nos soignants, j'englobe l'ensemble des professions hospitalières médico-sociales, services à domicile. Parce que ces services à domicile c'est eux qui vont faire le lien avec justement les personnes en situation de handicap, les personnes âgées qui sont à domicile, qui ont le plus besoin de rompre cet isolement.
LEA SALAME
Alors, justement, pour être très clair, parce que c'est vrai et Dominique SEUX vous l'avez entendu à l'instant, vient de le dire, il y a cette contradiction en apparence entre les deux mots d'ordre : il faut rester chez soi et en même temps il faut s'entraider entre voisins, il faut aider les plus vulnérables, il faut aider les handicapés, c'est compliqué quand on ne peut pas les approcher, Sophie CLUZEL, pas facile de s'improviser aidant en général, encore plus en période de confinement. Concrètement, que peut-on faire pour les personnes handicapées ?
SOPHIE CLUZEL
Alors d'abord il y a deux choses. Il y a les professionnels du médico-social, les professionnels des services à domicile, eux continuent à travailler, et nous avons justement débloqué pour eux la garde d'enfants, la garde de leurs enfants, ils sont aussi prioritaires, comme les personnels hospitaliers, pour justement leur permettre de continuer cet accompagnement, des continuer ces visites à domicile, de continuer leur métier d'auxiliaire de vie, leur métier de soignant à domicile.
LEA SALAME
Sont-elles protégées, pardon, sont-elles protégées ces personnes-là, comment peuvent-elles continuer d'accompagner les personnes en situation de handicap, tout en se protégeant elles-mêmes ? Est-ce qu'elles ont des masques ?
SOPHIE CLUZEL
Alors, elles sont aussi prioritaires pour les masques, dans la distribution, aux officines, services à domicile sont aussi prioritaires comme les hospitaliers. Bien sûr que, et vous l'avez signalé, et tout le monde le sait, qu'il y a des problèmes de logistique, que tout le gouvernement essaie vraiment de pouvoir accélérer, mais elles sont bien prioritaires toutes ces personnes, je dis « elles » parce que c'est beaucoup de femmes mais il y a aussi beaucoup d'hommes, ces personnes sont prioritaires aussi, au même titre que les hospitaliers. Après, vous m'avez parlé comment aider. Eh bien le citoyen, à côté, il faut qu'il fasse attention à son voisin, attention si dans une famille justement il y a de nouveau un enfant handicapé, puisque les établissements médico-sociaux, en externat, ont fermé, et donc les enfants et des adultes handicapés en examen sont revenus chez eux, à domicile. Là peut-être cette famille ne peut plus aller faire ses courses, cette maman qui garde deux enfants, dont une personne handicapée, peut- être eh bien il faut faire ses courses pour elle, tout simplement, il faut aller à la pharmacie pour elle, c'est ça la façon d'aider vraiment le voisin qui se retrouvent en situation d'aidant, avec une personne âgée, avec une personne vulnérable, et qui a des difficultés de sortie. Donc ça c'est très important de pouvoir aller tout simplement faire un petit peu le tour de ses voisins, dans son immeuble, voir un tout petit peu, passer un petit message, voilà, dire « on est là pour vous aider aussi ».
LEA SALAME
Voilà, faire le tour en gardant évidemment les distances de sécurité.
SOPHIE CLUZEL
Oui, frapper à la porte et dire à travers la porte : voilà, je suis votre voisin, si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis là pour faire vos courses ou pour aller à la pharmacie, pour vous. Le confinement il est encore plus compliqué pour les personnes handicapées, les personnes handicapées psychiques, les personnes handicapées mentales, donc elles peuvent générer des troubles de comportement, parce que le rituel a changé pour les personnes âgées qui avaient besoin de sortir aussi, c'est compliqué, donc il faut être encore plus à l'écoute pour toutes ces personnes vulnérables.
LEA SALAME
On entend votre appel aux citoyens et aux voisins de s'entraider entre nous, mais l'Etat, que peut faire l'Etat, est-ce qu'il y a des aides financières spéciales qui sont débloquées pour les familles qui se retrouvent effectivement dans ces situations-là, qu'est-ce que vous avez prévu là ?
SOPHIE CLUZEL
Alors nous avons justement prévu que quand vous devez vous arrêter de travailler, parce que vous n'avez pas de garde d'enfants possible pour votre personne adulte ou enfant handicapé, il n'y a pas de limite stage. Pour les familles sans handicap, c'est 16 ans, pour avoir une indemnité journalière si on est obligé de rester. Là nous avons débloqué, plus de limite d'âge, même si vous reprenez un adulte qui a 20 ans, 30 ans, 40 ans, que vous devez vous arrêter, vous aurez cette possibilité d'avoir cette indemnité journalière de Sécurité sociale. Nous avons mis en avec les associations gestionnaires, nous avons fait un travail tous les jours, nous sommes au téléphone pour que quand l'établissement ferme, eh bien le les professionnels aillent au domicile, que ce soit pour les personnes âgées, que ce soit pour les personnes handicapées, nous assurons et nous organisons cette continuité d'accompagnement au domicile pour ces personnes-là.
LEA SALAME
Y-a-t-il assez d'aidants à domicile pour soulager ces foyers, à l'heure où nous parlons ?
SOPHIE CLUZEL
Eh bien en fait, les aidants, ce sont les familles elles-mêmes, là, je veux dire, ce sont elles…
LEA SALAME
Ah, j'ai cru que vous parliez des auxiliaires de vie qui venaient soulager les familles.
SOPHIE CLUZEL
Alors, les professionnels, ils sont en nombre suffisant, puisqu'ils s'occupaient déjà de ces enfants ou de ces adultes dans les établissements. En revanche, c'est la multiplication des placements, maintenant pour eux, pour ces professionnels, parce qu'avant ils travaillaient en établissements. Mais oui nous avons des services à domicile, et je voudrais saluer la mobilisation des associations, des associations de familles, des associations gestionnaires, que ce soit pour les personnes âgées, pour les aidants, pour des personnes en situation de handicap, qui sont en train vraiment d'inventer une société autrement capable, elles ne travaillent plus de la même façon, elles ont une réactivité très importante. Nous allons vraiment vers une société qui va travailler et s'organiser extrêmement différemment après, parce qu'il y a cette possibilité vraiment maintenant de travailler au plus près de là où sont les personnes, qui est très différent de ce qu'on avait avant.
LEA SALAME
Madame la Ministre, la situation sanitaire dans certains établissements d'accueil encore ouverts, pourrait devenir rapidement préoccupante. On a des remontées d'auditeurs d'Inter qui nous alertent notamment sur la situation en cours à l'Etablissement public de santé d'Alsace Nord. Cette structure qui accueille des malades polyhandicapés de tous âges, y compris des personnes âgées, elle est encore ouverte, mais les personnels, quand ils ne sont pas malades ou mobilisés pour garder leurs enfants n'ont pas de masque, ils disent qu'ils ont besoin de 1 000 masques par jour pour pouvoir travailler, ils ne les ont pas, certains menacent d'exercer leur droit de retrait. Qu'est-ce que vous leur répondez ce matin ?
SOPHIE CLUZEL
Je leur réponds qu'on est à leurs côtés, qu'on fait le maximum pour pouvoir les équiper, et je leur réponds aussi, vous avez bien vu, j'en appelle au civisme aussi, de tous les Français, parce qu'on voit qu'il y a des détournements de masques, on est en train de réquisitionner l'ensemble des masques. Je leur dis de tenir bon parce qu'on a besoin de ces structures collectives, parce que parfois ces personnes eh ben elles ne savent plus où aller, des personnes très âgées ou des personnes justement polyhandicapées qui ne peuvent pas revenir chez elles parce qu'elles n'ont pas le plateau technique suffisant, notamment pour des problèmes respiratoires. Donc je dis, moi à tous ces professionnels : tenez bon, nous sommes…
LEA SALAME
Tenez bon, jusqu'à quand, Madame la Ministre ? Pardon mais elles vont recevoir quand les masques ? Parce que, tenez bon très bien, mais quand est-ce qu'ils vont recevoir les masques ? Et cette question sur l'établissement…
SOPHIE CLUZEL
Tous les jours il y a des livraisons, tous les jours ça organise. La ministre des Armées est venue aussi en secours pour livrer, puisque nous avons réquisitionné des masques sur les armées, tous les jours il y a des livraisons, et les Agences régionales de santé donnent des priorités pour justement les foyers ou les structures où il y a des problèmes, donc, c'est évident, les Agences régionales de santé savent très bien où il y a des problèmes, et elles activent énormément très vite les livraisons quand il y a des problèmes justement de contamination dans un établissement.
LEA SALAME
Vous savez, nous on n'est que médiateur ici, on est journaliste et on passe la parole…
SOPHIE CLUZEL
Bien sûr.
LEA SALAME
… et je vous assure qu'on ne donne la parole qu'à un centièmes, peut-être même un millième des remontées que nous avons de personnels soignants qui viennent de l'hôpital, des médecins de ville, des généralistes, des chirurgiens-dentistes, des pharmaciens, qui nous disent et qui appellent pour dire « on n'a pas de masque ».
SOPHIE CLUZEL
Je sais, on l'entend très bien, je veux dire, et il y a aussi les masques et les blouses, nous en sommes tout à fait conscients, et les Agences régionales de santé sont là pour justement aller au plus près des personnes, et des établissements qui en ont besoin, tous les jours il y a des livraisons et par exemple pour le l'hôpital dont vous me parlez ou la structure dont vous me parliez, nous mettons en place des zones de confinement pour essayer de protéger justement le personnel et les personnes. C'est une crise sans précédent, c'est pour ça que je refais un appel vraiment aux Français de rester chez eux, c'est tellement important de respecter ces règles de confinement pour soulager vraiment tous les personnels soignants qui ont besoin d'être à leur tâche, et donc de mobiliser vraiment l'ensemble de la solidarité, et surtout du respect des confinements. Mais j'en fais un appel aussi et je voudrais saluer la mobilisation des professionnels, je voudrais saluer la mobilisation de ces services à domicile qui peuvent excessivement soulager aussi hospitaliers par leurs interventions à domicile.
LEA SALAME
Comment les personnes non-voyantes peuvent-elles remplir les attestations de sortie sur l'honneur ? Est-ce qu'il y a quelqu'un pour les aider et est-ce que les policiers ont des consignes pour être plus conciliants avec les personnes handicapées ?
SOPHIE CLUZEL
Je travaille avec le ministère de l'intérieur, parce que d'abord au début le formulaire n'était pas accessible. Ça y est, nous l'avons mis en accessibilité. Nous travaillons justement sur une possibilité de télécharger sur un téléphone, de pouvoir enregistrer soi-même. Je dis à toutes ces personnes, elles ont des cartes d'invalidité, munissez-vous de votre carte d'invalidité quand vous devez sortir, et nous avons donné des consignes justement aux policiers pour être en alerte sur ces personnels les plus vulnérables. Voilà, c'est tous ces petits détails que nous sommes en train de régler au jour le jour avec l'ensemble du gouvernement, avec un travail interministériel colossal. Et tout le monde nous fait remonter. Nous avons mis une FAQ, une Foire Aux Questions, en ligne, justement sur tous ces problèmes, tous ces petits détails qui font le quotidien des Français. C'est ce sur lequel nous travaillons tous les jours.
LEA SALAME
Merci infiniment Sophie CLUZEL d'avoir été en direct avec nous ce matin. On retient votre appel à la solidarité entre voisins. Appeler ses voisins pour leur demander s'ils n'ont pas besoin d'aide, qu'on aille faire les courses pour eux, qu'on aille chez le pharmacien pour les aider, pour les soulager, notamment les personnes qui ont des ont des personnes handicapées à charge ou des personnes âgées. Merci et belle journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 mars 2020