Interview de M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur, à France Inter le 14 avril 2020, sur le déconfinement prévu le 11 mai et la politique du gouvernement face à l'épidémie de Covid-19.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France Inter

Texte intégral

NICOLAS DEMORAND
Christophe CASTANER, bonjour.

CHRISTOPHE CASTANER
Bonjour.

NICOLAS DEMORAND
Le président de la République a donc fixé un cap le 11 mai et des objectifs pour l'atteindre, il reste beaucoup de questions, de précisions pour éclaircir les choses ce matin. Merci de nous permettre d'y voir plus clair, vraiment Christophe CASTANER on a, je vous le dis beaucoup, beaucoup de questions donc s'il vous plaît, question courte, réponse rapide, c'est important ! Emmanuel MACRON pour commencer a donc tranché pour le 11 mai. Dites-nous beaucoup d'auditeurs nous posent aussi la question, pourquoi le 11 mai a-t-il été choisi et pas le 20 mai ou le 4 mai ?

CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, c'est toute la difficulté de l'exercice ; le président de la République a beaucoup consulté, il a échangé avec des scientifiques avec des acteurs économiques, des acteurs syndicaux, des partenaires et c'est cette date du 11 mai qui est une date d'objectif qui a été retenue mais ce qu'a lancé le président de la République hier, ce n'est pas le déconfinement, le 11 mai, c'est le confinement jusqu'au 11 mai et ne négligeons jamais que tout l'enjeu c'est de réussir le confinement et de maintenir cela et il y a des conditions pour que nous puissions déconfinement le 11 mai mais qui n'est pas une certitude mais qui est un objectif. C'est la discipline, la discipline de respect du déconfinement et du confinement donc du confinement et la seconde, c'est le combat que nous devons mener ensemble pour ralentir la propagation du virus.

LEA SALAME
Vous dites que c'est un objectif et pas une certitude : quelques précisions Christophe CASTANER sur le calendrier. Emmanuel MACRON a donc parlé d'un déconfinement progressif, est-ce à dire que toutes les régions commenceront le déconfinement le 11 mai par exemple, les écoles, les crèches d'Ile-de-France du Grand Est ouvriront-t-elles forcément le 11 mai ou ce n'est pas sûr à l'heure où l'on parle ?

CHRISTOPHE CASTANER
Le gouvernement présentera d'ici 15 jours le plan de l'après 11 mai et il prendra en compte toutes ces problématiques-là parce que la vérité, à l'instant où je vous parle, n'est pas forcément celle que nous connaîtrons dans une semaine et c'est sur ces bases-là, ces bases scientifiques, ces bases médicales que le gouvernement présentera un plan d'action précis.

LEA SALAME
Le coiffeur, le magasin, fleuriste seront-ils ouverts le 11 mai ? Sont-ils concernés ?

CHRISTOPHE CASTANER
L'objectif est d'élargir la réouverture de tous les magasins au-delà de l'alimentaire aujourd'hui et le président de la République l'a dit, nous allons exclure les restaurants, les cafés, des lieux qui sont des lieux de forte promiscuité et d'ailleurs, c'est peut-être parmi les lieux qui nous manquent le plus aujourd'hui et je sais la difficulté du confinement mais oui, notre objectif est que ces commerces-là puissent être ouverts.

LEA SALAME
Et hôtels restaurants, vous en parliez, c'est prévu pour juillet, si tout va bien.

CHRISTOPHE CASTANER
La date n'a pas été fixée parce que là encore, ça dépendra de notre capacité à avoir gagné le combat contre le virus mais nous le gagnerons provisoirement encore parce que ce combat sera un combat à mener de long terme.

NICOLAS DEMORAND
Christophe CASTANER les personnes âgées et les plus fragiles sont invitées à rester confinées au-delà du 11 mai. A partir de quel âge est-on une personne âgée si j'ose dire et leur confinement, deuxième question rapide, sera-t-il conseillé ou obligatoire et jusqu'à quand ?

CHRISTOPHE CASTANER
Pour l'instant, ça n'est pas déterminé, nous allons y travailler, il n'y a pas une question d'âge dans la fragilité. On peut être en fragilité à 60 ans et on peut être en pleine forme à 70 ans. Ce que l'on sait c'est que dès lors qu'il y a un risque particulier, un risque pulmonaire, par exemple, il faut bien évidement éviter ces contacts. Donc oui, le déconfinement se fait en en étape avec la différence entre des personnes plus fragiles à qui on va demander des contraintes et je sais bien que ce sont des contraintes supplémentaires.

LEA SALAME
Sur les personnes âgées, Christophe CASTANER, Emmanuel MACRON a demandé aux hôpitaux et aux maisons de retraite d'autoriser les visites des proches de malades en fin de vie pour leur dire « adieu » ; mesure humaine s'il en est mais qu'est-ce que ça veut dire exactement ? Combien de personnes seront-elles autorisées dans les chambres, à quelle fréquence et seront-elles suffisamment équipées ?

CHRISTOPHE CASTANER
D'abord, il a rappelé une doctrine qui n'est pas appliquée partout et qui est pourtant en vigueur, celle que nous avons définie au sein de la cellule interministérielle de crise permet partout où c'est possible d'un point de vue médical et que ça ne gêne pas le personnel médical qu'une personne, une par une puisse aller voir le parent ou la personne que l'on veut accompagner et donc c'est déjà prévu aujourd'hui, c'est plus compliqué dans les EHPAD et donc il nous faudra organiser spatialement l'espace de ces visites. Certains hôpitaux plutôt l'ont déjà mis en place et nous allons nous inspirer de cela et nous arrêterons une règle qu'on pourra reproduire dans tous les centres hospitaliers, dans tous les EHPAD.

LEA SALAME
A partir de quand ? A partir de demain ou ce n'est pas encore prêt ?

CHRISTOPHE CASTANER
Mais déjà aujourd'hui Madame SALAME dans la plupart des hôpitaux, nous sommes en capacité d'accueillir un membre de la famille, un parrain qui peut vouloir accompagner dans ces moments de fin de vie la personne qui va nous quitter mais c'est le cas aussi d'ailleurs même pour des représentants des cultes. C'est une sollicitation que nous avions eue, nous l'avons prise en compte pour permettre aussi une visite si certaines personnes veulent être accompagnées par un représentant d'un culte.

NICOLAS DEMORAND
Emmanuel MACRON a promis de tester, autre chapitre à partir du 11 mai, toute personne présentant des symptômes du Covid-19 mais vous le savez comme nous Christophe CASTANER, ces symptômes sont larges et parfois indécis, illisibles. Alors, on teste la perte d'odorat, dès une première toux, dès une montée de fièvre, c'est ça en fait ce qui va déclencher la possibilité d'être testé ?

CHRISTOPHE CASTANER
Moi je ne suis pas médecin, Monsieur DEMORAND et ne me demandez pas qu'est ce qui permet de détecter un risque de présence du Covid mais les médecins le savent et il faut faire confiance aux médecins pour que soient à ce moment-là ceux qui disent : bah écoutez oui, il faut faire le test moléculaire parce que vous avez une présomption de maladie. Ce qu'il ne faut pas, c'est imaginer que chacun décide de faire des tests dans la mesure où plus de 95% de la population seront négatifs et il faudrait faire le test presque tous les jours.

LEA SALAME
Qu'en sera-t-il pour les personnes asymptomatiques, Christophe CASTANER ? Elles portent le virus, elles ne seront pas testées, ça pose question, les personnes asymptomatiques.

CHRISTOPHE CASTANER
Eh bien, je pensais venir … à l'instant vous avoir répondu parce que si l'idée c'est de penser qu'il faut se tester tous les jours parce qu'on en risque tous les jours, il faudrait imaginer des tests sérologiques et madame LACOMBE qui était votre invitée ce matin disait la limite aussi de ces tests là …

LEA SALAME
Elle disait qu'ils n'étaient pas forcément fiables effectivement.

CHRISTOPHE CASTANER
Voilà et donc ce qui compte, c'est de voir que toute personne susceptible d'avoir le Covid-19 puisse être testée c'est l'engagement pris par le président de la République.

NICOLAS DEMORAND
Quand Emmanuel MACRON dit que ça n'a guère de sens de tester tous les Français, ça n'a guère de sens Christophe CASTANER ou il faut comprendre qu'on n'est pas capable de tester tous les Français ?

CHRISTOPHE CASTANER
Mais je pensais vous avoir répondu deux fois déjà et donc je vais le refaire une nouvelle fois mais je ne veux pas négliger les pénuries qui existent. Aujourd'hui, on a des pénuries mondiales sur toute une série de sujets et donc ça fait partie des données que nous devons prendre en compte et que nous prenons en compte mais nos politiques ne sont pas construites sur les pénuries, elles sont construites sur l'objectif sanitaire de retrouver et de préserver la santé de tout le monde et donc aujourd'hui, il compte … il est nécessaire de faire les tests dès lors qu'il y a un risque. Par contre, imaginer que l'on teste tous les Français tous les jours serait peut-être quelque chose qui pourrait répondre à des attentes médiatiques mais ça ne répond pas à des attentes médicales.

LEA SALAME
Et il y a une question sur l'après, quand on sera testé, si on est testé positif que ferons-nous des personnes testées positives à partir du 11 mai ? Emmanuel MACRON dit qu'elles seront mis en quarantaine et pris en charge ; où ? Est-ce que vous le savez déjà ? Est-ce que ce sera dans des hôtels par exemple ?

CHRISTOPHE CASTANER
Ca fait partie des possibilités que nous retenons actuellement en France et en particulier dans les outre-mer, c'est ce que nous faisons, nous avons réquisitionné des hôtels ou des centres de vacances au sein desquels nous mettons en quarantaine et nous accompagnons des gens qui arrivent sur le territoire. Donc demain en fonction de la proportion, en fonction de ceux qui par exemple sont Français résident à l'étranger et veulent rentrer en France, nous préparons des réponses systématiques.

NICOLAS DEMORAND
Première question Christophe CASTANER rapide sur le tracking, c'est-à-dire le traçage des Français via leur téléphone portable en période de déconfinement, le président donc hier soir n'a pas tranché et il demande un débat préalable au Parlement. Quand aura lieu ce débat ?

CHRISTOPHE CASTANER
La date n'est pas fixée parce que la technologie en elle-même sur laquelle, vous savez, la France participe avec d'autres pays européens à la réflexion n'est pas aujourd'hui à jour et d'actualité mais ce sont les grands principes que le président de la République a rappelés, celui du volontariat, celui du respect des libertés individuelles, celui d'associer tous les acteurs dont évidemment le Parlement mais aussi les responsables comme ceux de la CNIL qui nous donneront aussi un éclairage qui doit préserver la sécurité et la liberté de chacun de nos concitoyens sur acquis.

LEA SALAME
Sur le tracking, Christophe CASTANER, vous semblez avoir évolué et vous y avez d'abord été plutôt défavorable en disant que ce n'était pas dans notre culture française de tracer les individus sur leur téléphone portable et puis quelques jours après, vous avez semblé y être favorable en disant que s'il y a des garanties suffisantes, cette mesure sera retenue. Où en êtes-vous aujourd'hui vous comme ministre de l'Intérieur ? Quelle est votre conviction, quelle position défendez-vous sur la question du tracking ?

CHRISTOPHE CASTANER
Souvenez-vous Madame SALAME, je répondais à votre question dans une autre émission politique et la question était de savoir si ça me semblait nécessaire pour faire respecter le confinement et je vous ai indiqué que je faisais confiance à l'intelligence des Français et je crois avoir bien fait de vous répondre cela parce que les Français montrent leur intelligence et leur respect massif des règles du confinement. Et ensuite, s'il s'agit de suivre individuellement et de pouvoir dénoncer individuellement tel ou tel, personne aujourd'hui ou presque personne n'y est favorable.

NICOLAS DEMORAND
Emmanuel MACRON affirme, Christophe CASTANER, que d'ici le 11 mai toutes les mesures de confinement devront être respectées, vous l'avez dit vous aussi il y a quelques minutes, elles ne seront ni renforcées ni allégées et il a dit « n'ajoutons pas des interdits dans la journée », est-ce qu'il faut comprendre que la décision de la maire de Paris d'interdire le jogging doit être revue ?

LEA SALAME
Jogging en journée.

CHRISTOPHE CASTANER
Non, ce que nous avons construit comme volonté, c'est de travailler avec les maires et donc, quand par exemple, je me suis opposé aux arrêtés de certains maires qui voulaient rendre le port du masque obligatoire, au fond, je n'ai pas voulu exprimer une défiance à l'endroit des maires ; j'ai voulu dire qu'il fallait sur les questions sanitaires une approche un peu unitaire et nationale du combat que nous devons mener. Ensuite, il y a des appréciations différentes. Partout où on a eu le sentiment qu'il y avait du relâchement, j'ai dit aux préfets « soutenez les élus locaux dans cette dimension du renforcement parce qu'il y a un risque de relâchement » et donc je ne veux pas ni mettre en cause la décision de la maire de Paris ni considérer qu'il faut faire la chasse aux joggers s'ils respectent la règle du confinement. Mais l'effort qui est demandé aux Français est extrêmement important et comme l'a dit le président de la République, notre peuple qui a la réputation d'être indiscipliné respecte une discipline de fer inédite en temps de paix et globalement, ça se passe bien à Paris comme ailleurs.

LEA SALAME
Mais c'est-à-dire que cette décision de commencer le jogging en gros à partir de 19h, on a vu qu'il y avait beaucoup d'afflux de joggers dans certaines rues et dans certaines artères de Paris puisqu'ils ne peuvent pas le faire dans la journée, est-ce que ça vous semble une décision sans mettre en cause la maire de Paris ou quoi, est-ce que c'est pertinent ? Est-ce que vous pensez que le confinement est bien respecté avec cet horaire aménagé du jogging ?

CHRISTOPHE CASTANER
Mais dans le confinement il n'y a pas l'interdiction de sortir de chez soi et dès le début, on a prévu cette possibilité de pouvoir sortir pendant une heure à proximité de son domicile parce que ça fait déjà un mois que les gens sont confinés. On propose un mois supplémentaire et on sait combien c'est difficile à vivre et donc si les règles, les gestes barrières sont respectés par les joggers n'ayons pas peur des joggers !

NICOLAS DEMORAND
Toujours sous ce même chapitre des règles du confinement sur les marchés alimentaires, la règle n'est pas ou n'est plus très claire, Christophe CASTANER, vous avez décidé ça c'est pour commencer de fermer les marchés sauf dérogation du préfet sur demande du maire. Dimanche, le ministre de l'Agriculture a appelé à favoriser l'ouverture de tous les marchés alimentaires en plein air. Alors dites-nous si la règle a changé ce matin ?

CHRISTOPHE CASTANER
La règle n'a pas changé ; les marchés en France sont interdits, c'est le décret du Premier ministre mais nous avons prévu immédiatement la possibilité dans certains endroits où on sait que c'est le seul moyen de faire ses courses, là où on sait aussi qu'il y a une dimension sociale parce que le marché peut être moins cher que la supérette du coin mais là aussi, pour prendre en compte les productions agricoles locales et les circuits courts, on a la possibilité avec un plan précis d'organiser le marché. C'est le maire qui en fait la demande au préfet et le préfet évalue si toutes ces conditions sont réunies. Certains maires ont immédiatement sollicité ces dérogations et nous les avons respectées par rapport à leur demande ou pas selon que les garanties nous étaient données et puis d'autres ne l'ont pas fait. Je pense que le ministre de l'Agriculture invitait les maires qui ne l'avaient pas encore fait, qui étaient capables de mettre en place des marchés sécurisés d'un point de vue sanitaire de le faire.

LEA SALAME
Christophe CASTANER beaucoup de questions sur les frontières. Nos frontières avec les pays non européens vont rester fermées jusqu'à nouvel ordre, a dit le président hier. Qu'est-ce que ça veut dire jusqu'à nouvel ordre ; est-ce que ça peut être prolongé au-delà du 11 mai ? Est-ce que ce sera prolongé cet été ? Evidemment, il y a beaucoup de questions en filigrane sur les vacances d'été.

CHRISTOPHE CASTANER
Il n'y a pas de réponse précise au moment où je vous parle et je sais que ça peut paraître difficile mais nous sommes face à un virus qui est présent partout dans le monde et qui évolue de façon très différente partout dans le monde. Donc dire aujourd'hui le 17 juillet, nous pourrons rouvrir les frontières serait un contresens. Donc jusqu'à nouvel ordre, c'est tant que nous n'avons pas la garantie que nous pourrons protéger les Français en rouvrant les frontières. Si n'avons pas cette garantie, nous ne le ferons pas.

LEA SALAME
Est-ce que vous dites aux Français ce matin « ne réservez pas vos vacances d'été » pour être clair ?

CHRISTOPHE CASTANER
Moi, je conseillerais à ma famille et pas aux Français parce que je n'ai pas à les conseiller sur leurs vacances mais je conseillerais à ma famille effectivement de ne pas se précipiter dans des réservations, surtout dans des pays étrangers.

NICOLAS DEMORAND
Et vous dites aux touristes qui voudraient venir en France dans l'autre sens « surtout pas » ?

CHRISTOPHE CASTANER
Mais je ne connais pas la législation qui s'applique dans leur pays mais aujourd'hui nous menons un combat, ce n'est pas parce que l'échéance du 11 mai a été évoquée que ce combat est terminé qu'il est derrière nous. Ca n'est pas le cas et donc le 11 mai est déjà une date que nous devons conquérir encore par le respect du confinement et à partir de là, il est nécessaire aussi de ne pas se projeter en disant : le 12 mai, c'est le mois de mai et on fait ce qui nous plaît, eh bien, non, il faudra continuer à se battre.

LEA SALAME
Donc à l'heure où nous parlons, on ne sait pas pour les vacances d'été, on ne sait pas si on aura des vacances d'été, si ce sera réservé à la France, si c'est pour tout le monde ou pour une certaine catégorie de la population, c'est ce que vous nous dites ce matin en clair ?

CHRISTOPHE CASTANER
Non je crois qu'il y aura des vacances d'été mais si on considère que les …

LEA SALAME
Ah !

CHRISTOPHE CASTANER
Je pense qu'il y aura des vacances d'été bien sûr mais si on considère que les vacances d'été c'est pour partir à l'étranger, là je pense qu'on s'adresserait à une toute petite partie de vos auditeurs.

NICOLAS DEMORAND
Qu'en est-il Christophe CASTANER du Tour de France ? Sera-t-il annulé ou reporté au mois d'août ? Vous devez avoir des indications que nous n'avons pas !

CHRISTOPHE CASTANER
Non, non, j'ai suivi les reportages que vous avez faits il y a un peu moins d'une heure sur le sujet et l'incertitude voilà mais il appartient aux organisateurs aussi d'analyser leur capacité à organiser cela, le reporter et c'est réseaux organisateurs qui prendront contact, qui travailleront avec la ministre de la Santé et qui prendront la bonne décision.

LEA SALAME
Qu'en sera-t-il pour les ponts du 1er et du 8 mai ? Allez-vous mettre en place un dispositif élargi ?

CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, je le fais tous les week-ends pour éviter justement que certaines personnes choisissent de se déconfiner, de changer d'endroit du confinement etc., avec une vraie efficacité, on l'a vu au départ des vacances où il y avait une inquiétude et de nombreux reportages qui disaient « les Français ne sont pas sérieux, vont tous partir en week-end ». Il a été montré par les Français que ça n'était pas le cas et donc je suis convaincu que pour le 1er, le 8 mai ils seront aussi sensibles au combat contre le virus mais une chose est sûre c'est que les contrôles, nous les maintiendrons. Moi, ma responsabilité, c'est de faire en sorte que le confinement soit respecté, je suis peut-être « le ministre du confinement » mais en réalité je le fais parce que c'est la protection des Français qui est en cause.

NICOLAS DEMORAND
Alors, dites-nous précisément combien de contrôles et de verbalisations pour non-respect de ce confinement à la date d'aujourd'hui au moment où l'on parle ?

CHRISTOPHE CASTANER
Hier soir, nous avions plus de 11 millions 800 000 contrôles qui avaient été faits partout en France sur tout le territoire national dans les arrondissements chics de Paris comme dans les quartiers d'autres villes de province, dans la campagne comme sur les plages avec tous les moyens possibles et un peu plus de 704 000 infractions ont été relevées depuis le 17 mars.

LEA SALAME
Christophe CASTANER, le président de la République hier n'a pas prononcé le mot de « municipales ». Alors question courte, on vous la pose à vous : quand auront lieu les municipales ?

CHRISTOPHE CASTANER
Mais il n'en a pas parlé parce que nous avons un texte de loi qui prévoit les choses de façon assez carrée. Le 23 mai, nous rendrons et nous présenterons au Parlement un rapport qui sera construit sur la base des recommandations sanitaires de conseil scientifique et de spécialistes de ces sujets et nous déciderons devant le Parlement et avec le Parlement si nous pouvons ou pas maintenir le second tour des élections municipales dont je vous rappelle qu'il ne concerne plus qu'un peu moins de 5 000 communes sur les 35000 communes de France.

LEA SALAME
L'organisation le 21 juin c'est fini, ça, c'est d'ores et déjà exclu ?

CHRISTOPHE CASTANER
Non, le 21 juin, le 27 juin, texte de loi prévoit les élections avant la fin du mois de juin et en fonction du rapport que nous présenterons, le Parlement pourra décider qu'elles n'ont pas lieu au mois de juin et qu'elles ont lieu à un autre roman et nous en parlerons avec le Parlement mais ce n'est pas parce que le président n'en a pas parlé qu'il a validé une date, 21 ou 27 juin ou qu'il a exclu une date. On a une règle simple : c'est après la sortie du confinement. Le 11 mai nous avons un rendez-vous le 23 mai : nous présenterons les conditions qui permettront ou pas de tenir le second tour.

Questions des auditeurs NICOLAS DEMORAND
Plusieurs maires incitent leurs administrés, Christophe CASTANER, à dénoncer ceux qui ne respectent pas les règles de confinement. Si on est témoin d'une violation de ces règles, Christophe CASTANER faut-il appeler la police et dénoncé cet acte ?

CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez moi je crois à la société de la vigilance, celle où on fait attention à l'autre, n'ont pas celle où on le dénonce alors surtout qu'en plus les maires qui encouragent, mais ils sont rares, mais ceux qui font cela appellent le 17 et je rappelle que le 17 c'est un numéro d'appel d'urgence. Donc oui plutôt que de dénoncer moi, j'invite à se rapprocher du voisin qui a un mauvais comportement est allé signaler qu'au fond il se met en risque, qu'il met risque que ses voisins, qu'il met risque sa famille et ceux qu'il aime avant de chercher à dénoncer mais quand les faits sont graves à ce moment-là, il ne faut pas hésiter à dénoncer et je pense en particulier aux violences intrafamiliales sur lesquelles il est nécessaire aujourd'hui d'être particulièrement attentifs et de ne pas hésiter, si vous entendez des bruits, si vous voyez des comportements anormaux, a dénoncé cela.

NICOLAS DEMORAND
Vous avez des chiffres sur les violences intrafamiliales ?

LEA SALAME
Et les violences faites aux femmes notamment.

NICOLAS DEMORAND
Globalement, les violences intrafamiliales et on sait que le confinement est une prise de risque et moi, je refuse que le confinement soit synonyme de silence et donc je condamne cela. Nous constatons une augmentation très forte des interventions à domicile, je n'ai pas de statistiques, je peux même vous dire que le nombre de plaintes déposées a baissé de près de 39% mais ce que je sais, c'est que les appels d'urgence – et les instructions sont claires à nos forces, c'est de se rendre sur place immédiatement – ont augmenté depuis le 16 mars de 40,5%, ce qui est énorme et sur lequel il faut évidemment réagir et c'est ce que le gouvernement fait autant dans les luttes dans les combats dans les violences faites aux femmes avec Marlène SCHIAPPA que dans les violences faites aux enfants avec Adrien TAQUET.

LEA SALAME
C'était une précision si c'était possible au ministre des Cultes que vous êtes Christophe CASTANER, les églises synagogues mosquées rouvriront-elles le 11 mai ? Y aura-t-il des messes par exemple à partir du 11 mai ?

CHRISTOPHE CASTANER
Nous déterminerons cela en dialoguant avec les représentants des différents cultes dans le cadre de la stratégie de déconfinement. Pour l'instant nous n'en sommes pas là mais ce que je veux signaler, c'est que l'ensemble des cultes mais vraiment l'ensemble des cultes en dehors du comportement idiot que vous avez évoqué il y a quelques minutes ont parfaitement joué le jeu, ont donné des consignes très strictes et très claires à l'ensemble des membres de leur communauté.

LEA SALAME
Une question sur le la tonalité du discours du président de la République hier, il a commencé son allocution par la reconnaissance, je cite, « de failles d'insuffisances dans la gestion de l'épidémie, j'ai vu des ratés des lenteurs des faiblesses de notre logistique », a dit le président. Il a terminé son allocution en disant cette phrase-là : sachons nous réinventer, moi le premier. Alors si on vous demande de faire l'exégèse de la parole présidentielle ce matin Christophe CASTANER qu'estce que ça veut dire, « sachons nous réinventer moi le premier » ?

CHRISTOPHE CASTANER
Je pense que le rapport à la politique, à la certitude de la politique et ça vaut pour le président, pour moi, pour vous aussi où on voudrait des réponses systématiques sur tout se heurte à un principe celui du principe scientifique qui n'est jamais définitif et c'est sur la base d'un principe scientifique de recommandations sanitaires que nous avons dû prendre des décisions et ces décisions, elles sont construites sur une base d'incertitudes. Donc le président a reconnu des failles dans notre fonctionnement, des absences de réactivité à certains moments mais il a reconnu aussi les forces de notre pays et de sa capacité à faire et à faire face.

LEA SALAME
Est-ce que vous avez des regrets vous du point de vue du gouvernement ? Est-ce que certaines communications ont été peut-être un petit peu ratées ?

CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez la communication me semble assez peu important même si je comprends qu'une journaliste m'interroge sur ce sujet.

LEA SALAME
Mais ça permet d'informer les Français aussi, quand on dit « il n'y a pas de pénurie. »

CHRISTOPHE CASTANER
Je fais la différence entre l'information et la communication mais ce que je sais c'est qu'on a fait sûrement plein d'erreurs et lorsque nous serons sortis de cette crise, il sera temps de faire le bilan. A ce moment-là, personne ne se dérobera et moi le premier, je ne me déroberai pas mais ce temps n'est pas venu. L'heure est à l'action, pas à l'introspection.

NICOLAS DEMORAND
Geoffroy ROUX DE BEZIEUX pour le Medef dit qu'il va falloir poser la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés, il faut dit-il que les salariés travaillent un peu plus pour faciliter la création de croissance supplémentaire. Agnès PANNIER-RUNACHER, votre collègue au gouvernement, semble sur la même ligne et vous Christophe CASTANER ?

CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez moi mon combat, il est de faire en sorte que le 11 mai nous puissions être dans le déconfinement. Ce que je sais c'est que nous ne mettons pas en balance la santé des Français et celle de l'économie et que toutes les décisions que nous prenons n'ont qu'un seul but : sauver le maximum de vies.

LEA SALAME
Merci Christophe CASTANER

CHRISTOPHE CASTANER
Merci beaucoup


source : Service d'information du Gouvernement, le 15 avril 2020